Bâtir en pan de bois dans la Grande Lande : construction et déconstruction d’un lieu commun
Les recherches sur le pan de bois et la ferme traditionnelle landaise, réalisées dans le cadre de l’opération d’inventaire menée par le Parc naturel régional des Landes de Gascogne entre 2018 et 2021, sont désormais publiées ! Intitulé : Bâtir en pan de bois dans la Grande Lande : construction et déconstruction d’un lieu commun (XIIIe-XVIIIe), l’article est paru dans l’ouvrage collectif : Bâtir en pan de bois à la campagne et à la ville (XIIIe-XIXe siècles), publié aux Presses universitaires François Rabelais sous la direction de Clément Alix et Julien Noblet.
Actualité
Publié le 11 décembre 2024
# Nouvelle publication
# Parc naturel régional des Landes de Gascogne
# Opération d'inventaire : Inventaire du patrimoine architectural du Parc naturel régional des Landes de Gascogne
# Ferme ; architecture agricole ;
# Moyen Âge ; Temps modernes ; Epoque contemporaine
La ferme traditionnelle landaise : une chronologie à consolider
Depuis une quarantaine d’années, la Grande Lande est au cœur d’une importante activité scientifique mobilisant des disciplines telles que la géologie, la géographie, l’histoire et l’ethnologie. Ces travaux visent à comprendre les mécanismes à l’origine de sa formation et de son évolution jusqu’à nos jours. En revanche, en matière d’architecture rurale, les connaissances acquises sur ce territoire demeurent limitées.
À la fin du 19e siècle, les campagnes photographiques et l’approche ethnologique de Félix Arnaudin posent le cadre d’une vision architecturale centrée sur les pratiques et les modes de vie d’une société agro-pastorale, alors menacée par l’essor du massif forestier industriel landais [1]. Dans la même direction, les études de l’ethnologue Pierre Toulgouat au milieu du 20e siècle [2], ainsi que la création de l’écomusée de Marquèze en 1969, ont introduit les notions de conservation et de sensibilisation auprès du grand public.
Ce n’est qu’à la fin des années 1970 que l’architecture rurale, et plus précisément la ferme traditionnelle landaise (ou airial), soit étudiée pour elle-même avec les travaux d’Alfred Cayla et les colloques initiés par le Parc naturel régional des Landes de Gascogne [3]. La découverte d’un réseau paroissial et d’une occupation humaine pérenne dès les 13e et 14e siècles oriente alors la recherche vers la genèse de la maison agro-pastorale landaise [4].
Lors du colloque De la lagune à l’airial en 2011, conservateurs, dendrochronologues et archéologues s’opposent sur l’origine médiévale de la maison landaise traditionnelle, sans parvenir à un consensus, laissant cette question ouverte à ce jour [5].
L’origine médiévale de la ferme landaise : mythe ou réalité ?
Partant de ce constat, cet article propose un état des connaissances sur la ferme landaise et ses transformations entre le 13e siècle, date présumée de son apparition, et la fin du 18e siècle.
Les sites étudiés ont été sélectionnés dans les communes landaises inventoriées entre 2018 et 2019 par la mission d’inventaire du patrimoine conduite par le Parc naturel régional des Landes de Gascogne, sous la direction scientifique et avec l’aide financière du service du patrimoine et de l’Inventaire de la Région Nouvelle-Aquitaine [6]. Une attention particulière a été portée aux interactions entre les exploitations agricoles et leur environnement : qualité des sols, matériaux disponibles et modes d’implantation (airial isolé, quartier ou hameau, bourg).
La maison de ferme, élément central de l’airial, fait l’objet d’une analyse approfondie. L’étude des matériaux de construction, des techniques d’assemblage du bois, des marques de charpentiers et des inscriptions permet de mieux comprendre les savoir-faire mobilisés, le rôle des artisans et de répondre aux questions de chronologie précédemment évoquées. L’organisation des espaces intérieurs a également été examinée pour éclairer leurs fonctions, avant d’être replacée à l’échelle du site et des bâtiments annexes (bergeries, granges, étables, etc.) qui le composent. Par ailleurs, la qualité de la mise en œuvre et des éléments décoratifs contribue à identifier le statut social des occupants, qu’ils soient journaliers, métayers ou propriétaires.
Les données présentées ont été confrontées aux ouvrages précédemment cités, aux données issues de l’archéologie sédimentaire et aux campagnes de dendrochronologie réalisées en 2019. Cette démarche vise à contextualiser les résultats, à interroger leur véracité et, le cas échéant, à remettre en question les connaissances établies.
Loin des cloisonnements disciplinaires, cet article ambitionne d’offrir une synthèse objective de l’évolution de la ferme landaise, depuis ses origines supposées jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.
Auteur : Hadrien Rozier
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Notes
[2] Toulgouat Pierre. La maison de l’ancienne Lande. Pau: Marrimpouey Jeun, 1977.
[3] Cayla Alfred. Maisons de Guyenne et de Gascogne. Paris, France: Serg, 1977.
[4] Marquette, Jean-Bernard. Le réseau paroissial de la Haute-Lande. In : Klingebiel, André, Jean-Bernard Marquette, Parc naturel régional des Landes de Gascogne, Centre Charles Higounet, et Institut de géologie du Bassin d’Aquitaine, éd. La Grande Lande : histoire naturelle et géographie historique : actes du colloque de Sabres, 27-29 novembre 1981. Paris, France: Éd. du C.N.R.S : Parc naturel régional des Landes de Gascogne, 1985. p. 140-146.
[5] Merlet Jean-Claude, et Jean-Pierre Bost, éd. De la lagune à l’airial: le peuplement de la Grande-Lande. Bordeaux, France: Aquitania, 2011.
[6] https://www.culture-nouvelle-aquitaine.fr/operations-d-inventaire/parc-naturel-regional-des-landes-de-gascogne/