Château de Cônac, actuellement maison

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Saint-Thomas-de-Conac

Positionné sur un promontoire hautement stratégique, dominant l´estuaire jusqu´à Mortagne et Blaye, le château de Cônac est lié jusqu´à la Révolution à la seigneurie du même nom. Celle-ci est mentionnée en 1040 dans les mains d´Arnauld de Mirabel qui concède à l´abbaye de la Grande-Sauve le « droit d´épaves » sur tous les bateaux que la tempête viendrait à jeter sur la côte, alors située au pied du château. Vers 1070, le château lui-même est cité en même temps que l´église de Saint-Thomas. Des prospections archéologiques ont révélé la présence de silos de la même période ainsi que de fossés. Le bourg ou "vicus" de Cônac, avec son église vouée à saint Pierre, est également mentionné, à l´ombre du château, siège probable d´une viguerie. L´église est le siège d´un des quatre archiprêtrés du Sud Saintonge, qui s´étend sur les paroisses environnantes jusqu´à Floirac au nord, Saint-Germain-de-Lusignan à l´est et Salignac-de-Mirambeau au sud-est. Aux 11e et 12e siècles, le château est la possession des seigneurs de Mirambeau. Il appartient en 1243 à Hélye de Gombauld puis, au début du 14e siècle, aux vicomtes d´Aunay, membres des familles de Mortagne puis de Clermont. Ces propriétaires successifs renforcent les fortifications du château et celles du village de Cônac où se développent des foires, à l´abri dans des halles.

Pendant la guerre de Cent ans, le château, très convoîté en raison de sa position stratégique en Sud Saintonge et sur le bord de l´estuaire, subit plusieurs attaques et passe successivement de la domination anglaise aux mains françaises. En 1346 par exemple, il est pris par Henri de Lancastre, comte de Derby, au nom du roi d´Angleterre. Vers 1400, lorsque Jean II de Clermont perd le château de Mortagne au profit des Anglais, il conserve ceux de Cônac et de Mirambeau. En 1403, sa fille Louise de Clermont, dame d´Aunay et de Cônac, apporte Cônac par mariage à François de Montberon. Ils le vendent le 10 octobre 1415 avec la terre de Cônac et celle de Mirambeau à Jean II de Harpedane, seigneur de Belleville. Repassé sous domination anglaise, le château de Cônac est définitivement repris par les Français en 1449. A la suite de ces différents conflits, il semble que l´église paroissiale Saint-Pierre ait été détruite et que les habitants de Cônac se soient alors tournés vers un autre lieu de culte, jusqu´ici chapelle seigneuriale, voué à sainte Radegonde et situé à l´intérieur du château. En 1463, un arrêt du parlement de Bordeaux indique que l´église Sainte-Radegonde « a été fréquentée par les fidèles alors que le château était occupé par les Anglais », et ordonne la désignation d´un curé pour desservir cette nouvelle église paroissiale. Enfin, une pierre à l´origine incertaine, portant la date 1489 et l´inscription « Victoria Nostra », est remployée dans un mur de la maison actuelle.

Rapidement, le château et le bourg de Cônac bénéficient à nouveau de leur position stratégique au bord de l´estuaire et à proximité du port de la Trigale auquel ils sont directement reliés par un chemin. En 1473, les Harpedane de Belleville obtiennent du roi la création de quatre foires par an et d´un marche hebdomadaire dans les halles de Cônac. Le commerce du sel fait la richesse du lieu, comme en témoigne la participation des habitants de Cônac à la révolte des Pitaux, contre la taxation du sel, en 1548. Le château subit à nouveau plusieurs sièges pendant les guerres de Religion. En 1562, Philippe de Harpedane, seigneur de Cônac, lutte un temps dans le camps protestant avant de se rallier au roi. En 1579, son château est pris par les troupes protestantes de Jacques d´Asnières, puis en 1585 par le capitaine huguenot Candelay. Les deux sièges sont décrits par Agrippa d´Aubigné dans son Histoire universelle.

Dévastés par ces conflits, appauvris par l´envasement des marais qui enclave le port de la Trigale, le château et la seigneurie de Cônac sont achetés en 1640 par le cardinal de Richelieu qui les lègue à son petit-neveu, Armand-Jean du Plessis, duc de Richelieu. En 1653, ce dernier indique que son château et d´autres bâtiments de la région ont été "beaucoup endommagés par les garnisons et logements des gens de guerre". En 1659, un état des biens du duc de Richelieu mentionne le « château fossoyé et enfermé de murailles » avec, au pied du promontoire, la « métairie noble appelée la métairie du château de Cônac ». La répression d´une jacquerie en 1635 et la révocation de l´édit de Nantes en 1685, qui provoque le départ de nombreux protestants habitant à Cônac, accélèrent le déclin du bourg et du château. Le duc de Richelieu vend Cônac en 1706 à François de Robillard, conseiller secrétaire du roi, mais le château et la seigneurie reviennent dès avant 1728 à la famille de Richelieu. Si le château est en ruines, l´administration seigneuriale continue à s´exercer à travers un juge-sénéchal, un procureur fiscal, un greffier, des sergents et des notaires.

