Hôtel de voyageurs, restaurant et casino La Roseraie d'Ilbarritz

France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Bidart

En 1911, la Société Immobilière de la Côte Basque acheta le château d’Ilbarritz et son parc dans le but de créer un véritable complexe hôtelier. Le projet fut stoppé par la guerre, puis finalement abandonné. En 1923, le domaine fut repris par la société Paris-Province qui entama la création d’un ambitieux lotissement portant le nom de Domaine d'Ilbarritz. L'immense propriété du baron Albert de l'Espée fut alors divisée en plus de 300 lots. Certains lots avaient conservé les dépendances du château d’Ilbarritz dont le pavillon chinois, un second pavillon et une maison. Sur le plan, l’îlot le plus proche du château était désigné comme réservé.

En 1926, la Compagnie Hôtelière Basque acheta 12 lots au sud-est du château, à flanc de colline, pour constituer le fonds d'un futur hôtel-casino. L'administrateur-délégué de cette Société Anonyme, dont le siège social était basé à Biarritz, n'était autre qu'Abel Bion, l'ingénieur-géomètre de ce lotissement. Sur le plan d’aménagement de 1924, ces 12 lots étaient répartis en deux îlots séparés par une allée (parcelles 204 à 217). D'après le registre municipal concernant les casinos, en août 1927, la société annonça son souhait d'édifier un nouvel hôtel comprenant un casino et en demanda préalablement l'autorisation. Cette demande fut toutefois refusée par le Préfet des Basses-Pyrénées qui estimait que le casino du « Pavillon Royal », dont le rendement était faible, suffisait largement aux touristes. Malgré ce refus, la société persista et demanda en octobre 1927 l’autorisation de commencer les travaux. Les architectes associés Joseph Hiriart, Georges Tribout et Georges Beau, furent chargés du chantier qui fut mené rapidement jusqu'à l'inauguration de l'établissement le 15 août 1928. L'hôtel proprement dit, au sud de la parcelle, comprenait 150 chambres et une salle à manger panoramique au dernier niveau. Isolé de ce dernier, à l'ouest contre la colline, furent bâtis un restaurant et un casino pourvu d'une terrasse. Enfin, en retour d'équerre par rapport à cette terrasse, une longue aile au nord accueillait un garage d'une capacité d'une centaine de voitures avec son propre atelier de mécanique. Cette aile était couverte en terrasse, avec d'ouest en est, un fronton de pelote basque, un court de tennis et une piscine. L’ensemble constituait l'écrin d'une grande cour et d'un jardin caractérisé par un jeu complexe d'escaliers extérieurs. Un golf miniature fut réalisé par l'architecte-paysagiste Henri Riousse. La modernité et le luxe de l'établissement furent le travail d'une variété d'artistes : les architectes-décorateurs Henri Sauvage et François Lafaye, les peintres Hélène Dufau et Maritchu Baignol, le maître-verrier Jacques Gruber, le sculpteur Denys Puech, le décorateur René Prou, le ferronnier Jean Schwartz, et enfin les ateliers Gaudin et Cazaux.

D'après la presse locale, la Roseraie d’Ilbarritz devint un lieu incontournable sur la côte basque. De nombreuses fêtes et divers évènements s'y déroulaient afin de divertir la clientèle aisée française et internationale durant leur séjour. Elle ne fut toutefois pas épargnée par la crise de 1929 et ses conséquences. La Compagnie Hôtelière Basque fut déclarée en faillite en 1931 et l’année suivante le tribunal de Bayonne mit en vente La Roseraie qui comprenait le grand palace, le casino, le parc, le jardin d’agrément, les dépendances ainsi que le mobilier et le matériel d’exploitation. A partir de 1932, l’usage du complexe hôtelier n'est pas clairement établi. D’après les matrices cadastrales, il fut finalement racheté par la Société Anonyme des Entreprises Générales qui avait même entamé des travaux selon la presse locale. Toujours d'après la presse, il rouvrit ses portes à l’été 1934 proposant tous les jours à 17 heures des thés et apéritifs dansants.

Lors de la Guerre d'Espagne, en 1937, le complexe hôtelier accueillit l’hôpital d’Euskadi qui avait pour directeur le docteur Arangueren. Il eut pour rôle de protéger et de soigner les blessés appartenant au gouvernement d’Euskadi. D’après la liste nominative datant du 29 novembre 1939, à cette date, l’hôpital employait 82 personnes pour 204 patients dont 134 étaient des blessés ou malades de guerre et 70 d’entre eux étaient des civils. D’après la presse locale, les réfugiés formèrent un chœur de chants basques reconnu qu’on appelait pour animer des évènements comme la fête basque organisée à Saint-Jean-de-Luz en août 1939.

Durant la Seconde Guerre mondiale, l'armée allemande s'y installa. Après la guerre, le complexe hôtelier passa aux mains de la Caisse autonome Nationale de la Sécurité Sociale dans les Mines qui souhaitait le transformer en centre d'accueil pour colonies de vacances destinées aux enfants de mineurs. Le bâtiment fut considéré comme sinistré par le ministre de la Reconstruction et en février 1950 l’opérateur de santé publique engagea des travaux afin de protéger le gros œuvre. D’après les plans de l’architecte Lesgourgue de Biarritz, les travaux consistèrent en la mise hors d’eau et hors d’air du bâtiment principal et de l’ancien casino et en la surélévation sur deux niveaux de l’aile sud-est du bâtiment principal dans la continuité de l'existant. En mai 1950, l’aménagement intérieur débuta , l’ancien hôtel abrita les dortoirs, le service médical et le logement du personnel tandis que l’ancien casino devint une salle de réunion et que l'étage du garage fut aménagé en réfectoire. La Roseraie accueillit des enfants jusque dans les années 1980.

