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Abbaye Notre-Dame-et-Saint-Junien de Nouaillé-Maupertuis
France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Nouaillé-Maupertuis
Description
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Plans |
plan en croix latine |
Étages |
3 vaisseaux |
Couvrements |
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Couvertures |
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Escaliers |
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Décors/Technique |
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Informations complémentaires
Sur les bords du Miosson, s'élève l'ancienne abbaye fortifiée, dédiée à saint Junien dont elle conserve un intéressant tombeau reliquaire. Elle offre un remarquable panorama sur l'histoire de l'architecture religieuse du 11e au 18e siècle.
L'abbaye de Nouaillé est une des plus anciennes fondations monastiques du Poitou. Dès la fin du 7e siècle, une petite communauté religieuse s'installe sur les bords du Miosson, petite rivière se jetant dans le Clain au sud de Poitiers.
À la fin du 8e siècle, la communauté, qui relève du monastère de Saint-Hilaire de Poitiers, se sépare de ce dernier et adopte la règle de vie de saint Benoît.
Dotée de terres par les rois d'Aquitaine, l'abbaye reçoit les reliques de saint Junien de Mairié. Ces dernières sont déposées dans la nouvelle église dédicacée en 830, sous l'abbatiat de Godelin.
Ami de sainte Radegonde, fondatrice du monastère Sainte-Croix à Poitiers (vers 550/560), et du roi Clotaire, saint Junien avait fondé un monastère à Mairé (aujourd'hui Mairé-l'Évescault, en Deux-Sèvres) où il serait mort en 587. Le monastère étant ruiné, le roi d'Aquitaine Pépin Ier autorise la translation des reliques à Nouailé.
Une première église romane.
À la fin du 9e et au début du 10e siècle, peut-être à l'initiative de l'abbé Constantin qui dirige alors le monastère, une nouvelle église est édifiée à l'emplacement de bâtiments plus anciens construits en matériaux périssables (bois, terre...). Elle est érigée en moellons de calcaire. Elle est constituée d'une nef, d'un transept avec absidioles orientées, d'un chœur à abside et d'une crypte. Celle-ci reprend vraisemblablement les dispositions du chœur et comprend une abside et deux petites absidioles. Entre l'abside et les absidioles prennent place d'étroites petites chapelles rectangulaires.
La nef est charpentée et les parties orientales, où se tient l'autel, voûtées. La crypte abrite le sarcophage-reliquaire de saint Junien qui est orné de peintures murales représentant trois aigles dans des cercles perlés.
L'église n'est pas réservée à la seule communauté monastique. Elle sert de lieu de culte aux habitants du village qui se déploie au nord-est de l'abbaye. Une porte est aménagée à l'attention des paroissiens dans le mur nord de la nef. Ce mur présente un décor d'arcatures aveugles en plein cintre superposées absent au sud, côté cloître, où vivent les religieux.
Les aménagements romans du 12e siècle.
Au début du 12e siècle, en 1118, le pape Gélase II place l'abbaye de Nouaillé et ses biens sous la protection directe du Saint-Siège, confirmant ainsi l'autonomie du monastère vis-à-vis des chanoines de Saint-Hilaire de Poitiers.
Les bâtiments de monastère subissent de grandes transformations au cours du 12e siècle.
Vers 1130-1150, la couverture charpentée de la nef de l'église est remplacée par un couvrement en pierre. Ce matériau, considéré plus noble que le bois, embellit la "maison de Dieu", est plus résistant au feu et permet de magnifier les prières chantées des moines.
Du fait de son poids, le couvrement en pierre nécessite une modification de l'espace de la nef. De grandes arcades composées de piliers quadrilobés (à quatre demi-colonnes) reliés par des arcs légèrement brisés sont édifiées afin d'en réduire la largeur. La nef comprend désormais un vaisseau central et deux étroits collatéraux (ou couloirs de circulation) de quatre travées. La nef centrale est couverte d'une voûte en berceau brisé et les collatéraux d'une voûte en berceau. Le berceau central est porté par des arcs doubleaux qui retombent sur des deux colonnettes montant du pilier à la voûte. Comme il est fréquent dans les églises du Poitou, le contrebutement de la voûte centrale est en partie assuré par le couvrement des collatéraux, les voûtes étant construites à même hauteur. Le système est ici consolidé par les arcs en quart de cercle des collatéraux élevés au niveau des chapiteaux des piliers des grandes arcades.
Les murs latéraux de la nef sont confortés à l'intérieur par de petits contreforts et par des grandes arcades aveugles. À l'extérieur, ils sont consolidés par de hautes arcades aveugles et des contreforts. Au nord, ces éléments se superposent aux arcades aveugles du 11e siècle. Un porche vient abriter le portail nord, partiellement fermé par le premier contrefort. Les baies de la nef sont agrandies.
