Établissement thermal

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Genèse d'un "établissement thermal-modèle"

La construction d'un nouvel établissement thermal au-dessus de la source du Clôt, découverte dans une petite grotte en 1785 et exploitée depuis 1805, est évoquée dès les années 1820 alors que l'architecte Jean Latapie effectue de nombreux travaux au sein du Vieil établissement. Un premier bâtiment précaire, destiné à l'exploitation de cette nouvelle source et comprenant 10 chambres, est édifié à la fin de cette décennie. En 1825, l'ingénieur Cailloux propose un plan général des lieux ainsi que des améliorations envisageables, mais les travaux sont ajournés par manque de moyens. A la fin de la monarchie de Juillet, le Vieil établissement est en si mauvais état et les prestations d'hébergement et de restauration sur place sont de si piètre qualité que les autorités se décident à bâtir un nouvel édifice, canalisant non seulement les eaux du Clôt, mais aussi celles du Rey et de l'Esquirette, ce qui implique de déplacer les constructions liées aux bains davantage vers le gave.

Après avoir imaginé un projet - non exécuté - d'hospice thermal en 1813 et avoir régulièrement conduit les travaux d'entretien du Vieil établissement, Vincent Latapie, architecte départemental des Basses-Pyrénées et frère du précédent est désigné pour concevoir ce projet ambitieux destiné à incarner "l'établissement thermal-modèle". L'architecte souligne entre autres contraintes la difficulté du terrain très escarpé, qui explique l'implantation inamovible de l'édifice, la disposition des 21 cabinets de bains autour de trois réservoirs, et donc le plan si caractéristique de l'établissement composé d'un carré flanqué de trois hémicycles. L'édifice concentre en outre l'ensemble des fonctions périphériques à l'activité thermale, telles que des logements et des salles de loisirs (billard, lecture, bal). Mais, en réalité, ce type de construction compilant toutes les fonctions de la vie thermale, pertinent au début du 19e siècle, commence déjà à être dépassé au regard des bâtiments exclusivement dédiés à l'usage médical construits à l'époque, à l'instar des thermes de Luchon.

L'exécution du projet

Les plans, dont la partie hydraulique est réalisée par l'ingénieur Jules François, et le devis d'un montant de 240.000 francs sont approuvés par le Conseil général le 1er août 1838. Selon la procédure habituelle, le Conseil des bâtiments civils examine ensuite le projet - dont l'institution fait d'ailleurs l'éloge, et le valide en 1840. Les travaux débutent dès l'année suivante. La fourniture de pierre pour les murs de fondation est adjugée au carrier Jean Sajus, avec un renouvellement le 9 janvier 1842.

En 1847, Jules François établit un rapport sur les travaux complémentaires à effectuer à l'intérieur des bains de l'Esquirette, situés à l'étage intermédiaire, et ceux du Clôt situés à l'étage inférieur. En 1850, suite à une réclamation de l'entrepreneur Lassalle-Barrère, auquel la commune doit 26.221 francs depuis 1847, Latapie indique qu'il reste encore une partie considérable des travaux à exécuter. En 1852, malgré le chantier inachevé, le médecin thermal Izarié note dans son rapport annuel qu'il reçoit progressivement le mobilier des salons, notamment destinés à accueillir le casino dit "Le Cercle", selon une délibération du conseil municipal de 1854. Dans son rapport de la même année, entre autres améliorations relatives aux bains, Izarié préconise encore l'achèvement des logements destinés aux étrangers. Le gros œuvre semble donc terminé vers 1854-1855.

Pour autant, le nouvel architecte départemental Gustave Lévy effectue rapidement des travaux "de restauration" portant sur l'ornementation. En 1855, il dresse un devis détaillé qui donne une idée relativement précise des matériaux utilisés pour les décors - pour la plupart aujourd'hui disparus. Il mentionne notamment la présence de stucs dans sept cabinets de bains, de peinture à l'huile à deux couches sur les portes des cabinets, les fenêtres des galeries, les plinthes et les baguettes d'angles, ainsi que du badigeon à la colle à trois couches pour les plafonds, les murs et les voûtes. Cette même année, Latapie, qui a quitté ses fonctions d'architecte départemental, délivre toutefois le certificat de capacité de Pierre Courrèges, entrepreneur de travaux publics aux Eaux-Bonnes, auquel sont adjugés les travaux.

