Présentation de la commune de Saint-Léon-sur-Vézère

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Des origines à la période antique

Quatre gisements du territoire communal, à Belcayre et à La Rochette (qui ne font bien en réalité qu’un seul site), découverts vers 1872-1874 par Alain Reverdit, datent du paléolithique et attestent d'une occupation multimillénaire de celui-ci. Par ailleurs, le site préhistorique du Moustier est fouillé par Lartet et Christy dès 1864, par Otto Hauser en 1908, puis par Peyrony en 1910. Il abrite le gisement éponyme caractéristique de la culture du paléolithique moyen : le moustérien. Les lieux ont révélé un squelette d'homme de Neandertal et de nombreux outils de silex situés dans des dépôts datés de -100 000 à -40 000 ans environ. Il faut toutefois attendre l'Antiquité pour trouver traces d'une occupation pérenne, à la fois dans le site du futur bourg et dans la campagne environnante. Pour le premier, il s'agit d'une villa gallo-romaine (deux états) élevée à proximité immédiate de la Vézère - c'est à son emplacement que fut bâtie plusieurs siècles après l'église paroissiale. Avec d'autres édifices ecclésiastiques, tout spécialement les églises de Sergeac (fouilles archéologiques) et de Tayac (avec ses colonnes corinthiennes tardo-antiques en remploi dans le portail roman), elle atteste que les terres alluvionnaires des boucles de la Vézère étaient déjà exploitées en terres agricoles (une villa est une résidence, la pars urbana, doublée d'une partie dédiée à l'exploitation agricole, la pars rustica) et que des routes commerciales de longue distance étaient alors établies, la Vézère y jouant un rôle actif. Preuve en est également la découverte en 1974 d'un autre site gallo-romain à La Boissière, à 150 mètres de la rivière, au lieu-dit Maison-rouge avec, en contrebas du site, en bord de Vézère, un mur non cimenté, constitué de galets et de tegulae, disposé parallèlement au cours de la rivière.

Le Moyen Âge

La villa antique a probablement été détruite précocement, ce que suggèrent l'absence totale de concordance entre ses vestiges et les murs ultérieurs d'époque préromane et romane ainsi que la présence d'un niveau d'incendie entre les deux, avec mobilier des Ier et IIe siècles (fragments de marbre, d'amphores, céramique sigillée et commune, et un sesterce de Tibère). Tout aussi précoce, dès le haut Moyen Âge, semble avoir été l'utilisation des lieux à des fins funéraires et sans doute déjà cultuelles : des sarcophages trapézoïdaux à couvercle en bâtière ont été mis au jour dans l'abside axiale et la croisée du transept, accompagnés de monnaies carolingiennes, des règnes de Louis II (877-879) et Louis IV (936-954), tandis que le mur gouttereau sud de la nef présente un appareil de caractères préromans dont les fondations (profondeur à 2 mètres) sont en opus spicatum, qui pourrait être le vestige d'un premier sanctuaire. La création de la paroisse remonterait donc à l'époque comprise entre le VIe et le VIIIe siècle, ce que suggère également le vocable de l'église, à saint Léonce (peut-être Léonce II le jeune, archevêque de Bordeaux de 542 à 564). Une maison dans le bourg, qui présente elle aussi des murs gouttereaux en opus spicatum (partie inférieure), laisse penser qu'un village s'est développé autour de ce premier sanctuaire. Saint-Léon serait donc un bourg ecclésial.

L'église est rebâtie et agrandie à la fin du XIe ou au début du XIIe siècle, signe parmi d'autres que le bourg et ses environs connaissent alors une certaine prospérité économique et démographique. Toutefois, elle n'est mentionnée pour la première fois dans les textes qu'au cours de la seconde moitié de ce siècle, dans deux bulles papales, l'une d'Eugène III en 1153, l'autre d'Alexandre III en 1170. On y apprend que l'ecclesiam sancti Leontii est un petit prieuré dépendant de l'abbaye de Sarlat ; elle le resta encore bien après que cette dernière fut érigée en évêché au début du XIVe siècle. En 1335, Guillaume de Sendreux (ou Sendreus), religieux de l'ordre de Saint-Benoît et prieur de Saint-Léon, est le premier évêque de Sarlat élu par le corps électoral de la cathédrale.

