Le lycée Auguste Renoir à Limoges
Cette page a été rédigée par un groupe de 5 lycéens du lycée Auguste Renoir dans le cadre du Parcours d'Education Artistique et Culturel "Histoire de Bahuts", proposé par le service Patrimoine et Inventaire de la Région Nouvelle-Aquitaine, en lien avec le Rectorat de l'académie de Limoges. Accompagnés par Stéphanie Casenove, chercheure en charge du patrimoine des lycées, ils ont mené des recherches sur l'histoire et l'architecture de leur lycée pour en proposer une restitution, à lire dans les paragraphes qui suivent.
Carnet du patrimoine
Publié le 9 juillet 2025
# Haute-Vienne, Limoges
# Opération d'inventaire : Lycées du Limousin
# Lycée
# Du 20e au 21e siècle
Intro
Élèves du lycée Auguste Renoir à Limoges nous sommes un groupe de cinq lycéens ayant travaillé sur le projet que nous allons vous présenter.
Nous participons au Parcours Education Artistique et Culturel Histoire de Bahuts proposé par le service Patrimoine et Inventaire de la Région, en lien avec le Rectorat de l’académie de Limoges. Il consiste à découvrir l’histoire de notre lycée puis à faire connaître nos recherches lors notamment des Journées du Patrimoine.
Nous avons donc effectué des recherches sur notre lycée dont le résultat est à découvrir dans les paragraphes suivants.
Notre projet consiste en des QR Codes. Nous les avons dispersés un peu partout dans notre lycée. Vous retrouverez l’intégralité des informations expliquées par le scan des QR Codes sur cette page.
Nous espérons que nos découvertes vous intéresseront qui que vous soyez : élève, professeur, personnel du lycée, ancien élève, curieux du patrimoine de notre région …
Nous répondrons ensuite à des questions que nous nous sommes posées tout au long de nos travaux.
Si vous êtes sur cette page grâce au scan d’un QR Code, nous avons un message pour vous :
Félicitations pour votre curiosité !
9 autres QR Codes se cachent dans le lycée, renvoyant chacun à des questions et leurs réponses ! Saurez-vous retrouver les 9 ?
Question 1
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Pourquoi le lycée Renoir a-t-il été créé ?
Réponse :
Dans les années 60, la ville de Limoges connaît un essor démographique qui conduit la municipalité à construire un nouveau lycée.
Question 2
A quoi ressemblait le quartier avant la construction du lycée ?
Réponse :
Revenons au XVIIIème siècle, le quartier est une commune à part entière, la commune de Soubrevas, à l’ouest de Limoges. En 1792, elle est rattachée à la commune de Limoges. En vestige de cette époque, le quartier a gardé le nom de Soubrevas.
Le quartier Soubrevas, abritait un complexe religieux : un presbytère entouré de son jardin, son oseraie et sa vigne, une église : l’église Sainte Claire de Soubrevas et deux cimetières. L’église qui donna le nom actuel au quartier se trouvait à l’emplacement même du lycée. En face de la rue Edgar Quinet se trouvait un petit cimetière qui au fil des années passa de terrain public à terrain constructible. Vous vous rendez compte, il y avait un cimetière juste en face du lycée et des gens habitent sur des tombes !
Avant la construction du lycée, le quartier était encore rural, s’y étendaient des champs et des maraîchers. Le terrain même du lycée, recouvert de prairies et de champs, appartenait à la famille Cibot, célèbre famille de bouchers limougeauds.
Question 3
Qui a dessiné le lycée Renoir ?
Réponse :
Le lycée Renoir a été dessiné par les architectes André et Bernard Pécaud, père et fils.
Bernard Pécaud, né le 12 mars 1928 à Ivry-sur-Seine, suit à partir de ses 10 ans sa scolarité au renommé lycée parisien Henri IV. En 1940 sa famille déménage en Limousin, il entre alors au lycée Gay-Lussac. Comme son père, il souhaite devenir architecte. Élève à l’Ecole nationale des Beaux-Arts de Paris, le 10 novembre 1953, il est diplômé architecte DPLG (Diplômé Par Le Gouvernement). Brillant architecte, il reçoit la médaille de la Société des architectes DPLG pour son projet d’école sylvo-pastorale à Meymac en Corrèze (toujours rester à l’état d’idée).
