Maison dite la Charmille, moulin

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Mortagne-sur-Gironde

Une maison de meunier est mentionnée à l'emplacement de la maison actuelle sur le plan cadastral de 1832, avec un moulin à vent à la place du chai à gauche. La maison et le moulin, ainsi que ceux qui étaient situés à l'arrière (10 impasse de la Charmille), appartenaient dans la seconde moitié du 18e siècle à Gabriel Vérat, meunier, et à son épouse Suzanne Bibard. Il semble rester de cette époque la cheminée située encore aujourd'hui à l'intérieur du logis (elle a pu cependant être rapportée plus récemment).

Divisée entre les héritiers Vérat en 1788 (voir en annexe), la propriété est réunifiée vers 1830 par le meunier Pierre Vérat (1807-1878) époux Manceau. C'est à lui qu'elle appartient sur le cadastre de 1832. Selon le cadastre, il fait reconstruire le logis en 1859, lui donnant les caractéristiques d'une demeure saintongeaise, très en vogue à l'époque. Enrichi par son activité de meunerie, mais désireux de l'amplifier et de bénéficier des nouveaux aménagements du port de Mortagne, Pierre Vérat fonde une des deux minoteries du port en 1864. Elle va faire sa fortune (souvenir de cette époque, un escalier à vis, en bois, récupéré de la minoterie, se trouve aujourd'hui dans le logis de la Charmille).

Dans le même temps, sur les hauteurs des Moulins, autour de la propriété familiale, Pierre Vérat rachète tous les moulins environnants (il en existait neuf au total) pour en faire cesser la production et éliminer ainsi une concurrence envers sa minoterie. Tous sont détruits, à commencer par le vieux moulin à vent de ses aïeux (à la place des chais), en 1873. Son fils, Pierre Vérat (1832-1908) époux Tétard, reprend le flambeau à la minoterie et à la Charmille. En 1885, signe de sa réussite, il fait construire un vaste chai dans le prolongement du logis, à la place de l'ancien moulin. Le bâtiment est couvert en ardoise, matériau noble. Toujours pour afficher sa réussite, Pierre Vérat fait ériger une statue à son effigie, au sommet d'une colonne, sur le côté ouest de sa propriété (près du portail actuel). Pour cela, il fait appel à Théodore Brunet, entrepreneur de maçonnerie à Mortagne, et à G.-V. Leroux, sculpteur.

Un seul moulin échappe toujours à cette époque aux Vérat : celui situé encore aujourd'hui à l'ouest, le long de la rue. Sur le cadastre de 1832, ce moulin n'appartenait pas aux Vérat mais à la veuve de Gabriel Bibard, et était rattaché à la maison située au nord (30 cours Bellevue). Ses parties les plus anciennes (en moellon) peuvent dater du 18e siècle au moins, mais il a dû être reconstruit en partie (élévations en pierre de taille) dans la première moitié du 19e siècle. Dans les années 1870, le moulin appartient à Alcide Boulerne, boulanger, demeurant au 50-52 Grande Rue. En 1876, selon le cadastre, il fait construire le petit bâtiment juste au nord du moulin puis, en 1894, celui situé au sud : ce dernier abritait une bluterie dont le mécanisme subsistait il y a encore quelques années. Boulerne finit par vendre le moulin et ses bâtiments annexes à Pierre Vérat, à la condition qu'il ne les démolisse pas.

Après Pierre Vérat, la Charmille appartient à son gendre, Jean-Baptiste Dugoujon (1862-1935), directeur de la minoterie, maire de Mortagne de 1904 à 1935, puis au gendre de ce dernier, Robert Fleuri (1891-1961). La statue de Pierre Vérat a été abattue et fondue par les troupes allemandes pendant l'Occupation. Il en reste la partie haute de la colonne. L'ensemble des bâtiments de la propriété Vérat a été récemment restauré.

Périodes

Principale : 3e quart 19e siècle

Principale : 4e quart 19e siècle

Dates

1859, daté par source

1885, daté par source

Auteurs Auteur : auteur inconnu,

La maison est située au milieu d'un parc. Il s'agit d'un long bâtiment en rez-de-chaussée et comble, avec des dépendances en appentis à l'arrière et un vaste chai dans son prolongement gauche. La longue façade de la maison, orientée au sud, est marquée par un solin, un bandeau d'appui mouluré et une corniche à denticules. Elle présente dix travées d'ouvertures (le décor de la porte est un remploi récent).

Le grand chai à gauche de la maison comprend aussi un rez-de-chaussée et un comble, éclairés par des fenêtres en arc segmentaire, avec encadrement et clé de linteau saillants. Ces ouvertures sont alignées en travées : trois à gauche d'une grande porte en arc surbaissé, qui englobe les deux niveaux du bâtiment, et quatre à droite. La façade de ce bâtiment est par ailleurs ornée d'un solin, d'un bandeau et d'une corniche.

Le moulin est construit en pierre de taille, sur trois niveaux. Il est coiffé d'un toit en poivrière, couvert à l'origine d'un bardage. A l'intérieur, on observe encore une partie du mécanisme (dont une meule en pierre, à l'étage). A côté du moulin, au sud, se trouve une petite dépendance en pierre de taille (ancienne bluterie) et, au nord, un petit bâtiment identique, qui semble avoir été habité.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

  2. Revêtement : enduit

  3. Mise en oeuvre : moellon

  4. Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile creuse
Étages

en rez-de-chaussée, comble à surcroît

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

Typologie
  1. maison indépendante
  2. maison de maître
Décors/Technique
  1. sculpture
Décors/Représentation
  1. Representations : feuillage


Précision sur la représentation :

La hotte et le manteau de la cheminée portent un décor feuillagé et des moulurations.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Mortagne-sur-Gironde , 8 rue de la Charmille

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: les Moulins

Cadastre: 1832 D 908 à 910, 914, 915 et 918, 2009 AB 715 et 748

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