Décors en ferronnerie du cimetière de Saint-Savin
Dans le cadre de l'inventaire de la vallée de la Gartempe, l’étude du cimetière de Saint-Savin (Vienne) a révélé la présence de nombreux ouvrages en ferronnerie. Une majorité des tombeaux du cimetière, notamment ceux antérieurs à la Seconde Guerre mondiale, ont conservé des éléments en fonte : enclos, croix funéraires, porte-couronnes.
Carnet du patrimoine
Publié le 15 avril 2025
# Vienne
# Opération d'inventaire : vallée de la Gartempe
# Cimetière, tombeau, enclos funéraire, croix
# Du 19e au 20e siècle
Le cimetière de Saint-Savin était autrefois situé à proximité de l'ancienne église Notre-Dame, détruite pour élargir la route de Poitiers à Châteauroux qui traverse la commune. En 1805, le conseil municipal décide d'implanter le nouveau cimetière à son emplacement actuel, rue du Mont, au nord du bourg, sur un terrain appartenant au maire. Plus qu'aucun autre cimetière de la vallée de la Gartempe, celui de Saint-Savin contient un très grand nombre d'éléments en ferronnerie. Il s'agit essentiellement de clôtures d'enclos funéraires et de croix, qui datent le plus souvent des années 1880-1910.
Les enclos funéraires avec clôtures en ferronnerie
Encadrant le tombeau sur trois ou quatre côtés, les clôtures en ferronerie peuvent être constituées de grilles, de bordures, de chaînes portées par des poteaux, ou encore d'un assemblage de barres parfois associées à des porte-couronnes. Les grilles peuvent comporter des barreaux verticaux soutenus par des traverses ou des assemblages de motifs (volutes en particulier). Aucun fabricant de grille pour enclos n'a pu être identifié, même si certaines grilles sont présentes en plusieurs exemplaires. Les marchands d’articles funéraires locaux se fournissaient en barres, tiges et divers motifs auprès de représentants des grandes fonderies nationales et réalisaient le montage ou l’assemblage.
Une dizaine d’enclos renferment trois ou quatre tombeaux. Sept autres contiennent deux tombeaux ou stèles, dont ceux des anciens maires François Audiguier et Marc Auguste Maurice Demarçay. Plus d'une quarantaine d'enclos funéraires renferment un seul tombeau, comme celui de la famille de Léon Edoux, ingénieur originaire de Saint-Savin. Quelques grilles, déposées dans le cimetière, sont les vestiges d'enclos funéraires disparus.
Le décor des clôtures
Beaucoup de clôtures ne portent aucun décor. D'autres présentent des décors variés, principalement des croix, quelques anges ou les initiales de la Vierge (AM ou simplement M). Les barreaux et les poteaux peuvent être surmontés de boules, de pommes de pin, de pointe, d'une urne voilée ou d'un flambeau.
Les croix funéraires
Les croix peuvent constituer l'élément principal de la tête de la tombe, posées directement en pleine terre, sur une stèle ou sur un socle quadrangulaire, généralement à la tête du monument. De très rares exemplaires ont été recouvertes d'une couche argentée ou dorée.
Les croix plates ajourées
Les croix plates et ajourées sont de loin les plus nombreuses : environ 75, sans compter une dizaine de bases dont la croix a disparu.
Les autres fonderies identifiées sont représentées par un ou deux exemplaires :
- fonderie de Dammarie-sur-Saulx (Meuse), dirigée par Salin : " A.R. Dammarie 5 ", sur une tombe de 1883. Une croix similaire, sans les éléments figurés, porte la marque D au dos et est probablement de la même fonderie ;
- fonderie de Tusey : " Tusey " sur une croix ajourée avec des représentations de clochers d'église à la base du pied, sur un tombeau de 1928 ;
- fonderie Rosières, commune de Lunery (Cher), probablement vers 1930-1935 : marque Rosières.
Le décor des croix
Les croix associent de multiples éléments de décors sur la base, le pied, le croisillon.
Le Christ, la Vierge seule ou avec l’Enfant, les saints, des anges ou des angelots, ainsi que l’Annonciation, sont présents sur plusieurs croix.
Les symboles du Christ (IHS, INRI, chrisme, cœur enflammé ou transpercé d'une lance), de Marie (AM), les symboles de la Passion du Christ, l'alpha, l'omega et le delta (triangle divin symbolisant la Trinité), la gloire (croix rayonnantes), le Tétramorphe (symbole des Evangélistes), les clefs (symbole de saint Pierre ou du Paradis) ou la croix sont fréquemment représentés.
Les motifs végétaux, plantes entières, branches, feuilles, fleurs ou fruits, peuvent être ornementaux ou symboliser la vie, la renaissance, l’abondance, la prospérité. Ils sont d’une grande variété : lierre, vigne, grappe de raisin, pomme de pin, épi de blé, rose, marguerite, pensée, anémone, immortelle, lys, pavot, roseau, fleurs non identifiées, guirlandes, etc. D’autres représentations symboliques liées à la mort sont présentes : cœur brisé, mains serrées, couronne mortuaire, urne voilée, étoile à 5 ou 8 branches… Des motifs géométriques (croix grecque, volute, anneau, boule) comblent les vides et participent à la rigidification des croix ajourées tout en participant à son décor.
Les croix creuses
Six croix creuses de type " écorce d'arbre " ont été repérées, dont trois dans le même enclos, avec un décor de lierre qui s'enroule autour du pied et des bras de la croix. Trois de ces croix portent en outre un Christ sur le croisillon. Trois de ces croix sont argentées.
Autres décors en ferronnerie : porte-couronnes, jardinières, vases...
De nombreux autres éléments en ferronnerie ont été repérés, tels que les porte-couronnes mortuaires, supports destinés à porter les couronnes de fleurs naturelles ou artificielles. Ils sont les fragiles témoins d'usages révolus et tendent aujourd'hui à disparaître.