Présentation de l'opération d'inventaire du patrimoine pastoral de la montagne basque

France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Sainte-Engrâce

Lancé en mai 2022 dans un cadre de recherche appliqué propre aux principes et méthodes de l’Inventaire général, l’inventaire du patrimoine pastoral trouve son origine dans un déficit de connaissances en matière d’architectures et de structures pastorales dans le territoire de la montagne basque. Considérant l’état de nos connaissances actuelles, l’opération se concentre sur les étages collinéens (400-700 m) et montagnards (900-1200), de manière à favoriser l’étude des dépendances des fermes situées dans la vallée. L’etxe, siège de l’exploitation agricole, à la fois mieux documenté et moins menacé, n'est pas l'objet de l'enquête qui se focalise sur les bordes (granges, bergeries) et les etxola, olha ou cayolar (cabanes d’estive).

Le dossier d’opération est destiné à présenter les objectifs et les conditions de réalisation de l’inventaire du patrimoine pastoral. Il permet d'exposer l’intérêt scientifique de l'étude et les critères contingents qui ont présidés à ce choix, ainsi que les modalités de mise en oeuvre de l'opération. Le cahier des clauses scientifiques et techniques (CCST), versé en pièce jointe, explicite plus précisément les objectifs et les attendus de la mission : définition scientifique et technique des objectifs, moyens qui lui sont affectés, modalités de sa réalisation, conditions d’exploitation et de diffusion publique des données collectées.

Le contexte institutionnel et partenarial

Carte de la communauté d'agglomération Pays-Basque.Pour répondre à la compétence facultative : "Réflexions, études et programmes d’action visant à la connaissance, la préservation ou la mise en valeur des paysages et des patrimoines architecturaux et urbains caractéristiques du Pays basque", la Communauté d’Agglomération Pays basque (CAPB) a établi en 2020 une convention partenariale d’une durée de trois ans avec le service patrimoine et Inventaire (SRPI) de la Région Nouvelle-Aquitaine (N-A). La convention a pour finalité la réalisation d’un inventaire du patrimoine architectural sur le territoire de la CAPB. La Région N-A soutient financièrement la réalisation de l’inventaire du patrimoine architectural pour une durée de 6 ans et garantie l’implication du SRPI au quotidien. En contrepartie, la CAPB s’engage à créer une mission d’inventaire, à assurer des moyens humains et à mettre en place une gouvernance (comité de pilotage, comité technique, comité scientifique) en lien les acteurs scientifiques et associatifs locaux. Créée en mai 2021, la mission d'inventaire est rattachée au service patrimoine et paysage, au sein de la direction générale adjointe stratégie territoriale, aménagement et habitat de la CAPB. Pour mener cette mission, un chargé d’étude, Hadrien Rozier, a été recruté par la CAPB dans le cadre d’un CDD de 3 ans. Une étudiante stagiaire de l’université de Pau et des Pays de l'Adour, Amandine Prigent, a été affectée à la mission entre le mois d’octobre 2022 et le mois d’avril 2023. Le poste de chargé d’études est consacré à la conduite de la mission inventaire à hauteur de 80 % et à la participation aux projets communautaires à hauteur de 20 %. Ainsi, depuis sa création en mai 2021, la mission a été mise à contribution dans le cadre d’entreprises communautaires telles que les PLU infracommunautaires, le PNR Montagne basque et a été mobilisée pour appui technique auprès des commissions syndicales de la montagne basque. Ces projets sont détaillés dans le cahier des clauses scientifiques et techniques.

Les objectifs scientifiques

Etable d'altitude dite borde, montagne de sombiague, Sainte-Engrâce.L’étude des architectures pastorales a pour objectif de caractériser la matérialité d’un patrimoine jusqu’ici peu étudié, notamment afin d'éclairer la manière dont les sociétés agropastorales se sont appropriées leur milieu et en ont tiré profit. L’étude matérielle des édifices se concentre sur l’analyse des fonctions afin d’apporter des informations renouvelées sur les modes de vie et d’élevage au sein des ensembles pastoraux. D’autre part, des données inédites sur les techniques et les matériaux utilisés doivent permettre de mieux saisir les modes de construction de ces architectures vernaculaires. Une attention particulière a été apportée aux ressources naturelles des sites (géologiques et minérales, hydrographiques où encore végétales), de manière à comprendre ce qui a présidé à leur établissement.

Outre ces éléments, la finalité de l'opération est de proposer un référentiel de datation stable. Ce faisant, cette étude a pour ambition d’établir une chrono-typologie des ensembles étudiés. Chrono-types qui permettront alors de fixer les pratiques pastorales dans le temps et l’espace. L'exploitation de ces données seront à corréler avec les typologies établies par les archéologues, démarche vertueuse contribuant ainsi à accroître les connaissances sur l’évolution des pratiques pastorales sur le temps long, du néolithique à nos jours. Ces confrontations serviront à mettre en évidence les spécificités ou les traits communs des édifices des territoires basques avec le reste du corpus pastoral dans le contexte pyrénéen, et plus largement méridional.