L'année suivante, la commune est de nouveau confrontée aux difficultés financières qu'elle rencontre depuis l'exécution de ce projet. Après avoir fait deux emprunts de 50.000 francs en 1843 et 1846, elle indique avoir été victime de faux calculs et de prévisions "toujours trompées" qui l'ont poussée à chercher les ressources dont elle était dépourvue en cours d'exécution, d'autant que l'état de l'édifice nécessite des améliorations urgentes, notamment en raison du "défaut de propreté" et "du manque d'air, de lumière et de cabinets de toilette contigus".

En 1857, le médecin thermal Izarié, qui considère l'établissement comme "un véritable palais monumental", souligne l'absence cruelle de chauffage pour l'eau du réservoir du Rey dont le rétablissement serait un atout considérable pour la "richesse balnéaire" de la station. Il demande également la création de deux cabinets de douche et bains douches dans les hémicycles du Rey et du Clôt, la finalité étant de conserver l'organisation des bains par classe sociale (les espaces inférieurs sont réservés aux baigneurs des 2e et 3e classes ainsi qu'aux indigents ; les espaces supérieurs sont dédiés aux curistes de 1ère classe). Cette suggestion l'expose au désaccord de l'architecte départemental qui craint pour "l'harmonie intérieure" de l'édifice tandis que le médecin préfère "blesser le goût architectural de quelques puristes exagérés". Par ailleurs, le médecin préconise de couvrir l'escalier menant à la piscine, dans le soubassement pour éviter aux curistes d'être exposés en sortant du bain. Le cahier des charges pour l'adjudication de 1863 propose une description très précise de la distribution de l'édifice précisant que se trouve, dans la cour intérieure, une source d'eau commune froide qui jaillit près de l'ancien chemin de la grotte où se situe la résurgence du Clôt. Parmi les améliorations suivantes, Gustave Lévy conçoit un petit pavillon supplémentaire d'un étage abritant une lampisterie, une buanderie et une salle à repasser en 1864.

D'importants travaux sont ensuite exécutés par l'entrepreneur Abbadie fils en 1869 sous la direction de Jules Turon. Selon le devis estimatif élaboré dans ce cadre, toute la pierre de taille aurait alors été repassée pour partie à la fine boucharde, pour autre partie à la brosse. Le devis prévoit également le crépissage au mortier de ciment des corridors et des cabinets de bains attaqués par le salpêtre, qui doivent ensuite être badigeonnés au lait de chaux et à la colle. Il indique par ailleurs la nécessité de repasser l'ensemble des peintures et signale entre autres la fragilité de la toiture abîmée par les vents violents.

Remaniements sous la Troisième République

Dès 1884, la rénovation de l'établissement, que réclament notamment "les étrangers", fait l'objet de débats au conseil municipal, car, bien qu'il soit considéré comme "l'un des plus beaux des Pyrénées", ses aménagements et installations médicales commencent à être vétustes et défectueux. Une commission, incluant notamment le docteur Meunier, médecin thermal des Eaux-Bonnes, le docteur Daranz et l'architecte départemental Émile Doyère, est formée pour mener la réflexion. L'année suivante, cette commission conclut que les travaux s'élèveraient à 140.000 francs. En raison de son manque de moyens, la commune fait inscrire dans le nouveau cahier des charges de l'affermage 150.000 francs de travaux, dont 20.000 francs à effectuer la première année, 15.000 francs la deuxième et 15.000 francs la troisième.

En 1886, Émile Doyère, qui vient d'édifier la villa Excelsior aux Eaux-Bonnes, est désigné pour mener les travaux. Il dresse l'année suivante un projet de restauration de l'établissement thermal. Celui-ci comprend en particulier la démolition de l'hémicycle du Rey situé à l'est, dont tous les équipements, notamment les baignoires, les vasques, les marbres et les boiseries, sont déposés. Il conçoit également une charpenterie en fer pour l'hémicycle de l'Esquirette, au nord de l’édifice, visible sur la seule carte postale ancienne connue illustrant les décors antérieurs aux années 1950. Cette structure à la fois fonctionnelle et décorative témoigne pleinement de l'émergence grandissante de ce matériau en architecture dans la seconde moitié du 19e siècle et annonce sa vogue durant la Belle Époque.

