Citadelle de Blaye

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Le promontoire dominant l'estuaire est occupé de façon pérenne dès l'âge du fer et sans solution de continuité par la suite. Le site fortifié de Blavia est connu dans l'Antiquité tardive et le Moyen Âge comme castrum. Durant l'époque médiévale, la ville fortifiée occupe l'éperon rocheux, au sommet duquel est implantée la forteresse châtelaine, assurant un contrôle sur la route de Saintes. Attesté au début du 11e siècle en possession de la famille comtale d'Angoulême, le castrum, complété de faubourgs, est détenu jusqu'au début du 14e siècle par la famille seigneuriale des Rudel, avant de passer sous le contrôle direct des Plantagenêt. La topographie urbaine est alors scindée entre la partie nord, dévolue au site castral, séparée par un mur de la ville haute enclose au sud, l'ensemble étant complété de faubourgs, autour des abbayes Saint-Romain et Saint-Sauveur. Durant la guerre de Cent Ans, Blaye est l'un des enjeux opposant le roi d'Angleterre, duc d'Aquitaine, au roi de France. La prise de la place en 1451 constitue l'un des derniers actes de la guerre en Guyenne, avant la bataille de Castillon de 1453 mettant définitivement fin au conflit.

La modernisation des défenses de la place forte intervient entre la fin du 15e siècle et le premier quart du 16e siècle, principalement sous le règne de Louis XII. Les travaux entrepris en régie royale ont porté sur l'adaptation des défenses à l'artillerie, par la création de tours percées de canonnières "à la française", telles la tour des Rondes du château ou la tour de l'Eguillette, par la création de caponnières et par le perfectionnement de défenses avancées avec la création de boulevards, face au château, à la porte Saint-Romain et du côté du port.

Au tournant du 17e siècle, une description de la place tenue par le gouverneur d'Esparbès de Lussan, fait état du "boulevard neuf vers la mer au château pour défendre cette avenue, et flanque tant la côte de mer que de terre jusqu'à l'autre boulevard qu'il a fait à la porte du château pour défendre tout le reste vers la terre de Saintonge". Au sortir des guerres de Religions, les fortifications urbaines et du château sont dans un état de dégradation avancé. Après l'établissement d'un couvent de minimes intra-muros, les travaux engagés au début du 17e siècle ont porté sur la restauration des parties anciennes et sur le renforcement de la fonction militaire du promontoire, au détriment de la ville et ses habitants, progressivement relégués vers les faubourgs. Ces travaux ont d'abord consisté à l'établissement de deux petits bastions au milieu des courtines et à la construction de deux demi-bastions aux extrémités sud et nord de l'enceinte, et par l'établissement d'un ouvrage à cornes englobant le boulevard du château, les différents ouvrages étant reliés entre eux par une fausse-braie. Un projet de "havre", destiné à accueillir une flotte rapidement appareillable, est aussi réalisé à la même époque, de même qu'un premier projet de citadelle, mais n'ont pas été réalisés. Les campagnes suivantes, mises en œuvre sous l'autorité du marquis de Saint-Simon, gouverneur de Blaye à partir des années 1630, ont d'abord porté sur des travaux d'entretien vers 1640, ainsi que sur le renforcement du front nord : un nouveau demi-bastion et un ouvrage à cornes sont en construction dans ces mêmes années, peut-être sous la direction de l'ingénieur Blaise François Pagan.

Dès le milieu du 17e siècle, Saint-Simon est le premier à évoquer la nécessité d'assurer une fermeture du chenal du Médoc et à envisager un verrou défensif sur l'estuaire. Il entreprend en 1651 le doublement de l'ouvrage à cornes du château, relié à la porte de ville Saint-Romain, provoquant la destruction partielle de l'abbaye. De nouvelles campagnes d'envergure sont envisagées en 1663, suite à la venue de l'intendant Claude Pellot à Blaye, en compagnie de l'ingénieur Nicolas Desjardins et de l'architecte Pierre Michel Duplessy. L'idée s'impose alors de faire de la totalité de l'ancienne ville close une citadelle, et des procédures d'expropriations sont réalisés à cet effet dès 1666 pour l'édification de casernes. Les travaux ne sont cependant réalisés que dans la décennie suivante, portant sur la construction de deux magasins à poudre en 1676, d'une prison en 1677 et des casernes vers 1678.

François Ferry, ingénieur général, engage en 1680 un projet global de modernisation de la citadelle : ce projet consistait à supprimer tous les ouvrages avancés et à les recomposer de manière plus rationnelles en trois demi-lunes, chemin couvert et places d'armes. Les travaux sont en partie réalisés lors de la venue de Vauban à Blaye en 1685. Ce dernier, constatant le caractère insuffisant des fortifications de la citadelle, propose deux projets de refonte d'ensemble, dont le plus ambitieux est adopté : le chantier, mené promptement de 1686 à 1689, a consisté à établir deux bastions monumentaux face aux boulevards du château et de la porte Saint-Romain, à la reprise des deux demi-bastions des extrémités nord et sud, ouvrages renforcés par trois demi-lunes. Les vestiges de l'abbaye Saint-Romain sont engloutis dans les glacis, alors que les dernières maisons des faubourgs les plus proches de l'enceinte sont détruites. Des terrassements importants sont aussi réalisés dans la partie sud-est pour reculer le mur d'enceinte d'une cinquantaine de mètres, afin de parer à des tirs depuis les collines environnantes. Par ailleurs, le dispositif défensif de la citadelle est complété d'un fort implanté en 1689-1690 sur la rive médocaine, et d'une tour à canons installée en 1690-1691 sur une île en formation face à Blaye, afin d'établir un véritable verrou sur l'estuaire.