En 1988, la branche immobilière espagnole BBV projeta d’aménager le bâtiment de l’ancien hôtel en un immeuble de 84 appartements de luxe et la construction de 4 immeubles à l’emplacement des ailes du garage et du casino. Ce projet, dénommé La Roseraie 2, prévoyait aussi la création d’une piscine sur un niveau de parking et d’un bar. Au début des années 1990, les ailes ouest (casino) et nord (garage) furent détruites, tandis que furent construits le parking surmonté d’une piscine et un immeuble de La Roseraie 2 avec son parking. L’ancien hôtel fut quant à lui largement remanié. Il fut coiffé d’une toiture en ardoise formant des terrasses échelonnées et des balcons furent ajoutés sur toutes les façades. En 1993, dans le cadre de la protection du littoral, plusieurs associations se mobilisèrent pour empêcher la poursuite du projet immobilier. Le tribunal administratif de Pau leur donna raison et annula le permis de construire accordé à la société immobilière. Si le projet fut ainsi stoppé, il n'en demeure pas moins que l'un des ensembles "art déco" les plus importants de la côte basque venait de disparaître.

Périodes

Principale : 2e quart 20e siècle

Secondaire : 3e quart 20e siècle

Secondaire : 4e quart 20e siècle

Dates

1928, daté par source

1950, daté par source

1990, daté par source

Auteurs Auteur : Hiriart Joseph, architecte (attribution par source)
Auteur : Beau Georges, architecte (attribution par source)
Auteur : Tribout Georges, architecte (attribution par source)
Auteur : Prou René

René Prou entre à l'âge de 15 ans, en 1902, à l'école Bernard Palissy du 10e arrondissement de Paris. Il en sort diplômé en 1908. Sa carrière débute au sein des établissements Gouffé du faubourg Saint-Antoine. Il en devient le directeur artistique. En 1912, il intègre la maison Schmidt & Cie. Il participe pour la première fois au salon d'automne de 1919 où il présente l'aménagement d'une cabine de première classe du paquebot Paris de la Compagnie Générale Transatlantique. Il se spécialise alors dans l'art du voyage en mer en travaillant sur les paquebots Volubilis, Roussillon, Cuba et Florida. Il obtient la totalité du projet d'aménagement du paquebot De Grasse dont la salle à manger est exposée au Salon des Artistes Décorateurs en 1924. Il participe en 1927 à l'aménagement du paquebot Ile de France aux côtés des plus célèbres confrères de son temps, Ruhlmann et Leleu. Il entame par ailleurs en 1922 une longue et fructueuse collaboration avec la Compagnie Internationale des Wagons-Lits, qui possédait des trains internationaux parmi les plus renommés, comme l'Orient-Express, le Train Bleu ou la Flèche d'Or.

, décorateur (attribution par source)
Auteur : Riousse Henri, architecte paysagiste (attribution par source)
Auteur : Sauvage Henri,
Auteur : Gruber Jacques,
Auteur : Dufau Hélène,
Auteur : Baignol Maritchu, peintre (attribution par source)
Auteur : Puech Denys, sculpteur (attribution par source)

L'actuel immeuble à logements est situé le long de l'avenue du château. Il domine le golf d'Ilbarritz au nord et au sud. Il se compose de trois volumes. Le volume principal construit en 1928, le garage et le second immeuble à logements construit au début des années 1990. Le volume principal adopte un plan à retours formant un V. Un noyau central de plan massé prolongé par une aile sud-ouest et une seconde aile sud-est. Les façades sont enduites.

La façade sud qui ouvre sur le hall comporte sept niveaux d'élévation : un rez-de-chaussée, six étages carrés et un étage sous comble. La composition est symétrique avec trois travées. Le rez-de-chaussée est prolongé par un porche hors-œuvre formant au premier étage une loggia aux garde-corps arrondis et une terrasse au second étage. L'ensemble présente un décor de cannelure. A partir du troisième niveau d'élévation la travée centrale est saillante et elle est prolongée par un balcon semi-circulaire aux garde-corps moulurés. Le dernier niveau est percé d'une baie dessinant un arc en plein cintre. L'avant-toit très prononcé est décoré de moulures triangulaires, semblables aux jardinières disparues.

L'aile sud-ouest comporte également sept niveaux d'élévation et neuf travées. Le rez-de-chaussée est désormais obstrué par le garage formant terrasse aux appartements du second niveau. Les niveaux trois, quatre et cinq sont prolongés par des balcons également semi-circulaires (ajoutés dans les années 1990). Le sixième niveau est parcouru par un balcon filant, la forme des moulures du garde-corps a été modifiée dans les années 1990. Une travée a conservé son décor de garde-corps au quatrième niveau.

L'aile sud-est présente une composition en gradins. La partie la plus haute comporte six niveaux d'élévation et un étage de comble. La façade sud présente les mêmes balcons semi-circulaires tandis que la façade nord présente des oriels.

A l'emplacement du jardin en terrasse a été construit l'immeuble à logements La Roseraie 2.

Murs
  1. Revêtement : enduit

Toits
  1. ardoise
Étages

6 étages carrés, étage de comble

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans brisés

Escaliers
  1. Emplacement : escalier intérieur

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Bidart , avenue du Château

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: Ilbarritz

Cadastre: 2017 AX 203

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