Station thermale d'Eaux-Bonnes

France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Eaux-Bonnes

Historique

La Source Vieille d'Eaux-Bonnes aurait été fréquentée dès le Moyen Age, en particulier par Talèse d'Aragon, épouse de Gaston IV de Béarn au 12e siècle, puis au 14e siècle par Gaston Fébus, qui y aurait installé un rendez-vous de chasse, plus tard par Jean III de Navarre, sire d’Albret (1469-1516), et son fils Henri II de Navarre. Durant le règne de François Ier, les eaux étant réputées cicatrisantes, les blessés navarrais des guerres d’Italie, notamment de la bataille de Pavie en 1525, viennent y soigner leurs plaies occasionnées par les tirs d’arquebuses. Ce type de soin, également pratiqué dans d'autres sites pyrénéens, fera d’ailleurs émerger le nom "d’eaux d’arquebusades" et de "Aigas Bonas" - littéralement, "Eaux Bonnes". La fréquentation spécifique d'Eaux-Bonnes dans ce contexte est vraisemblablement due à l’influence des maisons de Foix-Béarn et de Navarre, qui semblent s’y rendre régulièrement.

A la fin du 18e siècle, les propriétés des eaux d'Eaux-Bonnes, de même que celles des stations avoisinantes - Eaux-Chaudes, Barèges, Cauterets, entre autres -, sont publiées et vantées par Théophile de Bordeu, médecin considéré comme un père fondateur du thermalisme pyrénéen, qui les recommande pour les traitements des maladies de poitrine.

L’urbanisation réelle du site ne débute pourtant que sous le Premier Empire suite aux visites de Napoléon Ier dans les Pyrénées, qui préconise une route carrossable en 1800 et la construction de deux établissements destinés à l'accueil des malades civils et militaires en 1808. Il faut toutefois attendre la fin de la Restauration pour qu’un véritable établissement thermal voie le jour, tout d’abord d’après les plans de l’ingénieur Cailloux en 1828, puis entre 1837 et 1840, d’après le projet de remaniement de Jean Latapie, architecte départemental qui intervient également à Eaux-Chaudes.

Depuis les années 1840, où la pratique balnéaire émerge partout en Europe, les figures influentes de la société internationale, ainsi que les artistes et la haute-bourgeoisie s’y pressent, ce dont attestent les listes d’étrangers soigneusement compilées et régulièrement publiées dans la presse. La station, qui se trouve sur la Route Thermale n°3 reliant les villes d'eaux du Béarn à Cauterets par le col de l'Aubisque, devient un motif récurrent dans l’iconographie et la littérature sur le massif pyrénéen. Sous le Second Empire, la station continue de se développer avec de nombreuses constructions et des aménagements paysagers, mais cet urbanisme ne se destine qu’à la patientèle et clientèle thermale. La station est donc un lieu de vie dépendant exclusivement de la saisonnalité et n’est pas du tout envisagée, dès l'origine, comme un lieu de résidence permanente.

L’âge d’or d'Eaux-Bonnes a lieu sous le Second Empire et la Troisième République, sans doute sur l'impulsion de l'impératrice Eugénie qui affectionne tout particulièrement la station et s'y rend à plusieurs reprises, notamment en 1855 où elle séjourne à la Maison du Gouvernement, puis en 1862, où elle descend à l'Hôtel de la Poste. Outre sa vocation thérapeutique, la station se mue ainsi en un centre de mondanités et de sociabilités où les animations battent leur plein de mai à septembre. C'est durant cette période de faste et de forte fréquentation que la station devient commune d'Eaux-Bonnes, englobant le village d’Aas, en 1861, et qu'elle engage d'importants travaux d'embellissement et d'aménagement.

Au sommet de sa gloire, la station est présente à l'Exposition universelle de 1878 où elle se voit décerner une médaille d'argent pour la qualité de ses eaux minérales. Grâce à des aménagements hydrauliques, la station bénéficie précocement de l'éclairage électrique, dès les années 1880. En dépit d'une grande affluence saisonnière, la ligne de chemin de fer entre Buzy et Laruns, relevant de la politique de désenclavement rural amorcée par Napoléon III trente ans plus tôt, n'est mise en service qu'en juillet 1883. Mais, en raison des difficultés du terrain, jamais la voie ferrée n'a atteint directement Eaux-Bonnes et les ambitieux projets de tramway électrique n'ont pas été concrétisés, ce qui constitue alors un handicap au regard des villes d'eaux rivales, notamment en Bigorre, toutes desservies par le train.

Le déclin de la station amorcé dans les années 1890 se manifeste par un endettement jugé catastrophique avant la Grande Guerre. Durant le premier conflit mondial, plusieurs établissements, dont l'Hospice Sainte-Eugénie et le casino, sont réquisitionnés afin d'accueillir les blessés. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les hôtels sont de nouveau réquisitionnés pour héberger les blessés mais aussi les Juifs assignés à résidence.

