Port de Royan

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Mentionné dès le Moyen Age, le port de Royan se développe au 16e siècle en tant que point de départ pour la pêche à la morue vers Terre-Neuve. Le roi Henri II autorise les Royannais à faire construire une petite jetée qui vient protéger le port au sud, juste à la pointe de Foncillon (c'est ce que montre un plan de la ville et faubourg de Royan en Saintonge en l'etat qu'elle estoit en 1622, établi au début du 18e siècle par Claude Masse). Le port est alors situé au pied même du château de Royan : le coeur de ce château se situe au fond du port (vers l'actuel quai L'Herminier), et sa ville basse et ses fortifications s'étendent sur toute la pointe et tout le plateau de Foncillon. Au coeur de la ville basse, un puits et une galerie creusée dans le roc permettaient de s'échapper du côté de Foncillon.

Le siège de 1622, qui aboutit à la destruction du château, interrompt cet essor, et la jetée est détruite. En 1712, un nouveau plan établi par Claude Masse montre les ruines des fortifications sur le plateau de Foncillon, ainsi que le port avec les vestiges de la jetée. Au devant s'étend un "estran ou platin de sable ferme où les barques demeure à sec". Simplement abrité par la pointe de Foncillon et par la petite jetée, le site se limite toujours à un port d'échouage, les gros navires restant mouiller au large. Déjà, des bateaux assurent la liaison avec Bordeaux.

Pour pallier les limites du site, des projets d'aménagement se font jour dès la première moitié du 18e siècle. A défaut d'une véritable jetée comme celle détruite en 1622, les habitants en érigent une autre en 1725. Bien que malmené par plusieurs tempêtes successives, et définitivement emporté en 1784, cet aménagement permet au port de Royan de retrouver une activité, dans le sillage du développement de Bordeaux, et il devient même un des points d'attache des pilotes de l'embouchure de la Gironde, qui aident les navires à en franchir les obstacles. Entre 1778 et 1803, plusieurs projets de jetée, de môle ou de rampe, plus ou moins ambitieux, sont élaborés par les services des Ponts et chaussées, en particulier par l'ingénieur Teulère (auquel on doit également le surhaussement du phare de Cordouan et sa configuration actuelle). Finalement, une véritable jetée (aujourd'hui appelée "la Vieille jetée") est construite suivant les plans de l'ingénieur Leclerc. Ce chantier, commencé en 1804, s'étire jusqu'en 1810, l'entrepreneur désigné, Prevost, étant révoqué en 1806 au profit de l'entrepreneur Jean-Baptiste Dusser, lui-aussi de Royan.

De nouveaux travaux d'amélioration du port sont réalisés en 1828 par l'entrepreneur Marion, de Royan, suivant le projet établi par l'ingénieur des Ponts et chaussées Potel. Côté nord, le long des maisons, un mur de soutènement et un quai (l'actuel quai de l'Amiral-Meyer) viennent remplacer des rochers qui s'éboulaient, et une rue est créée en surplomb (actuel boulevard Thiers). Entre ce nouveau quai et la jetée, sur le côté ouest du port, une cale en pente douce destinée à accueillir des chantiers de construction de bateaux, ainsi qu'une longue rampe reliant la nouvelle rue en surplomb et la jetée, prennent la place d'un terrain vague et d'un terre-plein, dernier vestige de l'ancien château détruit en 1622. Le plan du port établi à l'occasion de ces travaux montrent par ailleurs l'existence d'une promenade en arrière du port, sur la pointe de Foncillon (là où se trouve aujourd'hui la jetée-débarcadère du bac du Verdon). Sur la pointe, à l'entrée de la jetée, figurent un fanal et, comme sur les plans de la fin du 18e siècle, un corps de garde de la douane.

Toutes ces nouvelles installations apparaissent sur le plan cadastral de 1838 et sur des gravures de la première moitié du 19e siècle. Un plan établi en 1842 à l'occasion d'un projet de création d'un établissement de bains sur la pointe de Foncillon, montre par ailleurs la présence d'une "pêcherie" au pied de l'entrée de la jetée, d'escaliers descendant de la pointe rocheuse, et de murs de soutènement. L'un d'eux, appelé "mur du creux Saint Nicolas", rappelle le puits et la galerie qui existaient là du temps du château fortifié ; ce "creux", trop dangereux, a été condamné en 1822.

Dès le début des années 1840, il est question d'améliorer encore le port, jugé trop petit, voire même de creuser un bassin en eaux profondes capable d'accueillir de plus gros navires, comme Teulère l'avait déjà imaginé à la fin du 18e siècle. On envisage même un temps un vaste môle qui fermerait la Grande conche, au risque de provoquer son envasement. L'objectif est aussi d'améliorer l'accueil des bateaux qui assurent la liaison avec Bordeaux. Il faut attendre un décret impérial du 22 novembre 1861 pour qu'un projet soumis dès 1857 par l'ingénieur des Ponts et chaussées Augustin Botton soit adopté. Il consiste en la création d'un nouveau quai (le quai L'Herminier) à la place de l'ancienne cale et des chantiers navals ; en l'élargissement de l'extrémité de la Vieille jetée, avec création d'un musoir et surtout d'une rampe et d'escalier permettant aux bateaux assurant la liaison avec Bordeaux d'accoster correctement. Les travaux sont adjugés le 14 mars 1862 à l'entrepreneur royannais Charles Geay. Or son travail s'avère entaché de malfaçons et, en août 1865, il quitte la France pour l’Argentine. Après une période transitoire au cours de laquelle le chantier est repris par son fils, ingénieur civil, assisté par le sieur Rateau, appareilleur de son père, Geay est remplacé en 1868 par l’entrepreneur Désiré Franc, également de Royan. Entre temps, une dépense supplémentaire a été décidée pour créer un gril de carénage, devant le nouveau quai L'Herminier, à la demande de la Marine. A la même époque, un marché au poisson est établi dans les voûtes aménagées dans l'épaisseur du quai de l'Amiral-Meyer.

