La Rochelle Faubourgs : présentation du quartier de La Genette

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > La Rochelle

Les espaces situés à l´ouest des remparts de la ville de La Rochelle faisaient jadis partie de la paroisse de Saint-Maurice. Les sièges successifs que la ville eut à subir, en particulier ceux de 1572-1573 et de 1627-1628, dévastèrent profondément cette zone qui servait en fait de terrain de manoeuvre aux assiégeants. Elevé à environ un kilomètre des remparts, renforcé en 1625 et 1627 par les royaux alors que, selon les termes de la paix de Montpellier, il aurait dû être détruit, le Fort Louis est au point de départ du Grand Siège. Ce n´est qu´ensuite qu´il sera démoli. En 1700, le projet Ferry de relever le fort et de le relier au système des remparts de la ville, en incluant dans les murs ce qui deviendra plus tard nos quartiers, n´eut pas de suite.

Au XVIIIème siècle, ces parages s´égaient un peu, en même temps que se fait jour un plus grand besoin de promenade champêtre. Le Mail, auquel on accède depuis la ville par la poterne des deux Moulins, était déjà utilisé au XVIe siècle pour y donner des fêtes. En 1705, la promenade est plantée de quatre rangées d´ormeaux et prend le nom de cours Matignon, en hommage au gouverneur Goyon de Matignon.

Plus au nord, au pied des fortifications de la ville, une zone marécageuse, désignée comme marais salants sur la carte de 1572, s´étend jusqu´au chemin de la Genette, qui relie le rivage à la route de Laleu (actuelle avenue Leclerc). Le tracé sinueux de celui-ci s´est conservé dans la voirie actuelle, par les rues Jeanne d´Albret et de la Briquetterie. De ce côté, on ne peut sortir de La Rochelle que par la Porte Neuve, qui ouvre sur un chemin longeant la contrescarpe (actuelle avenue de la Porte Neuve), relié à la route de Laleu à proximité du cimetière de la Charité.

Vers l´ouest, le sol monte en pente douce jusqu´à Saint-Maurice, et plus particulièrement jusqu´à la ferme de Port-Neuf qui culmine à une vingtaine de mètres. Dans toute cette zone, on rencontre quelques domaines au milieu des champs, dont les noms se sont conservés jusqu´à nos jours : la Genette, l´Epine, Port-Neuf, la Ferté.

Cette situation change peu durant la première moitié du XIXe siècle. L´attrait des bains de mer se fait cependant jour, attirant les Rochelais près du rivage, où les établissements spécialisés vont s´élever. Ce seront d´abord les bains Marie-Thérèse, inaugurés en 1827, qui étaient situés à l´emplacement du casino. En 1850, on ouvre les bains Jagueneau, devenus plus tard les bains Richelieu, beaucoup plus éloignés de la ville. Enfin, les bains Louise, ouverts en 1867 étaient destinés aux milieux modestes.

Au nord du Mail, quelques parcelles vont être loties sensiblement avant le percement du front ouest, en 1886. Ainsi apparemment dans le plus grand désordre, quelques voies nouvelles ont-elles été tracées : la rue de la Pépinière, les rues Emile Racaud et Georges Emonin, ainsi que la rue Jean Godefroy (ancien chemin vicinal n°4). De riches Rochelais font aussi élever des demeures somptueuses, à l´allure de petits châteaux, et qui déclinent sur tous les tons l´éclectisme architectural de la fin du XIXe siècle. Ce sont les villas du Fort-Louis, Mulhouse, richelieu, des Acacias, ou bien encore, le chalet du Mail.

Durant toutes ces années, la grande question dont dépendait en fait l´avenir de notre quartier, a été celle du percement des remparts, dans le but d´y ouvrir des voies d´accès nouvelles pour relier le port en eaux profondes de la Pallice, dont le creusement avait débuté en 1881. Malgré l´évident caractère obsolète des fortifications, le génie militaire parvint à contrarier six années durant les efforts de la municipalité pour y parvenir. Ce n´est qu´en 1886 que les autorisations furent enfin accordées. Le prolongement de la route nationale 22 allait permettre le percement de l´avenue Guiton, tandis que la nationale 21, prolongée jusqu´à la place d´Armes, ne nécessiterait désormais plus le détour par la Porte Neuve. Tout allait maintenant aller très vite, et l´avenue Coligny, en reliant le Mail à ces deux grandes voies, allait donner son axe principal au quartier naissant. En complément de ce quadrillage à peu près orthogonal, l´ancien réseau de voirie déjà constitué fut conservé et complété. Tout cela donne au tracé des rues un caractère plutôt hétéroclite. Sur les grandes voies rectilignes, de belles demeures à l´aspect cossu vont continuer de s´élever à l´initiative de la bourgeoisie locale : avenue Leclerc, avenue Coligny, et, dans une moindre mesure, avenue Guiton. Le dernier tronçon du Mail vers l´est à avoir été loti est caractéristique de ce type de demeures. Dans les petites rues adjacentes, un habitat beaucoup plus modeste domine, souvent fait de maisons de plein pied : avec une exception de taille, le rue Jeanne d´Albret qui concentre les plus belles demeures de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Malgré bien des reconstructions ultérieures, ce contraste a subsisté jusqu´à nos jours.

La population du quartier augmente alors sans cesse. Au début du XXe siècle, il comptait 1600 habitants, dans une ville où on en dénombrait 33000. Les terrains situés au pied des anciennes fortifications du front ouest allaient être très vite plantés d´arbres et convertis en parc, et cela en partie grâce au legs consenti par Mlle Adèle Charruyer. Au-delà, vers l´ouest, jusqu´à l´arrière des maisons des rues Jeanne d´Albret, de la Pépinière et de la Briquetterie, il subsistera, encore et pour longtemps, de vastes espaces inhabités, parfois occupés par des garages ou des entrepôts.

Localiser ce document

Chargement des enrichissements...