Château de Marans (vestiges)
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Marans
Historique
Siège de la seigneurie de Marans jusqu'au 17e siècle, détruit lors des guerres de Cent Ans, de Religion et des sièges successifs de la cité, le château fort de Marans se situait sur le promontoire calcaire de l'ancienne presqu'île dont la rive nord était baignée à l'origine par la Sèvre Niortaise. Très mal connu, il a pu être fondé au 10e siècle, époque à laquelle il devait se trouver juste à l'embouchure de la Sèvre Niortaise. Mentionné pour la première fois vers 1070 puis vers 1100, le château comprend alors une chapelle placée sous le vocable de Notre-Dame ou Sainte-Marie, de nouveau indiquée en 1197. En 1223, le château connaît des réparations, notamment sur son pont et "guoiz" (gué). Pris et repris par les Anglais puis par les Français de Du Guesclin en 1361 et 1372, il est de nouveau assailli en 1430 et sort très endommagé de la guerre de Cent Ans. Les comptes de la seigneurie de Marans en 1440-1441 indiquent que l'enceinte du château est en partie "par terre et l'on pourrait y rentrer par plusieurs lieux", tandis que le donjon est "fort frêle et débile et tombé en plusieurs lieux", et que le logis est inexistant, "sauf deux ou trois petites chambres qu'il conviendrait de réparer". En 1462, le roi Louis XI rend visite à Marans et à son château, et amnistie les détenus de sa prison. Des réparations sont effectuées en 1484 à l'enceinte, au donjon et au logis seigneurial. D'autres ont lieu en 1512 au même logis, au pont-levis et à la chapelle.
Dans la seconde moitié du 16e siècle, le château est l'objet de toutes les convoitises des partis protestant et catholique, car il commande l'accès nord à La Rochelle, avec les forts qui l'entourent au Brault, au Clouzy, à la Repentie, à la Brune, à Poineuf, à la Bastille, à Bernay, à Beauregard, à la Cigogne, aux Alouettes et à la Paulée. Maintes fois attaqué, pris et repris par les uns et les autres, il connaît des travaux ponctuels de remise en état, entre deux assauts. Le dispositif fortifié est renforcé en 1585 par Henri, roi de Navarre. En 1588, celui-ci s'empare définitivement du site. D'importantes réparations sont menées en 1594-1595 (marché du 8 mars 1594) par Pierre Suire, maître charpentier, et Mathurin Morain, maître maçon, en particulier sur la couverture de la "tour carrée" et sur celle de la tour proche du pont.
Quelques années plus tard, le château apparaît sur une gravure par Claude Chastillon en 1604, mais sans certitude sur sa fiabilité. De cette représentation, on peut tout de même retenir la Sèvre Niortaise qui coule au pied du château, franchie par le pont ; et les remparts, ponctués de tours rondes et interrompus par des brèches. Au nord, les douves (actuelle rue Gambetta) devaient être alimentées par un prolongement du Bot Courant qui, venant de l'est, pouvait rejoindre la Sèvre et le port vers le Carreau d'Or.
Abandonné, le site est réinvesti par les troupes royales lors du siège de La Rochelle en 1627-1628. En avril 1636, Louis XIII ordonne de raser le château et les fortins qui l'entourent. Une grande partie des matériaux sert à combler les douves. Une partie des fossés demeure un temps, servant de décharge. Les deux dernières tours, dont la démolition est pourtant ordonnée en 1637, sont encore présentes en 1716. En 1656, le seigneur de Marans déplace son logis seigneurial sur la rive droite de la Sèvre (24-26 quai du Maréchal Foch). En 1659, il donne "un emplacement de terre où sont les ruines où était autrefois notre château" aux pères capucins établis à Marans depuis quelques années, pour qu'ils construisent leur nouveau couvent. En 1682, la comtesse de Bueil, dame de Marans ordonne la reconstruction du château, mais seul un pigeonnier sort de terre vers 1684, situé à l'angle aujourd'hui formé par la rue Gambetta et la rue de la Grève.