Les sculpteurs participent à cette campagne de travaux. À l'intérieur, ils interviennent principalement sur les chapiteaux des piliers et des colonnettes recevant les arcs doubleaux. Le travail est maîtrisé et adapté aux corbeilles. Le décor sculpté est composé majoritairement de larges feuilles d'angle qui sont parfois ornées de crossettes, de têtes humaines ou monstrueuses jaillissant aux angles. Il était peut-être complété par des peintures.
À l'extérieur, ce sont les modillons des corniches qui portent les sculptures représentant des animaux, des têtes diaboliques, grimaçantes, des têtes humaines...
À la même période sont reconstruits les bâtiments conventuels est et ouest. Ce dernier possède une des rares cheminées romanes de la région. Elle est signalée par la souche de cheminée circulaire située au-dessus de la porte. Au sud du bâtiment s'élève le couronnement de l'escalier desservant l'ancien bâtiment méridional. De petit contreforts épaulent les murs sur lesquels reposent les voûtes des salles intérieures. L'étage est éclairé de baies originellement géminées comme en témoignent les deux fenêtres situées au-dessus de la porte.
À l'est, le bâtiment abritant le dortoir et la salle capitulaire est érigé dans le prolongement du bras sud du transept et communique avec ce dernier par une porte en plein cintre toujours visible.
À la fin du siècle, un clocher-porche est érigé à l'emplacement de l'ancienne façade de l'église. Construit en pierre de taille, il est doté dans les angles occidentaux de massifs contreforts. La façade ouest comprend un portail à la sobre voussure et, au-dessus, une baie dotée trois siècles plus tard d'un remplage flamboyant. Ces deux ouvertures s'inscrivent à l'intérieur d'une haute arcade brisée composée de trois arcs en ressaut.
Le niveau supérieur est construit selon un plan carré. Un glacis permet de passer du plan rectangulaire du porche au plan carré du clocher. Quatre clochetons construits au 19e siècle amortissent les angles. Les murs du clocher sont ornés d'arcades aveugles en plein cintre et ajourés de quatre baies. Une toiture à quatre pans coiffe le clocher.
À l'intérieur, deux petits collatéraux voûtés délimitent une travée centrale de plan carré. Celle-ci est couverte d'une coupole octogonale sur trompes portée par quatre piliers composés. La coupole est ornée de huit nervures partant d'un oculus central et retombant sur des colonnettes.
La sculpture est très présente dans cet espace. Autour de l'oculus, des grotesques prennent place entre chaque départ de nervure. L'une de ces dernières, au nord, est ornée de choux frisés, motif très fréquent dans la sculpture gothique. Ce style, qui se développe après la période romane, est aussi perceptible sur les chapiteaux des piliers sud-ouest, sud-est, nord-ouest. Ceux-ci portent deux rangs de feuillages aux lobes très découpés se retournant sur eux qui annoncent le décor végétal gothique. L'ornementation figurée des chapiteaux du pilier nord-est - personnages luttant, des musiciens, un acrobate, des monstres (griffons, sagittaire) - s'inscrit quant à elle dans la continuité de la sculpture romane.
C'est vraisemblablement à cette période que le monastère se développe au sud avec la construction le long de la galerie sud du cloître d'un bâtiment prolongé d'une cuisine partiellement conservée.
Les derniers siècles du Moyen Âge.
Comme de nombreuses abbayes de la région, celle de Nouaillé semble connaître son apogée au début du 13e siècle. Elle possède des prieurés, des paroisses, des terres, principalement localisées dans le sud du Poitou. L'église Saint-Martial est édifiée dans le village, à proximité de l'enceinte orientale du monastère.
Les deux siècles suivants sont traversés par la guerre de Cent Ans qui oppose les rois de France et d'Angleterre pour le trône de France. En 1356, Nouaillé est particulièrement affecté par ce conflit car c'est à proximité de l'abbaye que se déroule une des premières batailles. Le roi de France Jean II le Bon est défait et capturé par le Prince Noir, fils aîné d'Edouard III d'Angleterre.
Les troubles qui s'ensuivent entraînent la fortification de nombreuses églises. À Nouaillé, l'enceinte de l'abbaye est dotée de tours munies d'archères (et plus tard de canonnières). Un chemin de ronde, attesté par une estampe de 1699 et un relevé du milieu du 19e siècle, surmonte les murs de l'église.
À la fin du 15e siècle, la paix retrouvée, l'abbaye, comme de nombreux monastères du royaume de France, passe sous le régime de la commende (l'abbé ne réside pas dans la communauté et a souvent d'autres charges ecclésiastiques). Ainsi, entre 1468 et 1511, Raoul du Fou, évêque d'Angoulême puis d'Évreux, est abbé de Nouaillé. Il fait restaurer l'abbaye. Le logis abbatial (à l'angle nord-est de l'enceinte fortifiée), la chapelle couverte de voûte d'ogives attenante à la chapelle du bras sud du transept, le remplage flamboyant de la baie occidentale du clocher-porche témoignent de ses interventions.
Les travaux de l'époque moderne.
