Les équipements sportifs à l’échelle d’une ville : balade à Pau
Du Moyen Âge à nos jours, nous vous proposons de découvrir comment le sport s’est inscrit dans le tissu urbain de Pau, comment ces équipements racontent une histoire de la ville et participent de son identité.
D’après l’exposition en plein air « Terrains de jeux, le patrimoine sportif de Pau », du 5 juin au 31 décembre 2024, réalisée par le service Ville d'art et d'histoire de la Ville de Pau
Carnet du patrimoine
Publié le jour mois année
# Pyrénées-Atlantique, Pau
# Opération d'inventaire : inventaire topographique de la ville de Pau
# Architecture sportive; équipement ; aménagement; hippodrome ; golf ; trinquet ; pelote ; quilles ; cyclisme ; stade, rugby, stade nautique ; piscine
# 19e siècle ; 20e siècle ; 21e siècle
Dans son acception actuelle, le sport est compris comme une activité physique faisant l’objet de compétition, ou destinée à améliorer son bien-être, et n’existe que depuis la fin du 19e siècle. À cette époque, Pau attire une foule d’hivernants en villégiature. La colonie étrangère en séjour introduit un mode de vie qui fait la part belle aux loisirs : golf, chasse, équitation. Pendant la Belle-Époque le sport est principalement une occupation d’élite.
L’hippodrome du Pont-Long
Les infrastructures sont peu à peu modernisées et adaptées à la demande grandissante des spectateurs. En 1875, l’architecte Lucien Cottet reconstruit des tribunes ouvragées en bois et en fer forgé, plus modernes et confortables. En 1912, un autre architecte, Jules Noutary, livre un restaurant, un tir aux pigeons et un salon, proches de la piste d’entraînement. Par la suite, le bâtiment principal subit d’autres campagnes de travaux. Les constructions de Cottet sont détruites en 1965. Rénovées en 1999 et 2006, les tribunes actuelles sont en béton et métal. Elles accueillent 2500 places sur quatre niveaux.
L’hippodrome abrite actuellement trois pôles : un dédié au soin des chevaux, un autre à la compétition, enfin un dernier à l’administration et à l’accueil du public. L’ensemble s’étend sur 40 hectares. Depuis 2000, il est relié par une passerelle au domaine de Sers où 500 chevaux sont entraînés à l’année.
Pau Golf Club
Dans les premiers temps, les terres sont louées à la commune de Billère et à des fermiers locaux. Puis des contrats sont passés pour réglementer l’usage du sol. Durant la Seconde Guerre mondiale, le golf est transformé en potager puis réquisitionné pour y entreposer du matériel. Plus tard, il manque de disparaître quand la mairie envisage d’y implanter un complexe immobilier. Face à la pression publique, le projet est abandonné. Aujourd’hui encore, seules les parcelles du club-house et du trou numéro 6 appartiennent à l’association Pau Golf Club 1856. Le reste du parcours appartient à la mairie de Billère et à des propriétaires privés.
Le golf occupe 37 hectares, sur 5306 mètres de long et comporte 18 trous. Le terrain est traversé par deux affluents du gave. Il est composé d’un sol de sable et galets, offrant des conditions intéressantes pour la pratique de ce sport. Sa pratique s’est démocratisée, si bien que le club compte, en avril 2024, 607 adultes et 78 enfants membres, en majorité français. Il participe notamment à la Hamilton Cup, une compétition qui réunit les plus anciens clubs d’Europe depuis 1990.
Le succès des sports traditionnels
Tout le long de la chaîne des Pyrénées, en Béarn et autour, beaucoup de jeux traditionnels sont pratiqués par les populations locales. Les plus emblématiques sont les jeux de quilles et de pelote, dont existent de nombreuses variantes. Ces deux catégories dépassent d’ailleurs l’étape du jeu en étant reconnues comme de véritables sports. D’autres expressions traditionnelles pyrénéennes, non sportives à proprement parler, se retrouvent à Pau. La danse, en particulier les sauts, tient une place importante dans le bal gascon. Les arènes de la Haute-Plante, actuelle place Verdun, et de la Croix du Prince accueillent régulièrement des courses landaises. Des spectacles taurins sont attestés à Pau jusque dans les années 1930. Enfin, beaucoup de travaux, en particulier agricoles, peuvent faire l’objet de compétitions et de défis lancés entre travailleurs. Ainsi, les jeux béarnais s’inspirent de ces activités traditionnelles pour en faire un spectacle.