Les déblais issus de tous ces travaux sont déposés en avant du port, au nord, devant le front de mer, là où se déversaient jusqu’à présent les égouts de la ville. En 1866, la municipalité est autorisée à prendre ce nouvel espace gagné sur la Grande conche pour y aménager un square, le square Botton. Il est même question de prolonger ce déblai pour joindre le champ de foire, et d’y construire à la fois une nouvelle église paroissiale et une gare de chemin de fer (projet non réalisé). En échange, une portion de terrain que la municipalité possède à Foncillon est dévolue aux chantiers de construction navale qui ont été délogés du port.

En 1882, on lance brièvement des travaux de création d'un port en eaux profondes, sur le côté ouest de la conche de Foncillon, mais le chantier ne va pas jusqu'à son terme. Une liaison régulière par bateau est créée avec le Verdon, et les voyageurs débarquent tant bien que mal sur la Vieille jetée. En 1896-1897, une nouvelle jetée-débarcadère est construite au sud-ouest du port, à partir de la pointe de Foncillon. Comprenant une estacade puis une jetée proprement dite, avec un feu à son extrémité, elle facilite l'embarquement et le débarquement des bateaux assurant la liaison avec Bordeaux et le Verdon. Elle devient un des principaux points d'entrée des visiteurs, bordelais notamment, venant en villégiature à Royan. Le premier bac transbordeur, le Cordouan, est mis en service en 1936. Auparavant, entre le port et la nouvelle jetée (vers l'actuelle allée du Cotre), un parc est aménagé et reçoit un monument à Frédéric Garnier, inauguré le 29 septembre 1907 (à l'angle entre les actuels boulevard Thiers et rue de la Galiote).

Sous l'Occupation, le monument Garnier disparaît, et des blockhaus sont construits par les Allemands le long de la rampe qui longe le quai L'Herminier (il en reste aujourd'hui une partie). Le secteur du port est particulièrement visé par les bombardements de 1945, quais et jetés sont pillonés. Leur reconstruction ne tarde pourtant pas. Seul l'ancien parc du monument Garnier n'est pas rétabli ; commerces et chantiers de construction (comme au 19e siècle) prennent sa place.

En 1965, le port entre dans une nouvelle phase de son histoire et de son développement avec la création d'un port de plaisance : au nord-est de la Vieille jetée, une nouvelle jetée (quai de Gosport et des Manutentions) est construite en face du casino et des immeubles du Front de Mer, doublant presque la capacité du port. Une autre jetée est greffée de manière oblique à la Vieille jetée dont l'extrémité est élargie (c'est là que se trouve aujourd'hui la capitainerie). En 1980-1982, un nouveau bassin, en eaux profondes, est créé avec la construction d'une nouvelle imposante jetée, entre la Vieille jetée et la jetée de l'embarcadère du bac du Verdon : le quai des Sabliers est ainsi dénommé parce qu'il est utilisé pour décharger le sable alors extrait du fond de l'estuaire pour servir à la fabrication du béton (auparavant, les sabliers étaient établis dans les voûtes du quai de l'Amiral-Meyer).

Cette activité cesse en 2006, mais dès le début des années 1980, le bassin des sabliers est en partie affecté au port de pêche. Une nouvelle criée, conçue par l'architecte Marc Quentin, est construire, ainsi qu'une glacière. Au début des années 1990, le quai des Sabliers est prolongé de manière oblique vers l'est, protégeant encore davantage l'ensemble du port. Peu après, le port de plaisance est doublé par la création d'un troisième bassin, à l'est du premier, grâce à la construction du quai du 13e Dragon.

Périodes

Principale : 19e siècle, 2e moitié 20e siècle

Le port de Royan situé entre le Front de Mer et la pointe de Foncillon, est constitué de trois bassins : deux pour les bateaux de plaisance, un pour les bateaux de pêche. La capitainerie se trouve à l'extrémité de la Vieille Jetée, au point de jonction entre les trois bassins. Des commerces ont pris place dans les voûtes du quai de l'Amiral-Meyer, et d'autres, avec des entreprises de construction navale, au-delà du quai L'Herminier et de la rampe qui relie le port au boulevard Thiers. La criée et la glacière se trouvent le long du port de pêche. Enfin, le port se prolonge au sud par le parking et la jetée de l'embarcadère du bac qui effectue la liaison avec le Verdon.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Royan , quai du 13e Dragon

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 2014 AI 9049

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