Maisons et fermes : l'habitat à Taugon

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Taugon

Parmi les 168 maisons et fermes ou anciennes fermes relevées, 11 présentent des éléments qui semblent remonter au 18e siècle (8), voire au 17e (3). Un linteau de porte remployé dans la rue Saint-Jean sans doute à la fin du 18e siècle (il porte la date 1790), pourrait remonter au 15e ou 16e siècle (linteau en accolade). 4 dates inscrites antérieures à la Révolution ont été relevées : 1691 au 17 rue de l'Aunis, 1733 venelle de la Pigouille (relevée en 1980, depuis lors disparue), 1776 au 8 route des Combrands, et 1790 dans la rue Saint-Jean.

Près de 9 maisons ou logis de ferme sur 10 ont toutefois été construits au 19e siècle, et les trois quarts (127) dans la seconde moitié du 19e siècle, en particulier (62) dans les années 1850-1870, époque florissante pour l'économie dans les marais de la région. Dès la fin du 19e siècle cependant, le déclin démographique régulier de la commune se traduit dans le nombre de nouvelles constructions : il chute à 37 dans les années 1880-1900, 23 dans la première moitié du 20e siècle. Trois dates inscrites témoignent de ces périodes : 1883 au Corps de garde, 1906 au 19 route des Combrands, 1907 au 31 rue des Marais.

Périodes

Principale : 17e siècle, 18e siècle, 19e siècle, 1ère moitié 20e siècle

Un habitat concentré sur les terres hautes

Parmi les 168 habitations relevées au cours de l'étude, les deux tiers (111) sont concentrés dans le bourg, c'est-à-dire sur l'ancienne île calcaire, à l'abri des inondations. Le bourg comprend ainsi 91 % des maisons et 43 % des fermes ou anciennes fermes. Parmi les maisons, nombreuses sont celles qui abritaient un magasin de commerce ou un atelier d'artisan. La plupart de ces établissements ont disparu et leurs traces sont souvent ténues. 22 ont toutefois pu être identifiés.

15 % des habitations relevées (26) prennent place en écarts, c'est-à-dire principalement dans le hameau des Combrands, protégé des crues de la Sèvre Niortaise par la digue de Taugon. Quelques écarts, réduits, se trouvent dans les marais mouillés : autour du pont du Sablon, au Frêne et aux Sauveurs, ou encore aux Boutins. 31 habitations (presque toutes des fermes), soit 18 % du total, sont isolées dans les marais, qu'il s'agisse de cabanes de marais desséchés (15 relevées) ou de petites fermes de marais mouillés.

Cette concentration des habitations sur une partie du territoire communal, se traduit par un habitat resserré, de manière à optimiser l'occupation de l'espace. Ainsi, 73 % des maisons (59) sont attenantes, c'est-à-dire accolées les unes aux autres, avec tout au plus une petite cour. 65 % des habitations sont soit en alignement sur la voie (et forment, en coeur de bourg, des fronts bâtis le long de la rue principale), soit perpendiculaires à la voie. Seulement 35 % des habitations sont en retrait par rapport à la voie, avec une cour ou un jardin à l'avant.

Fermes regroupées et grandes cabanes

Ce phénomène de concentration se vérifie enfin dans la réparation des bâtiments qui composent les fermes (logis, dépendances). Qu'elles soient situées (à 43 %) dans le bourg, dans les écarts (29%) ou isolées dans les marais (28 %), qu'ils soient desséchés ou mouillés, les deux tiers d'entre elles (59) sont à bâtiments jointifs, accolés les uns aux autres. Dans le bourg, il s'agit là encore d'optimiser l'espace ; dans les marais desséchés, l'objectif est de ne pas trop empiéter sur les terres cultivables ; dans les marais mouillés, les bâtiments sont regroupés sur une parcelle surélevée de manière à mieux résister à l'inondation. Parmi ces fermes à bâtiments jointifs, près de la moitié (27) sont de plan allongé : le logis et les dépendances sont placés dans le prolongement les uns des autres. Ce type d'organisation se retrouve principalement dans le bourg (fermes perpendiculaires à la voie) et dans les marais mouillés (fermes parallèles à un cours d'eau).

Si la plupart des dépendances en question (granges, étables, toits...) sont souvent de dimensions modestes, à l'image de la plupart des exploitations jusqu'au milieu du 20e siècle, on relève tout de même la présence de 15 granges-étables dont la façade est sur le mur pignon. 9 sont situées dans les cabanes de marais desséchés. Il s'agit de vastes dépendances qui témoignent de l'importance de l'élevage dans les marais, y compris desséchés, jusque dans les années 1950. La grange-étable ouvre alors par une grande porte centrale, pour faire entrer récoltes et matériel, encadrée par les ouvertures, plus petites, des étables latérales.

Des logements de taille réduite et sans ostentation

La concentration de l'habitat observée à Taugon a aussi des conséquences sur la forme et la taille des logements. Celle-ci traduit aussi le niveau de vie de la population au 19e siècle, période de construction de l'essentiel des logements observés. Ainsi, la majorité d'entre eux sont de taille réduite : 68 (soit 41 %) ne présentent que deux travées (alignements verticaux) d'ouvertures en façade, signe de la largeur du bâtiment donc de sa taille ; une proportion qui augmente encore (à 55%) si l'on ajoute les façades à une seule travée (26 cas), généralement associée à une seconde ouvertures au rez-de-chaussée. Seulement un quart des logements (40) comptent trois travées en façade, et 9 en présentent jusqu'à 6. Etroits en façade, les logements gagnent de l'espace en hauteur, notamment dans le bourg où ils sont accolés. Ainsi, 51 % des logements (86) possèdent un étage. Presque tous les autres (78) sont en rez-de-chaussée avec un grenier, habitable ou pas. Rares sont les maisons de maître, bâtiments aux dimensions et au style architectural digne des demeures bourgeoises : on n'en compte que 3, au 24 rue du Marais, au Bassiou et au Logis des Grèves.

La même modestie caractérise le décor des façades des logements. Un tiers d'entre elles présentent des appuis d'ouvertures saillants, mais rares sont les autres éléments de décor tels que les bandeaux (9 cas seulement), les corniches (12 cas) ou encore les génoises (2). Le décor s'est un peu étoffé au début du 20e siècle : encadrements et clés de linteaux saillants, toit à croupes ou à débordement (voir par exemple au 31 rue du Marais)... Quelques maisons et logis de fermes (13 rue du Marais, Belle-et-Bonne) ont adopté certains caractères de l'architecture de villégiature (toit à débordement et à demi-croupes), jusqu'à la villa Cyrnos, construite en 1910 dans le style des cottages de bord de mer, 7 rue de la Vinette.

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