Le Trinquet Beaumont
En 1886, le conseil municipal cède un terrain au parc Beaumont afin d’y construire un jeu de paume. Les architectes Henri Lalheugue et Melchior Viraut livrent le bâtiment et l’aménagement intérieur en moins de six mois, pour un montant de 56 400 francs. Les fenêtres, sur les murs et le toit, sont placées en hauteur pour éviter que les balles ne les brisent. Le jeu de paume connaît rapidement un grand succès, autant chez les hivernants que les locaux.
Au début du 20e siècle, le tennis est également en vogue. Ainsi, six courts de tennis accolés au jeu de paume sont mentionnés en 1925. Hélas, réquisitionné pendant le Seconde Guerre mondiale, le bâtiment se dégrade. Les joueurs sont mobilisés et le manque de matériaux empêche la fabrication des balles. Après la guerre, les joueurs de pelote du stadium de la gare n’ont plus d’endroit où s’entraîner. Le jeu de paume est alors transformé en trinquet.
Le bâtiment subit des réaménagements pour s’adapter à la pratique sportive. Dans la seconde moitié du 20e siècle, le jeu de paume commence à perdre du terrain à Pau. Les courts sont alors réhabilités pour accueillir les entraînements et matchs de pelote. Les terrains de tennis ont aujourd’hui tous disparu. Les pelotaris quittent eux aussi les lieux lors de la construction du complexe de pelote au nord de la ville en 2006. Depuis 2005, le trinquet Beaumont, animé par l’association « Jeu de paume de Navarre », est régulièrement ouvert à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine.
Le complexe de pelote de Pau
Les quilles de neuf
Ce sport se structure peu à peu :
-1923 : Pau accueille la finale du championnat de France de quilles de neuf
-1928 : l’Association sportive paloise de quilles de neuf est créée
-1948 : la fédération française de quilles de neuf, devenue fédération française de bowling et de sport de quilles, est créée à Orthez
Dans les années 1970 et 1980, les collectivités territoriales mènent une politique de création de plantiers municipaux. Celui de Pau est situé aux Allées du Grand tour et une section féminine se développe.
La Basse Ville, une terre de jeux
Plusieurs projets tendent à dynamiser la Basse-Ville dès le début du 20e siècle. Ainsi, la construction du stadium de la gare pour la Section paloise puis du vélodrome pour le Véloce-Club font du quartier une place forte du sport à Pau. En intégrant les Palois à leurs activités, ces clubs ouvrent le sport à tous. Plus tard, le stade Tissié et le stade nautique stimulent cette dynamique de démocratisation du sport. Des personnalités, à l’image du docteur Philippe Tissié ou de Louis et Madeleine Péguilhan, promoteurs de la natation, contribuent également à l’éducation physique des jeunes. Ils considèrent que l’exercice sert à fortifier le corps et l’esprit des futurs citoyens. Après-guerre, les politiques nationales en faveur du sport soutiennent l’engouement pour le sport et son implantation dans la Basse-Ville.
Le Véloce Club et le stade Tissié
Après la guerre, le parc de la gare est renommé Bois-Louis en 1937, puis devient finalement le stade Tissié, en hommage au médecin Philippe Tissié. Le stade est aménagé lors de plusieurs campagnes de travaux depuis les années 1960. Les terrains sont bétonnés et de nouveaux sports y émergent : basket, course automobile. Dans un parc aujourd’hui verdoyant, cet espace est également utilisé pour accueillir des groupes scolaires, notamment les lendits et des événements sportifs.
Pau et le Tour de France, une histoire d’amour qui dure depuis 1947. En effet, l’année 2024 signe la 75e étape de la Grande Boucle dans la cité royale. Les lieux les plus fréquentés des cyclistes sont la place Verdun et la Basse-Ville. Chaque arrivée ou départ du tour en ville amène son lot de fêtes, d’animations mais aussi d’anecdotes. Ainsi, arrivé à la place de la Monnaie, le Palois Raymond Mastrotto est si habitué au chemin qu’il prend lors de ses entraînements qu’il ne remarque pas le tracé de la course, qui passe en sens interdit, et fonce dans les barrières. Depuis 2015, le Tour des Géants, musée de plein air situé au stade Philippe Tissié, rend hommage aux vainqueurs de la course. Chaque année, un nouveau totem jaune est ajouté.
