Présentation de la commune de Condat-sur-Vézère

France > Nouvelle-Aquitaine > Dordogne > Condat-sur-Vézère

Les origines

L’occupation du territoire de la commune remonte au moins à l’Antiquité, mais aucune preuve archéologique ne l’a encore confirmée.

Moyen âge

Il faut attendre le Moyen âge pour avoir des preuves tangibles de l’existence de Condat, paroisse située en rive gauche de la Vézère à son confluent avec le Coly : son nom apparaît dans un pouillé du XIIIe siècle. L'agglomération villageoise de Condat s'est développée autour d’une commanderie de frères hospitaliers mentionnée dès 1239 : l'"Hospitalis de Condato". En 1321, une léproserie y est également attestée. Partie de la châtellenie de Montignac, la paroisse compte 96 feux (soit environ 480 habitants) en 1365. Point de passage et de franchissement de la Vézère, Condat, grâce aux hospitaliers, a développé un port où la commanderie disposait d'un bac pour faire traverser les personnes et les marchandises moyennant finances. La commanderie de Condat devint la maison principale de l'ordre de Saint-Jean en Périgord et avait titre de haute justice sur la paroisse. Comme Montignac, Saint-Léon-sur-Vézère ou Limeuil, Condat était une petite cité fermée, défendue par une enceinte, des fossés (en eau) et des portes. Site stratégique, elle eut à subir plusieurs sièges et outrages au cours des siècles, notamment en 1377 lorsque le connétable de France Bertrand du Guesclin et son armée la prirent avant d'aller assiéger Bergerac. Par conséquent, peu de vestiges subsistent de cette période sur le territoire communal.

Les Temps modernes

Au cours des guerres civiles de la seconde moitié du XVIe siècle, après la période de relèvement et de reconstruction d’après-guerre de Cent Ans, Condat eut à nouveau à subir des exactions : en juin 1574, les protestants prennent l'église et le bourg, qui sont délivrés peu après par des troupes envoyées par Jean II de Losse, gouverneur d'une partie de la Guyenne pour le roi de France ; en 1576, le même scénario se reproduit, des protestants menés par un certain capitaine Pouch qui prirent le bourg de Condat, le pillèrent et se retirèrent dans l'église d'où ils conduisaient de nombreux raids dans les villages voisins, furent assiégés et pris à leur tour par le même Jean de Losse, avant d'être pendus. Après cette période troublée, les commandeurs successifs de Condat relèvent progressivement les ruines, mènent de grands travaux d’entretien et d’embellissement, et remettent en état de fonctionnement les moulins – auxquels les habitants de Condat ont obligation de moudre leurs grains et leurs noix. Plusieurs textes en attestent : en 1686-1687, le commandeur demande l'exécution d'une sentence qui condamne Michel Roudier et autres défendeurs, à faire moudre leurs grains au moulin de Condat et à payer « la moudure a la coutume et uzage dudict lieu et y faire leurs huilles de noix, et payer 7 sols 6 deniers pour chasque trouillier d'huille, et à luy payer les dommaiges et interestz de touts temps qu'il pouroit avoir receu, faute du dict moulange et trouilliage » (AD Dordogne, B 1213) ; c'est à nouveau le cas en 1716-1720 : "Liquidation des dommages et intérêts dus au commandeur de Condat par Jean Grangier, Pierre et Michel Roudier et autres, qui ont été condamnés en 1674 à aller à l'avenir faire moudre leurs grains au moulin de Condat, à payer la mouture suivant la coutume et usage dudit lieu, à y faire leurs huiles de noix et payer 7 sols 6 deniers pour chaque « trouillée » d'huile" (Loc. cit., B 1225).