Le devis dressé par Doyère, qui n'occupe que très brièvement le poste d'architecte départemental et s'expatrie au Chili, est, après validation du préfet, tamponné par son successeur, Philippe Leidenfrost en 1890. La matrice cadastrale confirme que la démolition partielle des bains survient entre 1887 et 1888. Le projet de Doyère est tout d'abord exécuté à partir de 1888 sous ses propres ordres et en plusieurs lots, par l'entrepreneur Courtade, qui doit percevoir 30.828 francs, par Isidore Prunet, chaudronnier plombier qui procède à la nouvelle installation hydraulique, puis par Lapuyade, Ilhé et Péhourcq, qui doivent encore recevoir un reliquat de 6.500 francs sous la responsabilité de Leidenfrost en 1892.

Au tournant du 20e siècle, l'accès aux actuels bureaux de l'administration était limité par un comptoir en bois occupant la largeur du vestibule et qui accueillait une bibliothèque avec service de vente ou location de livres ainsi qu'une parfumerie dont les produits étaient entreposés au sein de l'armoire centrale entre les deux arcs en plein-cintre. Concernant les espaces extérieurs, le parvis de l'établissement était aménagé en jardin ornemental avec étendues gazonnées et arborées. La passerelle conduisant à la promenade d'Argout (ou de l'Impératrice) était implantée au nord de l'édifice jusqu'en 1882, moment où la commune opte pour une reconstruction de plain-pied avec le parvis au sud afin de faciliter la traversée.

Des deux conflits mondiaux aux Trente Glorieuses

C'est sans doute au début du 20e siècle qu'est réalisé dans l'hémicycle ouest le vitrail illustrant la source du Clôt, signé du peintre-verrier G. Sacreste. Durant la Première Guerre mondiale, l'établissement est réquisitionné en vue de l'hospitalisation des blessés dès 1915. Un inventaire du mobilier est dressé par un dénommé Lailhergue, officier d'administration de 3e classe et gestionnaire des formations sanitaires des Eaux-Bonnes.

En 1930, les architectes Sajous et Hébrard, établis à Paris et Biarritz, procèdent entre autres travaux à la surélévation du dernier étage afin d'y installer des logements supplémentaires. Cette même année, la concession de l'établissement thermal est confiée à la Société mutuelle de retraite des médecins du front et placée sous la direction du docteur de Médevielle. L'établissement, qui n'a plus de casino, propose entre autres 80 chambres, des suites de luxe, des animations musicales, un cinéma, un salon de danse ou encore des bals et fêtes pour enfants, sans compter les animations traditionnelles ossaloises. Après la faillite de ce bail, la concession est accordée à un dénommé Gaspard.

Après la Seconde Guerre mondiale, en 1947, c'est l'Entraide Sociale qui obtient la concession de l'établissement thermal, mais aussi de plusieurs anciennes pensions bourgeoises et hôtels où sont hébergés les curistes plus humbles relevant du nouveau tourisme sanitaire et social. Entre 1958 et 1997, l'association caritative, marquée par les personnalités de son médecin, le docteur Simian, et de son directeur Albert Guichot, auquel est attribuée la réussite de la station, procède à d'importantes transformations, faisant disparaître définitivement les décors originels du 19e siècle au profit de carrelages de série installés par économie et hygiénisme hospitalier dans l'ensemble des édifices qu'elle gère. Du sous-sol aux combles, des logements aux cabinets de bains, tous les espaces des thermes sont tapissés de ces carrelages, certains bleus, d'autres blancs, souvent marrons, rehaussés de motifs floraux ou de soleils en mosaïques. Dans le soubassement, les bains situés dans la galerie après la piscine sont destinés aux enfants et revêtus de carrelages aux motifs des Fables de La Fontaine alors que, dans le contexte de la reconstruction du pays, l'hémicycle nord arbore les blasons des principales villes de France.

