Statue : Vierge à l'Enfant, dite Notre-Dame de Buglose

France > Nouvelle-Aquitaine > Landes > Saint-Vincent-de-Paul

Plus qu'aucune autre œuvre d'art ou objet cultuel du diocèse, la célèbre statue mariale de Buglose est entourée d'un halo de légende, entretenu dès l'époque de sa "redécouverte" par les ouvrages de Gilbert Grymaud (1630) et de Raymond Mauriol (1726). Selon ces auteurs, l'effigie aurait été enfouie vers 1570, afin d'échapper aux troupes protestantes qui dévastaient la région, puis retrouvée en 1620, à demi immergée dans un marais, par un jeune berger (ou plutôt par son taureau), topos hagiographique bien connu. Transportée par le curé Dussin à l'église de Pouy, elle fut ensuite exposée dans la petite chapelle dite "de la fontaine" ou "des Miracles" érigée à l'emplacement de la découverte, avant de rejoindre, 235 ans plus tard, le sanctuaire de plus grande ampleur (dit "Sainte Chapelle") bâti à proximité. A l'issue de la reconstruction de ce dernier édifice (1850-1855), la statue est l'objet d'une importante restauration (sa polychromie est notamment refaite par le peintre montois Louis-Anselme Longa), avant d'être solennellement installée dans la niche axiale du nouveau chœur (9 mai 1855), puis couronnée par Mgr Épivent avec l'autorisation du pape Pie IX (9 septembre 1866) - les nouvelles couronnes, qui remplaçaient des "anciennes couronnes en vermeil" (vendues en janvier 1858 pour la confection d'un grand ciboire ex-voto), avaient été rapportées de Rome par le Père Lamaison, supérieur de la Mission. Cette cérémonie marque l'apogée du pèlerinage marial de Buglose. C'est surtout à partir de cette date que l’œuvre sera reproduite, sur toutes sortes de supports et dans les matériaux les plus divers. Le vitrail, la peinture murale et la statuaire de série ont particulièrement diffusé son image dans les églises landaises, tandis que la lithographie, puis la photographie, la répandaient bien au-delà des limites du diocèse.

Il faut attendre les travaux de Pierre Pradel (1966) et de Paul Roudié (1988), pour voir aborder l’œuvre d'un point de vue scientifique. Même si les conclusions des deux historiens de l'art diffèrent sur certains points, notamment sur l'étendue des nombreuses restaurations et transformations subies par la statue au cours des siècles, ils s'accordent néanmoins pour la considérer comme une création des alentours de 1500. Si P. Pradel la rattache à la production statuaire des pays de Loire autour de Michel Colombe, P. Roudié n'exclut pas une exécution sinon locale, du moins régionale. L'un et l'autre tiennent pour probable une commande d'Arnaud de Boyrie, évêque de Dax de 1499 à 1503, dont l'historiographie locale a souligné de longue date la grande piété mariale, qui lui fit multiplier les fondations d'oratoires et commander plusieurs statues de la Vierge. L'une d'entre elles fut presque certainement destinée à l'église de Pontonx, toute proche de Buglose, et certains auteurs (tel l'abbé Gabarra, 1874) ont identifié l'effigie mariale de Buglose avec cette dernière œuvre. Cette hypothèse, qui suscita une vive polémique et fut repoussée avec indignation par le clergé buglosien, ne manque pourtant pas de vraisemblance, comme l'a démontré le lazariste Pierre Coste (1932), qui souligne avec justesse que le lieu de Buglose était ignoré avant 1620 et qu'aucune source d'archives ne mentionne de chapelle, encore moins de pèlerinage, à cet endroit avant le XVIIe siècle.

A l'occasion du tricentenaire de sa redécouverte et des débuts du pèlerinage, la statue (couronnes comprises) a fait l'objet en 2020 d'une restauration de fond par Delphine Masson, restauratrice à Saint-Justin (Landes).

Périodes

Principale : 1er quart 16e siècle

Auteurs Auteur : Longa Louis-Anselme

Peintre né à Mont-de-Marsan le 4 avril 1809 et mort dans la même ville le 13 décembre 1869 ; fils cadet de l'orfèvre Jacques Longa (1769-1822) et petit-fils par sa mère de l'orfèvre montois Joseph Lacère (1731-1810) ; frère puiné de l'orfèvre-bijoutier Jean-Baptiste Longa (1797-1861). Élève de Paul Delaroche à l'École des beaux-arts de Paris, puis réinstallé en 1848 à Mont-de-Marsan, où il exerça les fonctions de professeur de dessin au collège, puis au lycée impérial à partir de 1866. Sur les Longa, voir : ABBATE Simone, Louis-Anselme Longa, 2008.

, peintre, restaurateur (attribution par source)
Personnalite : Boyrie Arnaud de

Évêque de Dax du 8 avril 1499 au 6 février 1502 (1503 nouveau style).

, commanditaire

D'après l'analyse menée en 1966 par P. Pradel, la statue est taillée dans un calcaire tendre et était peut-être monolithe à l'origine. Les nombreuses restaurations, modifications et ajouts en ont assez profondément altéré l'aspect. La polychromie est entièrement refaite.

