Église paroissiale Saint-Fortunat de Saint-Fort-sur-Gironde

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L´église tire son vocable de saint Venance Fortunat, évêque de Poitiers au début du 7e siècle. En 1136, une bulle papale confirme la donation faite de cette église par Guillaume, évêque de Saintes, à l´abbaye de Sainte-Gemme, dépendance de l´abbaye de La Chaise-Dieu, en Auvergne. Dès lors, un prieuré est lié à l´église de Saint-Fort. Le bâtiment actuel présente encore d´importants éléments datant de l´époque romane. Aux 11e et 12e siècles, l´église, longue d´environ dix-huit mètres, devait comprendre la façade telle qu´elle se présente encore aujourd´hui ; la première partie de la nef, avec ses deux travées et ses chapiteaux sculptés, sans doute couverte d´un toit en charpente ; un troisième travée surmontée d´une coupole à pendentifs, dont il reste les vestiges sur et au-dessus de la voûte actuelle ; la tour d´escalier nord qui devait donner accès à un clocher placé sous la coupole ; et un choeur dont il ne reste rien. La crypte (aujourd´hui située sous le bas-côté) daterait du 13e siècle.

Cette première église est transformée au 15e siècle avec l´abandon de la coupole, la reconstruction de la voûte de la nef, la réédification de l´avant-chœur et du chœur, la construction d´un chevet plat, et l´adjonction d´un bas-côté sud. Ces travaux, qui inscrivent l´église dans l´architecture gothique flamboyante, sont parachevés par la construction du clocher Renaissance, sans doute entre 1500 et 1520 : c´est ce que laisse penser un procès qui oppose à cette époque Antoine de Saint-Gellais, prieur de Saint-Fort, le curé François d´Argence et les paroissiens au sujet du financement des travaux à l´église.

Mise à sac pendant les guerres de Religion, l´église sert aux 17e et 18e siècles de sépulture à plusieurs seigneurs et notables de Saint-Fort (il reste des ossements dans la crypte sous la bas-côté). C´est ce que rappelle notamment la litre funéraire, peinte au sommet des murs de l´église. Elle porte les armoiries de la famille d'Amblimont, détentrice de la seigneurie de Saint-Fort au 18e siècle, et a été établie en mémoire du comte Thomas Claude d´Amblimont, gouverneur des îles d´Amérique, mort à Fort-Royal le 17 août 1700. Sous l'Ancien Régime également, l´église est entourée par le cimetière dont une partie, entre l´église et le presbytère, est réservée aux protestants. En 1747, le prieuré lié à l´église depuis le Moyen Age est réuni au séminaire de Saintes.

L'église semble traverser la Révolution sans trop de dommages (une statuette de saint Fortunat, qui devait se trouver dans la niche au-dessus de la porte sud du clocher, a été abattue à cette époque). D´importants travaux sont réalisés dans les années 1830. Probablement endommagée pendant les guerres de Religion, la voûte est reconstruite en 1838 (date portée sur l´arc doubleau entre l´avant-chœur et le chœur), sur les plans de Jean-Gaston-Constant Prévost, architecte à Saintes. La même année, une tribune en pierre, aujourd´hui disparue, est édifiée au-dessus de la porte ouest afin de recevoir un orgue. On envisage même un temps d´agrandir l´église en la dotant d´un bas-côté nord, identique au bas-côté sud et empiétant sur la rue de l´Eglise. En 1839, les abords de l´église sont libérés par le transfert du cimetière à l´extérieur du bourg. Les restes de l´ancien cimetière sont déblayés en 1846 et remplacés par une esplanade, avec un emmarchement vers la rue au sud (plus large qu´il ne l´est aujourd´hui). A la même date, le portail roman est restauré et le petit hangar ou ballet qui le masquait est retiré.