Mais à côté de ce réseau ecclésial s'en trouve un autre tout aussi important, celui-là laïc, système politique complexe auquel Saint-Léon est intégré entre le Xe et le XIIe siècle : la féodalité. A partir de cette période, Saint-Léon est en effet réuni avec au moins treize autres paroisses (parmi lesquelles Thonac, Sergeac, Fanlac et Aubas) dans la vaste châtellenie de Montignac. Dans ce système d'obligations et de service, grand mouvement d'affirmation de la hiérarchie féodale qui se met progressivement en place à partir de cette première période, trois, quatre, voire cinq fiefs sont créés sur le territoire, donnant lieu à une multiplication de petits seigneurs locaux. Ce mouvement de chasements de vassaux, par lequel les seigneurs-châtelains de Montignac concèdent des territoires à leurs chevaliers ou écuyers pour les récompenser, est attesté par des textes, dès 1257 dans la paroisse du Cern (La Bachellerie), peut-être en 1233 pour celui de La Peyronie à Saint-Léon (voir la notice : Chapelle Notre-Dame) et en 1280 pour celle de Sergeac. En estimant que les sources ne reflètent qu'un peu plus tardivement leur apparition réelle, on peut penser que ce phénomène débuta en réalité dès la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle. Nous en voulons pour preuve l'imposante tour-maîtresse de plan carré du château de La Salle à Saint-Léon, bâtie en moyen appareil de pierre de taille, à joints épais et à contreforts plats sur le modèle des grandes tours-résidences du centre et du nord de la France (Tours, Loches, Gisors, Le Grand-Pressigny, Montrichard, Semblançay...) : elle fut sans nul doute érigée au début du XIIIe siècle. D'évidence, la création d'une seigneurie à cet endroit est liée à la volonté de contrôler l'entrée orientale de la "ville" de Saint-Léon, à proximité immédiate de la tour - le trafic marchand sur la Vézère revenant assurément à la seigneurie de Clérans, elle située à l'ouest du bourg, au bord de la rivière. En effet, plusieurs péages, "par terre et par eau", sont attestés dans les privilèges de la "ville" de Saint-Léon - copie en 1490 d'un texte sans date mais beaucoup plus ancien. A ces deux fiefs s'ajoutaient celui déjà cité de La Peyronie, disparu de longue date mais semble-t-il lui aussi situé dans le bourg de Saint-Léon (peut-être au nord, près du moulin), un quatrième, la seigneurie de Chaban située dans les terres, à l'ouest, et un cinquième, l'"hospitium de Rupe Sancti Leontii" (l'hôtel de La Roche Saint-Léon), non localisé (nous émettons l'hypothèse qu'il pourrait s'agir du site appelé aujourd'hui le Conquil) et qui n'est toutefois mentionné pour la première fois qu'en 1365 - voire un sixième, celui de La Borie, sur les terres alluvionnaires de la boucle de la Vézère. Outre les péages sur les marchandises transitant par le bourg de Saint-Léon et sur la Vézère, ces petits seigneurs se partageaient les redevances seigneuriales des fours à ban et du moulin du bourg de Saint-Léon.

Au XIVe siècle, les mentions de Saint-Léon et des lieux-dits composant son territoire se font un peu plus nombreuses. Parmi elles figurent, en 1323, les lettres du don fait par Renaud de Pons, seigneur de Bergerac et Montignac à Archambaud, comte de Périgord, des terres du Cheylard, toute la paroisse de Bars et d'autres terres situées dans la paroisse de Saint-Léon ; en 1343, celle de Bérialle, chevalier, seigneur en partie de La Roque-Saint-Christophe, qui donne en location à moitié pour une durée de quinze ans la "boariam suam de la Roqueta, [la borie de La Rochette] sitam in dicta parochia Sancti-Leonis" ; ou encore, en 1344, celle de tous les péages de la châtellenie de Montignac, dont ceux de Saint-Léon mais excepté celui de Manaurie, qui sont cédés à Pierre de Pommiers, seigneur de Mauzens, par le comte de Périgord Roger-Bernard pour une somme de 125 livres de monnaie périgourdine.

