Maisons, fermes : l'habitat au Vanneau-Irleau

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Rares sont les témoignages de l'Ancien Régime, et même antérieurs à 1850, parmi les maisons et anciennes fermes au Vanneau-Irleau. L'élément le plus ancien semble un linteau de baie avec décor en accolade, remployé sur la façade d'une habitation dépendant de l'ancienne métairie de Sainte-Sabine : elle pourrait remonter au début du 16e siècle. Au 14 rue du Port, une habitation reconstruite au 19e siècle a repris, côté cour, une élévation bien plus ancienne, comprenant une ancienne porte en arc en plein cintre, avec la date 1672 inscrite sur la clé de linteau. Une baie du même type, du 17e ou 18e siècle, se trouve à Irleau, 16 rue du Péré. Quant à l'ancien logis seigneurial d'Irleau, il semble aussi remonter, en partie au moins, au 18e siècle. Les constructions de la première moitié du 19e siècle ne sont pas plus nombreuses. Il s'agit de petites habitations comme on peut en voir aux 1 et 39 grande rue d'Irleau, ou encore 38 rue du Port dans le bourg du Vanneau.

Près des trois quarts (139) des habitations relevées ont été construites ou reconstruites dans la seconde moitié du 19e siècle, en particulier dans les années 1850-1870 (71 nouvelles constructions), époque d'essor économique et démographique dans la région. Le phénomène se poursuit à la fin du 19e siècle, avec 61 nouvelles constructions entre 1875 et 1900, puis, dans une moindre mesure, jusque dans les années 1920 (43 entre 1900 et 1925). 56 % des habitations (108) ont ainsi été édifiées, en tout ou partie, entre 1875 et 1925. 4 dates inscrites témoignent de cette époque : 1879 au moulin de la Paloube et 1 rue des Ecoles, à Irleau ; 1885 au Petit Verger, au bord de la Sèvre où les fermes se sont multipliées à cette époque ; 1896 au 49 rue de la Belette, quartier lui aussi alors en plein essor.

Périodes

Principale : 2e moitié 19e siècle, 1er quart 20e siècle

Un habitat concentré sur les terres hautes, entre bourg et écarts

La dualité historique et géographique de la commune, entre le bourg du Vanneau et le village d'Irleau, se retrouve dans la manière dont l'habitat est réparti sur le territoire communal. Ainsi, 89 habitations seulement (soit 46 %) se trouvent dans le bourg (y compris le quartier de la Belette), et 94 dans les écarts, dont 80 à Irleau (87 en y ajoutant la Chaume). Irleau fait ainsi office de second bourg avec notamment ses anciennes écoles et se anciens commerces en nombre. Bourg et hameaux, dont Sainte-Sabine, sont situés sur les terres hautes, surplombant les marais pour être à l'abri de l'inondation, sans en être très éloignés pour pouvoir les exploiter. A Irleau comme à la Belette, on retrouve le schéma habituel des bourgs et écarts du Marais poitevin, avec une rue principale parallèle à une route d'eau qui assure le lien avec les marais.

8 habitations seulement sont isolées, et 11 sont présentes dans les marais mouillés où elles s'étirent le long de la Sèvre Niortaise. Elles profitent ainsi de la surélévation créée par un chemin de halage, qui les met, là encore, à l'abri de l'inondation. La plupart sont regroupées en deux pôles : entre Naquin et le Petit Verger, d'une part ; entre le pont d'Irleau et Marsemille d'autre part.

Des petites habitations aux maisons de maîtres

Cette concentration de l'habitat dans le bourg et les principaux écarts, influe sur la forme et la disposition des habitations. 88 % des maisons sont ainsi des maisons dites attenantes, c'est-à-dire accolées les unes aux autres, ne disposant tout au plus que d'une petite cour. 39 % sont en alignement sur la voie, formant parfois des fronts bâtis le long des principales rues, par exemple la grande rue d'Irleau. 42 % des habitations sont toutefois en retrait par rapport à la voie dont elles sont généralement séparées chacune par une cour ou un jardin délimité par un muret.

