Le mobilier de l'église paroissiale Saint-Pierre-aux-Liens

France > Nouvelle-Aquitaine > Landes > Nerbis

Prieuré dépendant de la grande abbaye bénédictine de Saint-Sever depuis le début du XIe siècle, puis matrice de la paroisse de Nerbis-Mugron, l'église Saint-Pierre était au Moyen Age un édifice d'un certain prestige et, à ce titre, doté d'un décor et d'un mobilier d'une richesse que le laconisme des textes n'autorise qu'à imaginer. Le décor sculpté (toujours en place) et peint (dont quelques traces subsistaient encore à une date récente) laisse toutefois deviner un intérieur assez orné. Quant au mobilier proprement dit, il fut partiellement détruit lors du ravage de l'église par les armées françaises en 1435, puis à nouveau pillé par les troupes protestantes en 1569, ainsi que l'atteste le procès-verbal dit de Charles IX : "L'église dudit Nervis fut brulée par les gens du vicomte Paulinar ; aussi les livres, ornements, joyaux et les cloches fondues". L'abbé Foix ajoute d'autres précisions : "Charles Dupuy d'Auribat prit un calice en argent, tandis que Bédorède de Seignanx, Pierre de Laguins, de Tartas, et Jean de Serres, de Garonson (?) de Mugron, emportèrent une foule d'autres objets." De fait, seule une cuve baptismale à immersion - toutefois dépourvue de tout décor "datant" - pourrait provenir de ce premier ensemble.

Le remeublement progressif de l'édifice aux XVIIe et XVIIIe siècles incomba, non aux abbés commendataires, constamment absents, mais aux curés de la paroisse et aux confréries établies dans l'église, notamment celles du Saint Sacrement et du Rosaire, attestées dès avant les années 1730. Les archives livrent ainsi quelques renseignements succincts sur ces aménagements. En 1679-1680, la fabrique acquiert un nouvel autel-retable, sculpté par Berrichon de Tartas (sans doute identifiable à Philippe Limosin) et doré par un dominicain de Saint-Sever, François de Larroque. De cet ensemble, dédié à l'apôtre Pierre, patron de l'église, subsistent aujourd'hui quatre bas-reliefs (remployés en 1871 dans un autel de la Vierge dû au menuisier Dupouy), deux grandes statues (restaurées en 1904) et une console. Parmi les autres éléments mobiliers acquis au cours des décennies suivantes, seuls sont conservés une chaire à prêcher rocaille non documentée, mais datable du milieu du XVIIIe siècle, et un tableau de la Vierge de pitié que les comptes du marguillier Barthélemi Darzacq attribuent au peintre Megriny (1750). La même source fait état de la fonte d'une nouvelle cloche par l'Espagnol Manuel Corrales (1749) et d'autres menus achats (deux confessionnaux par le menuisier Laporterie en 1751). A la même époque, le curé Toiras renouvelle entièrement les objets cultuels en métal précieux (vases sacrés, encensoir, navette...), que le marguillier Dominique Darzacq préservera des fontes révolutionnaires à la fin du siècle. Ces mesures expliquent la présence à Nerbis d'un ensemble, exceptionnel pour les Landes, d'orfèvreries d'Ancien Régime, que l'enquête de 2014 a permis d'attribuer aux orfèvres Étienne Affre, de Saint-Sever, et Joseph Bécane, de Bayonne (1761).

Le XIXe siècle apporte de nombreux ajouts à cet ensemble. En 1812, une cloche est fondue par l'Espagnol Nicolas Ygual (elle sera refondue en 1905 par le Dacquois Gustave Delestan), une seconde en 1822 par le tout jeune François-Dominique Delestan. Le vieux retable du XVIIe siècle, "tombant de vétusté", est partiellement restauré en 1862, mais remplacé dès 1865 par un autel neuf, spécialement exécuté par la fabrique toulousaine Virebent sur les dessins du nouveau curé, l'archéologue Adolphe Ponse. L'autel de la Vierge est renouvelé à son tour en 1871, avec les remplois déjà mentionnés. Enfin, la confrérie de saint Joseph ou de la Bonne Mort, établie en 1867, fait installer un nouvel autel dédié à son saint patron. Dans le même temps, le verrier manceau Antoine Lusson pose une série de verrières dans le chœur et les absidioles (1865 et 1868), complétées en 1874 par un dernier vitrail du Bayonnais Gustave-Pierre Dagrand(t). Les inventaires régulièrement dressés par la fabrique dans la seconde moitié du siècle décrivent un édifice dûment meublé et pourvu de tout le nécessaire, y compris d'un riche vestiaire aux couleurs liturgiques (aujourd'hui disparu).

