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Demeure dite le Logis de Vaux, actuellement mairie
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Vaux-sur-Mer
Historique
1- Aux origines du Logis de Vaux
La mairie est établie dans une ancienne demeure de notable, appelée le Logis de Vaux. Il semble qu'au 18e siècle, elle ait appartenu à la famille Chaillé de Monsoucy, dont Pierre (1666-1736), notaire aux Mathes. Cette appartenance est rapportée, comme une tradition familiale, par Louis Audiat en 1870 dans son étude Epigraphie santonne et aunisienne. Il y évoque l'inscription toujours visible de nos jours sur la façade principale du logis, au-dessus de la porte centrale, et datée de 1648 : "QUI RIT ET MORD, QUI MEDIT ET RAPPORTE N'ENTRE EN CEANS, JE LUY DEFEN LA PORTE. 1648". De la fin du 17e siècle ou du début du 18e, le domaine a conservé une cheminée à décor mouluré, remployée dans l'ancien chai (actuelle salle "Equinoxe"). Le portail au sud de la mairie remonte pour sa part, en partie tout au moins, à la fin du 18e siècle : la date 1777 est inscrite au-dessus d'une des portes piétonnes.
En 1782, la seule héritière des Chaillé de Monsoucy, Marie-Anne-Judith épouse un riche protestant, Guillaume Simon Pelletreau (1760-1823) et lui apporte le Logis de Vaux. En 1808, leur fille unique se marie avec Jean-François Chaumont (1774-1856). Polytechnicien, fils d'un député à la Convention, membre de la campagne de Bonaparte en Egypte, il est ingénieur dans le Génie maritime à Rochefort au moment de son mariage. Directeur des constructions navales de l'arsenal de Lorient en 1831, il se retire en son Logis de Vaux en 1835. Conseiller général de 1839 à 1852, il est maire de Vaux en 1846-1848 et de 1852 à sa mort.
C'est à lui que le Logis de Vaux appartient donc lorsque le plan cadastral de la commune est établi en 1838. L'actuelle avenue de Nauzan-Plage passe alors au pied du logis qui présente un plan rectangulaire, avec un corps de bâtiment en retrait dans l'angle sud-ouest. Le cadastre mentionne 17 ouvertures à ce logis. Au devant, vers l'est, s'étend une cour délimité au nord-est par une mare, au sud et au sud-est par des communs. Au-delà, vers le sud-est, se trouvent plusieurs petites maisons appartenant à différents propriétaires. A l'ouest s'étirent jardins et prés, jusqu'aux marais de Nauzan.
2- L'oeuvre de la famille Garnier
Quelques années avant cette représentation cadastrale, en 1832, Jean-François Chaumont a marié sa fille unique, Thérèse Judith Constance (1809-1888), à Gustave Garnier, ingénieur de la Marine puis inspecteur général des constructions navales à Paris. A la mort de son père, en 1856, Thérèse Chaumont hérite du Logis de Vaux et va alors s'employer à faire fructifier le domaine et la fortune familiale, en achetant toujours plus de biens, notamment pour agrandir le parc du Logis sur les marais de Nauzan. Elle est assistée dans cette entreprise par son fils, Frédéric Garnier (1836-1905), futur député-maire de Royan et un des principaux artisans du développement de la station balnéraire à la fin du 19e siècle. En 1862-1863, il fait construire au sud du logis familial une haute tour de plan carré, avec terrasse au sommet. L'objectif est double : vraisemblablement bénéficier d'une vue incomparable sur les environs, jusqu'à Royan et à la mer, en cette époque où il est de bon ton de posséder une villa avec belvédère ; ensuite, abriter les riches bibliothèque et collections d'objets archéologiques, de fossiles, de monnaies, de souvenirs de voyages, d'animaux empaillés, de porcelaines de Chine et de pierres et minéraux, que Frédéric Garnier va constituer au cours des décennies à venir (ces collections et la bibliothèque sont décrites dans l'inventaire après décès des biens de Frédéric Garnier, établi à partir du 11 septembre 1905 devant Me Biseuil, notaire à Royan).
