Promenades d'Eaux-Bonnes
France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Eaux-Bonnes
Historique
Les aménagements paysagers et les promenades témoignent des préoccupations hygiénistes et sociales et d'un nouveau mode de vie traduits dans l'urbanisme du 19e siècle, en particulier à compter du Second Empire dans les stations de villégiature thermales, climatiques et balnéaires. Face à sa fréquentation grandissante, le village thermal d'Eaux-Bonnes est incité à concevoir de tels équipements, qui viennent compléter le jardin anglais existant (futur Jardin Darralde), dès la seconde moitié de la Monarchie de Juillet. A cette époque, en effet, les baigneurs qui souhaitent s'adonner à des promenades de convalescence n'ont d'autre choix que de se frayer péniblement leur chemin sur les voies rurales parsemées dans les environs.
C'est pourquoi, à l'initiative de quatre mécènes, en l'occurrence Adolphe Moreau, le comte de Kergorlay, Alexandre de Ville et le comte Dulong de Rosnay, un premier aménagement est réalisé en 1842, celui de la Promenade Horizontale en direction des Eaux-Chaudes. Cette promenade, qui connaît une renommée internationale, constitue la tête de proue d'un vaste réseau de chemins aménagés à l'attention des villégiateurs entre les années 1840 et 1870. En règle générale, ces promenades sont exécutées à l'initiative de donateurs dont elles portent le patronyme, puis elles sont cédées à la commune qui se charge ensuite de leur entretien.
Ainsi, outre la Promenade Horizontale et celle de la Montagne Verte, toutes deux ouvertes en 1842, la station d'Eaux-Bonnes compte les promenades Gramont, d'Auribeau, Jacqueminot, Eynard, Pleysse et de l'Impératrice. Ces sentiers peuvent également porter d'autres dénominations en rapport avec leur environnement ou leurs parcours, ce qui parfois peut brouiller la compréhension de l'organisation de ce réseau piétonnier.
La Promenade Jacqueminot est aménagée au début des années 1840 par un célèbre général et homme politique, vicomte de Ham.
La Promenade Eynard doit son existence à un notable de Genève passionné d'hellénisme, qui la commanda à la même époque. Bien qu'il ne semble pas être retourné dans la station, celui-ci mandata quelques années plus tard l'un de ses amis afin de faire exécuter les travaux de réparation à ses frais.
Le nom de la Promenade Gramont est, pour sa part, inspiré d'un séjour de Montaigne en 1660 qui, en hommage à la puissante famille du Béarn, évoqua les Eaux-Bonnes "gramontaises".
La Promenade Jacqueminot, sur un sentier peu praticable, fut réalisée d'après des plans dressés par l'ingénieur Turon en 1863. Afin de ne pas perdre de temps, les fonds pour son exécution furent prélevés sur ceux de l'Hospice Sainte-Eugénie.
La Promenade d'Auribeau - ou d'Orteig - fut, quant à elle, réalisée grâce au concours de l'ancien préfet des Basses-Pyrénées du même nom en fonction de 1862 à 1869.
La Promenade de l'Impératrice, qui se prolonge par celle du Gros-Hêtre, fut, pour sa part, commandée par Napoléon III en cadeau pour son épouse via un décret du 4 janvier 1862. Véritable prouesse, elle fut aménagée sur trois kilomètres en quelques jours seulement par 400 ouvriers sous la direction de l'inspecteur général des Ponts et Chaussées Onfroy de Bréville, afin que l'impératrice puisse l'inaugurer avant son départ. Pour son prolongement vers la cascade du Gros-Hêtre, exécuté sous le contrôle de l'ingénieur Turon, un immense terrain, sur lequel passe l'ensemble de la promenade, fut concédé par le dénommé Sens en 1864 et 1865, après autorisation du préfet.
La Promenade de Pleysse, plus tardive et ayant nécessité l'expropriation du dénommé Médevielle, est réalisée entre 1876 et 1880, puis élargie entre 1882 et 1889.
Trois promenades ont été remaniées dans la seconde moitié du 20e siècle, en l'occurrence celle de la Montagne Verte, qui a été bitumée et transformée en route carrossable, la Promenade Horizontale qui a été partiellement bitumée et relie la route nationale 134, et la Promenade de l'Impératrice dont une grande partie a été goudronnée pour remplacer une route endommagée par des éboulements.
Équipements essentiels de la vie thermale, participant fondamentalement à l'embellissement urbain, toutes sont systématiquement mentionnées dans les guides touristiques ou les récits de voyageurs du 19e siècle, au même titre que les hôtels et les établissements thermaux. Elles sont généralement ponctuées de buts de promenade, telle la Butte au Trésor, et de points de vue spectaculaires sur des sites naturels, comme les cascades du Valentin, du Gros-Hêtre et d'Iscoo, où un pont de bois est remplacé par une structure maçonnée en 1887. La puissance des éléments nourrit la dimension esthétique et imaginaire de ce patrimoine paysager, portant, malgré les apparences, l'empreinte humaine, et stimule fortement les artistes et les littérateurs qui les fréquentent et en dressent d'abondantes représentations romantiques - peintures, aquarelles, lithographies, poèmes et autres récits laudateurs.
