L'hôtel de Région du Limousin, puis maison de la Région Nouvelle-Aquitaine, site de Limoges

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Lors de sa création en 1974, l’établissement public régional alors sous tutelle de l’État s'installe dans l’ancienne Chambre de commerce, au 41 boulevard Carnot. Les séances plénières ont lieu à la Préfecture. En 1982, suite à la loi de décentralisation, la Région obtient le statut de collectivité territoriale. La construction d'un hôtel de Région est alors décidée. Plusieurs sites sont envisagés : tout d'abord l'ancien hôpital général construit au 18e siècle situé près de la mairie, qui abrite aujourd’hui la Bibliothèque Francophone Multimédia ; puis dans le quartier de Beaubreuil, en périphérie de la ville; mais ce choix a très vite été jugé trop excentré. Finalement, le site retenu en octobre 1984 se trouve au cœur d’une importante opération de rénovation urbaine. Central, il est situé entre les deux quartiers historiques de la ville : le Château et la Cité. Il doit former « un véritable trait d’union entre le centre-ville et le quartier de la cathédrale » et faire office de ponctuation entre les deux édifices majeurs que sont la cathédrale et la mairie.

Le secteur où s’implante le bâtiment du Conseil régional est donc un quartier neuf. D'autre part, l’implantation de l’hôtel de Région constitue une étape importante dans le remaillage du tissu administratif local, notamment en regroupant sur un seul site plusieurs institutions. En effet, l’édifice devait initialement abriter, outre l’hôtel de Région, le Secrétariat Général des Affaires Régionales (SGAR), le Fonds Régional d’Art Contemporain (FRAC), la Paierie régionale, la Chambre régionale des comptes, la élégation régionale du Centre National de la Fonction Publique Territoriale (CNFPT) et le Centre Régional de l’Information Jeunesse (CRIJ).

L'architecte Christian Langlois, qui termine alors l'hôtel de Région du Centre, est associé au projet dès les premières phases de réflexions, entre 1982 et 1984. Le président de Région Louis Longequeue lui demande, à l'automne 1984, de renoncer à siéger dans le jury afin de présenter un projet au concours. Il remporte en avril 1985 grâce la voix prépondérante du président.

Chrstian Langlois reforme l'équipe créé à Orléans avec Luc Arsène-Henry, associé à Jean-Louis Dufour et Philippe Spangenberger. Il se charge plus particulièrement de la conception d'ensemble et du dessin de façade, Luc Arsène-Henry est chargé de réaliser les intérieurs. Le dessin de l'hôtel de Région s'inscrit dans la filiation formelle de l'hôtel de Région du Centre et du Sénat.

Les plans sont livrés en 1985. les travaux débutent en 1986 et, malgré les difficultés inhérentes au site (des maisons non encore cédées doivent être épargnées avant d’obtenir l’autorisation de les démolir, et les excavations importantes des deux niveaux de sous-sols sont compliquées par les eaux souterraines de l’Enjoumar, qui coule encore sous le bâtiment), s’achèvent au printemps 1989. L’inauguration a lieu le 12 mai 1989 en présence du Président de la République François Mitterrand.

Langlois souhaitait mettre en valeur le croisement du boulevard de la Corderie et de la rue des Petites-Maisons. Cette dernière, peu fréquentée, constitue un axe particulièrement privilégié puisqu’elle prolonge la rue de la Cathédrale qui débouche sur le portail de saint-Romain. Par ailleurs, pour souligner ce croisement, il envisage de créer une place semi-circulaire bordée d’arcades et ponctuée de fontaines, dont l’hôtel de Région aurait réalisé le premier quart de cercle. Seuls ce premier quart de cercle et une des fontaines prévues seront réalisés.

Périodes

Principale : 4e quart 20e siècle (daté par source)

Auteurs Auteur : Langlois Christian

Diplômé de l’École nationale supérieure des beaux-arts en 1951, Christian Langlois (1924-2007) travaille d’abord avec Roger Séassal (1885-1967) et Jean Niermans (1897-1989), architecte en chef de la reconstruction de Dunkerque) et s’intéresse particulièrement à la reconstruction des abords de la cathédrale de Rouen.

Associé à Urbain Cassan (1890-1979), il dessine le parc départemental des sports et l’aire de grands jeux de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne). On sait qu’il réalise également quelques immeubles à Neuilly-sur-Seine et à Paris ainsi qu’un grand ensemble à Melun. Architecte des Bâtiments civils et des Palais nationaux, sa renommée est surtout liée au Sénat, dont il est architecte adjoint en 1957, puis architecte en chef en 1965. C’est à ce titre qu’il est chargé des travaux d’agrandissement du Sénat, de 1973 à 1977 (salles souterraines sous le jardin, patios à ciel ouvert le long de l’allée de l’Odéon et bâtiment neuf rue de Vaugirard).