A l'initiative d'Albert Guichot, une passerelle est installée en 1954 au-dessus de la route nationale entre l'hôtel de France et les environs de l'établissement afin de sécuriser la traversée. C'est également durant cette période que la cour intérieure est couverte - et mise à l'abri - par des pavés de verre. En 1963, l'engagement et le dynamisme d'Albert Guichot sont salués par l'académie de médecine qui lui transmet "ses félicitations pour son œuvre de bâtisseur, [et] de la reconnaissance pour son apport exceptionnel à la santé publique". Le bail avec l'Entraide sociale prend fin en 1997 pour laisser place à une gestion en régie.

Périodes

Principale : 2e quart 19e siècle

Secondaire : 3e quart 19e siècle

Principale : 4e quart 19e siècle

Principale : 2e quart 20e siècle

Secondaire : 3e quart 20e siècle

Dates

1841, daté par source

1887, daté par source

1930, daté par source

Auteurs Auteur : Abbadie fils

Entrepreneur domicilié aux Eaux-Chaudes dans les années 1860 et 1870.

, entrepreneur (attribution par source)
Auteur : Doyère Emile

Ancien élève de l’École des Beaux-arts, architecte des édifices diocésains et architecte départemental, partisan de Viollet-le-Duc et des doctrines anti-académiques, qui s'illustre magistralement dans la seconde partie de sa carrière au Chili.

, architecte départemental (attribution par source)
Auteur : Leidenfrost Philippe

Dans les Basses-Pyrénées dans les années 1890.

, architecte départemental (attribution par source)
Auteur : François Jules, ingénieur (attribution par source)
Auteur : Lévy Gustave

Architecte départemental des Basses-Pyrénées, en poste entre 1856 et 1879. Il travailla notamment pour les églises de : Garlin (reconstruction, 1856-1864), Rontignon (achèvement, 1857-1861), Arzacq (construction, 1857-1868), Eaux-Bonnes (temple protestant, thermes, mairie, écoles..., 1857-1861), Aubertin (construction, 1859-1867), Bougarber (clocher, 1861-1868), Bilhères (agrandissement, 1863-1867), Eaux-Bonnes (église, 1862-1869), Saint-Palais (deux projets de construction refusés, 1863 et 1864), Lamayou (construction, 1864-1876), Maucor (reconstruction, avant 1867), Beuste (construction, 1864-1869), Bordes (construction, 1864 puis 1872-1885), Saint-Faust (construction, 1866-1867), Arbus (reconstruction, 1867-1868), Portet (reconstruction, 1867-1870), Abère (projet de reconstruction non exécuté, 1868), Ponsons-Dessus (construction, vers 1868), Saint-Vincent (projet de construction d'un clocher, non exécuté, 1868), Soumoulou (projet de construction non exécuté, 1870), Boeil-Bezing (reconstruction, 1871), Arrien (projet de reconstruction non exécuté, 1872), Esquiule (reconstruction, 1874-1879).

Plusieurs travaux et équipements importants lui sont attribués à Pau : réaménagement de l'ancien asile d'aliénés départemental et construction d'un nouveau (Saint-Luc, 1865-68) ; hôtel de ville-théâtre (1862) ; prison départementale (1863) ; Grand Hôtel (1862)...

, architecte départemental (attribution par source)
Auteur : Turon Jules

Conducteur de travaux, actif dans la seconde moitié du XIXe siècle aux Eaux-Bonnes et aux Eaux-Chaudes.

, conducteur de travaux (attribution par source)
Auteur : Sajous Henri Paul Pierre

Architecte né à Bordeaux le 2 mai 1897 et mort à Nice le 5 juillet 1975. Prénom usuel : Henri. Fils de Jean Bertrand Léon Sajous (1865-1937), employé de commerce, et d'Euphrasie Marguerite Bernelas (1873-1962), modiste à Bordeaux. Marié à Paris, le 14 avril 1928, avec Jeanne Marthe Charlier (son témoin fut son ami le sculpteur Jean Gabriel Rispal). Admis en 1921 à l'École nationale supérieure des beaux-arts section architecture à Paris, élève de Georges Gromort et de Roger-Henri Expert. Architecte actif à Biarritz dans l'entre-deux-guerres, associé à Émile Molinié, Charles Hébrard et Charles-Henri Nicod (Grand prix de Rome), rencontrés lors de ses études parisiennes ; travaille au Brésil de 1930 à 1959, puis à nouveau en France de 1959 à sa mort.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Hébrard Charles