Quant à son père, André Pécaud, il est l’architecte du stade omnisport de Beaublanc.
Père et fils, furent les constructeurs d’un grand nombre de bâtiments : des bureaux de poste, des usines de Porcelaines, des HLM, des établissements scolaires dont le lycée Jean-Baptiste Darnet à Saint-Yrieix-la-Perche ou le nôtre, …
Question 5
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi ce lycée a autant de terrains de sport ?
Réponse :
Eh bien, parce qu’il y a du dénivelé ! Des stades sont construits en paliers pour rendre la pente moins abrupte.
De plus, à l’origine il y avait une section de préparation aux études de professeur d’EPS au lycée. Mais le sport n’est pas parti du lycée, nous accueillons encore des pôles espoirs !
Question 6
De quand date la construction du lycée ?
Réponse :
Le lycée a été créé en 3 phases :
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Vers 1956 : l’externat
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En 1958 : l’internat et le self ainsi que les cuisines
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Et en 1960 : le gymnase
Ensuite les salles de musiques ont été rajoutées en 1977 (le renfoncement avec 2 salles de physiques à l’étage des lycéens)
A la fin des années 90, on observe un tournant pédagogique, les travaux de groupes sont privilégiés, c’est pourquoi on transfère le CDI dans un espace plus grand et accueillant que la petite salle où il était situé. (Il a une forme de triangle qui rappellerait la proue et le pont d’un bateau, vous ne trouvez pas ?)
En 1995 les salles de biologie sont restaurées avec une mise en sécurité en même temps que la construction du nouveau CDI. Ces travaux ont coûté 8 000 000 F soit 1 219 592 € !
En plus de ces travaux, le hall est restructuré et y est ajouté le bateau par exemple.
Le nouvel architecte se nomme Jean-Claude Duqueroix. Il avait déjà construit le CDI du lycée Darnet à Saint-Yrieix-la-Perche. (Le destin de notre lycée semble lié à celui de Saint Yrieix, ce sont toujours les mêmes architectes à chaque rénovation.)
Question 7
Savez-vous quand a ouvert le lycée ?
Réponse :
Le lycée ouvre ses portes pour la rentrée 1962.
Saviez-vous qu’au départ, le lycée était réservé aux jeunes filles ? La plupart sont originaires de la campagne limousine, c’est pourquoi on construit un internat. Sans la possibilité d’être interne les élèves n’auraient pas pu bénéficier d’un enseignement secondaire long, c’est-à-dire jusqu’au lycée, résidant souvent trop loin pour faire le trajet tous les jours.
Établissement à l’image populaire, le lycée se distingue des établissements du centre-ville dont le lycée Limosin, où étaient inscrites les jeunes filles issues de la bourgeoisie limougeaude.
Lycée moderne, il faut tout construire pour les premières élèves et enseignantes. Au contraire des lycées plus anciens du centre-ville, il n’a pas de rites.
Figurez-vous qu’à l’époque les élèves portaient des blouses (une semaine la rose, une semaine la bleue)
Le lycée devient mixte à partir de septembre 1968. Mais peut-être que sa vocation féminine primaire est restée, étant donné que l’internat est toujours réservé aux filles (et aux sportifs).
Dominique, un ancien élève du lycée, scolarisé après l’ouverture aux garçons, nous a raconté une petite histoire à propos de ce changement. Lors d’une visite médicale, il a été convoqué chez l’infirmière. Lorsqu‘il s’est présenté, elle parut étonnée de se retrouver face à un garçon et le fit attendre dehors. En effet, l’administration l’avait convoqué avec les filles à cause de son prénom. Pour rappel les visites médicales se faisaient en « petite tenue » soit en sous-vêtements ! Pour procéder à l‘examen médical de Dominique, l’infirmière a dû cantonner l’ensemble des jeunes filles dans leur vestiaire. Puis, ce fut au tour de ce jeune homme d’être isolé.
Pour la petite anecdote, l’infirmière était à l’époque la surveillante des internes et, par conséquent, l’infirmerie se trouvait au 4ème étage.
Question 8
Connaissez-vous la particularité des bâtiments publics depuis 1951 ?