Dans les années 1980, Christian Langlois enchaîne des chantiers de bâtiments administratifs où ville moderne et monument ancien se conjuguent : l’aménagement de la place de la cathédrale à Orléans (Loiret), l’agrandissement de la préfecture de Nancy (Meurthe-et-Moselle) ainsi que des réalisations ex-nihilo, telles que l’hôtel de Région du Limousin, et en 1986, la Maison du département de la Manche (Saint-Lô).

, architecte (attribution par source)
Auteur : Arsène-Henry Xavier

Xavier Arsène-Henry, né à Bordeaux, est diplômé de l’École des beaux-arts de Paris dans l’atelier Gromort-Arretche en 1946. Il continue sa formation à l’Institut d’urbanisme de l’université de Paris entre 1949 et 1950.

Deuxième Second Grand Prix de Rome en 1950, il enseigne en tant que chef d’atelier extérieur à l’École nationale supérieure des beaux-arts à partir de 1951. Associé à son frère Luc Arsène-Henry (1924-1998), il ouvre des agences à Paris, Bordeaux et Nîmes. Il conçoit notamment des logements, des plans d’urbanisme et des immeubles d’administrations. En 1953, il construit le couvent franciscain de La Clarté-Dieu, à Orsay (Essonne).

Il exerce plusieurs fonctions officielles : architecte en chef de plusieurs zones d’urbanisation prioritaires, membre du Conseil supérieur du ministère de la Construction, architecte-conseil du ministère de la Construction pour la Ville de Marseille, membre de la Commission de l’habitation pour le IVe plan, architecte de la Mission pour l’aménagement de la côte aquitaine, architecte du service des Ponts et Chaussées.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Dufour Jean-Louis

Jean-Louis Dufour, associé du cabinet de Pierre Blareau dès 1967, ouvre une agence à Limoges la même année. Il cesse son activité professionnelle en 2002.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Spangenberger Philippe

architecte à Tulle (Corrèze), fondateur en 1984 de l'association professionnelle Urba-Tulle.

, architecte (attribution par source)

Construit en béton armé habillé de granite, l'hôtel de Région est une déclinaison de l’hôtel particulier, avec un pavillon central entre cour et jardin, flanqué d’ailes. La façade principale du bâtiment donne sur le boulevard de la Corderie, tandis que ses ailes longent les rues adjacentes. Le dessin des façades reprend les traits les plus caractéristiques du style Langlois, déjà déclinés dans les agrandissements du Sénat et surtout dans l'hôtel de Région du Centre-Val de Loire : ceinture d’arcades formant une galerie ouverte qui coure sur l’ensemble du rez-de-chaussée - sauf au niveau de la façade postérieure sur jardin - et omniprésence des balustres qui ornent les baies du premier étage.

Les jeux de volumes entre bâtiments et le traitement architectural des angles de rues et des entrées différencient les quatre corps de bâtiment initialement dévolus à des fonctions différentes. En circulant autour du bâtiment du sud-ouest au nord, se succèdent, à l’angle de la rue des Petites-Maisons et du boulevard de la Corderie la façade concave centrée sur la fontaine ; la profonde échancrure de la cour d’honneur sur le boulevard et le porche de la cour de service ; le grand pan coupé qui adoucit l’angle du boulevard et de la rue de Charseix ; et enfin la colonnade en portique qui souligne l’entrée sur cette dernière rue.

La cour d’honneur ouvrant sur le boulevard et les jardins réguliers – privés, et lisibles seulement depuis les étages -à l'arrière du bâtiment soulignent le modèle de l’hôtel particulier. Une terrasse semi-circulaire couvre la salle d’assemblée, tandis qu’un jardin régulier réduit est implanté au sud-ouest du site. Les cours de service se trouvent en contrebas des jardins, dont le développement sera considérablement réduit par la création d’un parking public à l’ouest du bâtiment.

La cour d’honneur se prolonge par un grand hall qui forme balcon sur un second niveau. Celui-ci conduit à la salle d’assemblée en contrebas. L’escalier central largement ouvert réalise la liaison physique et visuelle entre ces deux niveaux, ainsi qu’avec les étages. La salle d’assemblée est placée au centre du bâtiment, sous un jardin en terrasse. Son plafond en béton blanc et les colonnes octogonales en pointe de diamants - identiques à celles de la Salle des pas perdus d’Orléans – sont l’œuvre de Luc Arsène-Henry.

Le décor intérieur est limité aux boiseries – huisserie, rampe – et à l’emploi de matériaux locaux – granite du Compeix (Creuse) ; seule dérogation à cette règle, une tapisserie d'Aubusson monumentale réalisée par l'atelier de Camille Legoueix, ayant pour thème le Limousin.

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