Durant les Trente Glorieuses, bien que la fréquentation continue de décroître, l'activité thermale perdure grâce à la présence de l'Entraide Sociale, installée dans l'ancien Hôtel de la Paix, et de l'AS PTT qui acquiert l'Hospice Sainte-Eugénie. La commune décide, dans les années 1970, d'acquérir les grands hôtels ou anciennes vastes pensions de voyageurs laissés à l'abandon afin d'accroître son parc immobilier et de développer l'activité touristique en lien avec la station de ski de Gourette, créée sur son territoire. Dans les années 2010, la municipalité engage l'extension de l'établissement thermal, baptisée la "Bulle thermale", dans le but de compléter l'offre de la station par le développement d'activités thermoludiques.

Évolution urbaine

Le processus d’urbanisation a été extrêmement rapide et condensé, puisque l’on passe d’un site nu, non bâti, à un véritable microcosme urbain en l’espace de seulement trente ans - entre 1830 et 1860. Six grandes phases constituent le développement de la station depuis les baraques rudimentaires de l'Ancien Régime jusqu'aux constructions modernes : l'embryon de la station du Moyen Age à 1808 ; la constitution du noyau urbain entre 1809 et 1846 ; l'extension de l'habitat autour du Jardin Darralde et la création de la rue de la Cascade entre 1853 et 1860 ; les grands programmes urbains de 1860 à 1868 ; les grands investissements architecturaux de 1870 à 1885 ; et, enfin, la construction de villas privées jusqu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale. En ce qui concerne la protection du patrimoine bâti et paysager, le village thermal fait l'objet d'une mesure de Site classé depuis 1959.

Périodes

Secondaire : 14e siècle

Secondaire : 16e siècle

Secondaire : 17e siècle

Secondaire : 18e siècle

Principale : 19e siècle

Principale : 1er quart 20e siècle

Secondaire : 1er quart 21e siècle

Nichée à 750 mètres d'altitude au cœur de plusieurs montagnes arborées, le site est traversé par les torrents de la Sourde et du Valentin dont il surplombe les chutes. Au sud de la station, dans la partie la plus élevée, se trouvent le grand établissement thermal et l'église, autour desquels se déploient quelques édifices originellement destinés à l'accueil des voyageurs.

Au-dessus de l'établissement thermal, sont implantés, dans un cadre pittoresque, l'Hospice Sainte-Eugénie et la Villa Excelsior, à l'entrée du canal souterrain de la Sourde. Face aux thermes, les anciennes grandes pensions de voyageurs - Maison Tourné et Hôtel de la Paix - ont été détruites au début des années 1990 au profit d'un vaste parking et d'une place valorisant le perron de la Maison du Gouvernement qui accueille la mairie.

Le Jardin Darralde s'étend sur un espace en légère pente où le cours de la Sourde a été canalisé en souterrain afin d'accroître la surface à urbaniser. Autour du jardin, se développe une série d'immeubles d'une grande unité architecturale, obéissant au modèle urbain du 19e siècle. Cet ensemble s'étend jusqu'à l'entrée du bourg et n'est interrompu que par la place de la Poste. Le Jardin Darralde est dominé, à son extrémité basse, par un promontoire renforcé par un imposant mur de soutènement longeant la route de Laruns, où est implanté le casino sur une esplanade, marquant également le départ de la Promenade Horizontale qui conduit à Eaux-Chaudes.

A mi-chemin du jardin, la place de la Poste, créée en 1870 par la démolition de la Maison Cazères dans une logique d'aménagement urbain, ouvre vers la rue de la Cascade qui descend le long du Valentin jusqu'au pont d'Aas et la Villa de l'Électricité. Au niveau du pont, également connu comme pont Battault, sur la rive gauche du Valentin, se trouve la place d'Orteig bordée par des locaux techniques communaux et l'ancien Établissement de bains ordinaires, devenu écoles communales. A cet emplacement, en contrebas de la route de Gourette, étaient implantés les Thermes d'Orteig démolis au début du 20e siècle. Sur la rive droite du Valentin, l'extension de l'agglomération s'est prolongée par l'implantation de résidences de villégiature, telles les villas Chokho Maitia et Cockade.

La rive droite du Valentin se trouve en outre sur la Montagne Verte, qui comprenait une promenade éponyme bien connue offrant un spectaculaire panorama sur la station. Un réseau de promenades, parcourant le mont Gourzy et la Montagne Verte, propose d'ailleurs de nombreux points de vue sur le village et son environnement entre montagne, torrents et cascades, tous soigneusement aménagés pour leurs dimensions pittoresques. La Villa Bellevue, sur la Promenade Horizontale, offre ainsi un balcon vers le village d'Aas.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire marbrier

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. ardoise

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Eaux-Bonnes

Milieu d'implantation: en village

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