Château d'eau

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Mortagne-sur-Gironde

Le plan cadastral de 1832 mentionne à cet endroit une fontaine commune, la fontaine de Fontaury. Située à gauche du château d'eau actuel, cette fontaine est dotée d'un hangar en 1897, sur les plans de l'architecte Aimé Bonnet, de Saint-Jean-d'Angély (déjà engagé pour la construction de la mairie-école, de la Poste et de l'abri à corbillard du cimetière). A la suite de ces aménagements, la fontaine comprend un abreuvoir, un réservoir, un lavoir de douze bassins sous le hangar et la fontaine elle-même. Très vite pourtant, cette fontaine et les autres que comptent la commune ne suffisent pas pour répondre aux besoins des habitants. Dans le cadre de la modernisation générale de la commune à la fin du 19e siècle et au début du 20e, alors que le port continue à se développer, la municipalité lance en 1903 un projet d'importance et relativement novateur : la constructrion d'un château d'eau pour permettre d'acheminer l'eau dans les foyers (ce qui ne sera fait dans la plupart des communes que plusieurs décennies plus tard). Le 8 août 1903, la commune reçoit un premier projet de l'architecte Félicien Balley, de Saintes, puis un second le 8 septembre 1906. Il prévoit la construction d'un château d'eau de 11 mètres de haut, avec au-dessus, des réservoirs en métal, un moulin à vent en métal, destiné à actionner le système de pompe, et un pylône de captation de 15 mètres de haut. Le bâtiment doit être placé à l'entrée nord du bourg : le premier projet de 1903 l'envisage éloigné de la fontaine de Fontaury de quelques dizaines de mètres ; celui de 1906, adopté, le positionne à proximité immédiate de la fontaine, nécessitant le déplacement du lavoir de Fontaury et la suppression de la mare et de l'abreuvoir. Dès lors, le chantier est vite lancé. Le lendemain de la dépose du projet par Balley, un marché est passé avec la Société anonyme des Hauts fourneaux et fonderies de Pont-à-Mousson pour la fourniture des tuyaux et raccords de fonte. Entre le 9 décembre 1906 et le 24 janvier 1907, la municipalité s'entend avec plusieurs entrepreneurs pour la réalisation des différentes étapes de l'opération. La société de négoce bordelaise Wallut pour la fourniture d'un moulin Freman entièrement métallique, en acier galvanisé, d'un pylône également en acier, de 21 mètres de hauteur, et d'une pompe aspirante et refoulante, spécialement conçue pour fonctionner avec un moulin à vent. La Maison Etienne Sirech, de Bordeaux, s'engage à fournir les deux réservoirs cylindriques en tôle d'acier, de 4,5 mètres de diamètre et 4 de hauteur, d'une contenance de 63 mètres cubes. La construction du château d'eau lui-même, en pierre de taille de Saint-Même-les-Carrières, revient à Camille Brunet, entrepreneur de maçonnerie à Mortagne (qui interviendra quelques années plus tard pour les monuments aux morts de Mortagne). Gaston Rigaudeau, charpentier à Mortagne, se voit confier le soin de déplacer le hangar de l'ancienne fontaine. Fernand Bouchereau, entrepreneur de zinguerie, doit déplacer la pompe de la fontaine et poser les canalisations. M. Guérineau et Guérin, chaudronniers et fondeurs à Limoges, sont sollicités pour fournir quatorze bornes-fontaines "genre robinet à poussoir adaptés à des coffres avec gargouille et souillard", qui proviendront de la Maison Chappée, du Mans. Sitôt mis en service, le château d'eau présente pourtant d'importants dysfonctionnements, notamment au niveau du moulin à vent fourni par la Maison Wallut, comme le constate le conseil municipal du 22 décembre 1907. Ce dernier engage alors contre son fournisseur un contentieux qui va s'éterniser jusqu'en 1919 ! Sans en attendre le résultat, la municipalité commande, le 16 décembre 1908, à Maurice Gaden, ingénieur des arts et manufactures à Bordeaux, un moteur à essence de type Gardner et une nouvelle pompe. Le 26 octobre 1909, enfin, le conseil municipal adopte le règlement de distribution de l'eau potable. Le nouveau château d'eau est inauguré en grandes pompes le 23 juillet 1911, en présence du ministre de l'Agriculture, M. Pams, venu par ailleurs inaugurer le port récemment élargi et la mairie-école. Le nouveau système de pompage ne donnne pourtant pas entièrement satisfaction puisqu'en juillet 1912, la municipalité s'entend avec Fernand Bouchereau pour l'installation d'un nouveau système de pompage, avec à nouveau un pylône en acier galvanisé de 8 mètres de haut, supportant un moulin à vent en bois de 15 mètres de haut, le tout entraînant une pompe. En 1924, un moteur électrique est installé pour faire fonctionner la pompe lorsque le vent est insuffisant. Une nouvelle modification est apportée en 1934 : suivant les plans de l'architecte bordelais Lamy, et grâce aux soins de Roger Giraud, entrepreneur de travaux publics à Caudéran, en Gironde, les deux réservoirs en acier sont remplacés par deux réservoirs en ciment armé. L'objectif est d'améliorer le système d'adduction d'eau, notamment en direction du port. Vétuste et insuffisant, le château d'eau est désaffecté après la Seconde Guerre mondiale. En 1951, le conseil municipal décide de construire des bains-douches et, pour financer l'opération, de vendre six des onze timbres de l'ancien lavoir de Fontaury. L'année suivante, il décide de démonter l'éolienne du château d'eau, endommagée par une tempête.

Périodes

Principale : 1er quart 20e siècle

Dates

1907, porte la date

Auteurs Auteur : Balley Félicien

Architecte à Saintes au début du 20e siècle.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Lamy, architecte (attribution par source)
Auteur : Brunet Camille, entrepreneur (attribution par source)

L'ancien château d'eau est situé au bord de la route D6 qui relie Mortagne et Touvent. A sa gauche, un petit parking occupe l'emplacement de l'ancienne fontaine. Construit en pierre calcaire pour sa partie basse, le château d'eau présente un plan oval (un rectangle auquel sont accolées deux hémisphères). Il comprend un rez-de-chaussée, un étage et une cuve en ciment armé au sommet, entourée d'un chemin de ronde. L'ensemble du bâtiment est enduit, sauf la base, séparée du reste par un bandeau. Le rez-de-chaussée est percé d'une porte en plein cintre, encadrée par deux petites baies étroites. L'étage est éclairé par trois hautes baies étroites.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

  2. Matériau du gros oeuvre : béton

  3. Revêtement : enduit

  4. Mise en oeuvre : moellon

  5. Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Mortagne-sur-Gironde , rue de l' Ancien château d'eau

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: le Bourg

Cadastre: 1832 C 2043, 2009 AB 473

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