« Une vie, une usine » : Ouvrière chez Ciba-Geygi
Régine Farge livre ses souvenirs d'ouvrière à l'usine de produits chimiques Ciba-Geygi à Saint-Benoît (dans la Vienne), entre 1958 et 1968.
Carnet du patrimoine
Publié le 25 juin 2013
# Vienne, Saint-Benoît
# Opération d'inventaire : Mémoires ouvrières en Poitou-Charentes
# Usine de produits chimiques
# 3e quart 20e siècle
De Saint-Gobain à Quadripack
Le groupe suisse Geygi achète, en 1945, le site de l'usine de Saint-Gobain (créée en 1912) et confie la gestion de la production à l'une de ses filiales, la SPC (Société Poitevine de Conditionnement). Entre 1940 et 1980, l'usine diversifie ses productions grâce à la mise en place de plusieurs chaînes et l'agrandissement des ateliers : y sont fabriqués des produits d'hygiène corporelle, de jardinage, et surtout des insecticides. Devenue Ciba-Geygi en 1971, l'usine subit, à partir du début des années 1980, des rachats successifs ayant une incidence sur le personnel ainsi que sur la production. Aujourd'hui, l'usine appartient au groupe Quadripack et fabrique notamment des produits d'entretien écologiques.
À l'usine dès 14 ans
En 1955, le site de Saint-Benoît est le premier en Europe à fabriquer des aérosols, qui constituent dès lors une part très importante de sa production. De 1958 à 1968, Régine Farge est ouvrière sur ces chaînes de fabrication, dont le personnel est essentiellement féminin. Elle y entre à l'âge de 14 ans : « le chef du personnel, que je ne remercierai jamais assez, m'a dit que j'étais bien jeune, qu'il ne savait pas si j'allais tenir le coup, mais que nous allions faire un essai d'un mois ». Elle y passera finalement dix ans de sa vie, à différents postes dans divers ateliers. En 1968, lasse de ce travail difficile, elle se décide à quitter l'établissement et rentre dans la fonction publique en 1973.
Les premières bombes aérosols d'Europe, un travail dangereux...
Elle se souvient tout particulièrement de la fabrication des bombes aérosols : à son arrivée, il s'agit d'une production sur double chaîne, donnant 1 500 bombes à l'heure, exportées ensuite dans toute l'Europe. La fabrication d'aérosols d'auto-bronzant (le Tan'O'Tan) constitue l'activité la plus dangereuse. « Très souvent, d'un seul coup, vous voyiez des flammes de 3 ou 4 mètres de haut qui montaient à côté de vous, vous aviez intérêt à gagner la porte ! ». Régine Farge se rappelle s'être rendue au chevet de deux ouvrières grièvement brûlées, hospitalisées à l'Hôtel Dieu. Elle-même a été blessée par l'explosion d'une bombe.
…. mais d'excellents souvenirs
Malgré la rudesse du travail à la chaîne, Régine Farge évoque encore aujourd'hui avec émotion ses collègues, la vie à l'usine et les dix années de sa jeunesse passées chez Ciba-Geygi.
Remerciements à Régine Farge.
Auteurs : Stéphane Baillargeau et Camille Bodin
Ressources documentaires
Dossier d'inventaire
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Usine de produits chimiques Saint-Gobain, puis Société poitevine de conditionnement, puis Ciba-Geygi, actuellement Quadripack
DossierDossier d'oeuvre architecture
Cette usine d'engrais et d'acide sulfurique est créée en 1912 par la Société Saint-Gobain; de cette époque subsistent la cheminée d'usine, une partie des ateliers de fabrication, le bureau et des logements d'ouvriers. Cinq autres maisons d'ouvriers sont édifiées dans les années 1930, ainsi que divers ateliers et magasins ...
Usine de produits chimiques Saint-Gobain, puis Société poitevine de conditionnement, puis Ciba-Geygi, actuellement Quadripack
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Titre : Usine de produits chimiques Saint-Gobain, puis Société poitevine de conditionnement, puis Ciba-Geygi, actuellement Quadripack
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Auteur de l'oeuvre : auteur inconnu
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Période : 1er quart 20e siècle , 2e quart 20e siècle , 3e quart 20e siècle , 4e quart 20e siècle
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Localisation : Vienne , Saint-Benoît , $result.adressePrincipale
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Date d'enquête : 1994
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Auteur du dossier : Moisdon Pascale
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Copyright : (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel
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Webdocumentaire
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Webdocumentaire : Le patrimoine industriel de Poitou-Charentes
Initialement publié en 2007, retrouvez le webdocumentaire consacré au patrimoine industriel de l'ex-région Poitou-Charentes. Mille usines identifiées en Poitou-Charentes témoignent de l’industrialisation du territoire, du 17e siècle à la fin du 20e. En partant de ces traces inscrites dans les paysages, plusieurs synthèses aident à mieux comprendre l’activité industrielle des siècles passés.