Lycée Victor-Duruy

France > Nouvelle-Aquitaine > Landes > Mont-de-Marsan

En 1853, le maire de Mont-de-Marsan, Adolphe Marrast, émet le projet de convertir le collège existant en lycée impérial. Cette transformation nécessite l'érection de nouveaux bâtiments dont les plans seraient d'abord confiés, selon l'ancien proviseur Hervé Guilhamon, à un architecte bordelais dénommé Courrau. La municipalité suivante, d'Antoine Lacaze, obtient en 1855 un projet pour 100 internes de la part de Luc-Marcelin Dosque-Moras, ingénieur du génie de Mont-de-Marsan qui propose une implantation place de la Tenaille (actuel square des anciens combattants, bordé par la rue des remparts). Le collège est érigé en lycée par décret impérial du 23 février 1859. En avril 1859 Dosque-Mornas fournit un nouveau plan, cette fois pour 120 internes, et sur l'emplacement de la Pépinière créée en 1812.

L'administration impériale exige cependant l'intervention d'un architecte parisien, qu'elle choisit au sein du service des édifices diocésains : Adolphe Lance. Ce dernier fournit en juin 1859 un devis détaillé relatif à la construction du lycée.

En parallèle, la mairie confie à l'architecte départemental, Alexandre Ozanne, la tâche de produire de nouveaux plans dessinés en novembre 1860.

Ces derniers sont critiqués par la toute jeune Commission des bâtiments des lycées et collèges en avril 1861, tandis que le premier programme détaillé pour la construction des lycées est justement publié par le Ministère. Parmi les prescriptions majeures de l’État, figurent l'érection de bâtiments "en simple épaisseur" permettant une double aération et la création de cours séparées en fonction des âges. Ces deux conditions ne sont pas remplies par Ozanne qui envisage -comme Dosque-Moras- à chaque étage des salles séparées par un couloir. Seul Dosque-Moras avait proposé cette séparation en quartiers par classe d'âge.

Dès lors Adolphe Lance devient l'architecte du lycée et produit des plans en 1862.

L'adjudication est organisée en 1863 afin de choisir les entrepreneurs qui prendront en charge cette construction financée à 60 % par la ville.

Le lycée est inauguré le 15 octobre 1866 par le Ministre de l'Instruction publique lui-même, Victor Duruy. Ministre de 1863 à 1869, Duruy est particulièrement attaché au territoire des Landes puisqu'il est également élu au Conseil général en 1867 puis en devient président de 1869 à 1870. Il choisit ainsi le lycée de Mont-de-Marsan comme site d'expérimentation de la nouvelle organisation des études qu'il entend développer : il abandonne la "bifurcation" conduisant à séparer les lettres et les sciences et souhaite développer un enseignement secondaire "spécial", plus appliqué, destiné aux besoins de l'économie locale. Le lycée de Mont-de-Marsan devient ainsi le premier "lycée spécial" à dispenser cet enseignement, organisé par la loi du 21 juin 1865, pour des élèves de 12 à 16 ans. L'afflux des élèves est tel, qu'une annexe est créée dès 1867 au collège de Saint-Sever. A partir de 1881, ce cursus subit plusieurs réformes et en 1902, l'enseignement secondaire est unifié et un système d'options mis en place.

Lors de l'inauguration, l'évêque Monseigneur Epivent exige la construction d'une chapelle. L'architecte Ozanne en dresse les plans et la chapelle est bénie le 05 juillet 1868. En 1878, le plafond est réparé ; en 1910 les tuiles sont changées. Elle subit d'importantes dégradations entre 1940 et 1944 du fait des troupes allemandes cantonnées au lycée. Les vitraux sont restaurés vers 1945 puis en 1955.

L'établissement devient un hôpital militaire entre 1914 et 1916. Il est rénové en 1937-1938.