Joseph Charles Hébrard, architecte né à Biarritz le 5 mai 1895 et mort à Arcangues le 13 mai 1941 ; fils de Jean Hébrard (1858-1894), chapelier, et de Joséphine Bidegaray (1860-1942) ; épouse à Saint-Vincent-de-Tyrosse, le 3 août 1925, Jeanne Marie Marguerite Hirigoyen (1900-1974), dont il eut six enfants : Jean, Marie (Mme Jacques Huguenin), Geneviève (Mme Pierre Senchou), Michel, Bernadette et Colette (Mme Claude Clavier). Charles Hébrard fut associé à Biarritz, dans l'entre-deux-guerres, à Henri Sajous et Charles-Henri Nicod.

, agence d'architecture (attribution par source)
Auteur : Sacreste G., peintre-verrier (signature)
Auteur : Latapie Jean

Architecte municipal de Pau (1810-1837), ayant œuvré à d'autres chantiers (Eaux-Bonnes, Eaux-Chaudes...).

Fils de Guillaume Latapie, maçon de Jurançon, et frère aîné de Vincent Latapie, architecte départemental des Basses-Pyrénées, avec lequel il est parfois confondu.

, architecte (attribution par travaux historiques (incertitude))
Auteur : Latapie Vincent

Architecte départemental des Basses-Pyrénées de 1837 à 1853 ; intervient également comme architecte secondaire de la Couronne sur le chantier du château de Pau.

Fils de Guillaume Latapie, maçon de Jurançon, et frère cadet de Jean Latapie, architecte municipal de Pau, avec lequel il est parfois confondu.

, architecte départemental (attribution par source)

Un édifice néoclassique dans le paysage pyrénéen

L'édifice est une référence manifeste au néoclassicisme plébiscité au sein des thermes romantiques de la première moitié du 19e siècle. Implanté sur un terrain escarpé au-dessus du gave, son plan rectangulaire est flanqué de deux hémicycles au nord et à l'ouest, vers où sont acheminées les eaux des sources du Clôt et de l'Esquirette. A l'emplacement du troisième hémicycle originel du Rey, à l'est, se trouve désormais un parking. Compte tenu de l'escarpement du terrain, l'édifice se déploie sur quatre étages de soubassement vers le gave, puis trois étages carrés et un niveau de comble.

La façade principale, ordonnancée, est tournée vers le sud et agrémentée d'une vaste esplanade semi-circulaire, répondant en symétrie à l'hémicycle nord et dotée d'une fontaine. Deux pavillons d'une travée chacun entourent le corps central composé de sept travées. Chaque étage est cependant traité de façon spécifique : le rez-de-chaussée est rythmé par une série de neuf arcades en plein-cintre ; le premier étage est parcouru par un balcon avec rambarde métallique et des portes-fenêtres ; le deuxième étage est ponctué de baies simples ; le dernier étage est percé de baies plus petites ; les combles sont dotés de lucarnes en chien-assis.

Malgré les références architecturales savantes, le maître d’œuvre fait appel aux matériaux et modes constructifs vernaculaires (moellons recouverts d'enduits ; encadrements de baie en pierre de taille locale ; lucarnes en chien-assis).

Une distribution fonctionnelle et rationnelle

A l'intérieur, la distribution s'organise autour d'une cour intérieure carrée, couverte à partir du premier étage par des pavés de verre. Au rez-de-chaussée, ce patio est doté d'une fontaine ronde en céramique comportant six robinets en référence aux six sources de la station. A chaque étage, les espaces de circulation se déploient autour du patio et ouvrent sur des appartements, de plus en plus petits à mesure que l'on s'élève dans l'édifice. Au niveau des combles, la galerie entourant le patio, totalement découverte, constitue un déambulatoire abrité des vents tout en offrant une vue privilégiée sur les montagnes.

