La redécouverte d'une cloche à Alloue (Charente)
La maison où a habité de 1961 à 1996 la comédienne Maria Casarès, devenue Maison des Illustres en 2011, est placée au centre d’un domaine dont les origines remontent, au moins, au 16e siècle. Elle offre la particularité de posséder une cloche très peu connue, datée de 1788. Celle-ci est l’œuvre d’un curé-fondeur, Michel Guithoneau, et porte le nom de celui qui était propriétaire des lieux, Robert de Verdilhac.
Carnet du patrimoine
Publié le 8 novembre 2023

# Charente, Alloue
# Communauté de communes du Confolentais
# Temps moderne, 18e siècle
# Maison, Cloche
Cette petite cloche en bronze accrochée à la façade du logis porte l’inscription suivante : « En 1788 iay été fondue par Mre Guithoneau curé d’Aloue pour Mr Robert de Verdilhac sgr. de Lavergne », qui peut être lue ainsi : « En 1788 j’ai été fondue par messire Guithoneau, curé d’Alloue, pour messire Robert de Verdilhac, seigneur de Lavergne ».
Une cloche fondue par un prêtre, l’affaire n’est pas courante. En effet, l’opération est risquée en raison des risques encourus : brûlures graves pour la personne chargée de la coulée, cloche fêlée en cas de défaut de la fonte... Ici, le curé en question est Michel Guithoneau (ou Guitonneau), ancien vicaire d’Availles-Limouzine de 1764 à 1774, devenu curé d’Alloue en 1775, poste qu’il occupa jusqu’à sa mort survenue le 6 septembre 1788. Cette cloche est donc très probablement la dernière réalisée par lui.
Grâce aux archives paroissiales d’Availles, on sait que ce prêtre était ingénieux : en 1768, il a fait placer sur la façade de l’église une horloge fabriquée par un dénommé Brunier, dit Potvin, afin de donner l’heure aux habitants. On sait aussi qu’il a coulé en 1786 deux cloches à Genouillé, paroisse voisine située dans le sud de la Vienne. Le nombre de curés connus pour s’être improvisés fondeurs est très faible, seulement deux recensés dans la Vienne sous l’Ancien Régime.
L’inscription révèle également le nom du donateur, qui est aussi le financeur de la cloche, Robert de Verdilhac (ou Verdillac), seigneur de la Vergne (ou Lavergne). Né en 1752, marié en 1777 avec Marie Anne Corderoy de la Bussière, il est qualifié d’« avocat en parlement » dans son acte de mariage, puis d’« homme de lois demeurant à la maison de Lavergne à Alloue », lorsqu’il marie en 1811 son fils. Ce dernier, Guy de Verdilhac des Essarts (1779-1847), devenu maire d’Alloue dans les années 1820, habite à son tour la Vergne jusqu’à sa mort survenue en 1847. La propriété passera ensuite entre les mains de la famille Loizeau de Grandmaison.
Le nom de Verdilhac est fortement ancré en Confolentais et dans la Marche limousine, puisqu’il y est connu depuis le 16e siècle au travers de plusieurs de ses membres qui ont exercé la fonction de sénéchal de Mortemart et de Saint-Victurnien [1]. Robert de Verdilhac est issu d’une de ces branches, dont les origines géographiques remontent du côté de Bussière-Boffy. En effet, on sait que les parents de Robert de Verdilhac étaient Guy de Verdilhac (1721-1794), avocat en parlement et sénéchal de Saint-Germain-de-Confolens, et Marguerite Rempnoux (ou Rempnoulx). Son grand-père, Robert (1684-1747), était également avocat en parlement, et son arrière-grand-père, également prénommé Robert, est né en 1641 et décédé en 1705 à Bussière-Boffy.
Robert de Verdilhac meurt le 1er juillet 1836 à l’âge de 84 ans dans son logis de la Vergne, lieu où son épouse est également décédée en 1816.
Cette cloche témoigne donc du passage de cette famille de Verdilhac qui a habité le logis de la Vergne à Alloue à la fin du 18e siècle et au début du 19e siècle, entre 1788 et 1847. Elle est aussi l’unique témoignage encore en place de ce fondeur pas comme les autres, le curé Michel Guithoneau.
Thierry Allard, chercheur, service du patrimoine et de l'Inventaire de Nouvelle-Aquitaine
Notes
[1] Jean de Beaugourdon, Essai généalogique sur la famille de Verdilhac en Marche de Poitou, Limousin, Berry. Bulletin généalogique d’information du Centre généalogique de Paris, septembre-novembre 1966, 11e année.
-
cloche de la maison Maria Casarès
DossierDossier d'oeuvre objet mobilier
Comme l'indique l'inscription portée, cette cloche a été fondue en 1788 par Michel Guithoneau pour Robert de Verdilhac (ou Verdillac), seigneur de la Vergne (ou Lavergne). Michel Guithoneau (ou Guitonneau) est connu pour avoir été vicaire d’Availles-Limouzine de 1764 à 1774, puis curé d’Alloue de 1775 à 1788, date de sa mort ...
cloche de la maison Maria Casarès
-
Titre : cloche de la maison Maria Casarès
-
Auteur de l'oeuvre : Guithoneau Michel
-
Période : 4e quart 18e siècle
-
Localisation : Charente , Alloue , $result.adressePrincipale
-
Date d'enquête : 2023
-
Auteur du dossier : Allard Thierry
-
Copyright : (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel
-
-
Manoir dit Maison Maria Casarès
DossierDossier d'oeuvre architecture
Les premiers seigneurs connus du domaine sont les Guyot. La cheminée de la cuisine a conservé la date 1670. Marc Guyot du Repaire reçoit par héritage la seigneurie de La Vergne en 1679. En 1704, Marc Guyot, époux de Marie de Mairé, s'installe à La Vergne qui a rang de Châtellenie ...
Manoir dit Maison Maria Casarès
-
Titre : Manoir dit Maison Maria Casarès
-
Période : 17e siècle , 18e siècle , 19e siècle , 20e siècle
-
Protection : inscrit MH (2002/12/12)
-
Localisation : Charente , Alloue , $result.adressePrincipale
-
Date d'enquête : 2003
-
Auteur du dossier : Debelle Jacqueline , Allard Thierry
-
Copyright : (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel
-