Les lycées de la Vienne
Les lycées publics de la Vienne ont été étudiés en 2024-2025 dans le cadre de l’inventaire des lycées de Nouvelle-Aquitaine. Cette étude s’est penchée aussi bien sur l’histoire de la construction des 24 établissements considérés, que des œuvres du 1% ou des objets pédagogiques, scientifiques et techniques qui y sont conservés.
Carnet du patrimoine
Publié le 24 juillet 2025
# Vienne : Châtellerault ; Civray ; Loudun ; Mignaloux-Beauvoir ; Chasseneuil-du-Poitou ; Jaunay-Marigny ; Montmorillon ; Poitiers ; Rouillé ; Thuré
# Opération d'inventaire : Les lycées de Nouvelle-Aquitaine
# Lycée, école professionnelle, centre de formation
# du 17e au 21e siècles
Des filiations anciennes
Deux lycées trouvent leurs racines dans des collèges fondés au 17e siècle : Henri IV à Poitiers, par les jésuites en 1607, et le lycée de Loudun à la suite d’une donation de l’avocat Guy Chauvet en 1610. Le lycée André-Theuriet à Civray est né de la transformation d’une école secondaire communale, établie par décret impérial en 1805, et la cité scolaire Jean-Moulin à Montmorillon d’une école primaire supérieure de garçons créée en 1833. Quant aux lycées Victor-Hugo à Poitiers et Marcelin-Berthelot à Châtellerault, ils sont issus d’établissements pour jeunes filles créés dans les années 1920. Dans ces divers établissements, des bâtiments témoignent de l’ancienneté de leur fondation, à l’exception de la cité scolaire Jean-Moulin qui résulte d’une transplantation dans les années 1960. Le cas d’Henri IV à Poitiers est particulier puisqu’il a été transformé en collège après son remplacement par le lycée Camille-Guérin, conçu en 1964 pour être son annexe.
L’architecture industrialisée à l’épreuve du temps
Un grand nombre des constructions sont érigées à l’époque du grand essor de l’enseignement secondaire des années 1960-1970. Elles se trouvent à la périphérie des centres urbains et font appel à l’architecture industrialisée pour son faible coût et sa rapidité d’exécution, à l’image des lycées Camille-Guérin et Aliénor d’Aquitaine à Poitiers. Elles sont composées, de façon très normée, sur des plans-types adaptés à la configuration des terrains, par des architectes désignés par le ministère de l’Education nationale, sous la forme de longues et hautes barres jusqu’au début des années 1970, puis de volumes plus bas articulés autour de patios. Des structures en béton armé ou en métal, habillées de panneaux préfabriqués, les caractérisent. Celles, dont les structures métalliques sont jugées dangereuses en cas d’incendie, sont reconstruites à la fin des années 1980, comme les lycées professionnels Raoul-Mortier à Montmorillon, du Dolmen à Poitiers ou encore l’EREA à Mignaloux-Beauvoir.
De nouveaux enjeux architecturaux
Dans ces mêmes années, alors que la Région est devenue propriétaire des lycées, tous les établissements font l’objet de travaux de restructuration ou d’agrandissement avec le recours à des formes plus libres, adaptées aux évolutions pédagogiques. Les constructions nouvelles du Bois-d’Amour à Poitiers ou du lycée pilote innovant à Jaunay-Marigny illustrent ce renouveau de l’architecture scolaire. Les architectes sont alors choisis par concours sur proposition d’un projet.
Enfin, plus récemment, le lycée agricole de Kyoto à Poitiers, qui ouvre en 2009, est mis en œuvre dans une démarche de haute qualité environnementale (HQE). Cette démarche est aussi celle adoptée pour les bâtiments venant agrandir les établissements, comme la résidence étudiante du lycée agricole de Venours mise en service en 2018.
L’art au lycée
Une part du montant de la construction des établissements, 1%, est dévolue à l’art en confiant à un ou plusieurs artistes la réalisation d’une œuvre décorative, généralement peinte, sculptée ou en mosaïque. Des artistes, de plus ou moins grande renommée, sont ainsi intervenus dans les lycées de la Vienne. Certaines œuvres ainsi exécutées ne sont aujourd’hui plus visibles en raison notamment de la destruction des bâtiments qu’elles ornaient, comme une mosaïque dans un bâtiment reconstruit dans les années 1990 au lycée Raoul-Mortier à Montmorillon. Cependant, un grand nombre d’entre elles sont bien conservées, en extérieur ou en intérieur.
Le programme de décoration prévu, en 1962, par l’architecte François Davy pour la cité technique Edouard-Branly à Châtellerault en est l’un des plus complets et des mieux intégrés, avec un bassin orné de mosaïques par Pierrre Sabatier, une peinture monumentale de Lucien Fontanarosa dans le hall d’entrée et une sculpture d’Henri Lagriffoul dans la cour d’honneur.
Plus récemment, l’intervention d’artistes, graffeurs souvent, dans le cadre de résidences, donne l’occasion aux élèves ainsi guidés de participer activement au décor de leur établissement. Par ailleurs, les enseignements de design et d’arts appliqués y trouvent aussi une application directe.
L’ensemble de peintures monumentales "Le rêve d'Arthur ou le Royaume de l'été" a été réalisé, dans le couloir conduisant au CDI du lycée Jean-Moulin à Montmorillon, par l’artiste Carmelo de la Pinta en 1998, non pas en tant qu’œuvre du 1%, mais à l’initiative de l’association Octogone fondée par les professeurs.
Les collections pédagogiques, scientifiques et techniques
Quelques établissements conservent et mettent en valeur d’intéressantes collections pédagogiques, scientifiques et techniques, comme les lycées Camille-Guérin, Aliénor-d’Aquitaine et du Bois-d’Amour à Poitiers, André-Theuriet à Civray, Guy-Chauvet à Loudun et Jean-Moulin à Montmorillon. Camille-Guérin bénéficie d’objets en provenance du lycée Henri IV, acquis à la fin du 19e siècle pour certains, dont une collection d’une centaine d’animaux naturalisés, des planches murales, des fossiles et des roches réunis par Alphonse Le Touzé de Longuemar (1803-1881), érudit installé dans le Poitou à partir de 1845, ainsi qu’une quinzaine de moulages en plâtre pour l’étude du dessin. Aliénor-d’Aquitaine se distingue par sa collection de matériels scientifiques de la fin du 19e siècle et de la première moitié du 20e siècle, héritée du lycée technique commercial qu’il a remplacé.
Auteure : Pascale Moisdon
Ressources documentaires
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Notre sélection
Bibliographie
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Les lycées de Nouvelle-Aquitaine - Histoire et architecture
La Région Nouvelle-Aquitaine comprend 296 lycées et établissements régionaux d’enseignement adaptés publics. Ils constituent un patrimoine culturel exceptionnel mais méconnu. Fruit de plusieurs années de recherche et d’exploration sur le terrain et dans les archives, cet ouvrage se propose d’en retracer l’histoire et d’en décrire l’architecture, depuis la création des lycées en 1802 par Napoléon Bonaparte jusqu’aux constructions récentes de la Région Nouvelle-Aquitaine.