Maison de maître, dite domaine de Malagar et maison d'écrivain François Mauriac

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Saint-Maixant

Malagar appartenait au XVIIe siècle à plusieurs bourgeois de Saint-Macaire. Le 2 avril 1695, le marchand Arnaud Duthoya donna Malagar aux pères Célestins, qui desservaient le sanctuaire marial de Verdelais depuis août 1627. L'implantation des édifices représentée sur le plan cadastral de 1811 est l'œuvre des religieux, avec notamment les deux chais en retour d’équerre sur la cour, l'un pour le vin rouge, l'autre pour le vin blanc. Le cuvier fut vraisemblablement agrandi à la même période. Enfin, les deux piliers du portail de la cour, datables du XVIIIe siècle, tout comme le puits, constituent une preuve supplémentaire des investissements réalisés par les pères Célestins.

Les pères Célestins quittèrent le monastère de Verdelais le 1er janvier 1779. L'ensemble, dont Malagar, fut vendu aux enchères comme bien national, le 27 janvier 1792, à Jean-François Moulinié, courtier en vin, résidant paroisse Saint-Michel à Bordeaux. Les propriétaires de Malagar se succédèrent ensuite jusqu'à la vente à Jean Mauriac, l'arrière-grand-père de François Mauriac.

Jean Mauriac (1797-1869)

Jean Mauriac acquit Malagar le 18 septembre 1843 pour la somme de 28 000 francs. En parfait gestionnaire, il tint à partir de 1843 un livre de comptes, appelé Livre de raison, qui fut renseigné jusqu’en 1892, puis repris par François Mauriac de 1936 à 1968 sous la forme d'un journal intime. Dès 1843, Jean Mauriac fit réhabiliter la grande aile des communs en conservant l'essentiel des maçonneries. Il est à l'origine de la création des deux grands auvents et de la construction du petit pavillon situé au nord (actuelle billetterie). Ce pavillon ne figure pas sur le cadastre de 1811 mais bien sur celui de 1847. Jean Mauriac remit également à niveau les terres agricoles de son domaine, en supprimant les « joualles » et en plantant exclusivement des vignes.

Jean Mauriac repensa également les abords de la maison. En 1844, 500 acacias furent plantés pour maintenir notamment le talus du fossé de la route de Verdelais longeant la grande prairie située au nord. Mais l’aménagement le plus important fut la création de la terrasse et des charmilles en 1847. Jean Mauriac paracheva les travaux en créant, à l’est, un verger qu’il délimita au sud par un alignement de tilleuls. Les travaux réalisés par Jean Mauriac démontrent sa volonté de transformer l'ancien « bourdieu » en un lieu de villégiature doté d'un parc d'agrément, comme l'illustrent les charmilles. Ils ne doivent pas être dissociés du remplacement, au pied de la terrasse et du verger, des « joualles » par des vignes, l’autre jardin de Malagar.

Jacques Mauriac (1824-1891)

Marchand de bois merrains, Jacques Mauriac (1824-1891) résidait à Langon, dans une demeure qu’il fit construire près de la gare, à côté de ses entrepôts. Il dota Malagar d'éléments "anoblissants". Le pavillon central de la maison fut rehaussé en 1875, une tourelle quadrangulaire fut construite à l'angle nord-est, du côté de la cuisine et à partir de 1880 un pavillon fut bâti à l'extrémité sud de l'aile des communs.

En 1887, à la mort prématurée de son fils Jean-Paul, père de François Mauriac, Jacques Mauriac dressa un état des lieux inquiétant de Malagar. Devenue veuve en 1887, Claire Mauriac, née Coiffard (1853-1929), prit la tête des affaires avec son beau-frère Louis Mauriac, désormais tuteur de ses enfants. A partir de cette époque, Malagar fut quelque peu délaissé au profit de Saint-Symphorien où Claire Mauriac fit bâtir une villa.

