Ferme dite la Baraque, puis centre de vacances de la Ville d'Ivry-sur-Seine

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Les Mathes

La Baraque et le domaine de la Forêt d'Arvert

Le centre de vacances de la Ville d'Ivry-sur-Seine fait partie des quelques colonies de vacances établies aux Mathes au 20e siècle. Il a intégré les lieux d'une propriété plus ancienne, appelée la Baraque, qui apparaît sur le plan cadastral de 1824. il ne s'agit alors que d'un petit bâtiment (une "baraque") qui semble servir de logement au garde employé par le syndicat des marais doux d'Arvert. Le bâtiment est situé à quelques pas de ces marais, mais aussi d'un bois qui s'étend au sud, et des dunes qui, à l'ouest, ne sont pas encore plantées en forêt. Devant la Baraque, un carrefour réunit déjà les chemins menant au bourg des Mathes, au Clapet (La Palmyre), à la Fouasse et au marais de Sourdonnet. En ce début du 19e siècle, la Baraque fait partie d'un vaste domaine détenu par le marquis de Conflans, et qui englobe les marais de Bréjat, au sud, et les fermes de Tournegan et de la Gabrielle qui s'y trouvent.

En 1835, ce vaste domaine est acquis par Jean Gustave Derussat, notaire, et son beau-frère, Arnaud Peyri, négociant, tous deux de Rochefort, qui font reconstruire la Baraque en 1845. Peyri en fait sa demeure, et les deux associés y établissent une scierie mécanique, mentionnée dès 1839. En 1860, le domaine est racheté par Philippe Auguste Arnauld, demeurant à Sainte-Verge (Deux-Sèvres), et par son associé, Eugène Jourdan, qui fait de la Baraque son habitation. Dès 1862, Arnauld cède sa place dans l'association à Antoine Lecoq, né en 1820 à Beauvais (Oise) et qui fait à son tour de la Baraque sa demeure (il y habite au mariage de sa fille avec Pierre-Léon Bellot, en 1868). Le domaine comprend alors une maison de maître, une scierie, une résinerie, un four à chaux, à tuiles et à briques, ainsi que, dans le marais de Bréjat, les fermes de la Mélanie, la Delphine, la Gabrielle et de Tournegand.

L'affaire des associés Jourdan-Lecoq rencontre toutefois d'importantes difficultés financières : la scierie et la résinerie ferment dès 1866, et en 1872, le domaine de la Forêt d'Arvert, en faillite, est repris par la Société générale forestière de crédit et d'exploitation. Il ne s'agit cependant là probablement que d'un paravent destiné pour Antoine Lecoq et sa famille à garder le contrôle du domaine. En effet, dès 1874, celui-ci est racheté par les propres fils et gendre d'Antoine Lecoq : Lucien Lecoq, né en 1848, marié à Louise Cesbron, fille d'un industriel angevin ; et Pierre dit Léon Bellot, né en 1838, ancien notaire à Burie, près de Cognac, marié à Gabrielle Lecoq, fille d'Antoine et soeur de Lucien. Antoine Lecoq meurt à la Baraque en 1877.

Léon Bellot, qui s'installe à la ferme de Bréjat (Villa Antoinette), et Lucien Lecoq, qui reprend la Baraque, relèvent rapidement le domaine de leur père et beau-père : création d'une nouvelle ferme, appelée Bréjat (future Villa Antoinette, actuel centre équestre "le Cheval Autrement"), plantation de vignes le long de la route du Clapet, introduction de la culture du houblon dès avant 1883, création d'une tuilerie. En 1885, selon le cadastre, la Baraque, est détruite par un incendie. Le bâtiment principal actuel du centre de vacances, en brique, est sans doute construit à la suite de cet incendie, au moins pour sa partie la plus haute (la partie basse est peut-être plus ancienne). Pour couronner leur réussite, Léon Bellot et Lucien Lecoq sont successivement maires de la commune des Mathes de 1881 à 1892. A la même époque, la Baraque sert toujours d'habitation à Lucien Lecoq : ses enfants y voient le jour en 1888, 1894 et 1896.