Dans le contexte terrible de la guerre de Cent Ans, Saint-Léon-sur-Vézère, tout comme les paroisses de Fanlac, Thonac ou Sergeac, peut-être en raison de leur proximité avec la ville plusieurs fois assiégée de Montignac, subit d'importants dommages. Les vestiges médiévaux conservés du bourg témoignent encore de la violence des combats : murs rougis de la tour-maîtresse du château de La Salle qui s'est effondrée sur elle-même ; raretés des pans de murs conservés à Clérans et dans quelques maisons ; nombreuses pierres rubéfiées remployées dans les maçonneries modernes, stigmates des incendies antérieurs, etc. Tout compte fait, sur l'ensemble du territoire de la commune, l’église de Saint-Léon est le seul bâtiment médiéval à avoir conservé son intégrité en élévation. De rares archives corroborent l'ampleur des dégâts que l'on devine par ces vestiges, tel le texte de déposition rédigé peu après dans l'église du Plot à Montignac par Aymeric de Chaban (ou Chabanes), chevalier, lieutenant du sénéchal de Périgord, qui relate la destruction de son château de Chaban en 1397 par le comte de Périgord Archambaud VI de Talleyrand, également seigneur-châtelain de Montignac. Cette destruction intervient d'ailleurs la même année que fut incendié le château des évêques de Périgueux à Plazac, situé à seulement 3 km de Chaban, dans les mêmes conditions et par le même Archambaud, après que celui-ci ait réussi à entrer avec ses hommes dans la basse-cour et à y voler pour 400 livres de biens en tous genres (joyaux, bêtes, grains, vin, etc.). Il faut attendre une expédition des armées du roi de France Charles VI contre Montignac en 1398, un arrêt royal du 19 juin 1399 mettant fin à la dynastie comtale et la confiscation de la châtellenie en 1400 pour que la région retrouve un semblant de paix. Au début du XVe siècle, rappel est toutefois encore fait à plusieurs reprises aux habitants de Saint-Léon qu'ils sont tenus de faire le guet et de monter la garde dans cette période d'hostilités. Ces quelques témoignages et la suite de l'histoire suffisent à se convaincre que le bourg de Saint-Léon et la campagne environnante sont sortis exsangues du conflit.

Les Temps modernes

Après la fin des hostilités, l’image générale de Montignac et des paroisses alentours est en effet celle d’un pays ravagé qui peine encore à se relever. Dans la vallée de la Vézère, la reprise ne survient qu’avec un important décalage chronologique par rapport à d'autres régions françaises. Déjà dressé pour Thonac, Sergeac, Aubas ou Fanlac, ce constat se vérifie encore à Saint-Léon : ce n'est qu'à partir des années 1490 (soit bien après 1453, date officielle de la fin du conflit en Guyenne marquée par la bataille de Castillon) que les châteaux de Clérans et de La Salle sont relevés de leurs ruines. En revanche, à partir de ce signal, les constructions semblent aller bon train et l'on compte pas moins de 43 sites ayant fait l'objet d'une construction ou d'une reconstruction au cours de cette période - dont 23 uniquement pour le bourg. Cette efflorescence architecturale se lit là encore dans les textes : de 1490 date, on l'a dit, la copie des anciens privilèges de la "ville" de Saint-Léon et de ses habitants ; à la fin du XVe siècle ou au tournant du XVIe, un différend intervenu à propos de la Côte de Jord entre plusieurs particuliers et Jean des Martres, seigneur de La salle et en partie de La Roque-Saint-Christophe, nous apprend que ce gentilhomme était aussi "seigneur de La Rochette, paroisse de Saint-Lyons". Autrement dit, de manière très révélatrice, la simple "borie" de l'époque médiévale citée plus haut est selon toute vraisemblance devenue entre-temps le siège d'un fief dont les limites allaient peut-être jusqu'à la Côte de Jord plus au nord sur le coteau rive droite de la Vézère. A partir de la fin du XVe siècle, Saint-Léon semble donc connaître une belle prospérité - prospérité à laquelle le retour du trafic marchand sur la Vézère, le port de Saint-Léon, le moulin sur la rivière et les riches terres arables alentours ne sont certainement pas étrangers.