Un vaste projet d'agrandissement est confié en 1956 par le Ministère de l’Éducation nationale à l'architecte en Chef des Bâtiments civils et des Palais nationaux, Paul Sirvin, secondé par un architecte local, Michel Depruneaux. Il consiste en la construction d'un nouvel externat, de logements de fonction, d'un gymnase, et par l'aménagement d'un terrain de sports et d'une cour de récréation. En parallèle, les anciens bâtiments sont rénovés et transformés en bureaux, logements de fonction et internat. Le chantier se déroule entre 1962 et 1968. De plus, en 1968, des travaux de réfection de la charpente et de la toiture de la chapelle sont entrepris. Les œuvres artistiques du 1% culturel sont confiées en 1967 aux sculpteurs sur métaux Claude Viseux (œuvre adossée au mur de la galerie reliant anciens et nouveaux bâtiments, aujourd'hui déplacée dans le parc) et Philippe Hiquily (œuvre dans le parc aujourd'hui disparue).

Après la décentralisation, une première restructuration est livrée en 1998 par les agences d'architectes BDM (Bouey, Digneaux, Maurice) et Tesseire & Touton. Ce projet concerne à la fois la restructuration des bâtiments du XIXe siècle et des années 1960, ainsi que l'édification de nouveaux locaux face à l'avenue Nonères comprenant accueil, vie scolaire, CDI, administration, bureaux des professeurs et foyer des élèves.

Entre 2003 et 2005, des extensions sont conçues dans le prolongement des bâtiments précédents, afin de créer un nouveau réfectoire, par les architectes Rémy Tarricq et Guy Escoubet ; un nouveau foyer par les architectes Cyril Ruiz, Daniel Imbault et de nouveau Tesseire et Touton. Enfin, un nouveau gymnase, à l'est du site, le long de la rue de l'Auberge Landaise, est également livré par Ruiz et Imbault.

Il est probable que ce soit au cours de ces restructurations des années 1990 et 2000 que deux bâtiments construits dans les années 1960 ont été démolis : la galerie reliant les bâtiments du XIXe siècle et le nouvel externat ainsi que le premier gymnase.

Périodes

Principale : 3e quart 19e siècle (daté par source)

Principale : 3e quart 20e siècle, 4e quart 20e siècle (daté par source)

Principale : 1er quart 21e siècle (daté par source)

Auteurs Auteur : Lance Adolphe

Entré au services des édifices diocésains, il devient par la suite également membre de la Commission des Bâtiments des lycées.

, architecte diocésain (attribution par source)
Auteur : Sirvin Paul

Ancien élève de l’École des Beaux-Arts de Paris, il devient notamment architecte en chef au M.R.U. et architecte en chef des Bâtiments civils et Palais nationaux.

, architecte des Bâtiments civils (attribution par source)
Auteur : Depruneaux Michel

Petit-fils d'Henri Depruneaux (1867-1953) et fils de Pierre Depruneaux (1898-1978), tous les deux architectes à Mont-de-Marsan. Il fait ses études à l’École des Beaux-Arts de Paris puis collabore avec son père.

Voir en détail son CV à l'IFA : Dossier 133 Ifa 79/8. CV.

, architecte (attribution par source)
Auteur : BDM architectes

Agence fondée à Bordeaux en 1999 réunissant au départ les architectes Pierre Bouey, Bertrand Digneaux et Joël Maurice.

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Auteur : Teisseire et Touton

Agence créée en 1989 à Bordeaux, située 12, cours de Luze à Bordeaux. Elle réunit les architectes Pascal Teisseire, Hugues Touton et Anne Dumesnil.

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Auteur : Tarricq Rémy

Architecte au 1bis rue Victor Hugo à Mont-de-Marsan associé à Guy Escoubet.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Escoubet Guy

Architecte installé au 1bis rue Victor Hugo à Mont-de-Marsan, associé à Rémy Tarricq.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Ruiz Cyril, architecte (attribution par source)
Auteur : Imbault Daniel, architecte (attribution par source)
Auteur : Viseux Claude

Ancien élève de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris (E.N.S.B.A.) (1946), il débute ses sculptures en acier à la fin des années 1960, à partir d'objets partiellement usinés par le secteur industriel. De 1975 à 1992, il devient professeur et chef d'atelier de sculpture à l'E.N.S.B.A.

, sculpteur (signature)
Auteur : Hiquily Philippe

Élève de l’École des Beaux-Arts d'Orléans puis de Paris, il se spécialise dans la sculpture en métal. Il crée notamment des œuvres au titre du 1% culturel pour le lycée de Mont-de-Marsan (1966 - aujourd'hui disparue) et l'I.U.T. de Bordeaux (1972).