Détail de l'historique
Description
Les promenades d'Eaux-Bonnes ont généralement été créées à partir de chemins ruraux. Elles s'adaptent aux spécificités de leur environnement naturel, en particulier au relief, tout en tirant parti de la grandeur des paysages que les aménageurs intègrent subtilement dans les tracés. Ce procédé, courant au 19e siècle, s'inscrit dans la lignée des aménagements paysagers rompant avec les jardins classiques et plébiscités dès la seconde moitié du 18e siècle dans les jardins pittoresques anglais. Cela produit des chemins sinueux, tracés presque intuitivement, qui permettent de ménager une grande diversité de séquences de promenade et des successions de découvertes, mais aussi de ponctuer l'itinéraire par des places ou des points de vue propices aux pauses contemplatives. Les chemins, couverts de gravier ou de terre foulée, sont bordés de plantations arborées composées d'essences endémiques et d'essences exotiques, dès lors qu'elles sont capables de résister à la rudesse du climat, ce qui témoigne de la démarche éclectique propre au second 19e siècle. Certains chemins étaient en outre agrémentés d'arbustes et de haies soigneusement taillés, dont il ne subsiste plus que quelques vestiges parsemés. Il était également de coutume d'animer le parcours par des évènements visuels, naturels ou produits par la main humaine, comme des fabriques et des kiosques historicistes ou des chalets d'inspiration helvétique.
La Promenade Horizontale débute de l'Hôtel des Princes en direction des Eaux-Chaudes sur un sentier sans dénivelé parcourant le flanc du Mont Gourzy. Son parcours comprend une place dotée d'un kiosque, où avaient lieu de nombreuses animations, ainsi que la Villa Bellevue, sans compter les innombrables points de vue sur Laruns, le village d'Aas et les sommets environnants.
La Promenade Gramont se déploie à partir de l'entrée de la Promenade Horizontale, derrière le casino, pour monter en divers lacets jusqu'au plateau du Mont Gourzy. Animée à l'époque par le chalet de tir Lissonde, elle s'achève à côté du pavillon de la Source froide, qui en constitue une étape pittoresque.
La Promenade Jacqueminot, caractérisée par son important dénivelé qui impose une ascension continuelle, prend naissance sur la Promenade Gramont, au sud du village, et se compose d'une longue série de lacets menant au plateau du Gourzy ou vers le Pic du Ger. Lors de son aménagement, Turon recommanda que les lacets soient suffisamment larges pour le passage des chevaux.
La Promenade de l'Impératrice, ou du Gros-Hêtre, débute derrière l'Hospice Sainte-Eugénie, en face de la Villa Excelsior, et se prolonge sur trois kilomètres à partir de la gorge du Pic du Ger. Elle rejoint ensuite la route thermale menant à Cauterets. Située à l'entrée du parcours, la Butte au Trésor, au sommet de laquelle on accède par un sentier hélicoïdal, constitue un incontournable point de vue en hauteur sur la station thermale. Ce parcours était en outre ponctué d'animations, comme des stands de tir à la carabine et au pistolet détenus par le dénommé Labeille. Au niveau de la cascade du Gros-Hêtre se trouvait un restaurant de montagne, installé dans une modeste maison rurale ossaloise.
Plus courte, la Promenade Eynard, passant derrière l'établissement thermal, la Maison Pommé et l'Hôtel Richelieu, relie la Promenade de l'Impératrice à la Promenade d'Auribeau - ou d'Orteig -, c'est-à-dire le grand établissement thermal du haut du village avec les Thermes d'Orteig, implantées en contrebas.
La Promenade d'Auribeau, plus urbaine dans sa partie basse, se développe depuis la Promenade Eynard jusqu'à la place d'Orteig en traversant la route thermale de Cauterets.
La promenade de la Montagne Verte démarrait à côté des Thermes d'Orteig et se prolongeait sur la rive droite du Valentin jusqu'au sommet de la montagne. Sa première portion a été transformée en route pour automobiles conduisant au village d'Aas, tandis que sa seconde partie, plus ascensionnelle, s'apparente désormais davantage à un chemin de randonnée. Avec la Promenade de Pleysse, menant au même sommet par un parcours différent, elles offrent un point de vue spectaculaire sur la station thermale nichée dans la gorge du Pic du Ger.
Enfin, trois cascades, évoquant la puissance des éléments naturels, contribuaient fondamentalement à la valorisation du réseau pédestre et constituaient autant de buts pittoresques et romantiques de promenade, abondamment représentés dans l'iconographie de l'époque. La cascade du Valentin, amenuisée à la fin du 19e siècle par l'installation de l'usine hydroélectrique, constituait l'objectif d'une promenade éponyme. La cascade du Gros-Hêtre était, quant à elle, l'aboutissement de la Promenade de l'Impératrice. La cascade d'Iscoo se trouve sur la route de Cauterets, à environ trente minutes de marche du village thermal.
Détail de la description
Toits |
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Couverts et découverts de jardin |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA64002664 |
Dossier réalisé par |
Delpech Viviane
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Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Pyrénées-Atlantiques |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2018 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Université de Pau et des Pays de l'Adour |
Citer ce contenu |
Promenades d'Eaux-Bonnes, Dossier réalisé par Delpech Viviane, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Université de Pau et des Pays de l'Adour, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/5504328d-4dbc-450a-bf2c-859f81206070 |
Titre courant |
Promenades d'Eaux-Bonnes |
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Dénomination |
promenade |
Statut |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Eaux-Bonnes
Cadastre: 2018 AN (Promenades déployées sur l'ensemble de la section AN du cadastre.)