On retient principalement du XVIe siècle dans l'histoire de Saint-Léon l'installation de l'importante famille de Calvimont à Chaban, mais surtout qu'en 1588, Jean III de Losse, fils du célèbre Jean II, l'"honneur et la gloire du Périgord" selon le chanoine Jean Tardes, acquiert du roi de Navarre les droits sur la paroisse de Saint-Léon-sur-Vézère et sur d'autres lieux voisins. Autrement dit, la paroisse de Saint-Léon, jusqu'ici dans le giron de la châtellenie de Montignac, en est détachée pour être désormais liée à une autre juridiction, la seigneurie de Losse (à Thonac). En 1609, ce seigneur rend ainsi hommage au roi "pour raison du château de Losse, de [La] Bermondie, Saint-Lyons [Saint-Léon-sur-Vézère], maisons, moulins, rentes de Montignac, rentes d’Asserac [le moulin de La Bermondie], des maisons de Pervignac [Peyrignac] et de Mellet [à Beauregard-de-Terrasson], mouvant du roi à cause du comté de Perigord et vicomté de Limoges". La seigneurie de Losse, ainsi amplifiée et même encore augmentée par l'intégration du domaine de Chaban (par une alliance avec la dernière héritière des Calvimont de Chaban), est érigée en marquisat au XVIIe siècle.

Si, comme on l'a dit, Saint-Léon connait une belle prospérité au XVIe siècle, elle est cependant bien peu comparée à celle des XVIIe et XVIIIe siècles : pas moins de 71 sites sont rebâtis, embellis ou agrandis au cours de ces seuls deux siècles qui voient le paysage de Saint-Léon sensiblement modifié. Si la carte levée en 1696 par François Ferry, ingénieur et topographe du roi, renseigne peu sur Saint-Léon, tel n'est pas le cas de la carte levée en 1768 par Pierre de Beleyme pour cette partie de la vallée de la Vézère : elle représente à côté des grandes plaines agricoles et de rares bois (par exemple, contrairement à aujourd'hui, la partie méridionale de la paroisse est alors dépourvue d'arbres) d'importantes zones de viticulture partout sur les coteaux, autour de Chaban, La Malénie, La Grambeaudie, Les Granges, La Malétie, La Ternie, La Lourde, Belcayre ou encore la côte de Jord et le Pech d'Honneur. Les nombreux écarts autour du bourg (près de trente), tous occupés par des fermes et leurs dépendances, témoignent de ce riche passé agricole et viticole. Les textes mentionnent également la présence de vignes, et plusieurs maisons nobles, métairies ou fermes de la commune conservent des chais ou des cuviers en niveau de soubassement. En outre, la carte de Belleyme rappelle l'importance des infrastructures alors en place qui conditionnent l'activité économique de la paroisse : les routes royales récemment réparées ou refaites, de Montignac à Périgueux par Saint-Léon, la Vézère qui constitue toujours l'axe de circulation privilégié des marchandises pendant une bonne partie de l'année avec Saint-Léon comme principal port de transit des marchandises sur le parcours, le moulin (refait à neuf en 1644) et l'écluse de Saint-Léon, etc.

Toutefois, ce tableau trop idéal cache des disparités de fortune et de richesse que les événements de la Révolution révèlent au grand jour. En 1790, le procureur du roi de la Maréchaussée générale de Guyenne, au département du Périgord, porte plainte contre les habitants de différentes paroisses réunies, notamment de Valojoulx, Sergeac, Saint-Léon et Thonac, qui, assemblés au nombre de plus de 300, se transportent chez les particuliers, de préférence chez les seigneurs et les curés, où ils mettent tout à contribution, jusqu'à enlever les grains qu'ils trouvent, à les forcer à donner leur argent, les menaçant d'incendier leurs châteaux, se permettant même de faire feu sur les personnes. Enfin, le procureur du roi les accuse d'exercer toute sorte de brigandages : ainsi attroupés, ils plantent, au milieu des places publiques et devant les châteaux et maisons des seigneurs, des arbres d'une grande hauteur, dont quelques-uns ont la forme de potence, et en haut desquels ils placent un balai, une mesure de grains, une radoire, un crible et, de plus, un écriteau portant quittance de rentes. Ces particuliers cherchent également à enlever les girouettes placées sur les châteaux ou maisons particulières et, en cas de résistance de la part des propriétaires, ils se livrent contre eux à de graves excès, allant même jusqu'à l'incendie de leurs propriétés (AD Dordogne, B 1688, procès-verbal des 28 et 29 janvier 1790). De fait, plusieurs nobles de la paroisse sont contraints de fuir, délaissant domaines et meubles.

