Pont de La Terrade

France > Nouvelle-Aquitaine > Creuse > Aubusson

Le site d'Aubusson, au confluent de cinq vallées dominées par six plateaux, en fit très tôt un lieu de franchissement. Avant sa reconstruction dans la seconde moitié du 17e siècle, le pont de La Terrade était initialement en bois, à deux travées vraisemblablement supportées par une pile médiane en pierre. Défendu par deux châtelets, ou "têtes de pont", peut-être édifiés durant le troisième quart du 15e siècle (voir les dossiers IA23000657, IA23000657 et IA23000727), il commandait le passage stratégique de l'une à l'autre rive de la Creuse.

En 1578, un acte de vente, mentionné par Cyprien Pérathon (1886), le décrit comme "faict de boys, lequel boys, par l'usage et antiquité de temps, est venu se pourrir, et le dict pont demeure inutile à la dicte ville sy promptement n'est restauré". Le 11 décembre 1578, puis le 7 janvier 1579, eurent lieu des ventes publiques : les consuls d'Aubusson cédèrent à Jehan Bordas, marchand cordonnier, "l'emplacement libre au milieu du pont pour y édifier boutique sous la galerie qui protégeait l'ouvrage des intempéries".

Néanmoins, dès 1607, le pont était à nouveau ruiné, faute de réparations. Il constituait pourtant un point de passage majeur dans la vie commerciale de la cité. Il supportait alors la route de Clermont à Limoges - avant que celle-ci, reconstruite sur ordre de l'intendant d'Auvergne Trudaine à partir de 1731, ne changeât d'itinéraire pour emprunter le pont des Récollets, situé plus en amont. Toutes sortes de marchandises transitaient par ce lieu de franchissement, et notamment le sel, denrée précieuse. Or, depuis 1553, la Marche comptait parmi les provinces rédimées du royaume (c'est-à-dire exemptées du paiement de la gabelle). Ce privilège était à l'origine d'un trafic avec les provinces frappées par l'impôt, et d'une forme de contrebande appelée le faux-saunage (circulation du sel sans acquittement de la taxe). Cette fraude était particulièrement active aux points de passage des convois de sel que représentaient les ponts. Aussi faisaient-ils l'objet d'une grande sollicitude.

Entre 1632 et 1636 il fut démoli, sur ordre de Richelieu, le château d'Aubusson. C'est avec des matériaux issus de sa destruction et vendus aux enchères que fut édifié le nouveau pont de La Terrade, entre 1638 et 1641.

Il conserva, de sa physionomie médiévale, son épaisse pile centrale et ses becs triangulaires symétriques, en amont et en aval, mais fut doté d'un parapet en relief et de voûtes surbaissées au 1/6e, très audacieuses et modernes pour l'époque.

Cette reconstruction consacra son statut. En 1784, quatre ou cinq cents mulets y passaient tous les jours pour aller chercher du sel.

Il perdit quelque peu de son importance lorsque fut achevée, en 1809, la nouvelle route de Clermont à Limoges, qui en abandonna le franchissement au profit du pont des Récollets, situé en amont.

En 1818, le pont de La Terrade fit pourtant l'objet de nouvelles réparations, par l'entrepreneur Léonard Girard. Selon les archives, "le radier fut entièrement rétabli avec des pierres de la dimension exigée" et "quelques assises de la pile centrale furent remplacées". Ces travaux furent exécutés sur les ordres de Tassé, conducteur de travaux des Ponts et Chaussées.

Périodes

Principale : 3e quart 15e siècle (incertitude)

Secondaire : 2e quart 17e siècle

Secondaire : 1er quart 19e siècle

Dates

1638, daté par source

1818, daté par source

Auteurs Auteur : Girard Léonard, entrepreneur

Soigneusement appareillé, le pont est composé de deux arches en arc brisé. La robuste pile centrale est protégée par deux brisants triangulaires. Il possède une balustrade tout le long de son tablier. Il porte en aval trois pierres sculptées placées en forme de pyramide. Au sommet se trouve la couronne royale et sur la pierre inférieure, l'écu de France. Au-dessous, on distingue un grand écusson de forme ovale, sur lequel ne se lit aucun emblème, accosté de quatre écussons plus modestes disposés deux à deux : l'un porte les armes de la cité, les autres sont vides (bûchés ?).

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : granite

Toits

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Creuse , Aubusson , rue Alfred-Assolant

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 1812 F non cadastré ; domaine public, 2007 AM non cadastré ; domaine public

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