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, Condat est un grand bourg, son port est favorable au départ des marchandises. Un autre texte, de 1688, nous renseigne sur le trafic marchand sur la Vézère et leur destination : "Conformément à un jugement de rétention, rendu entre dame Jeanne Dumas de Peyzac, dame de Larivière, et Jean Teyssou, batelier, défendeur, Pierre Martel, bourgeois et marchand de la ville de Montignac, appelé au procès, déclare que la dame de Larivière lui fit charger dans ses bateaux, sur le port de Condat, 8 pièces d'eau-de-vie qu'il devait conduire en la ville de Bordeaux au sieur Guérin ; lesquelles pièces furent conduites par ses bateliers sur le port des Bas (Aubas), et de là rechargées dans d'autres bateaux dudit Martel et conduites par d'autres bateliers sur le port de Losse, et de là rechargées dans d'autres bateaux dudit Martel et conduites par d'autres bateliers, en la manière accoutumée, sur le port de Saint-Léon, où ledit Martel les reconnut en fort bon état et les fit charger avec un nombre d'autres pièces dans un autre de ses bateaux, pour être envoyées à Bordeaux (AD Dordogne, B 1395). Un nouveau quartier se développe au nord-est du bourg, le quartier Saint-Roch, qui tient son nom d'une ancienne chapelle du XVIIe ou XVIIIe siècle, dédiée à ce saint. Mentionné en 1739 dans l'état civil de la commune à l'occasion d'un mariage, l'édifice religieux a été détruit en 1983 ou 1984.

Époque contemporaine

En 1825, lors de l'établissement du cadastre napoléonien, on remarque que le site de la commanderie, organisé autour de son château, a été peu modifié. En revanche, le bourg s'est développé sur l'autre rive du Coly, notamment dans le faubourg (les Barris), aux Mérigots et encore autour de la chapelle Saint-Roch. Le pont sur la Vézère est construit en 1889, ce qui a pour conséquence de recentrer le bourg le long de la RD 62 longeant le Coly en rive droite. Aujourd'hui axe principal de Condat, cette route accueille les principaux équipements publics – mairie, école, salle des fêtes –, ainsi que les commerces. L'ancienne ligne de chemin de fer Nontron-Sarlat, inaugurée en 1899, traverse la commune. Son tracé a été repris par la RD 704. Seul l'ancien pont de chemin de fer à la Valade, traversant la Vézère entre Condat et Aubas, témoigne encore de la présence de la ligne. D'un point de vue démographique, la population augmente nettement entre le début et la fin du XVIIIe siècle. On passe ainsi de 112 feux en 1709 à plus de 140 avant la Révolution. La population est relativement stable au cours du XIXe siècle avec en moyenne 700 habitants. Elle décline ensuite progressivement en raison de l'exode rural à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, avec guère plus de 500 habitants (le village de Combelguy est déserté après la crise du phylloxéra). Enfin, la population augmente conséquemment dans les années 1920 et 1930 avec l'établissement de la papeterie, pour atteindre plus de 900 habitants à la fin des années 1990.

Situé dans le canton de Terrasson, le territoire de Condat-sur-Vézère est enserré par six communes : Les Farges, Le Lardin-Saint-Lazare, Terrasson-Lavilledieu, Coly, Saint-Amand-de-Coly et Aubas. Le sol de Condat est de nature jurassique, alors qu'au nord de la commune, on rencontre des roches d'origine primaire et au sud, un sol appartenant au crétacé supérieur. La commune se situe à la rencontre des trois vallées de la Vézère, du Coly et du Cern, engendrant ainsi des paysages variés. Le Coly conflue avec la Vézère à côté de l'église, après une succession de petites cascades formées par le travertin également appelé "tuf". A l'ouest de la commune, un ensemble de rochers abrupts dénommé la Roche Chapelane ou sous la Roche, fait partie intégrante du paysage local de Condat. Les débris de l'érosion dans la vallée, produisant les grèzes, ont été exploités à la Machonie. Les bancs de calcaire du jurassique moyen sont exploités en carrière par une entreprise de travaux publics. Au sud, d'importantes collines dominent la rive gauche de la Vézère. L'Escaleyrou offre ainsi un panorama d'exception, avec une succession de sites castraux ponctuant la rivière : en amont, le château de la Fleunie, puis le château de la Petite Filolie, enfin celui de Sauveboeuf à Aubas.

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