Redoute, dite Fort de l'Aiguille

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Fouras

La redoute de l'Aiguille est édifiée sur les plans de l'ingénieur militaire Pierre de Massiac, seigneur de Sainte-Colombe, en 1673, pour verrouiller la péninsule constituée par le rocher d'Enet et la pointe de l'Aiguille. Elle constitue l'une des premières pièces de la défense de l'embouchure de la Charente en interdisant le débarquement de troupes ennemies du côté de la rade d'Aix et dans la baie d'Yves. Deux des côtés de l'ouvrage, sud-ouest et nord-est, sont baignés par la mer et, les deux autres sont protégés par des fossés alimentés par des vannes.

Construite rapidement et de façon sommaire, cette redoute nécessite très vite des travaux, effectués dès 1688 sous le contrôle de François Ferry. Les talus faits de terre et de sable sont consolidés et, à l'intérieur, un corps de garde orienté vers l'entrée au sud-est et d'autres bâtiments sont construits. L'ouvrage est alors armé de 16 canons. Dix ans plus tard, Ferry note qu'un parement éviterait aux talus en terre et sable de s'ébouler et, malgré le début de travaux de maçonneries, Claude Masse constate le mauvais état de la redoute en 1712. Les escarpes ne sont entièrement revêtues de pierre et dotées d'un parapet avec embrasures de tir, et l'ouvrage pourvu de plateformes d'artilleries (barbette) que vers 1750. Dès cette époque, le trait de côte ayant changé, l'ouvrage est protégé des quatre côtés par des fossés et un chemin le longe du côté nord-est. En 1779, la redoute est dite en très bon état dans un mémoire sur les défenses de l'embouchure de la Charente par Hecker de Vialis.

Le fort de l'Aiguille participe à la bataille de 1809 en canonnant les bâtiments et les brûlots anglais. A la suite de la perte d'une grande partie de l'escadre de Rochefort, Napoléon fait renforcer la défense de la côte et, c'est sans doute à cette époque qu'est installé un four à réverbère dans un hangar pour chauffer les boulets de canon destinés à incendier les flottes ennemies.

En 1868, la redoute est déclarée contenir des logements pour 30 hommes, un magasin à poudre pour 2700 kg, des magasins nécessaires pour l'artillerie et les vivres, et un puits. Comme tous les autres forts, les avancées technologiques en matière d'artillerie, avec notamment l'apparition du canon rayé et l'obus, rendent cette redoute obsolète dès ces mêmes années.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la redoute devient un point d'appui allemand avec l'installation de plusieurs plateformes pour canons et postes pour mitrailleuses.

La redoute devient une propriété privée dans les années 1950. Une partie des bâtiments disparaît alors et une rampe d'accès est créée du côté nord-est. Hormis le fossé nord-ouest qui est encore une propriété privée, elle est acquise par la commune de Fouras en 2001. Inscrite en tant que Monument historique, elle fait depuis lors l'objet de restaurations.

Périodes

Principale : 3e quart 17e siècle

Secondaire : 4e quart 17e siècle

Secondaire : 3e quart 18e siècle

Dates

1673, daté par source

1688, daté par source

Auteurs Auteur : Massiac de (Sainte-Colombe) Pierre

Plans de la redoute de l'Aiguille à Fouras bâtie en 1673-1674.

, ingénieur militaire (attribution par source)
Auteur : Ferry François

Ingénieur né à Paris en 1649 et décédé à La Rochelle le 12 septembre 1701. Ingénieur ordinaire (v. 1669). Ingénieur en premier en Aunis (v. 1680). ). Ingénieur général des provinces du Poitou, de Saintonge, d'Aunis, de Guyenne et du Béarn (1690). [Blanchard 2, 281]

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La redoute se trouve au sud de la Pointe de la Fumée. A l'origine bordée par la mer, elle s'en trouve désormais isolée du côté nord-est par le boulevard de la Fumée et de terrains gagnés sur le rivage.

De la redoute initiale, il ne reste que le volume, vaste quadrangle de 58 mètres sur 70 mètres dont la mer ne baigne plus que la face occidentale. Elle s'élève au-dessus des fossés d'une quinzaine de mètres de large. Les escarpes en moellons réguliers, avec chaîne d'angle en pierre de taille, sont fortement talutés. Ils sont couronnés par un corniche formant bandeau, que l'on retrouve en appui des larges embrasures (bouchées pour la plupart), permettant d'aligner plusieurs pièces d'artillerie, au nombre de quatre sur la face sud-est, sept au nord-ouest et une seule mesurant une trentaine de mètres sur les deux autres fronts. Le mur de contrescarpe qui existe des quatre côtés est masqué du côté sud-ouest et partiellement au sud-est par une levée du terrain.

Une rampe d'accès au-dessus du rempart existe depuis une cinquantaine d'années du côté nord-est, mais initialement la cour n'était accessible que par une porte ouverte au milieu du front sud-est et un pont au-dessus du fossé. Cette porte, encadrée de piliers, donne sur un couloir étroit non couvert qui traverse le rempart épais de 14 mètres. Un mur de soutènement taluté borde la cour, sauf du côté nord-ouest contre lequel était initialement adossée la caserne dont seules des traces de murs subsistent. Dans les angles sud et est sont placées deux casemates voûtées en berceau en blocage : magasin à poudre au sud et latrines à l'est.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

Toits

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Fouras , 116 avenue du Bois-Vert

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: Aiguille (l')

Cadastre: 1810 A1 261, 2019 AB 41 à 47

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