La tapisserie Le Murex et l’Araignée a été réalisée en 2008 par un collectif de cinq lissiers d’après un carton de Gérard Garouste, peintre sculpteur né à Paris en 1946. Il s’agit d’une commande d’Etat, orchestrée par le Centre National des Arts Plastiques, en partenariat avec la ville d’Aubusson. Il a fallu six mois aux lissiers pour réaliser ce travail, sur un grand métier Braquenié conservé à l’Ecole Nationale Supérieure d’Art de Limoges-Aubusson.

La représentation est liée au thème de la tapisserie. Elle fait en effet référence au Mythe d’Arachné, raconté par Ovide dans les Métamorphoses. Selon la légende, Arachné est une jeune tisserande très habile. Elle est si douée qu’on la dit élève de Pallas (l’autre nom d’Athéna). Un jour, elle provoque Pallas en duel pour savoir laquelle des deux réalisera le plus beau tissage. La déesse se présente à elle sous l’apparence d’une vieille femme pour la mettre en garde contre sa vanité. Lors du concours, Arachné réalise une œuvre représentant Zeus transformé en taureau pour enlever la belle Europe. L’ouvrage est tellement parfait que la déesse jalouse déchire la travail d’Arachné et la frappe au visage. Humiliée, Arachné se pend aussitôt. Mais Pallas ne veut pas qu’elle meure. Elle la transforme en araignée et étend la malédiction sur l’ensemble de sa descendance.

Garouste a conservé les détails les plus significatifs de ce mythe pour les inclure dans le déroulement de la scène. Arachné, au centre, a tendu ses fils de chaîne sur un métier de basse lisse. Elle tient dans sa main droite un peigne de lissier, servant à tasser la laine. Dans les coins supérieurs de la tapisserie sont représentés deux lissiers au travail. En bas, à droite, figurent une toile d’araignée avec un œil humain rappelant la métamorphose et un murex, ou escargot de mer, qui servait dans l’antiquité à préparer la teinture pourpre. Garouste a introduit dans la composition un extrait du texte des Métamorphoses. Ce sont les paroles de Pallas déguisée en vieille femme.