, sculpteur (attribution par source)
Auteur : Ozanne Alexandre

Né à Bonneboscq (Calvados) le 21 novembre 1828, mort à Dax le 18 novembre 1888 et inhumé au cimetière Saint-Pierre de cette ville. Ingénieur civil, architecte départemental des Landes de 1859 à 1879. Fils de Célestin Ozanne (1797-1870) et de Florentine Prévost (1805-1881) ; marié en premières noces, le 28 avril 1857 à Bordeaux, avec Jeanne Mathilde Brousse († Bordeaux, 17 juillet 1858) ; marié en secondes noces, le 25 février 1862 à Dax, avec Anne Clary Mène (Dax, 12 avril 1831 - Dax, 11 mars 1924), fille de Pierre Paul Mène (1792-1866), notaire, et de Marie Amélie Bonnecaze (1797-1877). Il eut du premier lit une fille, Mathilde Isabelle Jeanne (1858-1929), Mme Eugène Levassor, du second lit deux autres filles, Marie Amélie Célestine (1863-1942), épouse en 1890 d'Eugène Louis Joseph Deschamps, sous-commissaire de la Marine, et Joséphine Anne Marguerite (1864-1954).

,
Auteur : Dosque-Moras Luc Marcelin

Ingénieur du génie à Mont-de-Marsan ; officier de la Légion d'Honneur (1851).

, ingénieur (attribution par source)

Le lycée est implanté au nord de la ville de Mont-de-Marsan, à proximité de la rivière de la Douze, en bordure du parc Jean-Rameau.

Il comprend un ensemble de bâtiments correspondant aux trois phases successives de construction.

1/ Les bâtiments du XIXe siècle

Les bâtiments inaugurés en 1866 forment un U autour d'une cour d'honneur. Les élévations sont à travées, à deux étages carrés pour le corps de bâtiment le plus au sud, face à la place Francis Planté, et à trois étages carrés pour les autres. Les trois corps de bâtiments sont conçus "en simple épaisseur" [à vérifier] de façon à pouvoir bénéficier d'une double aération grâce aux baies percées sur chaque façade. Les murs en moellons calcaires sont enduits et la pierre de taille est réservée aux encadrements de baies, aux pilastres et aux chainages d'angle. Les appuis et les corniches des fenêtres sont cependant soulignés par un mince bandeau saillant. Le toit à longs pans en tuiles est orné d'une corniche à modillons insérée au dessus d'un bandeau en briques rouges. La travée de l'entrée d'origine, en façade sud, est particulièrement décorée. En effet, les pierres de taille du jambage et de l'arc autour de la porte d'entrée sont travaillées en un bossage chanfreiné, ainsi que les pilastres contigus. La clé de voûte porte les armoiries de la ville. L'entablement porte le nom du lycée et un fronton échancré, souligné par des volutes, au-dessus d'une corniche à modillons. Enfin, cette travée est surmontée par un acrotère orné du cadran de l'horloge.

Ce plan en U, les bâtiments en simple épaisseur et la relative sobriété des façades sont conformes au programme pour les bâtiments des lycées impériaux publiés par le Ministère de l'Instruction publique en 1861. En effet, Lance s'inscrit dans les principes dominants de l'architecture lycéenne de l'époque, à savoir l'hygiénisme et le rationalisme. Le premier dicte la double aération et la création de cours ouvertes tandis que le second recommande des dispositions fonctionnelles et un usage parcimonieux des matériaux les plus onéreux comme la pierre de taille. Dans son devis, Adolphe Lance recommande également l'utilisation de matériaux locaux : pierres de taille coquillère de Lamolère ou d'Uchacq, moëllons des carrières de Mont-de-Marsan recouverts d'un crépi en mortier hydraulique et d'un badigeon au lait de chaux.

