Ensemble de 42 verrières : Scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament, Mystères du Rosaire, symboles christiques et mariaux, Litanies de la Vierge (baies 0 à 28, 101 à 113)

France > Nouvelle-Aquitaine > Landes > Maylis

Le cycle de verrières de Maylis est, avec celui de Notre-Dame de Buglose, d'un style très différent et moins homogène, le programme de célébration mariale le plus complet conçu pour une église landaise. Il fut réalisé en deux étapes par le verrier bordelais Gustave-Pierre Dagrant (1839-1915), dont le fonds d'atelier conserve les premiers croquis préparatoires (voir références documentaires) : les verrières du chœur, des absidioles et du transept furent posées les premières en 1898-1899, suivies en 1903 par celles des collatéraux et des fenêtres hautes de la nef et du clocher. Ces dessins indiquent, outre les dimensions des panneaux, les noms des praticiens de l'atelier responsables de leur exécution (Barbe, Bordes, Dubedout, Paul, Vidalé...), ainsi que ceux des différents donateurs (certains de ces noms n'ont pas été reportés sur les verrières).

La plupart des familles notables de Chalosse et des desservants des paroisses voisines contribuèrent en effet de leurs deniers à la constitution de cet ensemble exceptionnel. Parmi ces donateurs figurent, par exemple, André de Laborde-Lassale (1846-1924), directeur du journal monarchiste La Nouvelle Chalosse et maire du village voisin d'Eyres-Moncube, qui offrit la verrière 4, et sa sœur Marie-Élisabeth, comtesse Pierre Guillaume de Saint-Légier de La Sausaye (1840-1901), donatrice de la verrière 15 - leur mère, Marie Josèphe Alice de Cès-Caupenne, épouse Laborde-Lassale (1818-1885), avait donné en 1877 l'une des verrières du chœur de l'église abbatiale de Saint-Sever.

L'ensemble est resté intact jusqu'aux années 1950, époque où la construction des deux nouvelles chapelles des Saints-Anges et de saint Joseph dans la dernière travée des collatéraux entraîna la suppression (et la destruction ?) des verrières 19 et 20 (Présentation de la Vierge au temple et Mort de la Vierge).

Le programme marial, peut-être défini par le curé Piraube dès la construction de l'église en 1871-1877, s'articule principalement autour de la représentation des Mystères du Rosaire (collatéraux) et des Litanies de la Vierge (baies hautes de la nef). Il s'enrichit, dans le chœur, d'une histoire de la Chute et de la Rédemption à travers le parallèle antithétique traditionnel entre Ève et Marie, la "Nouvelle Ève" qui rachète la faute originelle et participe par l'Incarnation au plan salvifique divin pour l'humanité. Les verrières du transept poursuivent la louange mariale par l'évocation de la "fête du lys" célébrée à Maylis (la "mère des lys" selon une étymologie sujette à caution) chaque année, le dernier dimanche d'août - selon le chanoine Daugé (Notre-Dame de Maylis, 1936), il s'agirait ici plus précisément de la première fête, celle du 23 août 1891. Les seules verrières du programme original qui n'appartiennent pas en propre au cycle marial sont celles des chapelles du Sacré-Cœur et de saint Joseph (absidioles), dédiées à leurs titulaires respectifs - les verrières de la chapelle de saint Joseph faisant évidemment une large place à la Vierge, présente dans toutes les scènes figurées, à une exception près.

L'autre caractère remarquable du cycle de Maylis est l'inspiration "archéologique", sensible surtout dans les verrières du chœur et des absidioles, où la stylisation des personnages et des décors, les couleurs saturées ou le style graphique des inscriptions évoquent les célèbres vitreries de Chartres (l'Arbre de Jessé) ou de Laon. En revanche, la technique d'émaux peints est pleinement moderne et ne fait guère usage des verres teints dans la masse que préconisaient les tenants du "renouveau médiéval" dans la lignée d'Adolphe Didron. Au demeurant, l'inspiration gothique reste assez superficielle, puisque Dagrant, peu familier du vitrail archéologique, a recours, comme pour sa production "classique", à ses modèles habituels, au premier rang desquels la Bible de Julius Schnorr von Carolsfeld (Die Bibel in Bildern, Leipzig, 1860). Celle-ci inspire notamment, au prix de quelques adaptations, le Christ chez Simon de la verrière 11 et le Retour du fils prodigue de la verrière 9. Le Bon Pasteur de cette dernière dérive quant à lui d'une composition du peintre nazaréen Edward von Steinle (1810-1886) gravée, entre autres, par Karl Kappes (1821-1857), modèle que Dagrant exploita aussi, dans sa veine classicisante, à la cathédrale de Dax en 1897 et à Pontonx-sur-l'Adour en 1913.

