Collège de jeunes filles, actuellement Lycée Marcelin-Berthelot

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Châtellerault

Le lycée Marcelin-Berthelot est né de la transformation d'un collège de jeunes filles créé en 1922 à cet endroit, dans les locaux d'un ancien couvent de Cordeliers. Ce collège communal avait lui-même succédé à un pensionnat privé de jeunes filles installé en 1904 et transformé, en 1912, par la Ville en une école pour filles, appelée Cours secondaires, dispensant un enseignement primaire menant au certificat d'études primaires, mais aussi des cours élémentaires et des cours préparant aux brevets élémentaire et supérieur. L'histoire de ces écoles a fait l'objet d'une étude approfondie par Marie-Odile Gillard, publiée par le Centre Châtelleraudais d'Histoire et d'Archives.

Dès 1912, la municipalité conçoit le projet de construire un collège de jeunes filles sur un terrain situé à l'angle nord-est de la rue de l'Angelarde et du boulevard de la Vienne (actuellement Briand). L'architecte de la Ville, Fernand Milord, propose des plans qui sont validés en juillet 1914. Le projet, suspendu par la guerre, est jugé trop coûteux par la suite. La municipalité décide alors d'acheter et d'agrandir les bâtiments de l'ancien couvent loués jusque-là pour les Cours secondaires et dont le bail arrive à échéance en 1922. Ils sont acquis avec l'aide de l'Etat et un projet de construction est soumis à la validation de la commission des bâtiments des lycées et collèges en juin 1922 par l'architecte de la Ville, Fernand Milord. A la demande du Conseil municipal et grâce aux travaux envisagés, le Cours secondaire est transformé en collège communal de jeunes filles par un décret du président de la République en date du 28 novembre 1922. Les travaux sont effectués en 1923-1924 ; un corps de bâtiment, qui a été surélevé en 1957, subsiste de nos jours de cette campagne. Le collège est inauguré le 5 avril 1925.

En 1924 est annexé au collège le Cours complémentaire (CC) installé jusque-là dans une école de filles située rue Rasseteau. L'établissement comprend ainsi une classe enfantine, des classes primaires et dispense l'enseignement de cinq années d'études secondaires préparant aux baccalauréats. Il prend, en 1930, le nom de "Marcellin-Berthelot" (orthographié Marcelin-Berthelot à partir des années 1960) en hommage au savant, dont on avait célébré en 1927 le centenaire au théâtre de Châtellerault. Cette même année, le Cours complémentaire est transformé en Ecole primaire supérieure (EPS) de filles (enseignement de la sixième à la troisième et préparation au Brevet supérieur). A cette époque, les effectifs ont augmenté, passant par exemple de 190 élèves en 1929 à 215 en 1930. Des propriétés voisines des côtés sud et ouest sont alors achetées pour l'agrandissement de l'établissement et l'aménagement d'un terrain de jeux. Ces travaux sont réalisés sous le contrôle de l'architecte Milord et se terminent en 1935.

Occupé par les troupes allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale, le collège, qui compte avec l'EPS 424 élèves, déplore le pillage de son laboratoire et de sa bibliothèque, ainsi que la destruction de ses archives et d'une grande partie de son mobilier. En mars 1941, une section ménagère est mise en place. Cette même année, l'Ecole primaire supérieure est transformée en collège moderne intégré à l'enseignement secondaire.

Un centre d'apprentissage féminin est annexé au collège en juillet 1946, et les classes primaires sont dès lors déménagées dans l'ancien collège des garçons. Le centre, qui offre une section commerciale et un enseignement ménager, coupe-couture, est logé dans des locaux vétustes et des salles préfabriquées. En 1955, le collège compte 470 élèves, dont 86 primaires, et le centre d'apprentissage jumelé 211 élèves.

Face à une augmentation rapide des effectifs en 1957 - 113 élèves supplémentaires -, le ministère de l'éducation nationale mandate l'architecte parisien François Davy pour examiner les possibilités de construction d'un nouveau collège et établir un programme architectural, qui est approuvé en juin 1958. Face à l'impossibilité par la commune de trouver un terrain libre pour y édifier un nouveau collège, le choix se porte sur une extension et une reconstruction presque totale de l'établissement sur place. L'architecte de la Ville, Louis Effroy, est désigné comme architecte d'opération. Dans une notice explicative, François Davy écrit : "à l'exception de l'aile est de l'externat [...] la totalité des autres bâtiments du collège devra être démolie. Un examen des plans actuels montrera en effet que cet amalgame d'ancien couvent, de chapelles désaffectées, de cloître morcelé et de baraquements provisoires ne peut être maintenu comme support de constructions neuve."