Le Stadium de la gare
Peu à peu, le stadium est ouvert à d’autres sports. Dès les années 1930, il abrite les entraînements de boxe. En 1975, une salle de boxe, une salle d’armes, le trinquet et ses tribunes, un bar et un fronton extérieur sont mentionnés. Le site héberge ainsi les entraînements des autres sports pratiqués à la Section paloise : escrime, judo, karaté et même des compétitions d’envergure. Pas moins de 800 licenciés, des étudiants, groupes scolaires et travailleurs s’y relaient toute la semaine. Preuve de ce succès, en 1975, la femme de ménage, débordée par l’afflux soudain d’usagers au quotidien, demande un jour de congé par semaine et l’emploi d’un deuxième agent. Elle appuie ses dires en réalisant un tableau des entraînements, encore conservé aux Archives Communautaires.
Le stadium est finalement rasé en 2009, trois ans après l’inauguration du complexe de pelote au Cami Salié, afin d’y construire un parking. Dernier vestige du site, le fronton est détruit à son tour en 2021.
Le Grand Prix de Pau
Pau et la honhada
Le terme honhada pourrait être traduit par bourrade. Il désigne également un chant de stade écrit pour la Section Paloise.
Importé du Royaume-Uni en France à la fin du 19e siècle, le rugby se diffuse dans le sud-ouest du pays. Quelques clubs le pratiquent à Pau : les lycéens des Coquelicots de Pau en 1890, le Stade palois créé en 1899, puis la Section paloise de ligue girondine dès 1902. Bien que club omnisports, cette dernière se concentre sur le rugby, dont la variante à XV est adoptée en 1905. Dès le début, les matchs de rugby attirent la foule. 3000 personnes sont réunies au champ Bourda pour le match Pau-Bergerac en 1908, gagné par les Palois. En 1912, les maillots, jusque-là bleus et noirs, passent au vert et blanc, leurs couleurs actuelles. Le club remporte plusieurs titres avec l’équipe première : le championnat de France en 1928, 1946 et 1964, la coupe de France en 1997. L’équipe se professionnalise à partir de 1998 et évolue aujourd’hui en Top 14.
La mythique Croix du Prince
Le stade de la Croix du Prince avec ses 600 places de tribunes, est investi par la jeune Section Paloise rugby dès son inauguration en 1910. Il a pour vocation d’accueillir les matchs du club local, voire de grandes compétitions. Depuis 1982, le stade s’appelle officiellement stade Albert-Cazenave, joueur et entraîneur emblématique du club. Actuellement, la Croix du Prince accueille les matchs des Espoirs de la Section Paloise.
Le terrain occupe un espace de 120 mètres sur 68 mètres, sur une pelouse de 122 mètres par 72 mètres. La grande proximité entre spectateurs et joueurs est donc une caractéristique du stade puisque seulement 1,50 mètres les séparent.
Dans les années 1980, les joueurs sont trop à l’étroit à la Croix du Prince. En effet, il n’est plus possible de l’étendre à cause de l’emprise urbaine alentour. De plus, avec la professionnalisation, les matchs de rugby deviennent de véritables spectacles que le stade ne peut plus accueillir. À partir de 1985, les matchs de la Section paloise se déroulent au Hameau. La municipalité rachète le vieux stade en 1993 et en fait démolir l’entrée puis les tribunes en bois en 2019.
Le Hameau
En 1983, la Ville de Pau devient officiellement propriétaire du stade et entreprend des travaux de rénovation. Club résident, la Section Paloise rugby s’y installe au cours de la décennie. Le club y accueille des matchs d’envergure dès 1990. Le Pau Football Club y joue aussi de manière occasionnelle dans les années 1990 et 2000. Les derniers travaux de rénovation repensent d’ailleurs le stade aux couleurs et à l’usage de la Section paloise. Depuis 2018, le stade est totalement dédié au rugby.
Modernité et équipements contemporains
L’évolution des pratiques sportives rend nécessaire la réfection de nombreux équipements, parfois anciens. Ainsi, le jeu de paume et le Pau Golf Club sont réhabilités, tandis que l’hippodrome du Pont-Long est complètement transformé. D’autres équipements quant à eux bénéficient des bons résultats sportifs locaux. Le Palais des Sports voit le jour grâce aux ambitions nationales de l’Élan Béarnais, tandis que les champions olympiques Tony et Patrice Estanguet encouragent la construction du stade d’eaux-vives.
