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Ars-en-Ré : présentation de la commune
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Ars-en-Ré
Historique
A l'origine, le territoire d'Ars était beaucoup plus étendu et s’étendait jusqu’à la limite de celui des Portes. Il se composait du bourg d'Ars ainsi que des Villages d'Ars (actuellement commune de Saint-Clément-des-Baleines) : La Tricherie, Le Chabot, Le Pont, Le Godinand et Le Gillieux. La plus ancienne mention d'Ars date du 12e siècle, à l'occasion du don fait par Raoul Ier de Mauléon aux moines de l'abbaye des Châteliers du quart des poissons pêchés sur sa "terra de Ré, d'Ars et de Loix".
Vie religieuse
On ne connait pas la date de fondation du prieuré Saint-Etienne, ni celle de la paroisse qu'il desservait ; celle-ci fut probablement parmi les plus anciennes de l'île et existait sans doute déjà lors de la cession des îles d'Ars et de Loix à l'abbaye de Saint-Michel-en-l'Herm au début du 13e siècle.
Au cours des 16e et 17e siècles, la paroisse est un lieu de forte activité religieuse et commerciale où se sont confrontés différentes idéologies et courants de pensées.
Le long du chemin des Sables, une croix a été érigée par ou en l'honneur de Pinaud, curé d'Ars-en-Ré de 1601 à 1617. Elle figure sur le cadastre napoléonien de 1828 mais a été détruite.
Un temple protestant est aménagé dans le logis prieural derrière l'église en 1603. Il est inauguré le 6 janvier 1604 par le pasteur de Saint-Martin Germain Chauveton. En 1627, le temple est en si mauvais état que le 30 décembre de cette même année le commissaire royal Thevin autorise les Protestants à célébrer leur culte dans la maison d'un riche négociant, Etienne Valleau. Après l'échec de l'expédition de Buckingham, les Catholiques détruisent le temple lors d'une émeute soulevée par les Capucins de Saint-Martin et le curé d'Ars-en-Ré les 18 et 19 mars 1630. Les pierres ont servi à restaurer le couvent de Capucins de Saint-Martin-de-Ré.
Parmi les autres établissements ecclésiastiques, les textes mentionnent deux chapelles dont on ignore l’emplacement. Ainsi, le pouillé de l’archevêché de Bordeaux de 1648 relève, parmi les bénéfices dépendant de l’archiprêtré de La Rochelle, la « chapelle Notre-Dame de La Croix en l’isle de Ré en la paroisse d’Ars ». Par ailleurs, une visite paroissiale du 8 août 1715 fait mention de la chapelle Notre-Dame-du-Salut. Une tradition locale situe cette dernière place de la Chapelle où s’étendait autrefois le cimetière.
Les 17e et 18e siècles témoignent d’un renouveau religieux. En 1632-1633, des prédicateurs de différents ordres se sont efforcés de réanimer la vie religieuse. En 1721, les sœurs de la Charité de la Congrégation de Montoire ont fondé une école. Un tableau signé Pierre Varangot et daté de 1727 a été peint pour la bénédiction de la chapelle des sœurs de la Charité de Montoire qui a eu lieu le 28 août 1727 ; le tableau est aujourd’hui conservé dans la sacristie de l’église paroissiale. En 1757, quatre pères jésuites de La Rochelle sont venus prêcher à Ars. A la suite de leur mission, une croix est érigée le 1er septembre 1757 ; cette croix a été détruite à la Révolution puis relevée au même emplacement.
En 1899, une croix en bois est érigée sur le port à la suite d'une mission prêchée par deux lazaristes, sur un emplacement donné par la famille Chabot-Menuteau. D'après un fonds d'archives privées, la base de la croix avait la "forme d'une petite montagne conique" et les pierres utilisées pour la construction provenaient de La Grange. Le bois de la croix était un mât de petit navire appartenant à l'abbé Louis Perrier, alors curé de Notre-Dame de Rochefort. Cette croix a été détruite.
Vie économique
L'économie d'Ars était centrée sur l'exploitation des marais salants (1 860 livres 19 aires produisant 12 600 muids ¾ en 1714) et sur la commercialisation du sel. Parmi les propriétaires se distinguait le collège des Quatre-Nations (successeur de l’abbaye de Saint-Michel-en-l’Herm). Loin derrière venaient les seigneurs du Graffaud, la fabrique d’Ars et le négociant Pierre Valleau. Cependant les propriétaires résidants ne possédaient que 175 livres de marais à Ars. Les habitants du bourg pouvaient également tirer certains revenus de la commercialisation du sel. Le port d’Ars était surtout fréquenté par des navires à destination de la Normandie (une statistique de 1803 estime de 26 à 30 les navires des ports de la Manche venant charger du sel à Ars).