L'époque contemporaine

En 1793, la paroisse devient la commune de Saint-Léon-sur-Vézère et voit son territoire augmenté par l'annexion - dans des circonstances que l'on ignore, mais certainement liées à un démembrement partiel de l'ancienne seigneurie de Belcayre -, au nord-est, des lieux-dits du Bonhomme et de Belcayre, métairies appartenant jusque-là au domaine noble situé dans la paroisse de Thonac (voir carte de Belleyme, 1768, et plan cadastral ancien, 1813). En dehors de ce cas particulier, comme beaucoup d'autres de la vallée de la Vézère, la Révolution à Saint-Léon n'a semble-t-il pas porté atteinte aux anciennes seigneuries : au XIXe siècle, le château de Chaban est encore le centre d’un vaste domaine exploitant des vignes, des terres à blé, de nombreuses métairies et même un moulin, tandis que, sous le second Empire, le baron du Cluzeau, ingénieur agronome, propriétaire de Clérans et de La Salle à Saint-Léon, ainsi que du Masnègre à Valojoulx, les exploite et reçoit des subventions pour y installer des granges modernes d’où sortiront des bœufs gras.

Par ailleurs, le cadastre ancien établi en 1813 témoigne encore à son tour, mais de manière plus précise, de l'importance de la viticulture dans cette partie de la Vézère : les coteaux exposés en contrebas de Chaban, des Garennes, des Tuilières, du Pech d'Honneur ou sur les hauteurs du "Pech-Bouc" (le Conquil) comprenaient alors de grandes parcelles de vignes, souvent accompagnées de petites cabanes en pierre sèche de plan circulaire, rectangulaire ou carré ; deux d'entre elles, loin d'être petites, étaient au contraire de belles dimensions, celles de "Pech-Bouc" et de La Ternie. Dans la campagne et dans le bourg, 119 sites sont concernés par une reconstruction, un embellissement ou un agrandissement au cours du siècle, c'est dire l'importance du dynamisme de la commune. Autre preuve : les trois premiers quarts du XIXe siècle sont plutôt florissants pour Saint-Léon, qui voit sa population grossir de manière lente mais presque constante au cours de la période, passant de 859 habitants en 1793 à 1 102 en 1876, son acmé.

Dans ce contexte favorable, un grand projet surtout commence à voir le jour : l'aménagement de la Vézère, déjà envisagé par les intendants de Guyenne au XVIIIe siècle afin d'intégrer la vallée aux dynamiques commerciales de la province, voit un début de réalisation au début du XIXe siècle dans la réalisation du site d'écluse de Saint-Léon par l'ingénieur Conrad et, sans doute, la construction du bureau du syndic du canal de la Vézère dans le bourg même de Saint-Léon. De son côté, l'éphémère maire de Saint-Léon-sur-Vézère en 1870, Clément Dulac, propriétaire de Chaban, entreprend dans les années suivantes de remettre en valeur ses terres, notamment le vignoble qui rapportait jusqu’à 300 barriques à l’année au temps de la prospérité du domaine. Dulac vendait son vin par caisses au prix de 3 francs le litre. « J’en ai même vendu, précise-t-il, au prix de 4 francs à Monsieur Delhomme, l’opulent propriétaire du Café Anglais, à Paris ». La carte d'état major représente encore de manière précise l'ampleur des vignobles sur la commune, qui semble s'être encore accrue au cours du XIXe siècle.