Le stade nautique
Les premiers cours de natation à Pau se déroulent dans le canal des Moulins à l’initiative de Louis et Madeleine Péguilhan, un couple très investi dans l’éducation physique des Palois. Plusieurs piscines sont ensuite construites et déplacées : à la minoterie Marsan en 1913, la piscine du Coy en 1939 et finalement le stade nautique né en 1964 après une réflexion de dix ans. Ce dernier projet aurait été inspiré de la piscine des Tourelles à Paris.
Entre 1961 et 1965, un premier plan d’équipement pour la jeunesse et les sports est lancé par Maurice Herzog, secrétaire d’État à la jeunesse et aux sports, après les mauvais résultats français aux Jeux Olympiques de Rome. Dans ce cadre, la municipalité confie à l’architecte André Lesgourgues et à son fils Jean-Claude le projet du stade nautique, profitant des aides financières et techniques de l’État soutenant la construction de ces équipements.
Le premier stade nautique s’étend sur 370 m². Le bâtiment principal, en béton, sur trois niveaux, comporte un bassin couvert, les vestiaires, les sanitaires et le logement du concierge. Le complexe compte plusieurs bassins adaptés à la baignade, à l’apprentissage de la natation, au plongeon et aux plus jeunes avec une pataugeoire. En 2012, le stade nautique est totalement détruit pour être remis aux normes. Plus grand, complètement ouvert sur son environnement naturel et urbain, le nouveau bâtiment intègre également un espace détente. La fosse à plongeon a disparu.
Nouste Camp
Nouste Camp, en français « Notre terrain », est le stade d’entraînement du Pau Football Club depuis 2018. Bien que situé administrativement dans la commune de Bizanos, le projet est porté par la Ville de Pau. Le club évolue dans différents lieux au cours de son histoire : au stade des Bleuets, au Hameau et au stade de l’Ousse des Bois. Après plusieurs années sans lieu attitré, la municipalité décide de faire construire un nouvel équipement, près du Hameau de Pau. Le terrain est entouré de trois tribunes latérales couvertes. Trop exigu pour la Ligue 2, 2170 places sont ajoutées en 2021 pour le mettre aux normes.
La salle omnisports du Hédas
La salle omnisports du Hédas est située sur une ancienne usine de bérets reconvertie en immeuble de bureaux puis en salle de squash et de lutte. En 1981, la municipalité lance un nouveau programme d’envergure pour aménager l’ensemble, connu sous le nom d’immeuble Cazenave. Elle envisage d’y construire une salle de basket et une salle polyvalente, dans le cadre d’une politique d’accès au sport dans les quartiers défavorisés.
Les brillants résultats de la Section Paloise escrime poussent le fondateur et président du club, Pierre Coicaud, à demander une salle d’armes, requête très vite acceptée. L’architecte en chef de la Ville, Pierre Lauron, livre alors un complexe omnisports. Il comporte une salle d’armes moderne au rez-de-chaussée et une salle de basket à l’étage. La configuration n’a pas changé depuis l’inauguration en 1988. Équipée de pistes électriques, la salle d’armes est réservée à la Section Paloise escrime. Le Pau Basket Club ainsi que des écoles utilisent aussi la salle de basket.
Le Palais des Sports
Le palais des sports est un complexe sportif livré par les architectes Jean-Michel Lamaison et Michel Camborde et inauguré en 1991 au nord de Pau. Il est d’abord pensé pour accueillir les matches de basket-ball à la suite du déplacement de l’Élan Béarnais d’Orthez à Pau. D’une capacité de 7707 places assises, il est un lieu incontournable de la vie sportive de la région. Sa conception modulable permet l’organisation d’entraînements et de rencontres d’équipes de haut niveau dans différents sports : volley-ball, handball, tennis. La structure repose sur quatre tours carrées en treille métallique qui soutiennent un toit voûté. Les façades sont en verre transparent pour laisser entrer la lumière.
Dossiers d’Inventaire : Margot Héricher, apprentie Master Patrimoine et musées (2021-2022), et Cécile Devos, chercheuse à l’Inventaire culturel du Patrimoine à la Mission Ville d’art et d’histoire de Pau