Parmi les ajouts du début du XXe siècle, le plus important est l’exécution en 1900 d'un décor peint couvrant la totalité des murs et voûtes du sanctuaire. Au lendemain de la Première Guerre (1919), la commune et la fabrique installent un monument aux morts accompagné des statues de saint Michel et de Jeanne d'Arc, patrons de la France (d’après des modèles d'André Vermare). Les réaménagements consécutifs au concile de Vatican II n'ont guère affecté les dispositions précédentes : le démantèlement de l'autel de la Vierge afin de créer une table sainte "face au peuple" n'a duré que deux décennies (l'autel a été restauré dans son état de 1871 lors de la rénovation intérieure de 2000-2002). L'installation d'un nouveau mobilier de chœur (autel et ambon) par l'ébéniste amateur Gérard Lamarque en 2012 a privilégié la discrétion et la modestie (voir lien web).

Auteurs Auteur : Delors

Peintre en Chalosse au milieu du XVIIIe siècle.

, peintre (attribution par source)
Auteur : Lamirande

Menuisier en Chalosse au milieu du XVIIIe siècle.

, menuisier (attribution par source)
Auteur : Laporterie

Menuisier en Chalosse au milieu du XVIIIe siècle.

, menuisier (attribution par source)
Auteur : Dejean Joseph Philippe Adolphe

Orfèvre parisien, né à Marseille le 7 avril 1808 (AD Bouches-du-Rhône, 201 E 2559, naissances, avril 1808, registre 2, acte 413) et mort à Paris 20e le 22 décembre 1882 (inhumé le 24 au cimetière du Montparnasse). Fils naturel de Ponce Dejean, "maître de langue", et d'Hélène Michaeli ou Michalis, "non mariés". Il épousa en premières noces, le 17 mars 1831 à la mairie de Paris 11e et à la cathédrale Notre-Dame, Héloïse Marguerite Martin (Paris 10e, 9 octobre 1809 - Paris, 22 novembre 1859), fille de l'orfèvre Charles Denis Noël Martin (1787-1849) et de Thérèse Victoire Dumarest, dont il eut deux filles : Victoire Marie Émilie (1840), Mme Alfred Rivet puis (en 1869) Mme Pierre Balvay, et Augustine Marie Cécile (1842), en 1863 Mme Pierre Paul Leclerc. Il se remaria à Paris 6e, le 26 octobre 1875, avec Louise Pauline Baudinet (Payré [aujourd'hui Valence-en-Poitou], Vienne, 9 septembre 1831 - 71, rue de la Voûte à Paris 12e, 6 avril 1892, inhumée le 8 au cimetière du Montparnasse), fille de Pierre Baudinet et de Julie Pauline Audouard.

Dejean fut l'associé de son beau-père Charles Denis Noël Martin entre 1837 et 1846 (poinçon commun insculpé le 23 novembre 1837, biffé le 2 septembre 1846), puis travailla seul au 20 rue du Cloître-Notre-Dame de 1846 à 1865 (insculpe un premier poinçon à son seul nom le 4 septembre 1846, puis un second en 1861, biffé le 25 janvier 1865). En 1875, domicilié au 16, rue de la Monnaie, "Joseph Philippe Adolphe Dejean" est directeur-gérant de la société "A. Dejean et Cie, dite la Mutualité", œuvrant dans "la vidange et les engrais", entreprise mise en faillite par un jugement du tribunal de commerce de la Seine du 16 juin 1875 (Le Bien public : journal politique quotidien, 20 juin 1875, p. 4). S'il s'agit bien de l'ancien orfèvre, rien n'indique la raison d'un tel changement d'activité. Trois mois plus tard, au moment de son second mariage (28 octobre), il est dit "rentier" et demeurant au 48, rue Dauphine. A son décès, le 22 décembre 1882 au 311, rue de la Mare (20e arrondissement), il est qualifié de "polisseur, âgé de soixante-quatorze ans, né à Marseille, veuf en premières noces de Marguerite Héloïse Martin et époux en secondes noces de Louise Pauline Baudinet". Sources : Archives de Paris.

, orfèvre
Auteur : Ygual Nicolas

Fondeur de cloches d'origine espagnole, actif dans les Landes de Gascogne au début du XIXe siècle, associé de Pierre Bodega.

, fondeur de cloches (attribution par source)
Auteur : Corrales Manuel

Fondeur de cloches d'origine espagnole (né à Dorsabit dans la province de Guipuzcoa), dont l'activité dans les Landes est attestée entre 1749 (Nerbis) et 1779 (Audignon).

, fondeur de cloches (attribution par source)

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