Mais, à partir du dernier quart du siècle, l'histoire s'assombrit singulièrement pour les Saint-Léonais. Comme dans le reste du département de la Dordogne, au cours de la décennie 1870, la grave crise du phylloxéra ravage tous les vignobles, y compris ceux des plus beaux domaines (Clérans, La Salle et Chaban - que Dulac doit se résoudre à vendre aux enchères dès juillet 1876, celui-ci étant alors acquis par un investisseur parisien). Mais d'autres catastrophes naturelles s'y conjuguent et contribuent à accentuer la dynamique négative amorcée : en 1882, une inondation de la Vézère ravine les terres agricoles situées dans la vallée ; en 1885, un épisode de grêle ravage les récoltes et s'additionne à une nouvelle crue de la Vézère (novembre) ; en juillet 1886, c'est un orage de vent ; en septembre 1889, une gelée qui fait perdre les plants et les récoltes de tabac, etc. En 1883, on demande au maire de Saint-Léon de faire le compte des pertes engendrées par le phyloxéra. Dans ces circonstances néfastes, il n'est pas étonnant de voir qu'à partir de l'année 1876 la population communale connait une chute constante de ses chiffres liée à la déprise agricole et passe ainsi de 1 102 habitants en 1876 à seulement 665 en 1901 - les deux conflits mondiaux du XXe siècle accentuent bien évidemment ce phénomène, le nombre d'habitants tombant à seulement 439 en 1946 (le point le plus bas sera toutefois atteint en 1962 avec 319 habitants).

Mais malgré ces revers de fortune répétés, la municipalité de Saint-Léon tient bon et engage des travaux importants au cours du siècle. D'abord, dans les années 1840, la place publique devant l'église est agrandie, le cimetière est délocalisé à l'extérieur du bourg (près de la chapelle Notre-Dame) tandis que les maisons bordant la nouvelle place sont doublées en profondeur pour offrir une nouvelle façade à la vue. Et, paradoxalement, alors que la commune traverse la pire période du siècle, la municipalité engage des travaux de plus grande ampleur : un pont métallique franchissant la Vézère est créé de 1885 à 1887 et la route de Montignac à Périgueux passant à travers le bourg est élargie et régularisée, entraînant la destruction de plusieurs maisons situées sur le parcours en 1891, tandis que celles subsistantes la bordant sont rebâties ; enfin, de nombreuses autres maisons et fermes font l'objet de travaux en cette fin de siècle : 30 % des dates portées relevées de notre corpus appartiennent au dernier quart du XIXe siècle !

Au cours du XXe siècle, Saint-Léon voit son paysage se modifier radicalement, les forêts, le tabac et le maïs prenant progressivement le pas sur les espaces autrefois dévolus à la viticulture. De nos jours, elle ne compte pourtant que sept établissements agricoles ou en lien avec la sylviculture et la pêche. En outre, depuis 1962, sa population stagne autour de 420 à 430 habitants. Depuis le 11 décembre 2015, elle qui comptait déjà pas moins de huit monuments inscrits ou classés au titre des monuments historiques et cinq sites inscrits en tant que monuments naturels, fait partie du site classé de la vallée de la Vézère et de sa confluence avec les Beunes.

Située au sud-ouest de Montignac, la commune de Saint-Léon-sur-Vézère est bordée par six communes : Fanlac, Thonac, Sergeac, Peyzac-le-Moustier, Fleurac et Plazac. Traversé dans sa partie sud par la Vézère, son territoire, composé du chef-lieu communal et de près d'une trentaine de lieux-dits, s'étend sur 1 376 hectares. La grande boucle que forme la rivière dans le territoire abrite, sur la rive droite, le chef-lieu et deux châteaux, La Salle et Clérans. L'altitude maximale est de 260 mètres au dessus d'Argiller, au nord-ouest de la commune, et l'altitude minimale est de 62 m en fond de vallée, au sud-ouest. Le territoire repose en grande partie sur une base calcaire du jurassique, spécialement à l’ouest de la Vézère dont la vallée est constituée d’alluvions du quaternaire. La route départementale 706 est la principale voie de communication de la commune, également traversée par les routes départementale 45 au nord et départementale 66 au sud.

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