« Une vie, une usine » : Contrôleur à la laiterie coopérative d'Aulnay
Marc Foucher raconte ses souvenirs de travail à la laiterie coopérative d'Aulnay, en Charente-Maritime. Contrôleur laitier entre 1964 et 1968, il a été ensuite responsable du ramassage jusqu'à la fermeture de la laiterie en 1988.
Carnet du patrimoine
Publié le 16 mars 2016
# Charente-Maritime, Aulnay
# Opération d'inventaire : Mémoires ouvrières en Poitou-Charentes
# Laiterie industrielle ; fromagerie industrielle
# 3e quart 20e siècle ; 4e quart 20e siècle
Marc Foucher revient dans les bâtiments de la laiterie d'Aulnay, fermée depuis 1988. Il parcourt les différentes salles en expliquant à quoi elles étaient dédiées. De nos jours, les locaux sont partiellement occupés par une menuiserie.
Vidéo réalisée pour la Région Poitou-Charentes, dans le cadre de l'inventaire des mémoires ouvrières régionales.
Les débuts à la laiterie
Natif d'Aulnay, Marc Foucher débute à la laiterie coopérative à 22 ans, à son retour du service militaire. Il remplace le contrôleur qui part à la retraite. Recruté grâce à un petit exercice de dictée et de calcul, il apprend ensuite sur le tas avec les laitiers qu'il accompagne dans leurs tournées.
« Mon rôle se limitait à suivre un laitier toute la matinée, tout le temps du ramassage, et de contrôler chaque sociétaire ; si le lait était caillé il fallait le refuser parce qu’il avait été mal conservé... À cette époque-là, le contrôleur c’était le gendarme, il fallait surveiller la fraude au mouillage, la fraude à l’écrémage, la fraude au défaut de conservation... »
Une petite entreprise
« Un beurrier, un écrémeur, un gars à la chauffe, et trois autres gars pour les changements et pour les remplacements... à cette époque-là, on était une douzaine avec le personnel de bureau, parce qu’il y avait une seule personne au bureau avec le directeur... donc une douzaine et douze ramasseurs. »
L'évolution du ramassage
« J’ai vu, l’hiver, des tournées à cheval rentrer à la laiterie avec moins de quatre cents litres de lait ! Aujourd’hui, on en rigole... le laitier se balade en campagne avec un semi-remorque d'une capacité de 25 à 30 000 litres, mais il n'y a plus de vache, alors moi j’ai peur que la guerre se termine faute de combattants ! »
L'évolution de l'entreprise
À la suite du regroupement de la laiterie d'Aulnay avec celle de Matha vers 1968, la première est transformée en fromagerie de lait de vache et de chèvre, tandis que la seconde ne produit que du beurre et de la caséine. À Aulnay sont fabriqués des fromages de chèvre sous la forme du Sainte-Maure, de pyramides, de bûches, de crottins et de fromage frais lissé. Le lait de vache est transformé en camemberts et en fromages frais. L'opération d'emballage est réalisée par des femmes. Durant l'hiver, lorsqu'il y a moins de fabrications, les employés font l'entretien des bâtiments, les travaux de maçonnerie, de plomberie, de peinture...
Un nouveau regroupement avec la laiterie de Surgères entraîne la fermeture de celle d'Aulnay en 1988. Marc Foucher reprend alors la ferme familiale, dans laquelle il avait travaillé comme aide familial entre 16 et 20 ans.
Il garde un bon souvenir de ses années à la laiterie. Grâce à sa grande polyvalence, son travail n'était jamais ennuyeux, ni répétitif, et toujours formateur.
« Je connaissais la marche de la boutique depuis A jusqu’à Z. »
Remerciements à Marc Foucher.
Auteure : Pascale Moisdon