Au cours des décennies suivantes, l´effort se porte essentiellement sur l´ornementation intérieure de l´église. En 1883 toutefois, une nouvelle sacristie est construite, sur les plans de M. Grellet fils, architecte à Bordeaux, et par Victor Coutant, entrepreneur à Pons. Très tôt reconnue pour la qualité de son architecture et de son décor, l´église de Saint-Fort est classée au titre des Monuments Historiques dès le 13 juin 1913. La toiture est refaite en 1921, et l´église reçoit l´électricité en 1932. Les vitraux sont restaurés en 1980. En 1984, les tilleuls qui occupaient une grande partie de l´esplanade au sud et à l´ouest de l´église, sont retirés. L'intérieur de l'église connaît des travaux de restauration à partir de 1993. En 2002, la chute de la grosse cloche endommage le beffroi. Les réparations ont lieu en 2003. La charpente de l´église est reconstruite en béton à cette occasion.

Périodes

Principale : 11e siècle

Principale : 12e siècle

Principale : 15e siècle

Principale : 1er quart 16e siècle

Principale : 2e quart 19e siècle

Principale : 4e quart 19e siècle

Dates

1520, daté par travaux historiques

1838, porte la date

Auteurs Auteur : Prévost Jean-Gaston-Constant, architecte (attribution par source)

L´église est principalement constituée de deux parties. La première, plus basse que l´autre, également la plus ancienne (époque romane, 11e-12e siècle), correspond aux deux travées de la nef, côté ouest. La seconde (15e siècle) comprend la travée d´avant-chœur et celle du chœur ; elle se termine par un chevet plat, et est flanquée au sud d´un bas-côté à trois travées.

A la jonction des deux parties, au nord, s´élève une tour d´escalier carrée puis octogonale, coiffée d´une flèche en pierre ornée de crossettes, sans doute l´accès à l´ancien clocher de l´église romane. De part et d´autre, le mur nord de l´église est soutenu par des contreforts et percé de trois baies étroites en plein cintre.

La facade ouest de l´église, sommée d´une petite croix en pierre, présente deux niveaux, surmontés d´une rose. Les deux premiers niveaux de la façade présentent un riche décor sculpté d´époque romane (12e siècle) (voir le détail de ce décor en annexe). Au premier niveau, un portail est constitué de trois portes dont les deux latérales sont aveugles. Au-dessus d´une corniche, le second niveau comprend une suite de dix petites arcades aveugles, et est surmonté d´une seconde corniche que soutiennent dix-huit modillons. La rose (19e siècle) présente un réseau constitué de six arcs en plein cintre, retombant sur six colonnettes à chapiteaux feuillagés, réunies par leur base. De part et d´autre de la rose, on observe un appareil réticulé.

Le mur sud de la nef présente, à gauche, une baie étroite en plein cintre. A droite, la sacristie (datée de 1883) est accolée au mur du bas-côté. On y pénètre par une porte à linteau en accolade, surmontée d´une petite galerie, et, depuis l´intérieur, par une porte située dans la dernière travée du bas-côté. Au-dessus de la sacristie, le contrefort qui soutient le mur sud du bas-côté présente un écu fleurdelysé.

L´angle formé par le bas-côté sud et la première partie de la nef, est occupé par le clocher de style Renaissance (construit vers 1520, il est très proche de celui de Fléac). Il s´élève à 31,50 mètres et comprend quatre niveaux. Carré et massif, il est marqué à ses angles par d´imposants contreforts qui s´amincissent à mesure que l´on progresse vers le haut. Il est flanqué d´une tourelle d´escalier ronde et est coiffé de deux dômes octogonaux superposés. Le mur sud du clocher est percé d´une porte richement sculptée et, à l´étage, d´une fenêtre en arc brisé. La porte et son tympan, ornés de choux frisés, sont encadrés par des colonnettes torses, surmontées de pinacles. Sur le tympan, un dai orné d´une coquille abrite une statuette représentant la Vierge à l´Enfant. Le dôme inférieur du clocher est entouré par une balustrade à réseau dont les quatre angles sont marqués par des pinacles à décor feuillagé. Ces derniers sont reliés au dôme par d´élégants arcs boutants moulurés. A la base des pinacles se trouvent des gargouilles saillantes qui représentent des animaux fantastiques ou des personnages humains. Les deux dômes superposés sont percés de baies en plein cintre, passantes pour le dôme inférieur. Les deux dômes portent un décor sculpté qui imite des tuiles plates en écailles. Les nervures sont ornées de crossettes et de sculptures représentant des animaux fantastiques qui se penchent vers le sol, vers les hommes.

