Port de Meschers-sur-Gironde

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Un port depuis le Moyen Age

Sans doute actif depuis le Moyen Age, en tout cas aux 16e et 17e siècle, le port de Meschers est représenté au début du 18e siècle par l'ingénieur Claude Masse, sur un plan du bourg. Il apparaît sous la simple forme d'un chenal recourbé, en aval d'un cours d'eau sinueux provenant des marais, sans aucune écluse ou porte dessus. Le plan mentionne juste une construction à proximité, et un chemin reliant le port au bourg, comme aujourd'hui l'avenue du Port.

Sous la Révolution, le port de Meschers garde une certaine activité. En 1800, un charpentier de navire, le seul de la commune, y est mentionné : Daniel Dou. Des quantités importantes de blé venant de Saintonge transitent vers Bordeaux et les autres ports de la Gironde et de la Dordogne.

Au début du 19e siècle, comme pour la plupart des ports voisins le long de l'estuaire, celui de Meschers fait l'objet de réclamations demandant son aménagement pour faciliter le commerce et la navigation. Dès 1802, le conseil municipal demande la création d'une jetée pour protéger l'entrée du port. En 1807, M. Guérin présente un projet de vanne à établir "sur le canal de Meschers" (à moins qu'il ne s'agisse d'une vanne pour le ruisseau de Bardécille, dans les marais).

Les aménagements des années 1830-1870

Le 22 juin 1827, L. Pasquier établit un devis des travaux à réaliser : redressement du chenal, construction d'une écluse de chasse, creusement d'un bassin de retenue alimenté par les eaux des marais en amont, qui se jettent dans le chenal. Autorisés par ordonnance royale du 8 avril 1829, les travaux sont adjugés à M. Croze, de Saujon. Leur réception définitive a lieu le 12 octobre 1830. L'opération se limite toutefois à la création de l'écluse, sans bassin de retenue, et au redressement partiel du chenal.

Le résultat des ces travaux apparaît sur le plan cadastral de 1831. On y voit le chenal à travers les marais, avec sur la rive gauche un pacage privé, des marais salants à la place de l'actuel bassin d'échouage, des prés et des fossés à l'emplacement du bassin à flot. L'écluse construite en 1829-1830 assure désormais la transition entre le chenal et le cours d'eau en amont.

L'opération s'avère vite insuffisante : le chenal reste tortueux et étroit, surtout en aval, les quais sont submergés à chaque marée, l'écluse n'assure pas bien son rôle, faute de bassin de retenue. En 1836, l'ingénieur en chef des Ponts et chaussées, Lescure-Bellerive présente un projet visant à construire une véritable écluse de chasse, en aval de la première, à creuser un bassin de retenue, à établir une chaussée sur la rive gauche, à aménager la rive droite, et à élargir et rectifier le chenal. Ce projet se perd ensuite et revient, réévalué, en 1845 et 1847 dans les mains des ingénieurs Botton et Potel. Il est alors complété par des quais, des bornes d'amarrage, une cale d'embarquement et deux jetées de part et d'autre du chenal, redressé.

Malgré les réclamations de la municipalité, les travaux ne débutent qu'en 1861 : le 22 novembre, ils sont adjugés à Antoine Ferry, entrepreneur qui travaille à la même époque aux aménagements des ports de Mortagne, Saint-Seurin-d'Uzet et Port-Maubert. Les travaux consistent alors en ceci : régularisation, élargissement et approfondissement du chenal ; prolongement du terre-plein de la rive droite jusqu’à la falaise pour établir une chaussée, des chantiers de construction et des dépôts de lests et de marchandises ; construction d'une jetée avec perrés en pierre sur la rive gauche ; construction d’une nouvelle écluse de chasse en tête du chenal, établissement d’une cale et de bornes d’amarrage. En 1865, on ajoute à ces travaux la construction d’une cale verticale, les berges, très élevées, étant difficiles d’accès aux navires. Des travaux supplémentaires sont engagés en 1878 sur les quais, avec création du musoir au bout de la rive droite, et recouvrement des perrés en moellons de Blaye.