Les espaces de soins sont répartis dans les deux hémicycles remaniés dans les années 1960. Celui de l'ouest accueille un vaste volume avec un escalier à plusieurs volées qui dessert des cabines de bains. Celui du nord abrite d'autres cabines de bains et de consultation. Au sous-sol, se trouvent notamment la piscine, installée dans un petit espace bordé d'arcades en plein-cintre, ainsi que les bains des enfants, désormais inexploités, dans la galerie desquels passent des installations techniques. Les murs et les plafonds des espaces de bains, aussi bien que ceux des logements, sont entièrement recouverts de carrelage de céramique, tantôt en grands ou petits carreaux, tantôt en mosaïques. La fontaine centrale du rez-de-chaussée est également couverte de carrelage bleu. Au-dessus de chacun des six robinets, sont inscrits les noms des six sources locales (Esquirette, Rey, Clôt, Baudot, Larressec, Minvielle). Toutes les baignoires, de petite ou de grande taille, sont sculptées en marbre blanc. Quelques fontaines avec leurs vasques et leurs pieds en marbre blanc ou en calcaire d'Arudy subsistent au rez-de-chaussée et au premier étage.

Dans le soubassement, sont localisées les espaces techniques et plusieurs galeries souterraines où passent les canalisations de captages des eaux, allant de la terre cuite à des matériaux contemporains, et témoignant de l'évolution des techniques hydrauliques mises en œuvre depuis la construction de l'établissement.

Murs
  1. Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

  2. Matériau du gros oeuvre : brique

Toits
  1. ardoise
Plans

plan carré régulier

Étages

4 étages de soubassement, 3 étages carrés, étage de comble

Élévations extérieures

élévation ordonnancée

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

Escaliers
  1. Emplacement : escalier dans-oeuvre

    Forme : escalier tournant à retours avec jour

  2. Emplacement : escalier dans-oeuvre

    Forme : escalier droit

  3. Emplacement : escalier dans-oeuvre

    Forme : escalier tournant à retours sans jour

Décors/Technique
  1. céramique
  2. vitrail
Décors/Représentation
  1. Representations : blason

    Symboles : symbole régional

  2. Representations : fleur

  3. Representations : soleil

  4. Representations : animal

  5. Representations : oiseau

  6. Representations : homme


Précision sur la représentation :

Dans le patio et le bureau de l'administration, le carrelage adopte des nuances de bleu profond en référence à l'eau et représente des hommes courant au cœur de paysages dessinés en noirs (soleil, fleurs, oiseaux etc.) dans le style avant-gardiste des années 1960. Dans certains espaces comme les vestiaires du rez-de-chaussée, une mosaïque blanche est rehaussée par un soleil stylisé jaune cerné de bleu parsemé au plafond. Dans l'hémicycle nord, le rez-de-chaussée est orné d'un carrelage blanc enrichi par d'autres plaques de céramique illustrant les blasons des villes et des provinces emblématiques des Pyrénées occidentales (Laruns, Pau, Hendaye, Biarritz etc.). Dans l'hémicycle ouest, le vaste volume de la cage d'escalier, autour duquel se déploient les cabines de bains, est recouvert de carreaux marrons et, au niveau du premier étage, d'une frise blanche arborant les blasons des principales villes et provinces de France (Lorraine, Paris, Périgueux etc.). La galerie des bains des enfants est ornée, sur un carrelage mosaïque bleu, d'une série de plaques avec des dessins et les titres évoquant les Fables de La Fontaine, une iconographie courante dans les espaces scolaires ou culturels des années 1960 et dont le nom de l'auteur fait manifestement écho à la présence de l'eau. Même les espaces extérieurs du patio, dans les derniers étages, sont revêtus de carrelage de série, bleu ou marron, rehaussés de fleurs.

Dans l'hémicycle ouest, au-dessus d'une fontaine, deux vitraux polychromes expressionnistes représentent l'un la source du Clôt, l'autre le Pic du Midi d'Ossau.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Laruns , Place des Thermes

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: Eaux-Chaudes

Cadastre: 2018 BE 2

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