Mairie, bureau de poste, écoles

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Cet ensemble de bâtiments résulte de différentes phases de constructions, dans la seconde moitié du 19e siècle et au début du 20e. Elles ont eu pour résultat de concentrer en un même lieu le siège de l'autorité municipale et les écoles, auxquels s'est ajouté le bureau de poste.

Construction de la mairie en 1860

Sous la Révolution, la nouvelle commune de Charron loge un instituteur, M. Godineau, dans le presbytère qui a été saisi comme bien national. Le lieu est ensuite en partie occupé par la mairie. En 1837, la commune achète à Jean-François Girard, marchaud de bestiaux, et Marie-Marguerite Etien, son épouse, demeurant à Dompierre, une maison aujourd'hui disparue (située vers l'actuel 11 rue de La Rochelle) afin d'y loger l'école de garçons et son instituteur. La maison, construite une quinzaine d'années auparavant, comprend trois petites pièces au rez-de-chaussée et une remise à l'arrière. Elle sert ensuite de mairie et l'instituteur est logé dans une maison louée (actuellement 27 rue de La Rochelle).

En 1860, Marie-Françoise Aunay, veuve de Jean-Pierre Joignard, ancien maire, demeurant à Bourg-Chapon, effectue une donation au profit de la municipalité, soit 4000 francs et un petit terrain pour la construction d'une mairie. Ce terrain se trouve à la sortie est du bourg, en direction du château (la nouvelle mairie s'élèvera à l'emplacement de l'aile ouest de la mairie actuelle - ancien bureau de poste). La donation de Marie-Françoise Aunay complète celle réalisée par son fils, Antoine Achille Joignard, quelques mois plus tôt, sur son lit de mort, par testament du 24 janvier 1860. Le 7 octobre, les travaux de construction de la nouvelle mairie sont adjugés à Emmanuel Bernard, menuisier, et Thomas Bréban, entrepreneur de maçonnerie, tous deux demeurant à Esnandes. Le 14 août 1861, le conseil municipal décide de faire faire un portrait d'Achille Antoine Joignard, pour le placer à l'intérieur de la nouvelle mairie, conformément à l'une des dispositions de son testament. Le 19 avril 1862, marché est passé avec MM. Desbordes et Gautier, marbriers à La Rochelle, pour réaliser une inscription en lettres dorées sur le fronton au-dessus de la porte de la nouvelle mairie, à la mémoire des donateurs. La mairie quitte donc son ancien local de la rue de La Rochelle (numéro 11) qui est consacré en 1865 à l'école de garçons.

Construction de l'école de garçons en 1877

Le lieu devient cependant vite insuffisant pour l'école. L'Etat presse la commune de se doter de véritables locaux scolaires, avec logement d'enseignant. Mise en demeure par le préfet en 1873, la municipalité refuse de transformer la mairie récemment construite. Elle envisage de placer l'école dans une maison appartenant au duc d'Aumont et de Vilquier qui refuse. Décision est alors prise de construire une nouvelle école dans le prolongement est (à droite) de la nouvelle mairie, sur un terrain acheté à M. Ré. Un projet est présenté par l'architecte rochelais Antoine Brossard, projet modifié suivant les préconisations de l'inspection d'académie (réduire la salle de classe, supprimer des ouvertures...) et finalement approuvé le 19 novembre 1875.

Les travaux sont adjugés le 24 décembre 1876 à André Deschamps, entrepreneur à Marans. La nouvelle école est édifiée au cours de l'année 1877 : la date figure encore aujourd'hui sur la façade en pignon de ce corps de bâtiment, avec l'inscription "ECOLE COMMUNALE". La nouvelle école comprend un logement d'enseignant, sur la rue et, à l'arrière, une seule salle de classe (encore visible dans la petite cour nord) qui, avec un préau, délimite une petite cour triangulaire à l'arrière de la mairie. L'ancienne mairie-école (11 rue de La Rochelle) est vendue aussitôt pour financer à la fois la construction du mur de clôture du jardin de la nouvelle mairie-école, et l'aménagement d'une "maison de refuge pour les voyageurs indigents" dans le prolongement ouest de la mairie. Ces travaux sont adjugés le 10 mars 1878 à André Deschamps qui en a établi les plans... et qui, en décembre 1877, a racheté par ailleurs l'ancienne mairie-école à la commune !

