Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

La métairie d'Ambreuil fait partie de celles établies sur les terres hautes, au bord des marais, à la fin du Moyen Age, peut-être avant. La présence dans l'ancien logis d'une cheminée estimée de la fin du 17e siècle ou du début du 18e, atteste l'ancienneté des lieux. La métairie apparaît sur le plan cadastral de 1833 avec la même emprise au sol qu'aujourd'hui, qui pourrait remonter au 16e-17e siècle, à savoir : une grande cour rectangulaire toute entourée de bâtiments et ouvrant à l'ouest sur un chemin qui descend vers les marais. Au nord existe déjà sur le plan de 1833 une grange-étable, ainsi qu'un autre bâtiment, disparu, au nord-est. Le plan montre aussi qu'au pied de la ferme commence le bief d'Ambreuil, cours d'eau qui traverse les marais jusqu'au contour de la Sèvre Niortaise à la Jard-sur-Sèvre. Le pont voûté en plein cintre qui enjambe un fossé à la limite entre terres hautes et marais, pourrait être antérieur à la Révolution. Il n'est toutefois pas mentionné sur le plan de 1833.

Du 16e siècle à la Révolution, la métairie, siège d'une petite seigneurie, appartient à la famille Desprez. Le premier seigneur d'Ambreuil connu est Jacques Desprez, marié en 1588 avec Elisabeth de Chateauneuf, puis avec Louise Suyrot. Ses aïeux possédaient déjà aux 15e et 16e siècles le fief d'Auvert pour lequel ils rendaient aveu au seigneur de Benet. A Jacques Desprez succède son fils, Jean II, seigneur d'Ambreuil, marié en 1620 avec Catherine d'Abillon, puis en 1634 avec Perrette Pastureau. Fils de cette dernière, Jean III Desprez d'Ambreuil meurt avant 1699, laissant veuve Renée Thibault. Un de leurs fils, René, porte le titre de seigneur d'Ambreuil mais meurt sans enfants.

Le fief est alors transmis par mariage en 1704 par sa soeur, Renée-Catherine Desprez, à leur cousin, Quentin-Simon Desprez (1682-1758), seigneur de la Fosse. Celui-ci meurt à Coulon en 1758 et est inhumé dans l'église. Viennent ensuite leur fils, René-Quentin Desprez de Montpezat (1714-1773), époux de Jeanne-Catherine de Liniers, puis le fils de ces derniers, Louis-Quentin Desprez d'Ambreuil de Montpezat (1747-1812). Militaire, époux de Rose-Thérèse Joly de Saint-Picq, il afferme le 1er décembre 1784, pour neuf ans, à Jean et Philippe Rodier, "la maison noble d'Ambreuil avec ses appartenances et dépendances".

Louis-Quentin Desprez d'Ambreuil émigre à la Révolution et sert dans l'armée des Princes. Il rentre en France en 1801 et finit sa vie à Niort. Au moment de son émigration, ses propriétés sont saisies comme biens nationaux. La métairie d'Ambreuil est ainsi vendue aux enchères le 17 fructidor an 2 (3 septembre 1794). Elle comprend alors une habitation composée de chambres basses, un grenier, une chambre à côté, un toit, une écurie, une ouche, un jardin, une cour, une aire, avec un passage allant au port commun. La métairie est rachetée pour 112 700 livres par Joseph-René Guillemot, Jacques Faribaud et Pierre Lucas, cultivateurs à Coulon. Au cadastre de 1833, elle appartient à la veuve de Jean Guiton, puis passe en 1844 à Louis Guitton, de Niort, et en 1888 à M. Breuillac, notaire à Niort.