Moulin à farine du Bois, puis moulin à farine et à foulon dit Moulin-Grand, puis minoterie Boissy, actuellement tissage (usine de tapisserie et de tapis) dit manufacture Four et maison

France > Nouvelle-Aquitaine > Creuse > Aubusson

Le moulin du Bois, plus tard baptisé Moulin-Grand, serait d'origine seigneuriale. Selon l'érudit Cyprien Pérathon, il aurait appartenu aux vicomtes d'Aubusson, puis aux comtes de la Marche, avant de devenir, suite à la confiscation des biens du connétable de Bourbon (1527), la propriété du roi. En 1655, ce moulin à farine, relevant alors de la couronne, était affermé moyennant la redevance annuelle de 360 setiers de grain, dont un tiers de froment. En 1686, il revint au maréchal de La Feuillade, avec l'ensemble de la vicomté d'Aubusson, que lui céda Louis XIV en échange de la terre de Saint-Cyr. Vendu comme bien seigneurial à la Révolution, il apparaît en 1810 dans un "Etat général de situation des moulins fariniers de l'arrondissement d'Aubusson", comme l'un des deux moulins en activité sur la rivière de Creuse (l'autre étant le moulin de la Roche, disparu).

Sur le plan cadastral de 1812, le site prend le nom de Moulin-Grand ; il est composé de trois bâtiments établis sur un bief de dérivation doublant la Creuse sur sa rive droite et composé d'un canal d'amenée et de deux canaux de fuite. Ces deux canaux de fuite confirment la présence, à cette date, de deux roues.

Toutes les installations sont emportées dans la crue de 1843. En 1849, le Moulin-Grand, devenu un moulin à foulon, propriété du sieur Roger, est en effet déclaré en ruines. Il est reconstruit durant la seconde moitié du 19e siècle.

En 1927, le moulin est exploité par M. Boissy, qui le modernise et le dote d'une machine à vapeur, afin de pouvoir faire fonctionner son mécanisme même en période de décrue de la Creuse.

C'est probablement sous la direction de M. Boissy qu'est adjoint au moulin un bâtiment de minoterie, édifié parallèlement à la Creuse. Cette extension est décidée sous l'effet d'un changement de méthode de travail dans le broyage des grains (remplacement des meules par des cylindres) et afin d'intégrer sous un même toit toutes les tâches précédant et suivant le broyage. Selon les sources orales, la minoterie n'aurait toutefois jamais reçu ses installations définitives et aurait été privée du débit nécessaire à son fonctionnement, en raison de l'établissement du barrage des Combes (sur le territoire de la commune voisine de Felletin). Ceci expliquerait que le site soit resté connu, même après la Seconde Guerre Mondiale, sous l'appellation de Moulin Boissy.

En 1961, date probable de sa cessation d'activité, le Moulin Boissy est déclaré vacant et ses bâtiments vides sont proposés aux industriels désireux de venir s'implanter dans le département. M. Combat, grossiste à Aubusson, en achète la partie la plus ancienne, qu'il aménage en entrepôts. C'est sans doute à cette époque qu'est démonté le mécanisme du moulin et que sont comblés les deux canaux de fuite.

Le 26 septembre 1971, la société anonyme Robert Four, initialement créée à Paris en 1952 sous la forme d'une SARL baptisée "Arts et Tissus", implantée à Felletin depuis 1968 et spécialisée dans le tissage de tapis et de tapisseries, décide de s'installer à Aubusson. Elle acquiert par devant Maître Diat, notaire à Aubusson, le bâtiment de la minoterie désaffectée, qu'elle transforme en ateliers de fabrication et en bureaux. Entre 1971 et 1975, la longue aile de l'ancienne minoterie, parallèle à la rivière, est remise aux normes de sécurité et dotée d'une entrée donnant sur la rue Madeleine grâce à l'adjonction, sur son flanc est, d'une tour d'escalier. Elle est également complétée, au sud-est, par un bâtiment de plan rectangulaire, comportant deux étages et destiné à accueillir, au rez-de-chaussée, un entrepôt, à l'étage, le magasin des laines et sous le comble, un atelier de basse lisse, d'ourdissage et de préparation des fils de chaîne.

Les vestiges du moulin, profondément remaniés, ont été partiellement englobés dans la nouvelle manufacture. Au sud, ils ont été reconvertis en habitation par le dessinateur Jacques Cinquin.

La teinturerie, équipée de cinq barques (ou cuves) mécaniques en métal, et l'atelier de tissage au point piqué main, situés au nord du site, ont été construits en 1980.