La chapelle, est elle, implantée à l'est de l'établissement et orientée. Elle est de style néogothique. Elle est bâtie en moellon partiellement enduit et en pierre de taille pour les encadrements de baies et les chaines d'angles. Elle est dotée d'un plan allongé à 3 vaisseaux avec une sacristie dans l'axe du chœur. La toiture est à longs pans pour le vaisseau central et le choeur ; en appentis pour les bas-côtés ; avec tuiles creuses mécaniques. La façade pignon offre une porte néogothique sous gâble, surmontée d'une rose. Le vaisseau central est éclairé par des lancettes en arc brisé. Les bas-côtés sont épaulés par des contreforts talutés.

A l'intérieur, le vaisseau central ouvre sur les bas-côtés par des arcades en arc brisé sur pilier carré et sur le chœur rectangulaire par un arc triomphal en tiers-point. Une tribune règne sur le mur occidental du vaisseau central. Ce dernier est couvert d'un plafond à deux versants avec charpente apparente, les bas-côtés sont dotés de plafonds rampants sur arcs brisés et le chœur d'une croisée d'ogives reposant sur des culots. Le décor est constitué de peintures murales. Dans la nef, il est composé d'un faux appareil avec semis de fleurettes. Dans le chœur, le décor est à trois registres : bandeau à motif géométrique puis à pilastres et vases fleuris, et à tentures feintes ; sur la voûte on trouve un semis d'étoiles.Sur les piliers de la nef, on peut également remarquer un symbole eucharistique : deux oiseaux buvant dans le calice.

2/ Les bâtiments des années 1960

Afin d'augmenter la capacité d'accueil de l'établissement et de le rénover, le projet de Paul Sirvin et Michel Depruneaux comporte sur le plan de 1962 la création d'un bâtiment d'externat, orienté nord-sud, implanté au nord-est des bâtiments anciens et relié à ces derniers par une galerie courbe, ainsi qu'un gymnase et des terrains de sport. Le devis descriptif de l'avant-projet mentionne également les œuvres à créer au titre du 1% artistique : une fresque dans la galerie et une sculpture dans les espaces verts.

L'externat, toujours en place, est une barre à travées constituée de trois étages carrés. L'ossature est en béton armé, les façades comportent des bandeaux saillants, également en béton armé, permettant de placer les baies en retrait et d'assurer un bonne protection solaire. Le toit est en terrasse, doté d'une étanchéité multicouhe avec revêtement gravillonné.

La galerie courbe, aujourd'hui démolie, comprenait une chaufferie au sous-sol, un préau au rez-de-chaussée et deux logements à l'étage.

Le gymnase, également détruit, comportait une charpente en bois reposant sur des portiques en béton armé. Entre les fermes, la couverture était réalisée au moyen d'un bardage en aciéroïd.

La sculpture est la seule œuvre du 1% qui subsiste. Elle est en métal et signée "Viseux".

3/ Les bâtiments réalisés après 1986

Le projet de 1998 vise à créer un bâtiment faisant le lien entre l'établissement et l'avenue Nonères. Il consiste en un bâtiment courbe à deux étages carrés, à toit terrasse, en béton armé. La couleur rouge et la toiture métallique de la galerie au premier étage distingue nettement ce bâtiment de l'externat des années 1960.

L'extension des années 2000 permet d'unifier l'image contemporaine du lycée face aux avenues Nonères et Victor Duruy. Ainsi, dans le prolongement de l'entrée réalisée en 1998, se trouve un long bâtiment en rez-de-chaussée abritant les deux roues et le foyer, puis le réfectoire conçu en courbe pour épouser les limites de l'ilôt. Il est en béton armé enduit de blanc et, vers l'intérieur du lycée, il offre des baies vitrées et un bardage métallique. Le gymnase, rejeté après les terrains de sports, est couvert d'un bardage métallique gris excepté pour le socle, en rouge vif.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

  2. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  3. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

    Revêtement : bossage

  4. Matériau du gros oeuvre : brique

  5. Matériau du gros oeuvre : béton

    Mise en oeuvre : béton armé

    Revêtement : enduit

Toits
  1. tuile creuse, bitume
Plans

plan régulier en U, plan rectangulaire régulier, plan allongé

Étages

2 étages carrés, 3 étages carrés

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Type de couverture : terrasse

Décors/Technique
  1. peinture
  2. sculpture

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Landes , Mont-de-Marsan , 2 avenue de Nonères

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 2016 AD 98;217;225;227

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