Martin Lesgoirres est né le 11 novembre 1901 à Solférino, commune des Landes créée en 1863 par Napoléon III, sur le domaine impérial de 8 000 hectares édifié en 1857.
Son père Jean Lesgoirres et sa mère Maria Lafaurie sont alors cultivateurs à Pontenx-les-Forges, petite commune rurale non loin de Mimizan, dans les Landes. Martin sera ouvrier ou "machineyre " comme on les appelait, dans une scierie qui sans doute opérait, comme beaucoup d’autre dans ce 1er quart du 20è siècle, pour la construction des voies ferrées et le traitement des pins, ensemencés en 1857.
En 1921, âgé de 20 ans, il doit effectuer son service militaire comme tous ceux de sa classe d’âge. Mais, le 5 avril, il ne se présente pas à l’appel pour intégrer le 18è train hippomobile, où il a été affecté. Il sera considéré comme déserteur pendant quelques semaines, sans doute Jusqu’à ce qu’il se présente volontairement, le 29 juin, à son régiment de Mont-de-Marsan.
Son service militaire durera deux ans. En effet, depuis 1920, afin de relever la nation et reconstruire le pays, la durée du service militaire a été réduite. Pendant ces deux années passées sous les drapeaux, Martin sera affecté le 29 juin 1921 au 144e Régiment d'Infanterie, puis le 17 janvier 1922 au 23e Bataillon de Chasseurs à pieds et enfin il rejoint le 25e Régiment de Chasseurs à pieds, le 23 juillet 1922.
Le 1er avril 1923, libéré de ses obligations militaires, il rejoint quelques semaines plus tard Pontenx-les-Forges, son certificat de bonne conduite en poche. Il séjournera alors entre Libourne, Bordeaux, Mont-de-Marsan, et Bayonne.
16 ans plus tard, à l’âge de 38 ans, le 8 septembre 1939, il est mobilisé et affecté au dépôt de guerre du Génie no 6, basé à Angers. Il y reste peu de temps, puisqu’il est fait prisonnier à Calais le 24 mai 1940. Il est envoyé à Kaisersteinbruch, au camp Stalag XVII A, à environ 40 km au sud-est de Vienne, sur les pentes de la Montagne de la Leitha. Il s’agit de l’un des plus grands camps de détention de la Wehrmacht et de l’ensemble du territoire du Reich. En effet, en 1941, lorsque que ce camp est au maximum de sa capacité, il abrite plus de 74 000 détenus dans ses casernes en pierre ou ses baraquements de bois.
Au Stalag XVII A, la vie est dure pour les détenus, tels que Martin Lesgoirres. Souvent réquisitionnés pour travailler dans les usines et fermes avoisinantes, ils sont pauvrement habillés et nourris, beaucoup souffrent de tuberculose et de syphilis.
Après plus de 5 longues années de travail forcé en Allemagne, Martin sera rapatrié le 15 juillet 1945. Il a 44 ans. Comme beaucoup de prisonniers de guerre, son retour n’a dû susciter qu’indifférence et mépris. La comparaison avec les combattants, qui ont défendu vaillamment leur pays, est difficilement supportable.
Pourtant, le 15 septembre 1945, très vite, comme pour rattraper le temps perdu, il épouse Marie-Jeanne Lartigue, cultivatrice à Civrac-de-Blaye en Gironde. Il aura cinq enfants, cinq filles.
Mais Martin boit beaucoup, énormément. Il devient violent quand il boit. Il semble incapable de mener une vie paisible et sereine.
Admis à l'hôpital psychiatrique de Cadillac, il y décède le 24 mars 1964 à l‘âge de 63 ans.