Dès 1866, selon le cadastre, Thérèse Chaumont fait agrandir le vieux logis de ses aïeux (qui passe de 17 à 25 ouvertures). Elle achète aussi les maisons qui se trouvaient à l'est de la propriété, et le terrain qui se trouve alors au nord du chemin jouxtant le logis (actuel parking de la mairie). Après sa mort, survenue en 1888, son fils Frédéric Garnier poursuit l'oeuvre de développement du domaine. En 1889, il fait surélever le logis d'un étage, du moins du côté est : le côté ouest, avec son rez-de-chaussée, son étage en surcroît et son toit à longs pans brisés, sur deux ailes encadrant une tour centrale, semble en effet avoir conservé l'aspect d'un logis du 17e siècle ; à l'est, le logis perd vraisemblablement cet aspect originel (l'inscription de 1648 en est sans doute encore un témoin) et est désormais flanqué de deux pavillons d'angles à deux étages, de part et d'autre d'un corps central plus bas. Le corps de bâtiment visible dans l'angle sud-est du logis sur le plan cadastral de 1838, est lui aussi conservé.
Le développement du domaine passe aussi par la construction d'une ferme à l'est du logis, à la place des anciennes maisons individuelles, et par le déplacement du chemin qui longeait le logis au nord. Ce déplacement est réalisé en 1898 après accord avec la municipalité de Vaux : le nouvel axe (actuelle avenue de Nauzan-Plage) est reporté derrière une ancienne maison mentionnée sur le cadastre de 1838 et que Frédéric Garnier fait reconstruire en chai (actuelle salle Equinoxe). Pour tous ces travaux, et sans doute aussi pour la surélévation du logis, Frédéric Garnier fait peut-être appel à Marc Roberti, architecte attitré de la Ville de Royan en cette fin du 19e siècle. Ainsi modernisé et embelli, le Logis de Vaux peut accueillir, en 1899 et 1900, les réceptions de mariages de deux des enfants de Frédéric Garnier.
3- Du Logis de Vaux à la mairie
Après la mort de ce dernier, puis de sa veuve, Valérie Avenant, en 1914, le Logis de Vaux échoit à leur fils, Maurice Garnier (1880-1945). Il y tient son ateiler d'artiste peintre et sculpteur, tout en laissant sa soeur Marie occuper l'essentiel de la demeure. Dans l'Entre-deux-guerres, Maurice Garnier voit son oeuvre artistique reconnue. En 1937, il est sollicité pour décorer les nouveaux jardins de l'ancienne Manufacture des Gobelins, à Paris. Dans le même temps, de 1922 à 1929, il dirige la municipalité de Vaux et multiplie les efforts pour embellir la commune, destination touristique. Sous l'Occupation, il mène des activités de résistance. En avril 1945, avec deux employés, il périt au cours des bombardements qui dévastent Royan, Vaux et les environs, trouvant la mort dans un abri creusé près du chai de son domaine. En 2005, une stèle à sa mémoire, avec un portrait sculpté par Samuel Boulesteix, sera apposée à l'angle nord-est du Logis.
Fortement endommagé par les bombardements, le domaine passe à la soeur de Maurice Garnier, Marie, veuve de l'archéologue Félix Sartiaux. Le parc présente encore les cratères des obus, le chai et la ferme sont en grande partie détruits, la tour a été incendiée. Comme son frère et leurs aïeux, Marie Garnier, après avoir relevé le domaine, fait bénéficier la commune de sa générosité, par exemple en donnant le terrain nécessaire à l'agrandissement de l'école. Elle décède en 1973, après avoir légué le Logis de Vaux et son parc à la Ville de Royan (et les collections archéologiques de son mari au Musée du Louvre). Le don est assorti de plusieurs conditions, dont celle de créer un foyer-logement pour personnes âgées, ce qui sera fait, dans et à côté des bâtiments de l'ancienne ferme. En 1991, la Ville de Royan cède l'ancien Logis de Vaux à la municipalité de Vaux-sur-Mer. Celle-ci confie alors à l'atelier d'architecture de J. J. Bègue et B. Peyrichou, de Rochefort, le soin de rénover et réaménager les lieux pour y installer la mairie. En décembre 1993, les services municipaux quittent leurs anciens locaux de la rue de Verdun (actuelle poste) pour s'établir dans le Logis de Vaux. Les salons du rez-de-chaussée deviennent salle du conseil ; les chambres des étages sont réaménagées en bureaux. Le corps de bâtiment dans l'angle sud-est, qui abritait la cuisine au rez-de-chaussée, est supprimé, ainsi que la véranda qui lui était accolée. Le parc de 7 hectares est aménagé en jardin public. Quant à l'ancien chai, il sera réhabilité en salle des fêtes "Equinoxe".