La question des savoir-faire et plus largement des acteurs qui en sont à l'origine ne sera pas négligée. Après avoir étudié la matérialité des ensembles pastoraux, le dépouillement des sources écrites permettra de préciser la relation entre les édifices, leurs utilisateurs (cultivateurs, bergers, syndics) et leurs constructeurs (maçons, charpentiers, journaliers).

Au-delà de l’intérêt scientifique du sujet, ce choix a l’avantage d’être complémentaire avec les projets menés par la CAPB, notamment le PNR Montagne basque et ses partenaires, telles les commissions syndicales et les universités de Bordeaux (Ausonius – UMR 5607) et de Pau des Pays de l’Adour (ITEM – UR 3002).

Le territoire de l’enquête

Carte de la montagne basque.Le temps imparti à cette enquête interdit d'envisager la couverture exhaustive des 111 communes qui composent le territoire du PNR. Un échantillonnage a ainsi été réalisé de manière à concentrer les recherches sur les communes les plus représentatives, tout en veillant à respecter l’équité territoriale au sein du PNR1. Le choix des communes a été établi en collaboration avec l’association des commissions syndicales de la Montagne basque et les services agricultures et montagne de la CAPB. Il tient notamment compte des connaissances de terrain acquises par les agents de la CAPB ou de leurs partenaires et de la classification zone de montagne déterminée par l’altitude et la pente moyenne des communes concernées.

Les objets concernés

Pour étudier les ensembles pastoraux tels que les bergeries, les granges ou encore les cabanes pastorales comprises dans l’aire d’étude, il convient de documenter l’ensemble des parties constituantes bâties ou non bâties qui les composent. L’architecture ne suffisant pas à la compréhension des sites pastoraux, l’ensemble des éléments dits "naturels" participant à la fonction ou à la construction des sites est également pris en compte 2. À l’intérieur de ce corpus, l’inventaire se veut exhaustif, il répond à la méthode du repérage/recensement tel qu’il est pratiqué par l’Inventaire général. Comme c’est l’usage, les bornes chronologiques de l’étude sont fixées de 400 après J.-C. à une trentaine d'années avant le présent, soit les années 1990.

Les conditions d’enquête

Au sein du territoire de projet du PNR Montagne Basque, chaque commune étudiée fait l’objet : d’un dépouillement de ses sources écrites, iconographiques et planimétriques ; d’une enquête de terrain, menée selon les standards de l’Inventaire général et enfin, de l’écriture de dossiers d’inventaire.

Système d’information géographique

L’enquête de terrain est effectuée à l’aide d’un système d’information géographique (SIG) configuré selon la méthode du repérage et de la sélection de l’inventaire général 3. Les édifices et leurs parties constituantes sont recensés sur le plan cadastre selon une grille d’analyse (cf. annexe 3). Le SIG prend donc en compte deux échelles d’études, l’ensemble pastoral, renseigné par la ou les parcelles cadastrales sur lesquelles il prend place, et les éléments qui le composent, identifiés grâce aux polygones bâtis du cadastre, ou à défaut, par un figuré ponctuel. Lorsqu’une visite des intérieurs est possible, les édifices bénéficient d’une description plus approfondie, de schéma de distribution ou de relevés d’architecture, tous versés au sein du même SIG.

Afin de mieux contextualiser l’étude, les données acquises par l’Etat dans le cadre de protections au titre des Monuments Historiques, de la carte archéologique nationale ou de l’Inventaire général ont également été ajoutées dans le SIG de l’enquête. Lorsqu’elles sont publiées, les études menées par le service patrimoine et inventaire de N-A figurent également au nombre des données utilisées. Au même titre, les recensements menés sur les structures pastorales de la montagne basque par les commissions syndicales avec l'appui de la mission inventaire CAPB sont intégrés aux sein du SIG. Pour plus d’efficacité sur le terrain, la base cartographique numérique géoréférencée (Scan 25) ainsi que l'image géographique du territoire national (BD Ortho) de l’Institut Géographique National (IGN) ont été ajoutés au SIG. Le premier permet de préciser l’altitude, le réseau hydrographique, l’occupation des sols et les chemins d’accès relatifs aux sites étudiés, tandis que le second apporte une géolocalisation et une emprise pour des structures non cadastrées. Dans la mesure du possible, les cadastres napoléoniens et rénovés sont géolocalisés pour chacune des communes inventoriées, apportant ainsi des jalons chronologiques tout en facilitant le dépouillement des états de sections et des matrices cadastrales. Enfin, les données publiques du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), notamment la carte géologique et celles des cavités (BD Cavités) fournissent des informations sur les ressources lithiques et minières susceptibles d’être exploitées et mises en œuvre sur les édifices considérés. À ce titre, elles figurent également dans le SIG.