Plusieurs projets de modernisation de la citadelle sont encore conçus dans la première moitié du 18e siècle, mais les travaux réalisés restent limités à des interventions ponctuelles intra-muros, notamment la création d'un hôpital de siège en 1739, la reprise des logements des gradés, puis la reconstruction en maçonnerie des ponts sur les fossés dans la seconde moitié du siècle. La citadelle est assiégée en mars 1814 lors de la remontée de la flotte de Wellington vers Bordeaux, mais la capitulation de l'empereur met fin au blocus. Un projet de création d'une batterie sur l'île Nouvelle est alors élaboré, finalement non réalisé. Le château est en partie démantelé dans les années suivantes, parallèlement à un projet de cavalier sur son site, non mis en œuvre.

Suite à la loi du 10 juillet 1851, la citadelle est classée dans la deuxième série des places de guerre, comme poste militaire. Outre des travaux d'entretien ponctuels, les aménagements les plus importants du 19e siècle sont postérieurs à 1860, destinés à équiper la place de trois batteries à longue portée, même si la création de forts et de batteries à l'embouchure de la Gironde au début de la décennie suivante limite temporairement l'intérêt défensif de la place de Blaye, une première fois déclassée en 1887. Cependant, la défense des côtes redevient une priorité à la fin du siècle, se traduisant par l'installation en 1899-1901 d'une artillerie puissante et nombreuse dans la citadelle, au fort Pâté et au fort Médoc.

L'histoire de la patrimonialisation de la citadelle commence dès le second quart du 20e siècle : l'enceinte extérieure est inscrite au titre des Monuments historiques en 1926. Pourtant, l'administration militaire cède le demi-bastion du Cône en 1930 comme carrière de pierre. La destruction est interrompue grâce à l'action du journaliste Paul Raboutet, véritable acte de la prise de conscience de l'intérêt patrimonial du site. La citadelle avec ses abords est ainsi classée en 1937, alors que la place forte est finalement désarmée en 1943. L'ensemble des bâtiments intra-muros est inscrit en 1947. Malgré ces protections, le chemin couvert du glacis est arasé en 1976. La reconnaissance internationale intervient en 2008, lors de l'inscription de la place de Blaye parmi le réseau des sites représentatifs de l'œuvre de Vauban sur la liste du patrimoine mondial par l'UNESCO.

Périodes

Principale : Antiquité

Principale : Moyen Age

Principale : limite 15e siècle 16e siècle

Secondaire : 1er quart 17e siècle

Secondaire : 2e quart 17e siècle

Secondaire : 3e quart 17e siècle

Principale : 4e quart 17e siècle

Secondaire : 1ère moitié 18e siècle

Secondaire : 2e moitié 19e siècle

Dates

1685, daté par source

Auteurs Personnalite : Rouvroy duc de Saint-Simon Claude de, personnage célèbre, commanditaire (attribution par source)
Auteur : Duplessy Michel Pierre, architecte, ingénieur (attribution par source)
Auteur : Ferry François

Ingénieur né à Paris en 1649 et décédé à La Rochelle le 12 septembre 1701. Ingénieur ordinaire (v. 1669). Ingénieur en premier en Aunis (v. 1680). ). Ingénieur général des provinces du Poitou, de Saintonge, d'Aunis, de Guyenne et du Béarn (1690). [Blanchard 2, 281]

, ingénieur militaire (attribution par source)
Auteur : Vauban Sébastien Le Prestre de, marquis, ingénieur militaire (attribution par source)

La place forte domine l'estuaire depuis un à-pic rocheux d'une trentaine de mètres sur son front ouest, le secteur de la palus des Cônes au nord, le cours du ruisseau du Saugeron à l'est et le chenal du port au sud. L'enceinte de terre revêtue d'un appareillage soigné de pierre de taille est constituée de deux bastions monumentaux à l'est, de deux demi-bastions aux extrémités sud et nord du promontoire, et de trois demi-lunes placées au-devant des portes, Royale et Dauphine. Les lignes de feu des différents ouvrages sont étagés depuis le boulevard du château, et rattachés par une fausse-braie, à l'exception du demi-bastion du port isolé du corps de place.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Mise en oeuvre : moyen appareil

  3. Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. tuile creuse, ardoise
Plans

système bastionné

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Blaye

Milieu d'implantation: en ville

Lieu-dit/quartier: la Citadelle

Cadastre: 1832 A1, B2 231 bis (Bâtiments non cadastrés.), 2014 AW

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