La culture de la vigne, qui permettait une faible exportation du vin, et la meunerie complétaient l'activité économique d'Ars. Au 18e siècle, 17 moulins à vent et 2 moulins à marée tournaient à Ars. Le bourg possédait deux fours banaux, rue du Four, qui étaient au bénéfice du prieur et lui rapportaient 1 600 livres. Il était divisé en six quartiers ou « dizaines » : d’Angleterre, du Bourg, de la Chapelle, de la Grand-Rue, du Havre et du Porteau.
Ars était le siège d’une sénéchaussée. Les registres paroissiaux permettent de dresser la liste des sénéchaux connus :
1627-1632 : Nicolas Robin
1633-1647 : Etienne Buffechou
1655-1660 : Pierre Gouault
1661-1668 : François Martin
1669 : Jacques Bouhereau
1670-1710 : Jacques (ou René) Huet
1711-1731 : Louis Prévost
1734-1746 : Pierre Masseau
1747-1791 : François-Marie Bourgeois
Érection d’Ars en commune
Ars est érigée en commune en 1790 et les titres féodaux sont brûlés sur la place publique. Les bâtiments ecclésiastiques (maisons dites le Prieuré et l’Abbaye, fours banaux, etc.) sont vendus comme Biens nationaux. Le presbytère est saisi et tient lieu de mairie jusqu'en 1804. Sous la Convention, les Arsais, regroupés dans la Société des amis de l’Egalité, participent activement à la vie de la commune qui prend le nom de « La Concorde ».
Au lendemain de la Révolution, l'histoire d'Ars est marquée par le déclin de son économie : les superficies des salines passent de 655 ha en 1836 à 274 ha en 1924, celles des vignes de 421 à 300 ha. Cela entraîne la disparition des raffineries à sel, des distilleries d'eau de vie et des fabriques de vinaigre. De la même façon, dès 1894, tous les moulins sont abandonnés. La crise économique s'accompagne d'une baisse démographique : en 1871, la population du bourg d’Ars (sans compter celle des villages) est de 2 300 habitants alors qu’en 1926, elle tombe à 1 113 habitants.
A partir du milieu du 19e siècle, les habitants des Villages d'Ars cherchent à créer leur propre commune. La paroisse Saint-Clément est fondée en 1844 et le 11 mars 1874 la section de Saint-Clément est érigée en commune indépendante. A la fin du 19e siècle, la commune devient un lieu de réunion d’un petit groupe d’anarchistes parmi lesquels les plus connus sont le géographe Elisée Reclus, son gendre le peintre William Barbotin (1861-1931) et le collectionneur, ex-communard, Jules Perrier (1837-1904). A la suite de la visite du Président de la République, Sadi Carnot, le 20 août 1890, le conseil municipal décide de renommer la place centrale en son nom. Suite à l’assassinat du Président, quatre ans plus tard, un buste en bronze est érigé sur la place. Le buste a été fondu en 1943. D’autres personnalités ont laissé leur nom dans l’histoire de la commune comme le peintre et écrivain Louis Giraudeau (1852-1937), le constructeur naval Gaston Cazavant (1907-1989) ou encore le marin et peintre Octave Patureau dit Tatave (1922-1984).
Description
La commune d'Ars-en-Ré est limitée à l'ouest par la commune de Saint-Clément-des-Baleines et à l'est par celle de La Couarde-sur-mer. Sa superficie est de 10, 95 km2. Son territoire se compose d'une bande de terre s'allongeant du nord-ouest au sud-est et n'atteignant pas 2 km dans sa plus grande largeur (isthme du Martray). La commune s'étend sur environ 2 km de long de l'isthme du Martray à la forêt domaniale de la Combe.
Au sud, son littoral, tourné vers l'océan, est constitué d'un banc rocheux descendant en faible pente vers la mer, hormis à hauteur du Martray qui est bordé au sud d'une large anse sablonneuse. Au nord, de vastes marais salants bordent le Fier d'Ars. La forêt domaniale de la Combe à l'ouest, la vigne et quelques terres labourables couvrent le territoire.
Le tourisme s'est largement développé sur la commune d'Ars depuis les années 1980. D'après les données statistiques de l'INSEE, les résidences secondaires représentent le double des résidences principales (37% de résidences principales pour 60,8% de résidences secondaires en 2011).