Périodes

Principale : 4e quart 19e siècle

Principale : 1er quart 20e siècle

Dates

1898, porte la date

1899, porte la date

1903, porte la date

Stade de création copie de peinture
Auteurs Auteur : Dagrant ou Dagrand Gustave-Pierre

Peintre-verrier né à Bordeaux (51, chemin du Sablonnat) le 15 septembre 1839 et mort dans la même ville le 21 septembre 1915 ; fils de Jean Dagrant, plâtrier, et de Jeanne Sallette ; marié à Bordeaux, le 3 octobre 1863, à Jeanne-Eugénie Chartier, sœur de Jean-Georges Chartier, peintre-verrier. Il en eut sept enfants, dont trois peintres-verriers qui lui succédèrent, Maurice (1870-1951), Charles (1876-1938) et Victor (1879-1925), et une fille qui épousa Albert Borel, son principal collaborateur. Né Pierre-Gustave Dagrant, le verrier changea son nom en Gustave-Pierre Dagrand entre 1864 et 1889, avant de reprendre, par jugement du tribunal de première instance de Bordeaux du 19 juillet 1889, son nom d'origine avec la graphie Dagrant. D'abord actif à Bayonne (où ses parents possédaient une propriété), il y fonde un premier atelier en 1864, puis crée en 1873-1874 un second atelier à Bordeaux (7, cours Saint-Jean, actuel cours de la Marne), ville où il s'installe définitivement par la suite.

, peintre verrier (signature)
Afig : Schnorr von Carolsfeld Julius

Julius (prénom usuel) Veit Hans Schnorr von Carolsfeld, né à le 26 mars 1794 à Leipzig et mort à Munich le 24 mai 1872, peintre et graveur du mouvement nazaréen. Fils et élève du peintre Veit Hanns Schnorr von Carolsfeld (1764-1841) et frère cadet des peintres Ludwig Ferdinand (1788-1853) et Eduard Schnorr von Carolsfeld (1790-1819). Élève à l'Académie des beaux-arts de Vienne en 1811, puis travaille à Rome et à Munich pour Louis Ier de Bavière, qui le nomme professeur à l'Académie des beaux-arts de Munich en 1827. Professeur à l'École supérieure des beaux-arts de Dresde en 1846, il y dirige également la Gemäldegalerie Alte Meister. De son mariage (en 1827) avec Marie Heller, belle-fille du peintre Ferdinand Olivier, il eut trois filles et six fils, dont le ténor Ludwig Schnorr, futur créateur du rôle-titre dans le Tristan de Wagner.

, graveur
Afig : Steinle Edward Jakob von

Prénom usuel : Edward ou Eduard. Peintre austro-allemand né à Vienne le 2 juillet 1810 et mort à Francfort-sur-le-Main le 19 septembre 1886. Élève de l'École des beaux-arts de Vienne, puis émule à Rome de Friedrich Overbeck, Philipp Veit et Peter von Cornelius ; membre du mouvement nazaréen, auteur de peintures religieuses et de portraits.

, peintre
Personnalite : Laborde-Lassale André de

Né le 21 novembre 1846 à Tarnos, mort célibataire à Saint-Sever le 29 novembre 1924. Fils de Jean Gratien Théodore de Laborde-Lassale (1812-1852) et de Marie Josèphe Alicie de Cès-Caupenne (1818-1885). Conseiller à la préfecture d'Auch, sous-préfet à Jonzac, puis à Montbrison, secrétaire général de la Somme, puis retiré à Eyres-Moncube (Landes), commune dont il fut maire pendant trente-trois ans. Rédacteur en chef de La Nouvelle Chalosse, journal monarchiste et catholique créé en 1876 et supprimé en 1908.

, donateur
Personnalite : Saint-Légier de La Sausaye Marie-Élisabeth comtesse de

Née le 14 février 1840, morte à Biarritz le 11 juillet 1901. Fille de Jean Gratien Théodore de Laborde-Lassale (1812-1852) et de Marie Josèphe Alicie de Cès-Caupenne (1818-1885), épouse le 3 février 1864 le comte Pierre Guillaume de Saint-Légier de La Sausaye (Fontcouverte 27 août 1822 - Saintes 10 mars 1885).

, donateur
Lieux d'exécution

lieu d'exécution

Toutes les verrières sont des lancettes simples en arc brisé, à l'exception de celles des baies 27 et 28 à l'extrémité antérieure des collatéraux (roses à cinq lobes) et de celles des baies 111 à 113 au premier niveau du clocher (lancettes jumelées en arc brisé surmontées d'un oculus circulaire).

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Landes , Maylis

Milieu d'implantation: en village

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