L´ingénieur du roi Claude Masse établit par deux fois un plan des ruines du château de Cônac, en 1708 et 1715. Il indique qu´une partie des courtines est effondrée et que le reste est « en partie ruiné ». Sur ces deux plans, on reconnaît le promontoire sur lequel est situé le château. Celui-ci est protégé à l´ouest et au nord par l´escarpement, à l´est et au sud par un fossé que franchit un pont. Vers l´est s´étend le hameau de Cônac avec des halles, un colombier et « parties des anciens murs de ville », interrompus par une ancienne porte (aujourd´hui le chemin qui descend vers la Métairie). L´enceinte du château est munie de huit tours et, à l´ouest, d´une porte flanquée d´une « grande tour en partie ruinée ». A l´intérieur se trouvent, près de la porte, les vestiges de l´ancienne église Sainte-Radegonde, le logement seigneurial au centre de l´enceinte, aussi en partie ruiné, une grange et une écurie au nord, un magasin et un puits près de l´église.

Le 11 février 1756, une visite de la seigneurie de Cônac donne quelques éléments sur le château : le "grand portail", voûté en pierre, avec une petite porte à côté, est entièrement inserviable ; le "pavillon" ou demeure le sieur Grollier, est en mauvais état ; les murs qui entourent le château sont en ruines et écroulés de toutes parts ; le logement du fermier comprend un couloir, une chambre à gauche, une cuisine, une chambre haute au-dessus de la première chambre ; on observe aussi l´écurie, un chai et la grange qui sert à recevoir les récoltes et autres revenus seigneuriaux du comté ; une des tours est appelée tour de Saint-Dizant. Quant au colombier, dont le toit a été refait à neuf, il présente encore un escalier, une échelle et les boulins à pigeons.

De nouveau visité et expertisé en février 1790, le château est peu après saisi comme bien national au détriment du duc de Richelieu. Il est est vendu en 1797 à Pierre Jarlier, de Saint-Georges-des-Côteaux, qui le revend aussitôt à Jean André Charles Pelletan, négociant, demeurant au logis de la Chapelle, à la Trigale. En 1805, Pelletan revend l'ancien château à Denis-François Meneau, chirurgien, époux de Caroline Jaffard, qui y demeure déjà depuis mai 1802. C'est à lui que l´ancien château appartient en 1818 lorsqu'est établi le cadastre. A cette époque, la plupart des anciennes fortifications sont éboulées, l´ancien logement seigneurial se réduit à peu de choses, la grange et l´écurie mentionnées par Claude Masse ont disparu. Il ne reste que le magasin et le puits près de l´ancienne porte dont l´emplacement est encore porté sur le plan cadastral. Tout le pourtour du château est planté de vignes. Les derniers vestiges de l´église Sainte-Radegonde ont aussi disparu : démolis au début du 19e siècle, ils sont connus par un dessin de 1820 environ, qui montre notamment les restes du clocher. En 1824, on observe encore le large fossé avec pont-levis, ainsi que des embrasures de canons, des meurtrières et l´emplacement d´une poudrière.

Les pierres de l´ancienne forteresse sont fréquemment réutilisées au 19e siècle, par exemple pour la reconstruction du mur du cimetière autour de l´église de Saint-Thomas en 1847. D'anciennes cheminées richement sculptées, visibles aujourd'hui dans une maison à Cônac, proviendraient aussi du château de Cônac. Selon le cadastre, ce qui reste de l´ancien logement seigneurial est démoli en 1846 et la maison actuelle est construite en 1848 par le fils de Denis-François Meneau, Félix Meneau, à l´emplacement de l´ancien magasin et de l´église. La propriété est achetée en 1858 par Christophe Bourdron qui y décède le 1er mars 1898. Elle passe ensuite à son petit-fils par alliance, Albert Riché dont les descendants possèdent toujours le site.

Périodes

Principale : Moyen Age

Principale : milieu 19e siècle

Dates

1848, daté par source

Auteurs Auteur : auteur inconnu,

La propriété de l´ancien château de Cônac est accessible par le hameau du même nom, via un portail à piliers maçonnés. On peut aussi observer le site depuis le chemin qui monte de la Trigale et depuis le moulin de la Parée. Après le portail, à droite, se trouve une habitation et quelques dépendances, en partie remaniées, puis vient une dépendance à façade en pignon, probablement une grange encadrée par des étables et écuries. Le logis est placé juste à côté de cette dépendance, vers le sud. Des dépendances, dont sans doute un chai, lui sont accolées à l´arrière, côté est, en appentis. Le logis est couvert d´un toit à longs pans et à croupes. Il comprend un étage et un comble. Sa façade principale, orientée à l´ouest, présente quatre travées d´ouvertures. A proximité se trouve un puits à margelle circulaire.

Les principaux vestiges des fortifications sont visibles sur le côté sud de château, au sommet du promontoire. Il s´agit d´une courtine en partie éboulée qui relie une tour de section carrée et une autre de section ronde, également en partie éboulées. Les murs sont constitués de moellons aux dimensions assez réduites et irrégulières pour la courtine et la tour carrée, plus homogènes et plus grandes pour la tour ronde. La tour carrée est surmontée d´un toit en terrasse avec garde-corps en ferronnerie.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

  2. Revêtement : enduit

  3. Mise en oeuvre : pierre de taille

  4. Mise en oeuvre : moellon

Toits
  1. tuile creuse
Étages

1 étage carré, comble à surcroît

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Partie de toit : croupe

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Saint-Thomas-de-Conac

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: la Basse-Rue

Cadastre: 1818 B 89, 91 à 94, 2009 C 2505

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