François Mauriac (1885-1970)

François Mauriac fut très tôt attaché au domaine, au point de dissuader sa mère de le vendre en 1913. La prise de possession de Malagar par François Mauriac intervint officiellement en 1928, après le partage des propriétés dont sa mère avait l’usufruit. François Mauriac s’attacha à compléter le parc en créant des axes de composition. En février 1937, il fit planter, sur la ligne de crête dominant d’un côté la vallée et longeant de l’autre les vignes, 130 cyprès qui font encore aujourd’hui la fortune de Malagar. Il ajouta deux rangées de peupliers de chaque côté de l’allée longeant la grande prairie au nord, mais l’une d’entre elles fut arrachée peu de temps après. Il fit planter également au nord un petit bois de pins évoquant les landes girondines de son enfance. Mais l’intervention la plus symbolique de François Mauriac resta l’aménagement de la petite terrasse près des charmilles qu’il dota d’un garde-corps en ferronnerie du XVIIIe siècle et d’un banc. Lieu de recueillement et de contemplation privilégié, François Mauriac aimait s’y rendre selon un rituel bien arrêté.

A l’intérieur de la demeure, la principale intervention de François Mauriac consista à créer en 1938, en empiétant sur le volume du cuvier, un bureau au rez-de-chaussée, accessible par le salon, ainsi que deux chambres et trois salles de bain à l’étage.

De la donation à la patrimonialisation du site

En 1985, les quatre enfants de François Mauriac, Claude, Claire, Luce et Jean, décidèrent de donner Malagar à la Région Aquitaine, à l’exception des vignes. L’acte de donation fut signé le 14 avril 1986 à Bordeaux. En 1985, pour le centenaire de la naissance de François Mauriac, eut lieu l’inauguration, au Jardin Public de Bordeaux, du buste de François Mauriac sculpté par Zadkine. Ce buste fut volé, refondu, puis retrouvé. Le deuxième exemplaire fut installé dans le chai du rouge à Malagar. En parallèle, Jacques Chaban-Delmas, président de la Région, suscita la création d’une association, le Centre François Mauriac de Malagar, avec pour mission de conserver et d’animer la nouvelle maison d’écrivain. Afin de maintenir une filiation familiale, les enfants de François Mauriac furent autorisés à conserver la jouissance d’un appartement dans le pavillon de l’aile des communs. Quelques années plus tard, en 1989, les enfants vendirent les 14 hectares de vigne au groupe Cordier, qui les céda en décembre 2004 à Jean Merlaut, l’actuel propriétaire. En 1997, le chai du rouge fut transformé en espace d’interprétation, dont la scénographie fut confiée à Eric Raffy.

Périodes

Principale : 18e siècle

Principale : 1ère moitié 19e siècle

Secondaire : 4e quart 19e siècle

Secondaire : 2e quart 20e siècle

Dates

1843, daté par travaux historiques

1847, daté par travaux historiques

1875, daté par travaux historiques

1880, daté par travaux historiques

1937, daté par travaux historiques

1938, daté par travaux historiques

Le domaine de Malagar est composé d'une maison de maître, d'un cuvier dans son prolongement à l'ouest et de deux chais en retour d'équerre sur la cour, l'un consacré au vin rouge (à l'est) et l'autre au vin blanc (à l'ouest). Une aile de communs comprenant une étable, des écuries et des pièces annexes complète l'organisation générale. Cette aile, pourvue de deux auvents à l'est et à l'ouest, a été complétée par la construction d'un pavillon d'habitation à son extrémité sud. L'ensemble est bâti en moellons de calcaire. Le pavillon central de la maison de maître a été rehaussé dans un second temps et doté d'une couverture en ardoise, tout comme la tour de la cuisine également rajoutée à la même époque. L'ensemble des autres bâtiments est couvert par des tuiles creuses.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. ardoise, tuile creuse
Étages

1 étage carré, en rez-de-chaussée

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

  2. Forme de la couverture : toit brisé en pavillon

  3. Forme de la couverture : flèche carrée

Escaliers
  1. Emplacement : escalier dans-oeuvre

    Forme : escalier tournant à retours sans jour

    Structure : en charpente

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Saint-Maixant , 17 route de Malagar

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: Malagar

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