Temple de protestants

France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Eaux-Bonnes

Conséquence directe de l'affluence étrangère, la construction du temple d'Eaux-Bonnes, ainsi que le temple des Eaux-Chaudes, est envisagée dès les premières années du Second Empire, avec l'essor des pratiques liées à la villégiature thermale auxquelles la communauté britannique était particulièrement sensible. En mai 1858, le pasteur Lourde-Rocheblave publie un appel à souscription où il justifie de la nécessité d'un lieu d'accueil permanent qui garantisse des conditions dignes pour le culte protestant. Celui-ci est alors dispensé dans diverses habitations privées, en plus ou moins bon état, et soumis aux contestations continuelles de la communauté catholique locale.

En 1856, le Consistoire d'Orthez obtient, après trois tentatives et à la suite de la publication d'un décret impérial, la concession gratuite d'un terrain communal en contrebas de la Butte au Trésor et près du Valentin pour ériger la chapelle évangélique tant espérée. L'érection du temple, d'une capacité d'accueil de 150 à 200 auditeurs, et de son presbytère, sont estimés à 20.000 francs. L'édifice est non seulement pensé comme un lieu de culte ravivant la foi des religionnaires les moins impliqués mais également comme un centre de prédication, en particulier à l'attention des Espagnols et des catholiques éloignés de leurs habitudes urbaines.

Le temple est construit sur les plans de l'architecte départemental Gustave Lévy grâce à des financements privés, notamment un emprunt de 3.000 francs consenti par messieurs Sers de Goja, Forcade et Macdonald ; les aides publiques s'élèvent à 15.500 francs de la commune et à 2.000 francs par le ministère des Cultes. Avant même son achèvement, encore dépourvu de chaire et du nombre suffisant de sièges, et sans avoir réuni l'ensemble des fonds nécessaires, il est dédicacé et ouvert au culte le 7 août 1859. Il est dès lors fréquenté par de nombreuses figures célèbres, tels John Nelson Darby en 1860 ou Manuel Matamoros en 1865. Son presbytère est quant à lui construit en 1865, grâce à un second appel à souscription et à la persévérance des pasteurs Cadier et Frossard, qui ont permis de réunir entre autres 2.500 francs d'origine privée. Il est ensuite agrandi en 1879 d'après les plans de Pierre Gabarret, successeur du précédent architecte.

Durant l'âge d'or de la villégiature à Eaux-Bonnes, le service religieux, promu par encarts publicitaires dans la presse locale, est célébré le dimanche à 11h30, mais il est également possible, au quotidien, de bénéficier des services d'un lecteur biblique et d'accéder à une bibliothèque. A partir de 1880, les fidèles organisent des ventes régulières placées sous le patronage de Miss York et de mesdames Cadier, Preller (propriétaire de la villa Excelsior voisine), Ram, Leudet, épouses de figures éminentes de la communauté protestante, afin d'amenuiser la dette contractée lors de la construction des temples d'Eaux-Bonnes et des Eaux-Chaudes, et de contribuer à leur entretien.

Avec le déclin du thermalisme, le temple est progressivement dégradé ; en 1936, un inventaire des lieux signale son mauvais état et les risques encourus en raison de l'humidité croissante. Le temple est finalement vendu à la Mutuelle Générale des PTT, qui acquiert l'Hospice Sainte-Eugénie voisin après guerre. Désaffecté, il est détruit, de même que son presbytère, au début des années 1970, laissant place à un parking.

