Présentation de la commune de Soulac-sur-Mer

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Les découvertes archéologiques attestent d'une implantation humaine ancienne sur cette fin des terres, entre océan et estuaire. Elles témoignent également des profondes mutations du territoire avec une évolution des rives, côté océan et côté estuaire.

Des outils lithiques remontant au néolithique ont été découverts dans de nombreux secteurs. La plage de l'Amélie et la Pointe de la Négade ont été fouillés à plusieurs époques, mettant au jour des vestiges multiples. L'une des découvertes les plus exceptionnelles est celle du sanglier gaulois en tôle de laiton en 1989 sur la plage de l'Amélie.

Le site de l'église de Soulac a probablement été occupé par un lieu de culte dès le Haut Moyen Âge (sarcophages mérovingiens) ; un oratoire y est attesté au 6e siècle.

L'abbé Baurein évoque une charte datée de 980 qui mentionnerait pour la première fois Notre-Dame-de-la-Fin-des-Terres ; toutefois, de nombreux textes sont d'une authenticité douteuse et prêtent à confusion. Le cartulaire de l'abbaye de Sainte-Croix-de-Bordeaux contient deux chartes concernant Soulac, tantôt attribuées au comte Guillaume le Bon avant 977-988, tantôt à Guillaume V d'Aquitaine dans le premier tiers du 11e siècle. Le prieur retirait d'importants revenus du sel récolté dans les marais salants. Il était aussi vicaire perpétuel de la paroisse et exerçait un droit de justice haute et basse sur le territoire de la sauveté.

Un conflit oppose l'abbaye de Saint-Sever et celle de Sainte-Croix de Bordeaux concernant la propriété du prieuré de Soulac : la question est tranchée en 1103 en faveur de l'abbaye bordelaise. La construction de l'église est probablement engagée dans le 1er quart du 12e siècle.

Hors des limites de la sauveté, le territoire relève du seigneur de Lesparre. Au 14e siècle, la paroisse de Lilhan est également attestée avec l'église Saint-Pierre. Elle semble avoir été désertée dès le 16e siècle. L'abbé Baurein, en 1784, indique que "cette paroisse n'existe plus depuis longtemps (...) le territoire a été presqu'englouti par les flots de la mer" : elle fut plutôt envahie par les sables que gagnée par la mer ; le toponyme est d'ailleurs encore conservé au sud de la commune.

Le territoire se compose de pinèdes, de pêcheries, de prés salés, de marais salants et de dunes de sable. Dès le Moyen Âge, l'envahissement des sables est constaté. Il ne cesse de s'accentuer à l'époque moderne, entraînant en 1744 l'abandon de Notre-Dame-de-la-Fin-des-Terres par les paroissiens, qui construisent une nouvelle église à distance du littoral. Par ailleurs, une chapelle est construite au Verdon, à la pointe de Grave, entre 1717 et 1723, à la suite de la requête des marins de l'estuaire, souvent stationnés dans la rade du Verdon en cas de mauvais temps et pour lesquels l'église de Soulac était trop éloignée.

Trois pôles se forment ainsi au cours des siècles : celui de Notre-Dame-de-la-Fin-des-Terres, celui de Jeune-Soulac et celui du Verdon.

En 1867, un plan prévoit la division de la commune en trois sections : celle du Verdon, celle de Soulac et celle des Olives.

Le Verdon-sur-Mer prend son autonomie au cours du 19e siècle : la paroisse est érigée en 1849 et la commune est créée en 1875.

Au 19e siècle, l'ensemencement des pins sur les dunes entraîne une profonde mutation paysagère. Le 22 septembre 1801, l'ingénieur Nicolas Brémontier et le préfet de la Gironde se rendent à Soulac. Les travaux d’ensemencement sont engagés dès 1802 et se déroulent jusqu'en 1821. Les semis du premier atelier du Verdon sont terminés le 28 juillet 1806 ; au Royannais, Grandes-Maisons et aux Huttes en 1811 ; autour de la basilique Notre-Dame-de-la-Fin-des-Terres et jusqu’aux Cousteaux en 1809 ; à Gartieu au sud en 1821. En 1833, les pins sont remis à l’Etat.

Des travaux de défense côtière sont également engagés sur le littoral dans les années 1840 avec l'aménagement d'épis.

En vertu d’une ordonnance royale de 1839, Raymond Magne, médecin à Talais et conseiller général de la Gironde, détenait deux hectares de terrain domanial sur la plage des Olives ; en 1849, il cède à Antoine Trouche, hôtelier à Lesparre, sa concession ainsi que l’autorisation de bâtir un établissement de bains sous toutes réserves de droit en raison de la proximité du domaine forestier. Celui-ci, avec l’appui de M. Bonnore, sous-préfet de Lesparre, obtient de l’Etat la transformation de cette concession en vente le 7 mai 1849. Trouche établit d’abord des baraquements en planches formant hôtel puis en 1854 fait bâtir une maison en brique. Il obtient l’autorisation d’établir un four à briques et à tuiles puis divise sa concession en étroites parcelles. Un procès-verbal de délimitation de la forêt de Soulac en date du 30 septembre 1854 autorise le régime forestier à remettre à l’administration des Domaines 16 ha 58 a 84 ca de terrains boisés entourant la concession Trouche. Les terrains seront vendus aux enchères publiques en plusieurs adjudications de 1857 à 1864. C'est ainsi qu'est créée progressivement la station balnéaire de Soulac.