Documentation iconographique

Plan schématique de la cabane.Dans un souci d’efficacité, les prises de vues réalisées lors du recensement seront effectuées à l’aide du terminal mobile associé au SIG de l’enquête. Les éléments recensés font au minimum l'objet d’une prise de vue générale de trois-quarts, du départ des murs au faîtage du toit. Compte tenu des faiblesses du terminal mobile, les photographies des édifices sélectionnés sont effectuées avec un appareil photo réflex équipé d’un objectif 18-150 mm, ce qui permet à la fois des prises de vues sans recul en intérieur et lointaines en extérieur. Par ailleurs, des campagnes photographiques pourront être effectuées par le SRPI, notamment à l'occasion de publication d'ouvrages dans les collections nationales ou régionales.

Dès que cela est réalisable, des relevés schématiques sont effectués sur les éléments recensés. Ceux-ci prennent la forme de croquis de plan masse, de croquis de plan au sol ou de coupe. Sans prétention de précision, ce procédé souligne les traits essentiels de l’édifice dans le respect de ses proportions ; il satisfait de multiples usages et peut ainsi éclairer le phasage chronologique d’un bâtiment ou la mise en avant des fonctions de ce dernier. Véritable prérequis à l’établissement des typologies architecturales, ces croquis sont établis selon les codes de représentation définis par l’Inventaire général.

Dans la mesure du possible, les sites sélectionnés seront documentés par des relevés expédiés en plan et en coupe. Ils sont indispensables à l’analyse fine du bâti et à toute entreprise de comparaison à l’intérieur et à l’extérieur de l’aire d’étude considérée. Les relevés sont effectués à l’aide d’un télémètre laser doté d’un adaptateur de mesure d’angle permettant l’acquisition des cotes par rayonnement. Contrairement au tachéomètre, ce type d’équipement ne gère pas le changement de station, ce qui engendre une marge d’erreur dont le lecteur doit être conscient.

Structure documentaire

Organigramme du classement des dossiers d'inventaire. La structure documentaire des dossiers d’inventaire est composée du dossier d’opération [en bleu], de présentation de l'aire d'étude et des communes, des dossiers de synthèses [en jaune], consistant notamment en dossiers thématiques et collectifs et, enfin, des dossiers d’œuvres sélectionnés pour étude sur la base de l’enquête de terrain [en vert]. Par souci de pragmatisme, la bibliographie n’est que sommairement consultée lors des études communales. Comme l’étude des sources, elle se limite strictement à une entrée communale. À l’inverse, les dossiers de synthèse offrent une revue plus exhaustive de la documentation, de manière à produire des analyses croisées avec les sources archéologiques, historiques ainsi qu'ethnographiques et restituer spatialement et chronologiquement le sujet dans un contexte plus large.

Dossier aire d’étude

Le dossier d’aire d’étude présente le territoire de l’enquête d’inventaire. C’est la première clef d’entrée sur le territoire considéré. Il se compose d’un texte de présentation de l’aire d’étude et de son histoire institutionnelle. Il est associé à une carte de situation et une carte administrative de délimitation de l’aire d’étude.

Présentation de la commune

Les dossiers de présentation des communes, fractions de l'aire d'étude, permettent de regrouper les éléments du corpus au sein de la maille administrative la plus serrée. Ils se composent d’une notice résumant les caractères historiques et géographiques de la commune. Ce commentaire, associé à une carte de localisation et à un tableau de désignation des objets recensés, doit permettre de mieux contextualiser les œuvres étudiées.

Dossier thématique

Le dossier thématique porte sur un corpus d'artéfacts appartenant à des catégories différentes mais qu'il est pertinent d'associer pour mieux cerner le phénomène pastoral. Il se compose d’une note de synthèse associée au tableau des œuvres inventoriées et d’une carte de localisation. Il permettra de proposer une synthèse des données analysées dans les dossiers collectifs et d'élargir l'analyse, tant du point de vue géographique que chronologique.

Dossiers collectifs

Les dossiers collectifs sont élaborés pour une famille d’œuvres architecturales, à l'image de la grange ou de la cabane pastorale. Ils permettent de proposer une synthèse sur la morphologie des éléments repérés et sur leur évolution chronologique, fondée sur la compilation des données collectées sur le terrain et dans les sources dans le but d'éclairer les caractères généraux de la famille concernée. Les observations générales renvoient à une sélection d’individus repérés lors de l'enquête de terrain, puis étudiés dans les dossiers œuvres. Ces dossiers s'accompagnent d'une carte de localisation des édifices concernés et d'un atlas élaboré à l'aide des grilles de repérages.

Dossier œuvre

Le dossier d’œuvre concerne une entité patrimoniale sélectionnée pour étude au sein du corpus repéré. Cet élément est choisi pour sa capacité à représenter le type auquel il se rapporte ou, à l’inverse, pour son caractère unique au sein du corpus. Le dossier s’articule autour de commentaires : notice descriptive exposant la forme générale de l'édifice et mettant en évidence ses caractères essentiels, et notice historique, composée d’une synthèse sur l'histoire de l'œuvre. Ce dossier s’accompagne de la documentation permettant d’étayer l’analyse proposée, soit au minimum : un plan de situation, des relevés et des photographies.

1cf. annexe 12Cf. annexe 2.3Cf. Annexe 3.

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