La nécessité d'optimiser l'espace explique aussi la forte proportion de logements de taille modeste, décelables au nombre de travées (alignements verticaux) d'ouvertures en façade. Ainsi, 39 % des habitations (soit 75) ne présentent que deux travées d'ouvertures, proportion qui monte à 44 % en y ajoutant la dizaine d'habitations à une seule travée. Cette dernière catégorie relève le plus souvent de petits logements antérieurs à 1850. Toutefois, l'élévation du niveau de vie dans la seconde moitié du 19e siècle s'est traduite par la construction de logements plus grands et plus confortables. 48 % des habitations relevées (soit 92) présentent ainsi 3, voire 4 travées d'ouvertures en façade. 11 en comptent même 5. La place manquante au sol a pu être trouvée en élevant les bâtiments. Ainsi, 62 % des habitations (soit 118) possèdent un étage, le plus souvent seul, parfois avec un surcroît, habitable ou non.

Toujours en observant les façades, on remarque une grande sobriété dans le décor. Celui-ci n'est toutefois pas absent et prend des formes relativement discrètes. 33 % des façades sont marquées par un ou deux bandeaux d'appui, 28 % sont couronnées par une corniche, 43 % présentent des appuis des baies saillants. 22 % des façades sont ordonnancées, la porte occupant une place centrale, avec souvent un encadrement mouluré, parfois sous une corniche. On observera ici une corniche à denticules, là un bandeau mouluré, ailleurs une porte à imposte en menuiserie ajourée... Par ailleurs, 36 % des toitures ont au moins une croupe de toit, ce qui suppose une charpente plus complexe, donc plus coûteuse à mettre en oeuvre. C'est là un autre indice de l'élévation du niveau de vie dans la seconde moitié du 19e siècle. 9 maisons de maîtres inscrivent dans la pierre la réussite économique et sociale de leurs commanditaires, par leurs dimensions mais toujours avec un décor sobre. Enfin, de nombreux commerces (épiceries, boucheries, cafés...) et ateliers d'artisans occupaient les bâtiments et ont laissé des traces plus ou moins visibles aujourd'hui.

Des fermes regroupées, témoins de l'histoire agricole des marais mouillés

On retrouve beaucoup des observations ci-dessus dans les 130 anciennes fermes relevées, qu'il s'agisse de leur répartition sur le territoire communal, de la disposition de leurs bâtiments ou de l'architecture de leurs logis. Elles sont concentrées dans le bourg et à Irleau principalement, avec là aussi une grande densité de constructions, même si la majorité des logis (46 %, soit 60) est placée en retrait par rapport à la voie. 11 d'entre elles s'étalent le long de la Sèvre Niortaise, dans les marais mouillés.

Plus de la moitié des anciennes fermes (soit 67) sont à bâtiments jointifs, accolés les uns aux autres, la plupart du temps sans plan régulier. 17 anciennes fermes présentent un plan allongé, principalement celles situées parallèlement à la Sèvre et à son chemin de halage ; 19 ont même le logis et les dépendances alignés sous un même toit, formant un bloc en longueur. On observe une configuration particulière sur une partie de la rue de la Belette, avec des logis de ferme alignés sur la voie, sur laquelle ils présentent parfois leur façade sur le mur pignon, et des dépendances perpendiculaires à l'arrière, étagées sur le versant en pente douce qui descend vers les jardins, la route d'eau et les petits ports privés qui la bordent. Cette disposition perpendiculaire entre logis et dépendances concerne plus généralement 10 % des fermes relevées dans la commune. 14 autres (soit 11 %) ont une partie au moins des dépendances en appentis derrière le logis. Le tout concourt à la proximité des bâtiments entre eux, et la densité des constructions.

Les dépendances de ces fermes témoignent de l'histoire agricole de la commune, liée à l'exploitation des marais alentour, notamment pour l'élevage, entre 1850 et 1950. Rares sont les fermes qui ne possèdent pas au moins un des trois éléments suivants : une étable, un fenil la surmontant, ouvert à l'air libre ou fermé par des bardeaux de bois, et enfin un hangar ou "balet", en élévation de moellons ou dont le toit est simplement soutenu par un ou plusieurs piliers en pierre. 70 étables, 52 fenils et 59 hangars ont été relevés au cours de l'étude.

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