A l´est, le chevet (15e siècle), encadré par deux contreforts massifs et soutenu en son centre par un troisième, est surmonté de deux pignons. Il est percé de deux grandes baies en arc brisé et à réseau. Le contrefort central porte à son sommet un riche décor sculpté : un écu armorié, encadré par deux personnages humains ; une gargouille saillante en forme d´animal fantastique, entre les pates duquel prend place un autre personnage humain ; un quatrième personnage se trouve sur le socle de la gargouille.

A l´intérieur de l´église, la porte ouest est comprise dans un tambour en pierre (19e siècle). Il donne dans la nef par une porte en plein cintre, surmontée d´un fronton et d´une croix. La majeure partie de la nef et du bas-côté possède une voûte d´arêtes. La voûte du chœur, celle de la travée sous-clocher et enfin celle de la dernière travée du bas-côté sont à ogives. Les clés de voûte du chœur et du bas-côté sont sculptées (feuillage, soleil). Ce couvrement (daté de 1838), en briques et plâtre, retombe sur d´imposants piliers composés (à l´exception du pilier carré, simple, entre le chœur et le bas-côté ; le pilier à droite de l´avant-chœur est constitué de neuf colonnes). La plupart de leurs chapiteaux sont muets, sous un tailloir en pointes de diamant. Les chapiteaux de la première partie de la nef portent un décor sculpté plus important, constitué de feuillages. Un arc-triomphal brisé sépare la nef de l´avant-chœur ; deux autres marquent la distinction entre la travée sous-clocher et la nef d´une part, le bas-côté d´autre part. Au revers de l´arc-triomphal de la nef, du côté de l´avant-chœur, on observe les vestiges sculptés d´une ancienne coupole sur pendentifs : il s´agit d´une corniche et de cinq modillons, le tout à décor feuillagé et végétal. Les vestiges de la coupole apparaissent plus nettement encore au-dessus de la voûte, sous la charpente de l´église qui est en béton, sous un toit en tuile creuse.

Sous la première travée du bas-côté de l´église, s´étend une crypte ou ossuaire, accessible par une trappe située près de la porte du clocher. Elle est couverte d´une voûte d´ogives, avec une clé de voûte (muette semble-t-il). Les murs sont peints de lignes rouges qui imitent un parement, et ils portent une banquette sur tout le pourtour de la crypte.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

  2. Mise en oeuvre : moellon

  3. Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile creuse
Plans

plan allongé

Étages

2 vaisseaux

Couvrements
  1. coupole coupole en pendentifs voûte d'arêtes voûte d'ogives en brique
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Forme de la couverture : dôme polygonal

  3. Forme de la couverture : flèche polygonale

Décors/Technique
  1. sculpture
Décors/Représentation
  1. Representations : feuillage

  2. Representations : ornement végétal

  3. Representations : animal fantastique

  4. Representations : armoiries

  5. Representations : chou

  6. Representations : Vierge à l'Enfant

  7. Representations : Eve

  8. Representations : ange

  9. Representations : Genèse

  10. Representations : pointe de diamant

  11. Representations : damier

  12. Representations : étoile à six branches

  13. Representations : pinacle

  14. Representations : balustre

  15. Representations : ciseau

  16. Representations : porc

  17. Representations : bélier

  18. Representations : loup

  19. Representations : oiseau

  20. Representations : serpent

  21. Representations : coquille

  22. Representations : humain fabuleux

  23. Representations : mascaron


Précision sur la représentation :

Voir en annexe 1 le détail du décor de la façade ouest, et en "description" le détail du décor du clocher, du chevet et de la nef.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Saint-Fort-sur-Gironde

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: le Bourg

Cadastre: 2009 AB 282

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