Communauté d'Agglomération de Poitiers: moulins et minoteries

France > Nouvelle-Aquitaine

Les rivières parcourant les communes de l'agglomération - le Clain, l´Auxance, la Boivre et la Feuillante - ont permis d'actionner de nombreux moulins à eau. 31 ont pu être repérés, dont 3 seulement n´ont pas laissé de trace, et 24 ont fait l´objet d´un dossier d´inventaire du patrimoine. Sur la totalité, 67,7 % ont une implantation remontant au Moyen Age. Certains d´entre eux dépendaient d´une abbaye de Poitiers : abbaye Saint-Pierre-le-Puellier (moulin de Lessart à Buxerolles mentionné en 1402), abbaye Montierneuf (moulins de Salvert en 1227, de Chaussac et Bertault en 1335, de Giroire en 1381 sur l'actuelle commune de Migné-Auxances), abbaye Saint-Cyprien (moulin de Moulinet à Migné-Auxances en 1090). D´autres appartenaient à des communautés religieuses implantées à l´extérieur de Poitiers : abbaye de Saint-Benoît (moulin de Saint-Benoît mentionné en 1466), abbaye de Fontaine-Le-Comte (moulin de Visais à Béruges en 1310), commanderie de l´Epine (à Béruges, moulins du Gué-des-Roches en 1573 et du Temple en 1375) ou à l´abbaye du Pin [fig. 3]. Quelques uns étaient rattachés à une seigneurie : moulin du Pré à la seigneurie d´Auxance, mentionné en 1404, moulin de Verneuil à celle de Verneuil en 1280, moulin de Cruchet à celle de Béruges en 1342.

La carte de Cassini [fig. 1], de la seconde moitié du 18e siècle, mentionne 26 moulins sur ce territoire (sans compter les 6 de la commune de Poitiers), les plus nombreux étant implantés le long de l'Auxance (15 d'entre eux), sur la Boivre (6), sur le Clain (2 au sud et 2 au nord de Poitiers) et sur la Feuillante (1). A cette époque, le moulin de Bonnillet sur le Clain, mentionné en 1458, n'existait déjà plus.

Un seul moulin est une implantation du 19e siècle, celui de Croutelle qui figure sur le plan cadastral de 1837. Cependant la plupart des anciens moulins ont été réaménagés, agrandis ou même rebâtis au cours du 19e siècle pour s´adapter aux nouveaux types de roues, aux nouvelles machines, ou pour accueillir une machine à vapeur. Ainsi des établissements artisanaux, en particulier ceux du Clain et de l´Auxance, se sont transformés en minoteries dans la seconde moitié du siècle : usines de Moulinet [fig. 9] en 1855, de Saint-Benoît en 1869, de Chasseneuil [fig. 13] en 1890 et, à Migné, Moulin-Neuf [fig. 12] en 1902, le Moulin-Bertault et le moulin du bourg en 1907. Si beaucoup d´entre eux étaient des moulins à farine, quelques-uns étaient, dès le départ ou après transformation, des moulins à papier (à Saint-Benoît en 1466, à Grand-Pont et à Nanteuil au 16e siècle) ou à foulon pour l'apprêt de tissus (à Chasseneuil en 1768, à Salvert au 15e siècle ou au Pin où une filature de laine a été créée en 1822). Deux moulins à farine sont également devenus une fabrique de carton : à Croutelle en 1858 et le moulin du Pré à Migné-Auxance [fig. 11] en 1862 ; le moulin du bourg à Migné a, quant à lui, été un temps brasserie ; le moulin de Salvert a été converti en scierie vers 1880, comme celui du Temple à Béruges de 1904 à 1949.

Plus aucun n'est aujourd'hui en activité, la plupart ayant cessé leur production dans la seconde moitié du 19e siècle, comme la filature du Pin en 1860 et la cartonnerie de Croutelle en 1867, et jusque dans la seconde moitié du 20e siècle : moulins de Cruchet [fig. 4] en 1956, Bertault vers 1960, de Chasseneuil [fig. 13] en 1962, de Moulinet [fig. 9] en 1967 et de Saint-Benoît [fig. 14] vers 1970. Cependant peu d'entre eux ont été détruits, la plupart étant encore bien reconnaissables dans le paysage. Quelques-uns ont conservé une partie de leurs équipements, roues et machines, d'autres ont été reconvertis et les bâtiments ont souvent été sauvegardés et mis en valeur par leurs nouveaux propriétaires.

Périodes

Principale : Moyen Age

Principale : Temps modernes

Principale : Epoque contemporaine

Les moulins sont des édifices aux dimensions et aux formes variées. La plupart d'entre eux ont une cour, un logement et des dépendances plus ou moins développées. Quelques-uns ont conservé un four. Bâtis en moellons de calcaire enduits, ils ont un toit à longs pans, parfois avec croupe, couvert de tuile creuse ou, plus rarement, d'ardoise (comme à Biard et à Lessart). Certains sont en rez-de-chaussée mais la plupart ont un étage et un comble à surcroît. Seule la minoterie de Chasseneuil a trois étages. Les façades sont sans travée pour les plus anciens moulins et à travée, parfois même ordonnancées, pour ceux qui ont été rebâtis au 19e siècle. Les baies sont rectangulaires, parfois avec un linteau en arc segmentaire [fig. 10], parfois avec encadrement de brique [fig. 8].

Des mécanismes ont ça et là été conservés, en particulier des roues, dans-oeuvre [fig. 19] ou hors-oeuvre [fig. 17, 18, 20, 21], certaines usines en ayant eu plusieurs conjointement [fig. 2].

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

  2. Revêtement : enduit

  3. Mise en oeuvre : moellon

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