Périodes

Principale : 3e quart 19e siècle

Secondaire : 4e quart 19e siècle

Dates

1859, daté par source

1865, daté par source

1879, daté par source

Auteurs Auteur : Lévy Gustave

Architecte départemental des Basses-Pyrénées, en poste entre 1856 et 1879. Il travailla notamment pour les églises de : Garlin (reconstruction, 1856-1864), Rontignon (achèvement, 1857-1861), Arzacq (construction, 1857-1868), Eaux-Bonnes (temple protestant, thermes, mairie, écoles..., 1857-1861), Aubertin (construction, 1859-1867), Bougarber (clocher, 1861-1868), Bilhères (agrandissement, 1863-1867), Eaux-Bonnes (église, 1862-1869), Saint-Palais (deux projets de construction refusés, 1863 et 1864), Lamayou (construction, 1864-1876), Maucor (reconstruction, avant 1867), Beuste (construction, 1864-1869), Bordes (construction, 1864 puis 1872-1885), Saint-Faust (construction, 1866-1867), Arbus (reconstruction, 1867-1868), Portet (reconstruction, 1867-1870), Abère (projet de reconstruction non exécuté, 1868), Ponsons-Dessus (construction, vers 1868), Saint-Vincent (projet de construction d'un clocher, non exécuté, 1868), Soumoulou (projet de construction non exécuté, 1870), Boeil-Bezing (reconstruction, 1871), Arrien (projet de reconstruction non exécuté, 1872), Esquiule (reconstruction, 1874-1879).

Plusieurs travaux et équipements importants lui sont attribués à Pau : réaménagement de l'ancien asile d'aliénés départemental et construction d'un nouveau (Saint-Luc, 1865-68) ; hôtel de ville-théâtre (1862) ; prison départementale (1863) ; Grand Hôtel (1862)...

, architecte départemental (attribution par source)
Auteur : Gabarret Pierre

Architecte communal des Eaux-Bonnes dans les années 1870-1880.

, architecte communal (attribution par source)
Personnalite : Cadier Alphonse, personnage célèbre (attribution par source)
Personnalite : Frossard Emilien, personnage célèbre (attribution par source)

Relevant d'une architecture sacrée habituelle pour le 19e siècle, le temple de protestants d'Eaux-Bonnes était implanté sur un site pittoresque, au pied de la Butte au Trésor et en face du pavillon de la Source Froide.

Il se composait d'un vaisseau unique sur un plan rectangulaire orienté au nord. Quelques cartes postales et photographies anciennes permettent d'appréhender sa façade, relativement élaborée, s'élevant sur deux niveaux. Le rez-de-chaussée était percé de deux jours en arc en plein-cintre qui entouraient le portail, d'inspiration romane, formé de deux piédroits encastrés couverts d'un tympan et d'un arc en plein-cintre. Cette entrée, soignée pour un édifice modeste, était dominée par une baie jumelée aux formes semi-circulaires et surmontée d'un oculus. Cette baie était ornée de vitraux géométriques constitués de cercles colorés. Le pignon, particulièrement soigné, était orné de motifs de bandes lombardes stylisées.

Les clichés anciens laissent deviner un mode constructif qui ne diffère pas des autres bâtiments de la station, avec l'emploi de la pierre de taille grise d'Arudy pour les murs de parement, à laquelle s'ajoute la pierre blanche choisie pour la modénature et les sculptures.

Accolé à l'élévation longitudinale du côté est, se trouvait le presbytère dont, selon les archives, les murs étaient en pierre de Louvie, les planchers et charpentes en bois de sapin et la couverture en zinc, soit un mode de construction ordinaire pour cette zone géographique. L'édifice comportant un étage était également doté d'un escalier de dix-huit marches et trois pilastres en bois tourné, de cloisons en lattis et d'un plafond couvert de trois couches de peinture.

Murs
  1. Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

  2. Matériau du gros oeuvre : pierre

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. ardoise, zinc en couverture
Plans

plan rectangulaire régulier

Étages

1 étage carré

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

État de conservation
  1. détruit
Décors/Technique
  1. sculpture
Décors/Représentation
  1. Representations : livre


Précision sur la représentation :

La façade était couronnée par une croix de pierre dominant une bible ouverte, signal identificateur du culte protestant.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Eaux-Bonnes , chemin rural dite ancienne route

Milieu d'implantation: en village

Cadastre: 2018 AN 257-139

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