Catégories

sculpture

Structures
  1. revers sculpté
Matériaux
  1. Matériau principal : calcaire

    Mise en oeuvre : monolithe

    Techniques : peint, polychrome, doré

  2. Matériau principal : métal

    Techniques : fondu, ciselé, doré

  3. Matériau principal : plâtre

Dimensions
  1. Type de mesure : h

    Valeur : 108

Iconographie
  1. Thèmes : Vierge à l'Enfant, assis, trône, couronne


Précision sur l'iconographie :

La Vierge est assise dans un fauteuil recouvert d'un drapé rouge (aux ramages noirs et dorés modernes) ; elle est vêtue d'une robe rouge à manches collantes, corsage à encolure carrée et gorgerette, sur laquelle est jeté un large manteau bleu aux plis profonds ; des inscriptions "brodées" courent sur l'encolure du corsage et sur le bord du manteau (citations du Magnificat et du Salve Regina). La Vierge tient dans son giron l'Enfant tourné vers la gauche, à demi nu et bénissant, un sourire aux lèvres. Tous deux sont coiffés de grandes couronnes d'orfèvrerie d'inspiration byzantine, ciselées de feuilles lancéolées et de palmettes à la grecque et serties de perles de corail et de cabochons de pierres semi précieuses.

Inscriptions et marques
  • inscription, latin, en relief
  • inscription, latin, gravé

Inscriptions sculptées (extraits du Magnificat et du Salve Regina) imitant la broderie, sur le bord du corsage de la Vierge et de son manteau : MANIFICAT (sic)... ANIMA... DOMINON (sic) [sur le corsage] ; SUSPIRAMUS... IN HAC...NOSTRE ILLOS... TUOS... [sur le bord du manteau, à droite].

Inscription (gravée sur un cartouche, sur la couronne de la Vierge) : SIMULACRO B.M. DE BUGLOSE CAPIT. VATICAN / CORO. DECREVIT PIO IX P.M.S L.M.O. EPIVENT / EPISCOPUS ATUREN. ET AQUEN. EX DELEGATIONE / CAPITULI SOLEMNI RITU CORON. POSUIT / DIE IX SEPTEM. MDCCCLXVI (traduction : Le chapitre du Vatican a attribué cette couronne à l'image de la Bienheureuse Vierge de Buglose sous le règne du pontife suprême Pie IX. Louis Marie Olivier Epivent, évêque d'Aire et de Dax, par délégation du chapitre, a imposé cette couronne selon le rite solennel le 9 septembre 1866).

Inscription (gravée sur un cartouche, sur la couronne de l'Enfant) : SIMULACRO PUERI JESUS IDEM ANTISTI / CORONAM IMPOSUIT / CLERICUS POPULUSQUE AGRI SYRTIC VTRASQUE / CORONAS IMPENSA SUA. FAC. CURAV. (traduction : Le même [évêque] a imposé cette couronne à l'image de l'Enfant Jésus. Le clergé et le peuple des Landes assurèrent de leurs deniers l'achat de ces couronnes).

État de conservation
  • oeuvre restaurée
  • partie remplacée
  • repeint

L'analyse de P. Pradel en juin 1966 a révélé la présence de nombreuses restaurations et remaniements, décelables en partie grâce à l'inégale résonance des différents éléments. Selon cet auteur, l'essentiel de la tête de la Vierge est en pierre, à l'exception de la coiffure crantée et du petit chignon en plâtre sur la nuque, qui dissimule un raccord - la tête, détachée, a été raccordée, sans doute avec une inclinaison plus marquée qu'à l'origine ; ces éléments refaits dateraient du XVIIe ou du XVIIIe siècle, époque où les linéaments du visage auraient été repris et adoucis. Les mains et les avant-bras, qui rendent un son mat, sont certainement des réfections complètes. En revanche, l'opinion de Pradel, qui considérait l'Enfant comme une recréation quasi totale de l'époque classique, en raison de son défaut d'axialité par rapport au corps de sa mère et de son caractère trop enjoué pour une sculpture du gothique finissant, a été contestée par P. Roudié, qui convient de quelques réfections de détail, mais non d'une modification radicale de la composition du personnage. Ces observations sont, du reste, rendues difficiles par la réfection complète de la polychromie en 1855. Le peintre L.-A. Longa, qui nettoya l’œuvre et la débarrassa du badigeon uni qui la recouvrait, semble avoir partiellement respecté les teintes d'origine, telles qu'elles subsistaient alors. Mais une nouvelle restauration moins discrète, sans doute à l'occasion du couronnement de 1866, a eu pour effet d'empâter un peu plus les volumes et de dissimuler en grande partie les traces de soudures et de remaniements. Le décor doré des tissus semble, en outre, des plus fantaisistes.

Le statue et les deux couronnes ont été restaurées en 2020 par Delphine Masson, restauratrice de sculptures à Saint-Justin (Landes).

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Landes , Saint-Vincent-de-Paul

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: Buglose

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