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 1ère moitié 17e siècle Principale : 4e quart 19e siècle Secondaire : 4e quart 20e siècle |
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Dates |
1648, porte la date 1889, daté par travaux historiques |
Auteurs |
Auteur :
Roberti Marc, architecte (attribution par travaux historiques (incertitude)) |
Description
La mairie, ancien Logis de Vaux, est établie à l'ouest du bourg, sur la partie haute d'un vaste parc qui descend jusqu'aux marais de Nauzan. Plusieurs portails à piliers maçonnés marquent les accès à ce parc. L'un d'eux, au sud de la mairie, est encadré par des portes piétonnes et orné, au sommet des piliers, de statuettes d'angelots ; la porte piétonne de gauche porte la date 1777, et celle de droite la date 1862. Un autre portail, plus imposant, couvert cette fois, se trouve au sud-ouest du logis et fait la transition entre la cour et le jardin devant la mairie d'une part, le parc à l'ouest d'autre part. Sans doute édifié dans la seconde moitié du 19e siècle, il est encadré de contreforts et son couvrement est crénelé. Parmi les autres éléments qui composent l'ancienne propriété, la salle "Equinoxe", au nord-est, sur le parking, occupe un ancien chai. Au sud de la mairie, s'élève une très haute tour carrée, de quatre étages, terminée à l'origine par une terrasse. Ses quatre face sont percées de petites baies étroites. La porte, avec linteau en arc segmentaire, est surmontée d'un écusson muet (le tout est peut-être un remploi du 18e siècle).
Le logis lui-même, dans lequel est établie la mairie, est composé de plusieurs corps de bâtiment. A l'est (partie surélevée en 1889), un corps central à un étage est encadré par deux pavillons à deux étages, le tout disposé de façon parfaitement symétrique, sous un haut toit en ardoise. Le corps central présente cinq travées d'ouvertures, dont trois terminées par une lucarne percée dans le toit à longs pans brisés et à croupes. Une fausse balustrade en pierre relie les trois lucarnes. Un bow-window surmonté d'un balcon est accolé contre le mur nord du pavillon d'angle nord.
La façade ouest est bien différente et s'apparente à celle d'un logis du 17e siècle : ici, deux ailes en rez-de-chaussée et à surcroît, dont l'une, au sud, est plus longue que l'autre, encadrent une tour d'escalier carrée (surélevée au 19e siècle) coiffée d'un haut toit à croupes et à égout retroussé. Les deux ailes présentent au total trois travées d'ouvertures terminées par des fenêtres passantes dont le fronton se détache sur le toit à longs pans brisés et à croupes.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Étages |
2 étages carrés |
Élévations extérieures |
élévation ordonnancée |
Couvertures |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA17046504 |
Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée et directeur du Centre vendéen de recherches historiques à partir de 2017. |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Estuaire de la Gironde (rive droite) |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2015 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Demeure dite le Logis de Vaux, actuellement mairie, Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/0816f32d-7146-422e-ba8a-0cec3d7065df |
Titre courant |
Demeure dite le Logis de Vaux, actuellement mairie |
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Dénomination |
demeure mairie |
Parties constituantes non étudiées |
parc tour |
Statut |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Vaux-sur-Mer , 1 place Maurice-Garnier
Milieu d'implantation: en village
Lieu-dit/quartier: le Bourg
Cadastre: 2009 AN 16, 18, 272