Les travaux doivent se dérouler en deux tranches successives pour ne pas gêner le fonctionnement du collège ; l'exemple de la surélévation de l'aile réalisée en 1957 encourage les pouvoirs publics dans cette voie. En décembre 1958, l'enseignement technique décide de construire un établissement neuf pour accueillir le centre d'apprentissage, dont les internes sont logées pour un temps à Coussay-les-Bois dans un centre de vacances : ce sera la cité scolaire Edouard-Branly construite également par l'architecte François Davy. L'agrandissement et la reconstruction du collège supposent de nouvelles acquisitions de propriétés voisines qui sont expropriées. Avant même les travaux, le collège nationalisé devient en 1960 un lycée national de jeunes filles dispensant un enseignement de la sixième à la première, les élèves de terminale étant accueillies durant les premières années au lycée de garçons.

L'établissement, conçu pour l'accueil de 920 élèves dont 300 internes, est construit selon un procédé traditionnel de maçonnerie par la Société nouvelle de constructions et de travaux ou SNCT, représentée par M. Lauvergnat pour le siège parisien et M. Lartigue pour la filiale d'Angoulême. Seul le bâtiment surélevé en 1957 subsiste des anciennes constructions, et forme l'aile est. La courbure du nouveau bâtiment d'externat résulte des limites des anciennes parcelles. L'internat, réalisé au frais de l'Etat et qui constitue l'aile ouest, est terminé au début de l'année 1962, tandis que l'externat est encore en cours de construction en décembre de la même année. La réception définitive du bâtiment d'accueil et d'administration a lieu en septembre 1963. Les derniers aménagements qui concernent la cour, les installations sportives et les clôtures avec l'institution Notre-Dame sont réalisés en 1964 ; le lycée Notre-Dame choisit de prolonger le bâtiment d'externat pour ses propres besoins. Un gymnase et une salle d'évolution, qui n'apparaissent pas sur les plans de l'avant-projet, sont construits au nord de l'externat, directement reliés à lui. Au titre du 1 % artistique, l'architecte propose, en février 1962, au conseil général des bâtiments de France, un bassin carré avec revêtement en mosaïque surmonté d'un motif de sculpture dans l'avant-cour, un motif sculpté dans la cour de récréation, une peinture murale dans chacun des deux foyers d'élèves de l'internat. Ces suggestions sont acceptées, cependant les agréments signés en 1963 attestent de quelques divergences avec l'avant-projet : si les deux peintures murales semblent réalisées conformément au projet, une sculpture de jeune fille prend place dans l'avant-cour près du bassin alimenté par une fontaine sous la forme d'un masque.

Entre 1956 et 1962, une centaine d'élèves supplémentaires est accueillie en moyenne par an et leur nombre total est de 1100 à la fin de 1962. Toutefois, dès la rentrée de septembre 1963, le collège d'enseignement technique, né de la transformation du centre d'apprentissage, quitte le lycée à la faveur de la construction de la cité scolaire Edouard-Branly.

Le lycée devient mixte à partir de la rentrée 1972, sous l'appellation "lycée d'Etat mixte". Des travaux de restructuration sont effectués au fil du temps, mais aucune construction nouvelle n'est réalisée : un ascenseur est installé dans l'externat avant 1978, un centre de documentation et d'information est ainsi aménagé en 1980 au rez-de-chaussée de l'aile est ; la plus grande transformation concerne la suppression de l'internat (aile ouest) au début des années 1990 - les internes étant désormais accueillis au lycée Branly - et l'aménagement de salles de classes dans ce bâtiment, ainsi que celui du centre de documentation et d'information ; l'ancien réfectoire est transformé en self. En 1990, le lycée accueille 1260 élèves.

A partir de 1998, le lycée offre une option Art du cirque. Sont actuellement également proposées des options théâtre, européenne "anglais" et EPS. Une salle de musique et une salle polyvalente sont aménagées en 2010 au rez-de-chaussée de l'aile est. De très importants travaux de restructuration et de rénovation énergétique sont réalisés à partir de 2020 avec, notamment, une isolation extérieure et un bardage en zinc sur l'aile ouest. En 2023, le préau est fermé.

En 2018, l'artiste graffeur Syrk a réalisé une peinture monumentale sur le mur de soutènement de l'emmarchement qui mène au réfectoire du côté sud.

Le lycée ne renferme plus son ancien matériel de sciences physiques qui a été donné, en 2022, au musée Bernard d'Agesci de Niort (Deux-Sèvres), en raison d'une restructuration et d'un déménagement des salles de sciences. Ce matériel comprenait une roue de Barlow, un tube de Newton, un vase communiquant et des verreries.

Périodes

Principale : 1er quart 20e siècle, 3e quart 20e siècle

Dates

1923, daté par source

1963, daté par source

Auteurs Auteur : Milord Ferdinand

Ferdinand-Rodolphe-Alexandre est né à Angles-sur-l'Anglin.