En 1886, l'ouverture d'une seconde classe à l'école de garçons et la création d'un poste d'adjoint entraînent un agrandissement de la salle de classe vers le nord. Elle est divisée en deux par une cloison de manière à aménager la seconde salle de classe. Une chambre est créée pour l'instituteur adjoint au rez-de-chaussée du bâtiment sur rue. Le projet est mené par l'architecte Ernest Massiou qui en a établi les devis en juin et décembre 1885. Les travaux sont adjugés le 15 août 1886 à l'entreprise Ballieau frères, de Marans.

Construction de l'école de filles en 1898 et du bureau de poste en 1901

Pendant ce temps, l'école de filles est logée dans une maison voisine de l'école de garçons, louée par la municipalité auprès de Pierre et Xavier Soif. Le 15 février 1895, tout en prolongeant de deux ans cette location, le conseil municipal approuve l'acquisition du terrain qui prolonge la mairie-école vers l'est, appartenant à M. Guillemet-Salardaine, afin d'y construire une école de filles. Le projet, d'un montant de 17.126 francs, est réalisé les 30 mai et 30 novembre 1895 par Ernest Massiou. Il s'inspire largement de l'école de garçons que son oncle, Antoine Brossard avait conçue. Comme l'école de garçons, l'école de filles comprend ainsi un bâtiment de logements (pour l'institutrice et son adjointe), sur rue, avec façade en pignon, et un bâtiment de classes à l'arrière. L'école sera construite en moellons du pays et en pierre de taille de Crazannes ou de Sainte-Même. Les travaux sont adjugés le 5 juin 1898 à Gaston Quéchon, entrepreneur à La Rochelle. La date 1898 est inscrite sur la façade du bâtiment sur rue.

Le bureau de "Postes-télégraphes", à l'ouest de l'ensemble, porte la date 1901. Il a été construit suivant le souhait de la municipalité de disposer de locaux adéquats, le bureau de poste étant jusqu'alors abrité dans une maison louée à un particulier, M. Soif. Le projet de bureau de poste mais aussi de réaménagement de la mairie est confié en 1900 à l'architecte rochelais Pierre-François Corbineau qui présente son devis et ses plans le 25 juin. Le bureau de poste prendra la place de l'ancienne maison de refuge pour indigents, dans le prolongement ouest de la mairie dont une grande partie, notamment la façade, sera reprise. Corbineau propose pour le bureau de poste une élévation sur rue identique à celle de l'école communale de garçons, la mairie, au centre, constituant un axe de symétrie presque parfaite entre la poste et l'école. Les travaux sont adjugés le 21 avril 1901 à Ernest Fauconnier, entrepreneur à Charron. Un devis complémentaire est présenté le 25 janvier 1902 pour l'ajout d'une cave sous le nouveau bureau de poste.

Aménagements et agrandissements au XXe siècle

L'augmentation des effectifs de l'école de garçons entraîne la création en 1909 d'une troisième classe et, par conséquent, le départ du bureau de poste. La nouvelle classe est installée au rez-de-chaussée du bâtiment de logement d'enseignants, sur la rue. Deux logements d'adjoints sont créés à l'étage, tandis que l'instituteur est désormais logé dans le logement du receveur du bureau de poste, lequel est transféré à l'ancien presbytère. Tous ces réaménagements sont de nouveau confiés à l'architecte Pierre-François Corbineau, de La Rochelle. Son projet, présenté le 5 août 1909, est mis en oeuvre par Philippe Vinçonneau, menuisier à Charron. Quelques mois plus tôt déjà, en février, Corbineau a supervisé l'agrandissement vers le nord de la cour de récréation et la construction d'un nouveau préau, travaux confiés à Edmond Privat, entrepreneur à La Rochelle.