Aujourd'hui, la manufacture Robert Four demeure l'une des deux seules manufactures de tapis et de tapisseries encore en activité à Aubusson. Elle réalise un chiffre d'affaires de plus en plus conséquent à l'exportation et ses ventes sont relayées à travers toute la France grâce à un réseau de revendeurs-décorateurs. En 1987, elle a supervisé le tissage du plus grand tapis Savonnerie du siècle, d'une surface de 96 m2. La gamme de ses produits a été élargie. Elle comporte : les tapis et tapisseries tissés à la main sur métier de basse lisse, les tapis de Savonnerie noués à la main sur métier de haute lisse et les tapisseries et tapis au point piqué main. Elle fabrique également par sous-traitance des tapisseries imprimées (réalisées par sérigraphie d'art) et des tapisseries tissées sur métiers Jacquard en séries numérotées. Depuis 1995, l'entreprise a ouvert un atelier de tissage à Tunis.

Le moulin hydraulique est doté en 1810 de deux paires de meules. En 1927, il est équipé d'une machine à vapeur, autorisant un rendement pouvant atteindre les cent quintaux de blé écrasés en 24h.

En 1972, la manufacture Four fait travailler 30 salariés. En 1976, elle en compte 45. Elle emploie aujourd'hui 19 lissiers, deux teinturiers et cinq cartonniers.

Périodes

Principale : 17e siècle

Secondaire : 2e moitié 19e siècle

Secondaire : 2e quart 20e siècle

Secondaire : 3e quart 20e siècle

Secondaire : 4e quart 20e siècle

Dates

1927, daté par tradition orale

1971, daté par source

1980, daté par source

Le site du Moulin-Grand se trouve dans le quartier de la gare, en aval du pont de chemin de fer. Il a été aménagé sur un bief de dérivation doublant la Creuse sur sa rive droite ; les canaux de fuite ne sont plus visibles, seul subsiste le canal d'amenée, qui a été partiellement comblé. Les bâtiments sont disposés entre la rue Madeleine et la rivière. Au nord se trouvent deux édifices formant une équerre : la teinturerie et un petit atelier de fabrication dévolu au tissage au point piqué main. La teinturerie, en rez-de-chaussée, a été construite en parpaings de béton enduits, sous un toit à deux pans recouvert de tuiles mécaniques. L'atelier de tissage au point piqué main, prolongé par le séchoir à écheveaux, est couvert d'un appentis de tôle nervurée, reposant sur une charpente de bois. A l'ouest, parallèlement à la Creuse, se trouve le bâtiment de l'ancienne minoterie. Il présente une structure en béton armé et remplissage de brique, sur quatre étages carrés et sept travées, éclairées de bandeaux de baies, sous un toit à deux pans recouvert de tuiles plates. Il offre, à chaque niveau, de larges plates-formes sans séparation, lumineuses et rythmées par des poutrelles de béton. Cette configuration explique sa reconversion en tissage. Il abrite aujourd'hui : au rez-de-chaussée, une galerie d'exposition, au premier étage, un atelier de couture et de réparation des tapis et tapisseries, au second étage, un atelier Savonnerie et l'espace de travail des peintres cartonniers, au troisième étage, l'atelier de tissage en basse lisse et enfin, au dernier niveau, les bureaux de l'entreprise. Contre cette aile, sur son côté est, ont été adossés une tour d'escalier de quatre niveaux et un bâtiment de plan rectangulaire, possédant deux étages carrés sous un toit à croupe. Ce dernier accueille, au rez-de-chaussée, l'entrepôt des canevas, au premier niveau, le magasin des laines et au dernier, un atelier de tissage en basse lisse, ourdissage et préparation du fil de chaîne. Au sud du site se trouvent les vestiges du moulin, qui ont été profondément remaniés. Ils se composent de deux parties, disposées perpendiculairement : un long corps de bâtiment en granite, à un étage carré et un étage de comble, reconverti en habitation et dans son prolongement nord, un autre corps de bâtiment (sans doute la partie la plus ancienne du moulin), présentant des chaînages d'angle et une arche cintrée en pierre de taille, sous une toiture à longs pans percée d'une haute lucarne.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : béton

    Mise en oeuvre : béton armé

  2. Matériau du gros oeuvre : béton

    Mise en oeuvre : parpaing de béton

  3. Matériau du gros oeuvre : granite

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  4. Matériau du gros oeuvre : brique

    Revêtement : enduit

Toits
  1. tuile mécanique, tôle nervurée, tuile plate
Plans

plan régulier

Étages

4 étages carrés

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à deux pans

  2. Forme de la couverture : appentis

  3. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

Énergies
  1. Nature : énergie électrique

  2. Origine : achetée

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Creuse , Aubusson , 7 rue Madeleine

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 1812 (A 530, 527, 528, 529, 531, 532), 2007 (AE 205, 206, 207, 208, 242, 244, 211, 212, 213)

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