Grâce à ces travaux successifs, le port connaît un développement assez important dans la seconde moitié du 19e siècle et jusqu'au début du 20e, sans atteindre toutefois le niveau de certains ports voisins où l'activité est entrainée par un établissement industriel (les Monards, Mortagne...). Des cartes postales du début du 20e siècle montrent le va-et-vient des gabarres et des filadières, lié au commerce et à la navigation, l'activité de pêche aussi, avec des filets mis à sécher sur les rives du chenal. Dans l'Entre-deux-guerres, le port de Meschers est un des points de départ de la pêche à l'esturgeon qui, avec la préparation du caviar, fait jusque dans les années 1960 la fortune des petits ports estuariens.

Après 1945, d'un port à l'autre

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le port apparaît en mauvais état, comme les ports voisins. Il n'a guère changé depuis les aménagements du 19e siècle : une écluse de chasse qui régule l'eau provenant du cours d'eau en amont ; le chenal en aval, avec une chaussée et des cales aménagées sur la rive droite ; une jetée avec des perrés maçonnés, et des terrains appartenant à l'Etat, sur la rive gauche. En 1954, autorisation est donnée d'établir des cabanes de pêcheurs le long du chenal, sur la rive droite.

Dans les années 1960, les projets d'amélioration, d'agrandissement et même de création d'un port de plaisance fleurissent. Le premier, élaboré en 1967, propose la création d'une autre jetée, sur la rive droite, en aval du chenal, s'appuyant sur la pointe rocheuse, pour abriter un petit port de plaisance. En 1974, un vaste complexe est avancé pour la rive gauche avec création de nouvelles jetées, d'un bassin à pontons, de résidences avec commerces au rez-de-chaussée, d'une plage, d'un centre culturel et de loisirs, d'un jardin public et de plusieurs lotissements. Le tout s'étalerait entre l'ancien chenal et la ferme de Saint-Martin, et même au-delà, y compris en gagnant de l'espace sur l'estuaire. D'autres projets urbains et portuaires tout aussi pharaoniques sont proposés dans les années 1980.

Finalement, on s'en tient dans un premier temps à la création, en 1985, d'un bassin d'échouage sur la rive gauche du chenal. D'une superficie de 6000 mètres carrés, il offre alors 122 places sur pontons flottants, mais il se trouve vite saturé. En 1990, on creuse alors un second bassin, cette fois à flot, c'est-à-dire maintenu en eau en permanence grâce à l'écluse de chasse qui est reconstruite. Ce bassin propose 121 places sur pontons flottants. Quelques commerces s'installent ensuite sur la rive gauche, au-delà du premier bassin, suivis par la capitainerie en 2008 (construite sur les plans de l'agence d'architecture Impact Urbanisme, de La Rochelle).

Périodes

Principale : 3e quart 19e siècle, 4e quart 20e siècle

Dates

1861, daté par source

1985, daté par source

1990, daté par source

Le port se situe au sud de la commune, à la jonction entre la corniche de falaises, l'anse de Dau et les marais. Un avant-chenal long de 250 mètres le relie à l'estuaire de la Gironde, à travers les vases. Il donne accès à un chenal, équipé de quais sur la rive droite, et d'une jetée en pierre sur la rive gauche. Sur cette même rive, en avant de la jetée, un bassin d'échouage quadrangulaire, en prise avec la marée, propose 121 places sur pontons flottants. A l'arrière, dans le prolongement du chenal, une écluse de chasse commande l'accès à un bassin à flot. De plan ovale, comprenant 116 places, il alimenté par un petit cours d'eau provenant des marais, le canal du Marais. La capitainerie est implantée sur la rive gauche, au bord du bassin à flot, tandis que des commerces, un ancien entrepôt et d'anciennes cabanes de pêcheurs s'alignent sur la rive droite du chenal.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : béton armé

Toits

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Meschers-sur-Gironde

Milieu d'implantation: en village

Cadastre: 2009 AL 421, 423, 424, 461, 1833 C 851 bis

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