Après les guerres de Religion, pendant lesquelles l'abbaye est pillée, plusieurs procès-verbaux de visite et plans font état des dommages subis par les bâtiments. Les moines ne respectent plus la clôture. François de La Béraudière, abbé de 1597 à 1645, entreprend la remise en ordre de l'abbaye. En 1612, celle-ci rejoint la congrégation de Saint-Maur. Des moines mauristes s'installent à Nouaillé, ce qui engendre un renouveau spirituel.
La restauration des bâtiments s'échelonne sur plus de cent ans. Les travaux marquent particulièrement l'église dont les parties orientales sont refaites par l'architecte poitevin Jacques Béziau entre 1683 et 1691. Le chœur, surélevé, est édifié selon un plan carré ainsi que les deux chapelles qui ouvrent sur les bras nord et sud du transept. Le chœur et les chapelles sont couvertes de voûtes d'ogives ainsi que le transept. Une large baie occupe la partie haute du chevet.
La crypte est comblée et le tombeau – reliquaire de saint Junien est déposé dans un enfeu aménagé dans le mur de chevet et orné de peintures représentant saint Junien et sainte Radegonde. L'enfeu est souligné par une nuée en stuc, petite touche d'inspiration baroque alors que le décor du chœur, composé de pilastres cannelés à chapiteau ionique portant un haut et sobre entablement, est de facture classique.
Le sculpteur poitevin Jean Girouard est sollicité dans les années 1690 pour achever les stalles et le jubé commencés vers 1660/1665 par le menuisier René Thourin. Il réalise également deux statues en pierre (Marie et saint Jean) qui s'ajoutent aux statues en terre cuite du frère Faron Crouillères (Ecce Homo, Crucifixion, Pietà).
Le monastère bénéficie également de travaux. Au début du 17e siècle, la principale entrée est déplacée du nord-est de l'enceinte au sud-ouest où est édifiée une porte avec pont-levis. Les dépendances de la basse cour sud sont réparées. Le cloître est restauré, les ailes est et sud reconstruites. Cette dernière est refaite dans le second quart du 18e siècle. Elle abrite les rares moines vivant dans l'abbaye. Au rez-de-chaussée, les cuisines, le réfectoire et autres salles se succèdent et, à l'étage, les cellules. Le bâtiment jouxte à l'ouest l'ancienne cuisine médiévale.
L'époque contemporaine
L'église Saint-Junien est classée au titre des monuments historiques en 1846. Trois principales campagnes de travaux s'ensuivent : 1849, avec l'architecte Joly-Leterme, 1876-1877, 1893-1894 avec l'architecte J. Formigé.
Les murs et les toitures sont repris, le chemin de ronde de l'église est supprimé. En 1872, les stalles et le jubé qui délimitaient le chœur liturgique sont séparés ; le jubé est avancé d'une travée afin de permettre aux paroissiens d'assister à la messe. En 1879,l'ancienne crypte est retrouvée et fouillée par le père de La Croix qui en dessine le plan. Le toit à l'impériale du clocher-porche édifié au 17e siècle est remplacé par un toit à deux versants pentus et croupes. Le porche nord et les appentis adossés au mur nord sont détruits.
Les bâtiments monastiques, privés, sont protégés au titre des monuments historiques en 1945 ainsi que les vestiges de l'enceinte.
Plusieurs campagnes de travaux sont engagées au cours de la seconde moitié du siècle. La crypte est dégagée, le clocher est doté d'un toit à quatre pans, le chœur et les vitraux restaurés. L'enceinte (pour les parties devenues publiques) et le logis abbatial, qui accueille à partir de 1990 la mairie, sont restaurés à
partir des années 1980.
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA86007735 |
Dossier réalisé par |
Dujardin Véronique
Chercheur, service Patrimoine et Inventaire Sarrazin Christine |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Pays des six Vallées |
Phase |
recensé |
Date d'enquête |
2015 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Abbaye Notre-Dame-et-Saint-Junien de Nouaillé-Maupertuis, Dossier réalisé par Dujardin Véronique, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/34e72c30-bc8b-4e3a-abd1-7cf6fd666e47 |
Titre courant |
Abbaye Notre-Dame-et-Saint-Junien de Nouaillé-Maupertuis |
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Dénomination |
abbaye église paroissiale |
Genre du destinataire |
de bénédictins |
Vocable |
Notre-Dame saint Junien |
Parties constituantes non étudiées |
église |
Statut |
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Protection |
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Intérêt |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Nouaillé-Maupertuis
Milieu d'implantation: en village
Cadastre: 1809 A 4, 4a, 6, 7, 9, 10, 11, 12, 13, 16, 17, 20, 21, 22, 23, 24, 26, 28, 29, 30, 31, 32, 34, 35, 36, 38, 39, 40, 41 (Eglise A 27), 1957 D 169p, 175p, 176, 177, 178, 182p, 183p, 185p, 186-189, 195-198, 200-205 (Église parcelle D 202)