Logement patronal dit nouveau château Saint-Jean, actuellement maison de retraite

France > Nouvelle-Aquitaine > Creuse > Aubusson

C'est en 1902, selon un document conservé dans les archives communales, que l'industriel aubussonnais Charles Sallandrouze Le Moullec entreprit l'édification, au sud de la manufacture de tapis Sallandrouze Frères, d'un logement patronal connu sous le nom de "nouveau château Saint-Jean". Il fut en effet bâti sur l'emplacement de l'ancien château du marquis de Lentilhac de Gimel (voir notice IA23000601), dont ne fut conservé que le portail d'entrée, avec, sur l'une de ses hautes piles en pierre, l'inscription "ANNO 1780", remontant à sa fondation.

Ce logement patronal était, à l'origine, associé à un vaste parc, qui s'étendait de la rue Saint-Jean (à l'ouest) aux bords de la Creuse (à l'est). C'est sur une partie de ce parc que fut, beaucoup plus tard, aménagée la roseraie municipale (voir notice IA23000533).

Le logement patronal fut partiellement reconstruit après un incendie survenu en 1914. Le pignon surmonté d'un clocheton de son pavillon central fut alors remplacé par une queue de geai, lui conférant un style villégiature plus prononcé. C'est peut-être à la même époque que furent bâtis, au sud, la conciergerie, l'écurie, les communs et la resserre regroupés autour d'une cour.

En 1922, Charles Sallandrouze prit comme associé, dans la conduite de ses affaires, Michel de Curières de Castelnau, fils du général d'armée et chef d'état-major du maréchal Joffre durant la Première Guerre Mondiale. C'est dans la famille de ce dernier que passa ensuite le château, de part le mariage qu'il contracta avec Christiane Sallandrouze Le Moullec.

Michel de Castelnau décéda en 1958.

Le 20 mai 1967, le conseil municipal d'Aubusson prit la décision de transformer le château Saint-Jean en maison de retraite. Il fut acquis par le Bureau d'aide sociale d'Aubusson et les travaux consécutifs à ce changement d'affectation furent confiés à l'architecte de la commune, Paul Pinlon. Le château fut agrandi par la construction d'une nouvelle aile, au sud et par celle d'une salle de restaurant.

Les communs, l'écurie et l'ancienne conciergerie du château ont été reconvertis en logements.

Périodes

Principale : 1er quart 20e siècle

Secondaire : 3e quart 20e siècle

Dates

1902, daté par source

1914, daté par source

1967, daté par source

Auteurs Auteur : Pinlon Paul, architecte
Personnalite : Sallandrouze Le Moullec Charles, commanditaire (attribution par source)

Le château Saint-Jean, de plan rectangulaire régulier avec des décrochements, est bâti sur une vaste parcelle, limitée, à l'ouest, par la rue Saint-Jean et à l'est, par une forte déclivité de terrain, descendant en pente abrupte vers la Creuse. Sa façade ouest, tournée vers la rue, est rythmée par trois avant-corps d'une unique travée, en légère saillie. Les deux avant-corps latéraux sont couverts de toits en pavillon, tandis que l'avant-corps central se distingue par sa queue de geai (demi-croupe). L'édifice se développe sur un rez-de-chaussée, un étage carré et un étage de comble. Le gros-œuvre est en pierre calcaire, à l'exception de l'avant-corps latéral droit (dont l'étage carré se démarque par un blocage de moellons de granite) et de la tourelle en surplomb de l'angle sud-est (partiellement édifiée en brique), assise sur un cul-de-lampe mouluré et coiffée d'un toit conique couvert de tuiles plates.

Le château emprunte à l'éclectisme son travail sur la polychromie des matériaux et la variété du dessin de ses baies (à encadrement à angle vif, à arc en anse de panier, etc.), ainsi que ses lucarnes aux frontons ornementés.

Il s'inspire toutefois de l'architecture civile locale et a été conçu comme une libre réinterprétation des maisons anciennes d'Aubusson (d'où la présence, à son angle sud-ouest, d'une tourelle en surplomb, et, au nord-ouest, d'une tour hors-œuvre de plan circulaire). Les fenêtres de l'avant-corps central de son élévation antérieure, à traverses et à meneaux, évoquent les belles croisées de style Renaissance encore visibles sur certaines maisons de la ville.

L'édifice tient également son appellation de "château" de ses nombreuses références à l'architecture castrale et fortifiée (corbeaux en pierre, fausses meurtrières et couronnement crénelé, sur l'élévation postérieure) - tout comme un autre château de la même période, bâti pour la famille d'industriels Jorrand au Fôt, à quelques kilomètres d'Aubusson.

Le développement de ses épis de faîtage et de ses cheminées, ainsi que les aisseliers en bois soutenant sa toiture, relèvent du style villégiature.

Quant à l'influence de l'Art Nouveau, elle est sensible à travers la liberté de la composition d'ensemble, le jeu de pleins et de vides qui semble animer les murs, tendant à annuler toute symétrie, ainsi que le répertoire végétal apparaissant dans le parti pris décoratif (notamment dans le garde-corps fermant le balcon devançant le premier niveau de l'avant-corps central, à rapprocher de ceux de la maison Denhaut, construite à la même période - voir notice IA23000496).

Au sud se trouvent les communs, organisés autour d'une cour. Le logement du gardien, bâti dans le style anglo-normand, présente un étage carré en faux pan de bois. L'écurie, en moellons de granite enduits, avec chaînages d'angle en pierre de taille, se développe sur six travées, avec des encadrements en brique, sous un toit à croupes couvert d'ardoises. Son étage de comble est éclairé par deux lucarnes à fronton-pignon et devanture de bois. De l'autre côté de la cour, en alignement de la rue Saint-Jean, se trouve un bâtiment à usage de communs, également en faux pan de bois, avec un soubassement présentant un décor plaqué en ciment armé, relevant de la technique de la rocaille et simulant de fausses branches de bois, avec des nœuds élagués.

A l'angle sud-ouest de la cour se situe une petite resserre, de plan hexagonal, couverte d'un toit en pavillon recouvert de tuiles plates - peut-être conçue, dès l'origine, à l'imitation d'un pigeonnier.

L'ensemble est délimité par un mur d'enclos en granite. La propriété est accessible, depuis la rue Saint-Jean, par un portail cantonné de deux hautes piles en pierre de section quadrangulaire, couronnées par des urnes.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

  2. Matériau du gros oeuvre : granite

  3. Matériau du gros oeuvre : brique

  4. Mise en oeuvre : moellon

  5. Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile plate
Plans

plan rectangulaire régulier

Étages

1 étage carré, étage de comble

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit en pavillon

  2. Forme de la couverture : toit à longs pans

  3. Forme de la couverture : toit conique

Escaliers
  1. Emplacement : escalier intérieur

    Forme : escalier tournant à retours avec jour

    Structure : en maçonnerie, suspendu

Décors/Technique
  1. maçonnerie

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Creuse , Aubusson , 23 rue Saint-Jean

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 2007 (AK 207, 208, 209)

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