Réponse :
Ils ont tous une touche artistique. En effet, grâce à la législation française sur la construction, les extensions et les importantes rénovations des bâtiments publics, 1% des dépenses totales doit être consacré à la réalisation d’œuvres d’art contemporaines intégrées dans le projet.
Ainsi, notre lycée a pu en bénéficier puisque sa construction a débuté en 1956 (c’est la question 6, si vous avez bonne mémoire).
Sauriez-vous retrouver l’œuvre d’art de la construction du lycée ?
Pour vous aider, parce que peu de personnes y ont accès : c’est une tapisserie (en salle B400, utilisée pour les réunions des instances du lycée).
Pourtant, de nombreux projets ont été proposés entre 1965 et 1967. Il y aurait donc pu y avoir un buste du peintre Auguste Renoir dans la cour, ou une sculpture sur le mur pignon du gymnase, ou une composition mêlant tapisserie, un art régional et émail, un art local. Une composition était en bonne voie pour être retenue. Réalisée conjointement entre Maithe Pécaud, artiste plasticienne et émailleuse, femme de l’architecte dont elle réalisait souvent les 1% artistique et Michel Tourlière, tapissier-tisseur, la composition s’intitulée « vol d’oiseaux chatoyants », en référence à l’enthousiasme de la jeunesse. Finalement, jugée trop fragile, le projet se réduit à une simple tapisserie. C’est donc la tapisserie dessinée par Michel Tourliere qui ornait le hall d’entrée de ses 1.85 mètres de haut et ses 3.40 mètres de large qui a été retenu. Réalisée par l’atelier Goubley-Gatien d’Aubusson, elle se nomme Bateau d’Algues.
Vous ne trouvez pas qu’il y a beaucoup de bateaux par ici ?! La tapisserie, le hall et la forme du CDI, pourtant nous ne sommes pas très proche de la mer !
Question 9
Savez-vous quel trésor renferme le lycée ?
Réponse :
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Oui oui vous ne rêvez pas ce sont bien des vestiges gallo romains !!!
En décembre 1958, à l’emplacement de l’ancienne église Sainte Claire de Soubrevas, soit à l’emplacement du lycée, sont découverts des vestiges gallo-romains. La Société archéologique et historique du Limousin mène des fouilles de sauvetages de 1959 à 1961 (en même temps que la construction du lycée). En résulte, la mise à jour d’une aile thermale d’une villa gallo-romaine. On estime que cette villa suburbaine fut occupée entre le milieu du Ier siècle jusqu’au IVème siècle par une riche famille, d’une part en raison de ses 2 étages et d’autres part en raison de la présence de thermes au sein même de la villa.
Les ruines retrouvées sont celles d’un hypocauste presque complet. Qu’est-ce donc ? L’hypocauste est le nom donné au système de chauffage par le sol utilisé pour les constructions romaines. Plusieurs parties sont identifiées :
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- les vestiges d’un praefurnium (« chaufferie » des thermes, salle dans laquelle se trouvaient les fourneaux entretenus par les esclaves chauffant ainsi les pièces chaudes des thermes) dont les restes d'un foyer et des chaînages de briques
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- un laconicum (salle de transpiration sèche, c'est la pièce la plus chaude des thermes, raison pour laquelle elle se trouve juste à côté du praefurnium),
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- un caniveau dallé de tuiles de part et d'autre du laconium
Par-dessus les ruines du premier hypocauste, un second a été construit.
En plus des ruines de nombreux objets furent exhumés.
Saviez-vous que l’on peut toujours y accéder ? Les fondations du lycée ont été surélevées pour les préserver !
Merci d’avoir pris de votre temps pour en apprendre plus sur le lycée Auguste Renoir !
Nous avons fini de répondre à ces questions !
Si vous en avez d'autres, n'hésitez pas à demander au groupe Histoire de Bahut, ou même à le rejoindre (si vous êtes élèves bien évidemment) !
Si vous voulez plus d’information vous pouvez aussi regarder si le lycée est ouvert lors des Journées du patrimoine !
Nous vous encourageons aussi à aller regarder le travail de Stéphanie Casenove et de ses collègues dans son livre, ou encore celui des autres lycées participants au dispositif Histoire de Bahut !