Elève et successeur de l'architecte d'Alexandre Couty avec lequel il réalise de nombreux travaux dont plusieurs églises, groupes scolaires, maisons, hôtels particuliers, villas. Nommé architecte de la Ville de Châtellerault en 1907 en remplacement de M. Rodier, démissionnaire. Il a réalisé le monument aux morts de 1914-1918 de Châtellerault, la Villa des Iles de Vicq-sur-Gartempe, l'hôtel de ville et le monument aux morts de Pleumartin, l'hôtel de ville et monument aux morts de Saint-Gervais-les-Trois-Clochers, l'école communale de filles de Bonneuil-Matours (14 rue d'Aquitaine, noms gravés sur la façade : Milord, architecte ; Hivonnet entrepreneur), école communale de filles de Ouzilly, maison de bourg à Vouneuil-sur-Vienne (3 rue du Centre). Il est enterré au cimetière Saint-Jacques de Châtellerault.

, architecte communal (attribution par travaux historiques)
Auteur : Davy François

Architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux, vers 1960

, architecte des Bâtiments civils (attribution par source)
Auteur : Effroy Louis

Architecte municipal et directeur des services techniques de Châtellerault de 1942 à 1965. Il a participé aux chantiers du lycée Berthelot et des quartiers des Renardières et de la Plaine d'Ozon. Egalement artiste peintre, il expose régulièrement à partir de 1926.

Source : Personne - Alienor.org

, architecte communal (attribution par source)
Auteur : Société nouvelle de constructions et de travaux (SNCT)

Société anonyme constituée en août 1920 pour une durée de 99 ans. Siège social : 282, boulevard Saint-Germain, Paris.

, entrepreneur de maçonnerie (attribution par source)

Le lycée est établi sur un terrain de plus de 14000 mètres carrés pour une surface bâtie de 3900 mètres carrés. Le parti pris d'ensemble dégage une vaste cour-jardin, ouverte au sud et encadrée par des bâtiments formant un U. Cette cour est cependant précédée du côté sud par une construction en retrait par rapport à la rue, à un étage de soubassement et deux étages carrés, qui abrite l'administration et des logements ; le niveau inférieur de ce bâtiment sert d'entrée au lycée. Au sud-ouest, une terrasse, plantée d'arbres et limitée par un mur de soutènement de 2 mètres de haut, surplombe la voie publique. Cette différence de niveau a permis de doter d'un sous-sol bien éclairé les bâtiments de l'ouest, et y loger cuisine et réfectoire. Au nord-ouest, l'impasse des Cordeliers permet l'accès de service nécessaire à la cuisine.

L'aile orientale, en moellon enduit et pierre de taille pour les chaînes d'angle, les bandeaux et la corniche, est couverte d'un toit à longs pans en ardoise. Les fenêtres rectangulaires du second étage, ajouté en 1957, se distinguent des ouvertures initiales en arc segmentaire. A l'intérieur, l'escalier à retours avec jour en bois des années 1920 est conservé ; il a été prolongé d'un étage lors de la surélévation du bâtiment en 1957.

Les bâtiments des années 1960 sont en béton armé avec toit à deux pans à très légères pentes couvertes en zinc pour le bâtiment d'administration, en bac acier pour les autres ; les ailes nord et ouest comprennent un sous-sol et quatre étages carrés. L'extrémité sud de l'aile ouest et son rez-de-chaussée, comme celui du bâtiment nord, sont recouverts de parements de pierre de taille. Les ouvertures de l'ancien internat, qui forment bandeaux, sont ménagées dans un avant-corps des côtés est et ouest ; cette disposition permet au quatrième étage, en retrait sur ces façades, de bénéficier d'une terrasse-balcon des deux côtés. Un tel avant-corps est aussi présent sur une partie du rez-de-chaussée surélevé du bâtiment d'administration, du côté sud ; les murs rideaux sont ici constitués de panneaux à allèges en verre émaillé rouge, panneaux Emalit produits par la Société Saint-Gobain. L'aile nord ne possède un sous-sol que dans sa partie ouest, le préau étant au niveau de la cour. Les encadrements très saillants de certaines fenêtres animent la façade sud de ce bâtiment.

Le gymnase est un type C, de 25 mètres sur 42, séparé par un mur en 2/3, une salle d'évolution étant accueillie dans le dernier tiers. Parqueté, il est couvert d'un toit en appentis supporté par une charpente métallique.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

  2. Matériau du gros oeuvre : béton

    Mise en oeuvre : pan de béton armé

Toits
  1. ardoise, métal en couverture, zinc en couverture
Étages

étage de soubassement, 4 étages carrés

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : pignon couvert

  2. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

Escaliers
  1. Emplacement : escalier de distribution

    Forme : escalier tournant à retours avec jour

    Structure : en charpente

  2. Emplacement : escalier de distribution

    Forme : escalier tournant à retours avec jour

    Structure : en maçonnerie

Autres organes de circulation
  1. ascenseur

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Châtellerault , 1 avenue du Président-Wilson

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 1833 F1 526 à 586, 2020 CW 281

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