Le site figure ensuite sur le plan de Marans par Claude Masse en 1716. Ce plan montre d'abord un vaste quadrilatère délimité au nord par la rue des Fossés (anciennes douves, actuelle rue Gambetta), au sud par une place longiligne (actuelle place Ernest Cognacq), à l'ouest par les jardins des maisons situées sur le côté est des rues Dinot et Bonneau ; à l'est, enfin, par les jardins des maisons situées sur le côté ouest de la rue de la Grève, bien au-delà de l'actuelle rue d'Aligre qui n'a été tracée qu'à la fin du 18e siècle. Le quadrilatère était fermé par des murs, avec à l'ouest et au sud-ouest (dans l'angle de l'actuel parc de l'hôtel de ville) "l'ancien rempart du château". Au nord (vers l'actuelle place Barthélémy-Fabbro), l'enceinte était interrompue par une grande porte fortifiée, accessible par un pont depuis le quartier des halles.
Le plan de 1716 montre aussi que, sur le terre-plein qui s'étendait de part et d'autre de l'actuelle rue d'Aligre, se situait une prison (repère F, actuelle maison au 61 rue d'Aligre) et une "excavation où l'on voulait bâtir" (repère G). Dans l'angle nord-est du quadrilatère se trouvait le colombier seigneurial construit vers 1684. La partie ouest du quadrilatère était occupée par le couvent de capucins (repère L) avec une chapelle (au nord de l'actuel hôtel de ville), un cloître (à l'emplacement de l'hôtel de ville) et des jardins. Il semble qu'ils aient succédé à l'ancien logis seigneurial ou donjon.
Enfin, le plan de 1716 indique que le site se prolongeait au sud de la place Ernest-Cognacq par une avant-cour. Elle était délimitée par les actuelles rue Virecourt et rue de la Grève, et fermée par une porte ou "grand portail" (appelée "le portaud au 15e siècle) qui se trouvait au carrefour entre la rue Virecourt et la rue Guy-Seguinot (repère C).
En 1900, des vestiges de l'ancien château sont mis au jour lors des travaux de construction de la nouvelle église Notre-Dame. Il s'agit d'un mur long de quarante mètres et épais de deux mètres, encadré par deux tours rondes de huit mètres de diamètre extérieur. Une des tours était percée d'embrasures et de meurtrières, l'autre d'une porte qui devait donner dans la cour intérieure du château. Les fouilles révèlent aussi des squelettes, un fer de lance, des boulets de canon en pierre, une petite couleuvrine en fonte du 16e siècle, quelques clés de voûtes sculptées, une pièce de monnaie anglaise du 14e siècle, etc (une partie de ces éléments ont longtemps été présentés dans l'ancien musée de Marans, 62 rue d'Aligre).
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : Moyen Age |
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Description
Les vestiges du château de Marans se devinent encore dans la topographie des lieux, autour de l'hôtel de ville et de l'église ; dans des éléments conservés dans des maisons alentours (caves voûtées, départs de souterrains..., par exemple 41 rue Ernest Bonneau) ; enfin, dans des éléments maçonnés visibles au sud de l'église, au pied du promontoire sur lequel s'élevait le château.
Accolés à l'ancienne chapelle des capucins, ces éléments maçonnés sont construits en pierres de différents appareils (du simple moellon à la pierre de taille), avec des départs de voûtes ou d'arcs. Peut-être s'agit-il des restes d'un pont d'accès au château, ces éléments se trouvant au bord du promontoire au pied duquel devait s'écouler la Sèvre ?
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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État de conservation |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA17047079 |
Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée et directeur du Centre vendéen de recherches historiques à partir de 2017. |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2016 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Château de Marans (vestiges), Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/6d71a283-7ab1-4e8e-b7e1-ca4d7a8b35f4 |
Titre courant |
Château de Marans (vestiges) |
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Dénomination |
château fort |
Statut |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Marans , place Barthélémy Fabbro
Milieu d'implantation: en ville
Cadastre: 1820 E 848, 2016 AA 468