Commanderie de Beauvoir et ferme dite "l'Hopitau", actuellement haras

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Mignaloux-Beauvoir

La ferme équestre occupe l'ancien site de la commanderie de Beauvoir. Coeur de la paroisse de Beauvoir, elle comprenait une église ou chapelle, vouée à saint Nicolas, un cimetière, une métairie appelée "l'Hopitau" et une grange dîmière. La commanderie dépendait de celle de Villedieu, sous l´autorité de l´ordre religieux des frères hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Sa première mention date de 1187. Le commandeur, Frère Jacques s´entend alors avec l´abbaye de la Trinité de Poitiers pour se partager les revenus des terres alentour. Le commandeur s´engage à faire construire une grange dîmière pour recevoir les récoltes prélevées. Les receveurs des deux parties détiendront chacun une clé de la grange. Cet accord donne lieu au cours des siècles suivants à de nombreux contentieux entre le commandeur et l´abbaye. Le 19 septembre 1356, la plaine de l´Hopitau, entourant la commanderie et à cheval sur les paroisses de Beauvoir et de Nouaillé-Paupertuis, est le théâtre de la bataille au cours de laquelle le roi de France Jean le Bon est capturé. Lorsqu´au 15e siècle, après les guerres, commence la reconstruction, le commandeur concède ses terres à des exploitants, contre redevances. C´est ainsi par exemple qu´est créée la métairie des Grands Ormeaux. En 1494, Frère Antoine Charron, commandeur de Beauvoir, concède des terres à Richard Delye alias Cardin, marchand à Poitiers. Plusieurs exploitations, voire d´importants domaines comme Gros Puits, s´implantent alors à proximité de la commanderie. D´elles dépendent aussi les Bruères, le Collège des Moreaux, une partie des terres de la Cigogne, la Moudurerie, etc. Outre cette autorité tant économique qu´institutionnelle, la commanderie de Beauvoir comprend une métairie, affermée par le commandeur à des exploitants. Les baux à ferme et les terriers de la commanderie décrivent les lieux de manière assez précise. Au 18e siècle, la métairie dispose d´environ 23 hectares de terres. La maison comprend une pièce pour le fermier, une autre pour le métayer, toutes deux avec une cheminée et un sol en terre battue. Un four est accolé au bâtiment, et précède une écurie. Devant la maison se trouve une première grange à l´usage du métayer, puis une seconde, plus grande, la grange dîmière. C´est là que sont stockés les prélèvements de récolte effectués au profit, et par moitié, du commandeur et de l´abbaye de la Trinité. La grange ouvre par une grande porte à deux battants. Parmi les autres dépendances, on observe des toits à brebis et à porcs, une étable, une vieille écurie appelée "prison". Entre les deux granges s´étend une cour "bâtresse" ou aire à battre. Enfin, tout près de la grange dîmière, se trouve un vivier ou mare, entourée d´ormeaux, et qui sert à abreuver le bétail. Comme le reste de la commanderie, la métairie est saisie comme bien national, estimée le 18 décembre 1792 et vendue le 8 mai 1794. L´acquéreur est Jean Caillault, laboureur à Champigny-le-Sec, pour 20000 livres. Le 14 mars 1795, Caillault la cède à Antoine Lavigne, marchand à Poitiers, époux de Louise Mauricheau. Leur fille Marie en hérite et la transmet à son mari, Charles-Honoré Petit, huissier à Poitiers. C´est à ce dernier que la métairie appartient sur le cadastre de 1819 (parcelles E 324 à 327 notamment). On y reconnaît la mare encore visible aujourd'hui, bien que réduite, et trois bâtiments : probablement les deux granges telles qu´elles sont situées actuellement, de plan carré, et, au nord, un autre édifice, sans doute la partie habitation. A l´est se trouvent l´église (E 318) et le cimetière (E 321), alors rachetés par la commune. Le 15 mai 1834, Marie Lavigne, veuve Petit, vend à Antoine Petit, époux de Marguerite Favre, négociant à Poitiers, la métairie de l´Hopitau "composée de bâtiments d´habitation et d´exploitation, granges, étables, cour, jardin, terres labourables et non labourables, pacages, brandes et bois". Elle est exploitée depuis six ans par Jean Neveu dit Laguerre et Louise Dumas son épouse. Un mois après cette vente, le 16 juin 1834, Antoine Petit se porte acquéreur de l´ancienne église qui jouxte sa métairie à l´est. Il la démolit en 1838, selon le cadastre, et fait construire une nouvelle maison à la place, qui devient le logis de la ferme. De grandes dalles en pierre, peut-être funéraires, en tout cas de grandes dimensions, sont réutilisées dans le sol à l'intérieur du logis : bien que désormais masquées, elles sont l'un des rares témoins encore en place de l'ancienne fonction du site. La métairie est ensuite acquise par Isidor Chevallereau en 1850 puis en 1863 par le propriétaire du nouveau manoir de Beauvoir voisin, Guillaume Fautreau. Elle suit alors le manoir dans ses changements de propriétaire, jusqu´à Ernest de La Corbière. Selon le cadastre, c´est lui qui, en 1880, fait démolir l´ancienne métairie de l´Hopitau (parcelle E 325), ne conservant que quelques éléments des bâtiments. Les granges notamment sont reconstruites, au moins en partie. La plus grande reprend le plan et l'emplacement de l'ancienne grange dîmière observée sur le cadastre de 1819. A la même époque, la maison qui a remplacé l´église est reconstruite. Depuis 1882, elle appartient à Charles Allenet. Le cadastre mentionne enfin une augmentation de construction en 1906. C'est aussi à la fin du 19e siècle ou au début du 20e siècle qu'est édifié le bâtiment longiligne à l'ouest. A l'origine, sa partie centrale, couverte en tuiles creuses, étaient encadrée par deux corps latéraux, plus hauts et couverts en ardoises ; la partie central et la partie nord constituaient une bergerie, et la partie sud un hangar à charpente métallique. La ferme continue à être exploitée jusqu´en 1981. Abandonnée, au bord de la destruction, elle est restaurée dans les années 1980 et devient une ferme équestre. La bergerie-hangar à l'ouest est alors transformée en boxes à chevaux, avec une surélévation de la partie centrale. Les murs des dépendances sont relevés, la mare est curée et rétablie.