La même question se pose l'année suivante à l'école des filles : l'ouverture d'une troisième classe et la création d'un second poste d'adjointe nécessitent l'aménagement d'une salle de classe au rez-de-chaussée du bâtiment sur rue, et de deux logements à l'étage, ainsi que la surélévation du bâtiment de classe, à l'arrière, pour créer un étage habitable. Le projet en est présenté le 4 août 1910 par Pierre Corbineau, et les travaux sont adjugés le 23 juin 1912 à Eugène Auger, entrepreneur à La Rochelle-la Pallice.

En 1919, l'école de garçons compte 67 élèves, répartis dans trois classes. S'y ajoutent l'école de filles et ses 100 élèves en trois classes, dont une classe enfantine (ou maternelle). Une des trois classes de garçons est supprimée cette même année 1919 : une des salles dans le bâtiment sur cour est transformée en cantine pour garçons ; la cantine pour filles se trouve au rez-de-chaussée de l'école pour filles, côté rue.

La troisième classe de garçons est rétablie en 1937, réoccupant l'ancienne salle de classe devenue réfectoire en 1919. Pour pouvoir créer une véritable cantine, l'ensemble scolaire est encore agrandi vers l'est en 1937 avec la construction d'une cantine au-delà de la cour de l'école de filles (petit bâtiment en rez-de-chaussée de l'école maternelle actuelle, sur le côté nord de la cour sud-est), à la place d'une maison voisine achetée aux héritiers Victor Debien. De 1940 à 1945, une garnison allemande investit la mairie-école. Les élèves et leurs enseignants réutilisent les locaux de l'ancienne école religieuse de l'ancien château de Charron.

Enfin, dans les années 1950, de nouveaux bâtiments scolaires (salle de classe, cantine et ancien logement alignés) sont ajoutés à l'extrémité est de l'ensemble. Le projet, présenté par l'architecte rochelais Pierre Grizet, est approuvé par le conseil municipal le 22 novembre 1950 ; les travaux sont adjugés le 3 mars 1953. D'autres bâtiments s'ajoutent dans les années 1990-2000, notamment sur le côté sud de la cour nord (école élémentaire, cantine).

Périodes

Principale : 3e quart 19e siècle, 1er quart 20e siècle, milieu 20e siècle, 4e quart 20e siècle, 1er quart 21e siècle

Dates

1860, daté par source

1877, porte la date

1898, porte la date

1901, porte la date

Auteurs Auteur : Corbineau Pierre [François], architecte (attribution par source)
Auteur : Brossard Aubin-"Antoine"-Magloire

Fils d'André Aubin Brossard, architecte à La Rochelle et architecte départemental de la Charente-Inférieure, son frère est second grand prix de Rome de peinture. Elève de Lépine et de l'école des Beaux-Arts, il succède à son père comme architecte départemental en 1825, et est également architecte de la Ville de La Rochelle et architecte diocésain jusqu'en 1873. On lui doit entre autres l'asile d'aliénés du département, le séminaire, les prisons de Rochefort et de Saintes, le lycée de La Rochelle, la bibliothèque et le cabinet d'histoire naturelle, le théâtre de Rochefort, l'hospice de Saint-Jean-d'Angély, l'église de Saint-Vivien de Saintes, plusieurs églises : Bois, Loix, Saint-Vivien de Saintes, la flèche de l'église d'Ars et des bains publics. Il a aussi participé à l'achèvement de la cathédrale où il a réalisé la chapelle de la Vierge.

(source : Elec, répertoire des architectes diocésains du XIXe siècle, dir. Jean-Michel Leniaud, elec.enc.sorbonne.fr)

, architecte (attribution par source)
Auteur : Massiou Ernest

Neveu de l'architecte Antoine Brossard, lui-même architecte départemental de la Charente-Inférieure à partir de 1851, et architecte diocésain jusqu'en 1901 (source : Répertoire des architectes diocésains du XIXe siècle, elec.enc.sorbonne.fr ; Comité des travaux historiques et scientifiques, http://cths.fr/an/savant.php?id=125626).