La colonie de vacances de la Ville d'Ivry-sur-Seine

En 1928, la Baraque, ses bâtiments agricoles et ses sept hectares de pinède sont achetés par la municipalité communiste d'Ivry-sur-Seine, dirigée par Georges Marrane. Dès l'été 1929, l'Oeuvre des Vacances Populaires Enfantines, fondée en 1925 par cette même municipalité, y établit un centre de vacances pour enfants d'ouvriers de la banlieue industrielle parisienne, afin de leur faire profiter de l'air pur et de la verdure, en bord de mer et au milieu des pins. Cinq grands dortoirs et un réfectoire sont rapidement créés dans les anciennes dépendances agricoles. En 1934, le centre accueille 500 enfants, jusqu'à 900 après 1945.

Constituant une "république enfantine" sur le modèle de l'internationale socialiste de la jeunesse "les Faucons Rouges" des années 1930, la colonie sert de laboratoire pédagogique à la politique communiste municipale qui met en avant la fierté d'être enfants d'ouvriers et les vertus de la vie collective. Sous l'Occupation, la colonie de vacances est réquisitionnée par l'armée allemande. Elle subit un bombardement le 17 février 1945.

Une fois la Poche de Royan libérée et la guerre terminée, les enfants d'Ivry sont de retour dès l'été 1945. Le 15 août, jour de sa kermesse annuelle, la colonie reçoit la visite de Maurice Thorez, président du Parti Communiste Français et député d'Ivry, et de Georges Maranne, maire communiste d'Ivry, qui viennent apporter leur soutien à l'établissement. Au cours des années suivantes, celui-ci est de plus en plus critiqué pour l'idéologie qu'il véhicule auprès des enfants. En 1951, en pleine Guerre froide, l'Etat menace de lui supprimer ses aides.

Aujourd'hui encore, si l'idéologie communiste n'y est plus de mise, le centre de vacances, toujours propriété de la Ville d'Ivry-sur-Seine, accueille environ 200 enfants chaque été, encadrés par 18 animateurs, souvent d'anciens pensionnaires. Le réfectoire (le long de la route de la Fouasse) a été démoli en 1995, et de nouveaux bâtiments accueillant salles de classe et restauration collective ont été construits à l'ouest de la cour.

Périodes

Principale : 4e quart 19e siècle, 2e moitié 20e siècle

Le centre de vacances est situé au sud-ouest du bourg des Mathes, à l'entrée de la forêt, et sur la route qui conduit à la station de La Palmyre. Il comprenait à l'origine plusieurs bâtiments répartis autour ou au milieu d'une vaste cour. Il en subsiste principalement trois.

A l'est, près de l'entrée et de l'avenue de la Résinerie, un grand bâtiment en brique abrite l'administration, l'infirmerie et les logements des moniteurs. Ce bâtiment, le plus ancien (fin du 19e siècle), est lui-même constitué de deux corps de bâtiments : au sud, un corps plus petit que l'autre, à un étage, prolongé par un appentis ; au nord, un imposant corps de bâtiment, à deux étages. Celui-ci se distingue par son haut toit avec une croupe sur la droite, par ses sept travées d'ouvertures en façade, et par les encadrements et chaînes d'angles en pierre de taille qui ressortent sur la brique rouge. Les ouvertures du second étage se différencient par leur arc en plein cintre.

Au sud de la cour, s'étire un long bâtiment de dortoirs, à un étage. Un escalier extérieur, central et à deux volées, donne accès à un balcon qui court tout le long de l'étage, desservant les chambres qui s'y trouvent. Cet escalier et ce balcon ont été ajoutés après 1945 (ils ne figurent pas sur une carte postale vers 1935). A l'ouest de la cour, un bâtiment de plan en T, sous un toit à croupes, est précédé d'un préau en appentis, ouvrant par une série d'arcades. Enfin, à côté de l'entrée et du bâtiment d'administration, se trouve un kiosque hexagonal, en faux bois de ciment.

Parmi les bâtiments qui ont disparu, un réfectoire occupait le côté nord de la cour. Par ailleurs, en prenant l'avenue de la Résinerie vers le sud, en direction du Clapet (La Palmyre), un belvédère en faux bois de ciment s'élevait sur une petite butte. Il permettait de bénéficier du panorama sur la forêt aux alentours, jusqu'à la mer et à la plage du Clapet.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : brique

    Mise en oeuvre : brique et pierre

Toits
  1. tuile mécanique
Étages

2 étages carrés

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Les Mathes , avenue de la Résinerie

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: la Baraque

Cadastre: 1824 B 1080, 2009 AK 264

Localiser ce document

Chargement des enrichissements...