Périodes

Principale : 19e siècle

Secondaire : 20e siècle

Dates

1838, daté par source

1865, daté par source

1880, daté par source

1906, daté par source

1983, daté par source

Auteurs Auteur : auteur inconnu,

Située au terme d'un chemin d'accès, la propriété comprend plusieurs bâtiments répartis autour de deux cours. A l'ouest de la première cour et de l'ensemble se trouvent les boxes à chevaux, répartis dans un bâtiment longiligne. Couvert en tuiles creuses, ce bâtiment comprend les quatorze boxes au rez-de-chaussée, surmontés par des fenils. Des piliers en pierre, intercalés entre les boxes, scandent la façade. De l'autre côté de la cour s'élèvent deux granges à façade en pignon. La plus grande, au centre de la propriété, serait l'ancienne grange dîmière. Elle ouvre à l'ouest et à l'est par une grande porte encadrée par deux plus petites. Les linteaux de ces portes sont en bois, sauf ceux des deux petites portes à l'ouest, en métal. On observe aussi quelques baies sur les faces latérales de la grange. L'autre grange, au nord de la première, est également à façade en pignon. Elle n'ouvre au sud que par une grande porte centrale. Plusieurs baies se trouvent sur les côtés. Un petit hangar jouxte cette grange à l'est. Au-delà de ces granges commence la seconde cour, plus petite. Au nord, à côté d'un petit jardin clos de murs, se situe une ancienne dépendance. Dans le mur nord du bâtiment, on observe une baie à encadrement chanfreiné. Sur la façade est, une porte offre une particularité : ses montants présentent en partie basse un renflement vers l'extérieur. Plus à l'est se situent d'anciens toits à volailles, et ensuite un puits à margelle carrée. Vient ensuite le logis. Son toit, couvert en tuiles creuses, possède une croupe. Sa façade donne au nord. Elle ouvre par trois travées. La porte centrale présente un arc de décharge en brique. Elle est surmontée par un oculus oval. Au sud du logis s'étend un jardin. Au-delà, vers le sud-ouest, se situe la mare, partiellement entourée par un muret. Vers le sud-est se trouve l'ancien cimetière. Il est occupé par un bois. On y observe ici et là quelques morceaux de pierres tombales. Le plus gros, issu de la tombe de M. Savatte de Genouillé, est un bloc de pierre longiligne. Il s'agit de la partie droite de la dalle funéraire, l'inscription étant en partie tronquée à gauche.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

  2. Revêtement : enduit

  3. Mise en oeuvre : moellon

Toits
  1. tuile creuse
Étages

1 étage carré

Élévations extérieures

élévation ordonnancée

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Partie de toit : croupe

Couverts et découverts de jardin
  1. bosquet
Typologie
  1. ferme à bâtiments séparés

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Mignaloux-Beauvoir , 715 route de Beauvoir

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: Beauvoir

Cadastre: 1819 E2 316 à 327, 2004 E1 46 à 48, 246, 410 à 413

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