, architecte (attribution par source)
Auteur : Deschamps André

Entrepreneur à Marans à la fin du 19e siècle.

, entrepreneur de maçonnerie (attribution par source)
Auteur : Quéchon Gaston, entrepreneur de maçonnerie (attribution par source)
Auteur : Grizet Pierre, architecte (attribution par source)

L'ensemble formé par la mairie, le bureau de poste et les écoles se situe à l'entrée est du bourg de Charron, sur le versant est de l'ancienne île. Le terrain étant en pente, une partie des bâtiments est surélevée par rapport à la rue. Plusieurs corps de bâtiments se succèdent d'ouest en est.

A l'ouest, trois corps accolés semblent réunis par une seule et même façade, scandée de pilastres aux angles et marquée par un bandeau d'appui à l'étage. Cette façade compte au total neuf travées d'ouvertures (trois par corps de bâtiment). Le corps central, sous un toit en pavillon, abrite l'entrée de la mairie. Sa travée centrale comprend, à l'étage, une double baie couverte d'un fronton triangulaire, avec, sous l'appui mouluré, un cartouche portant l'inscription "MAIRIE". A côté de la double baie, un autre cartouche présente les initiales "RF" de "République française". Ce corps central est encadré par deux corps latéraux identiques. Chacun est couvert d'un toit à longs pans et présente sa façade sur le mur pignon, découvert. Le fronton alors formé est marqué par un cartouche ; un second se trouve sous la baie centrale de l'étage. Sur les cartouches du corps ouest, on lit : "POSTE-TELEGRAPHES" et la date 1901 ; sur celui du corps est : "ECOLE COMMUNALE" et la date 1877. Le corps est se prolonge vers le nord, à l'arrière, par un bâtiment de salles de classe en rez-de-chaussée, placée sur le côté d'une cour triangulaire où se trouvent aussi d'anciens cabinets.

En allant vers l'est, une autre cour ouvre sur la rue. C'est ici que se trouvait le monument aux morts jusqu'en 1987. Au-delà, toujours vers l'est, s'élève un autre corps de bâtiment (actuelle bibliothèque), à l'architecture identique à celle des deux corps latéraux précédemment décrits : toit à longs pans, façade sur le mur pignon découvert, bandeau, trois travées d'ouvertures, cartouches portant, ici, l'inscription "ECOLE DES FILLES" et la date 1898. Ce corps de bâtiment se prolonge à l'arrière, vers le nord, par un autre (ancien logement), à un étage.

La partie est de l'ensemble est formée de plusieurs corps de bâtiments autour de trois cours : une petite au sud, une autre au sud-est, une grande au nord. Sur le côté nord de la cour sud-est, dans l'angle de rues (école maternelle), sont alignés un petit bâtiment en rez-de-chaussée (début du 20e siècle), avec une aile en retour d'équerre (fin du 20e siècle), puis une salle de classe aussi en rez-de-chaussée, mais plus haute que le précédent bâtiment, suivie enfin d'un ancien logement, couvert d'un toit à croupes. La salle de classe et l'ancien logement (milieu 20e siècle) présentent la même architecture : larges ouvertures (notamment pour la salle de classe), encadrements en béton non enduit, élévations traitées en parement de moellons équarris (caractéristique du milieu du 20e siècle). La porte de l'ancien logement, en arc en plein cintre, contraste avec les lignes droites partout observées. Le reste des bâtiments, notamment sur le côté sud de la cour nord (école élémentaire, cantine), est formé de constructions en béton, en simple rez-de-chaussée (fin du 20e siècle).

Des drapeaux officiels sont conservés à la mairie : drapeau des anciens combattants volontaires du 93e régiment d'infanterie ; bannière de la formation musicale "l'Espoir musical charronnais", datée de 1971.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

  2. Revêtement : parement

Toits
  1. tuile creuse, tuile mécanique
Étages

1 étage carré

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : pignon découvert

  2. Partie de toit : croupe

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Charron , 5 rue des Ecoles

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: Bourg

Cadastre: 2016 AB 84

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