L'aménagement du chemin de fer du Médoc qui atteint Soulac en 1874 contribue grandement au développement de la station balnéaire.

Dans les années 1860, à l’initiative du cardinal Donnet, des travaux sont menés pour le désensablement de Notre-Dame-de-la-Fin-des-Terres. Le 7 août 1867, elle est érigée en succursale et classée au titre des Monuments historiques le 20 juillet 1891.

Les constructions se multiplient aux Olives et la population augmente nettement : en 1869, on y comptait 73 habitants ; en 1881, 242 puis en 1901 566 habitants. Trois phases principales de constructions peuvent être distinguées : 1860-1885 ; 1885-1914 ; 1914-1930.

Soulac est classée station balnéaire en 1921.

L'histoire de la commune est également marquée par la Seconde Guerre mondiale. De nombreux bunkers témoignent de la présence allemande entre 1940 et 1945 : la forteresse du Nord Médoc s'étend sur les côtes océaniennes et estuariennes de Soulac au Verdon et comprend 37 positions plus ou moins importantes comptant environ 350 bunkers (abris en béton) de formes et tailles variables selon leur fonction (poste de commandement, abri, casemate, soute à munition, à vivre, radar, etc.). Elle est limitée au sud de Soulac par un fossé anti-chars (de la Gironde à l’océan), mais se prolonge par un terrain de combat avancé jusqu’à Montalivet, comprenant 37 positions dont 29 positions légères, blockhaus (abris en bois).

Après la guerre, la vocation balnéaire de Soulac s'affirme et les constructions se poursuivent : c'est à cette époque que l'on construit le célèbre immeuble Le Signal sur le front de mer. Devenu le symbole des effets de l'érosion et de l'évolution du trait de côte, il se trouve aujourd'hui menacé par les flots et les habitants en ont été expropriés.

Dans les années 1990, l'architecture balnéaire fait l'objet d'une étude historique menée par Olivier Lescorce. Une délibération du conseil municipal du 22 décembre 1990 propose un recensement et une première analyse du bâti balnéaire de type soulacais, dans le cadre d'une "mise à l’étude d’une zone de protection du patrimoine architectural et urbain". Le règlement de ZPPAUP est réalisé en juin 2000 par l'architecte Isabelle Berger-Wagon et l'historien Olivier Lescorce. La ZZPAUP est officiellement créée le 16 avril 2002.

Ce travail constituant une base de connaissance solide sur l'architecture balnéaire, il a été décidé d'exclure le périmètre de la ZPPAUP du présent inventaire du patrimoine. La typologie des villas ayant été mise en évidence, notre étude s'est concentrée sur un autre type de patrimoine, notamment le patrimoine viticole et rural.

La commune de Soulac présente la spécificité d'avoir une rive océanique et une rive estuarienne. Dans le cadre de l'inventaire du patrimoine des communes estuariennes, nous avons donc privilégié l'étude de la zone des marais et du port de Neyran. Le hameau de l'Amélie, non compris dans la ZPPAUP, a également été pris en compte, tout comme celui de Jeune-Soulac. Toutefois quelques bâtiments emblématiques ont également fait l'objet d'un dossier.

69 dossiers ont été réalisés, dont 29 ont bénéficié d'une étude plus approfondie et 38 d'un simple repérage. Un dossier de synthèse sur les maisons et fermes a également été constitué.

La commune de Soulac-sur-Mer s'étend sur une superficie de 28,89 km2 et présente la spécificité d'avoir une façade estuarienne à l'est et une façade océanique à l'ouest.

Elle est limitrophe au nord de la commune du Verdon-sur-Mer et au sud des communes de Talais et de Grayan-et-L'Hôpital.

Les paysages sont marqués par la plage, les dunes et la forêt à l'ouest, les marais au centre et les "mattes", terres basses en bord d'estuaire qui ont été drainées au cours des siècles. Ces terres humides sont traversées par le chenal de la Palu et le chenal de Neyran qui rejoint l'estuaire.

L'habitat se concentre principalement dans la station balnéaire qui borde l'océan. Les hameaux de l'Amélie et de Jeune-Soulac constituent deux autres pôles de population. Cette densité de constructions contraste avec la zone des mattes à l'est qui constitue une zone naturelle protégée (ZNIEFF).

Le développement de la station balnéaire a induit l'installation de nombreux campings et résidences et colonies de vacances.

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