Grange, dite de Saratseta

France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Sainte-Engrâce

Si l’emploi de matériaux préindustriels autorise à rapprocher ces constructions des bordes traditionnelles souletines, il ne permet pas de préciser leurs datations. En revanche, la présence de ces deux bâtiments sur le cadastre napoléonien fixe leur terminus ante quem à 1830. Hypothèse qui recoupe la date de 1828 sur une pierre en remploi visible au-dessus de la porte de la grange. Par ailleurs, l’orientation adoptée par la grange sur le cadastre étant différente de celle de l'édifice actuel, il est soit possible qu’elle ait été reconstruite après 1830, à moins qu’il ne s’agisse d’une erreur de dessin. Cabane et grange étant édifiées selon les mêmes modes de construction, il est possible de poser l'hypothèse d'une datation de la 1ère moitié du 19e siècle. En 1832, l'ensemble appartient à Pierre Chouhourt Goyheneix, cultivateur de Sainte-Engrâce et propriétaire de la ferme du même nom, située 1,5 km en aval. Le site pouvait ainsi accueillir les brebis au printemps et à l’automne à l'occasion de la montée et de la descente en estive. La désignation comme grange sur le cadastre et le fenil identifié à l’étage indiquent que le pré était certainement fauché entre la mi-mai à la fin septembre afin de produire le fourrage consommé par les brebis en hiver. La cabane était certainement destinée au bordier ayant la garde du troupeau, soit à l’occasion de l’agnelage ou du sevrage ou, plus simplement, car la grange était située trop loin de son domicile. S'il n'accueille plus de bordier, le site est toujours en activité : le pré nourris désormais un petit troupeau de blondes d'Aquitaine.

Périodes

Principale : 2e quart 19e siècle (porte la date) (incertitude)

Le site de Saratseta est situé sur les pentes du col des trois croix (1038 m) à une altitude de 800 m. L’accès est assuré par un chemin et une route carrossable menant à la ferme de Goyheneix située, selon la voie utilisée, entre 1,5 et 2 km en aval. La grange et sa cabane prennent place à moins de 100 m d’une source et de plusieurs ruisseaux. Une trogne de hêtre particulièrement imposante prend place à l’angle sud-ouest de la cabane. Le site est environné par des parcelles de fougeraie et de bois. Son assiette est constituée par une parcelle (K8) de 206 m² comprise en haut d'un pré ovoïdal (k7) d’une contenance de 2 ha. Les édifices sont imparfaitement alignés l’un derrière l’autre et ont leurs faîtages disposés parallèlement à la pente. Les vestiges d’un mur de pierres sèches sont visibles entre les deux édifices. Il est probable qu’il a appartenu à un enclos destiné à séparer la grange et sa cabane du reste du pré.

La cabane occupe une surface au sol de 13 m². Elle est composée d’une pièce unique de plain-pied, accessible depuis une porte disposée sur le mur pignon sud. Les traces de fumée et le retrait de maçonnerie observée au pied et sur le faitage du mur pignon nord atteste de la présence d'un âtre disparu, posé directement sur le sol en terre battue. Une niche ou une fenêtre bouchée prennent place à droite en entrant dans la pièce. Aucun meuble n’y a été observé. Les murs sont construits avec de gros moellons semblables à du grès et de roche détritique disposés en assises irrégulières liées grâce à un mortier de terre. Les besaces d’angles sont réalisées avec de gros blocs grossièrement équarris ressemblant à des poudingues. Ces roches sont certainement le résultat d’une extraction locale. Ainsi, selon le BRGM, le substrat rocheux environnant est composé, à l’affleurement, de flysch schisto-gréseux passant aux poudingues de Mendibelza. L’angle sud-est et le pignon nord ont fait l’objet de reprises, facilement identifiables grâce à l’emploi d’un mortier de ciment. La charpente, visible depuis la pièce unique, est composée de chevrons reposant sur des pannes horizontales et obliques assurant le contreventement, ainsi que sur des sablières posées sur les murs gouttereaux. La triangulation est assurée par des poutres assemblées au-dessous des sablières jouant un rôle d’entrait. La toiture en tôle est à deux versants. Cependant, les coyaux visibles dans la charpente témoignent d’un état antérieur où la cabane était couverte par une toiture dotée d’une rupture de pente.

La grange occupe une surface au sol de 66 m². Son rez-de-chaussée accueille une étable ouverte accessible depuis une porte charretière coulissante implantée sur le mur gouttereau est. Les reprises de maçonneries liées à son implantation, comme l’usage de ciment, indiquent une intervention récente, certainement liée au remplacement d’une porte plus ancienne. Des mangeoires en bois sont disposées le long des murs pignons. L’espace est éclairé par un jour unique en bois placé sur le mur pignon sud. Ce dernier permet notamment d’éclairer une trappe dans l’angle sud-est, accessible par une échelle. Les désordres observés dans les maçonneries et les poutres bûchées observées au même endroit suggèrent l’existence d’une structure antérieure disparue, peut-être une cage d’escalier. Le plancher est composé de lames grossièrement sciées portées par des sablières. Le comble à surcroît est ménagé sous une charpente à chevrons reposant sur des pannes horizontales et obliques assurant le contreventement, ainsi que sur des sablières posées sur les murs gouttereaux. Les fermes principales, disposées toutes les 4 ou 5 fermes, possèdent des entraits retroussés. Faute d’accès, il n’a pas été possible de vérifier si la triangulation est assurée par des poutres assemblées au-dessous des sablières. Plusieurs marques d’assemblage de charpentiers ont été identifiées ainsi que plusieurs sauts dans la numérotation des fermes, indiquant le remplacement de certains bois. Enfin, le faîte de la première et de la dernière ferme est tronqué de manière à ménager une demi-croupe, les chevrons étant alors directement assemblés à l’entrait retroussé. Au-delà du retrait des maçonneries des murs pignon, actuellement masqué par des demi-croupes, l’aération du comble est assurée par un jour triangulaire à cadre de bois, visible sur le pignon sud. Les murs sont construits avec des moellons disposés en assises irrégulières liés au mortier de terre, tandis que les besaces d’angles sont réalisées avec des blocs grossièrement équarris. Les matériaux utilisés sont les mêmes que ceux mis en œuvre sur la cabane.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Sainte-Engrâce

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: Grange Saratcette

Cadastre: 2022 K 7-8 (Pré et sols.), 1830 K 4-5 (Pré et grange.)

Localiser ce document